vendredi 30 novembre 2018

La Fête de la Musique à Hergnies en 1985






France 3 Lille a retransmis en direct le concert de la fête de la Musique à Hergnies le 21 juin 1985.
Jacques Leininger m'a demandé de diffuser l'enregistrement sur VHS qu'il avait fait à l'époque.
On y retrouve 8 des musiciens folks régionaux. Dans l'ordre d'apparition à l'écran :





Le duo Katrien Delavier (harpe celtique) et Gérald Ryckeboer (guitare, bouzouki et smallpipe)
- Jan minen man / De Jacht / Danse de l'ours
- Jan de Mulder
- Son ar Rost

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Le duo l'Antiquaille : Jean-Jacques Révillion (cistre XVIIe) et Patrick Delaval (cistre XVIe)
- Deux branles ternaires du XVIe siècle
- Suite française du XVIe siècle
- Pavane / Gaillarde / Air italien



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Le Quatuor Fanfare : Christophe Declercq et Jacques Leininger (violons), Dominique Debrock-Binauld (violoncelle) et Marc Debrock (violon alto)
- Varsovienne
- Matelotte / Gigue
- Eternel retour, valse de Christophe Declercq


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La vidéo

je ne connais pas le nom de la présentatrice


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Deux prestations du même concert n'ont pas eu la chance d'être enregistrées en vidéo, je les ai conservées sur une cassette audio.

Absynthe et Bergamote
Denis Cacheux et Nadine Pouilly

- Y-a qu'les riches, Félix Mortreuil / Paul Briollet / Charles Raiter
- Filles d'ouvriers de Jules Jouy / Gustave Goublier
- A la place Maubert d'Aristide Bruant
- Moi j'men fous, ma Pamela aussi, Edmond Bouchaud / Charles Jadin
- Demain dès l'aube de Henri Tachan

Téléchargez ICI

L'orchestre Champêtre 1900
dirigé par Jean Jacques Roussel

- titre inconnu
- Le corso blanc, Heinrich Tellam
- Une idylle, Edmond Avond
- Perruche et perroquet, A. Corbin
- Myrto, Alexandre / Sylvain Petit
- Angelina et arin-arin, Charles Garcia
- Le merle blanc, Eugène Damaré
- Fantaisie mazurk
- Gisèle polka
- Les mains de femmes, D. Berniaux / R. Gaudon

Téléchargez ICI




vendredi 16 novembre 2018

Un violoneux cambrésien





Cette photo, parue dans le livre de Géry Herbert Le Folklore du Cambrésis, publié en 1978 par le Musée de Picardie, provient du fonds Delloye nous précise l'auteur.
Ernest Delloye (1844-1898) était un journaliste et collectionneur qui a légué toute sa collection de documents à la bibliothèque de Cambrai. En tout, 134 liasses d'archives portant sur des sujets divers dont les arts du spectacles.
Parmi ces documents, Géry Herbert a extrait cette photo représentant un violoneux. S'il l'a intégrée à son étude sur le folklore c'est qu'il avait de forte présomption qu'elle avait un lien avec la région de Cambrai.
Ernest Delloye a aussi écrit ce recueil de textes "Variétés Cambrésiennes" initialement parus dans le journal L'Emancipateur.

Christian Declerck

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Commentaire d'un fidèle lectrice :

Elle est intrigante, cette photographie ! La silhouette du musicien se détache sur un fond sombre peu uniforme, et les contours des pieds, du bord gauche du paletot et du violon apparaissent grossièrement dessinés, le tout recouvert d'une forte trame.
Le violoneux semble avoir été détouré ! Dans quelles circonstances le cliché a-t-il été réalisé ? L'original photographique est-il présent dans les liasses conservés à la bibliothèque de Cambrai, ou est-ce plutôt, comme l'évoque la trame, un document imprimé que le collectionneur aurait archivé dans ses dossiers ? Et si le musicien a été détouré, par qui ? et pourquoi ? Peut-être des réponses à trouver dans le fonds légué par Ernest Delloye à la médiathèque de Cambrai ?

Agnès




dimanche 4 novembre 2018

La fête de la St Martin à Dunkerque






Au début du XXe siècle, la municipalité de Dunkerque a décidé de relancer, et encadrer, cette ancienne tradition locale. Emile Debacker nous en donne un historique.





Il nous décrit une fête identique qui existe à Düsseldorf


illustration fortement inspirée d'un tableau de Heinrich Hermanns



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Les illustrateurs locaux Fernand Brasseur (1887-1965) et Albert Gysel (1877-1947), participent à ce renouveau :






mais la presse s'en était déjà fait écho dès 1898

La Loire Républicaine


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Pour compléter, un livre à consulter en bibliothèque et ICI : Saint Martin dans tous ses états, par Muriel Allaert-Degunst et Jean-Pierre Mougel




et pour les plus jeunes, disponible uniquement chez l'auteure Sophie Verhille et pour les Dunkerquois à la Mare aux Diables.

L'âne de Saint-Martin


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La préparation de la fête à Hondschoote à la fin des années 1990. Au journal télévisé régional de France3 présenté par Stéphane Lippert. On aperçoit le maire, M. Claude Gosset



un reportage d'E. Galand, G. Vandamme, B. Bugnicourt et C. Deschamps




dimanche 28 octobre 2018

Ernest Bacquet, percepteur et compositeur

Ernest Bacquet est probablement le premier à traduire et harmoniser les chants populaires flamands collectés par Edmond de Coussemaker.


collection Christophe Plovier


Honoré Marie Ernest Bacquet est né à Dunkerque le 31 mai 1852, 26 rue du Sud. Fils de Louis Félix (libraire, relieur) et Isabelle Deschamps tous les deux originaires de Dunkerque. Son frère aîné Albert, reprendra le commerce de son père, 32 rue Nationale. Ernest épouse Jeanne Payen à Cousolre en 1888, ils auront 8 enfants (7 filles et un garçon), ce qui vaudra à Mme Bacquet une médaille de bronze de la Famille Française en 1929… 
On ne connait rien des études ni de la formation musicale d'Ernest Bacquet. Sa carrière de fonctionnaire nous est connue par les nombreuses mutations mentionnées dans la liste des membres de l'Union Faulconnier. Il est tour à tour percepteur à Cousolre (1885-1886) ; Bailleul (1888-1900) ; Bavay (1901-1906) ; Englefontaine (1906-1910) et enfin à Spincourt dans la Meuse de 1911 à 1920 où il demeure toujours en 1930 lors du mariage de son fils.
C'est vers 1890 qu'il compose une harmonisation sur des chants populaires comme le relate le Bulletin du Comité Flamand du 18 juin 1890 « frappé de l'harmonie naïve et originale des anciens airs populaires chantés jusqu'en ces derniers temps en Flandre Maritime, [Ernest Bacquet] a écrit, pour cinq d'entre eux, un accompagnement de piano, les mettant ainsi à la portée de tous. Pourquoi n'auraient-ils pas leur place dans la musique des salons, aujourd'hui surtout que l'on y fait entendre de vieux airs bretons et lorrains, auxquels ils ne sont certainement pas inférieurs. M. Bacquet, voulant faire connaître nos vieilles chansons flamandes hors de notre province, les a traduites d’une manière littérale ; chaque mot français vient y prendre la place du mot flamand correspondant et la musique naïve de nos pères s'adapte parfaitement à la phrase nouvelle. »
La première édition de 1898, chez J. Ficheroulle à Bailleul, est conservée à la BNF. Après la guerre ces chants sont de nouveau publiés dans la revue d'André Chenal : Nos Chansons Françaises.
Il compose et écrit plusieurs chansons qui sont également publiées dans la même revue, voir la liste à la fin de cet article.



Par ailleurs il a écrit deux articles pour le Bulletin de l'Union Faulconnier (société historique de Dunkerque) : Un humoriste dunkerquois, Victor Simon (1901) et Notice sur Julien Pieters, poète et professeur (1902). Il est également en lien avec le folkloriste Achille Millien pour qui il compose la musique de sa chanson Petites litanies de Jeanne d'Arc en 1916.
Il meurt à Cousolre le 15 novembre 1938. Son fils Paul est mort à Châteauroux en 1973 et une de ses filles, Gabrielle, est morte célibataire à Maubeuge en 1980.

Christian Declerck

Merci à Christophe Plovier pour le prêt de ses documents


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Catalogue des œuvres d'Ernest Bacquet :
- L’Adoration des mages, chant populaire recueilli en Flandre Française, par Ed. Coussemaker, accompagnement et traduction de Ernest Bacquet, Nos Chansons Françaises, janvier 1926
- A quatre mains, paroles et musique d’Ernest Bacquet, NCF mars 1927
- L’Arbre de Noël, chœur à deux voix égales, paroles et musique d’Ernest Bacquet, NCF décembre 1924
- Le Bataillon scolaire, défilé pour piano, à Monsieur A. Jennepin, instituteur communal à Cousolre, Dunkerque, lith. H. Brasseur, BNF VM12-1882 (1883)
- Chant de Pâques, paroles et musique de Ernest Bacquet, NCF avril 1928
- Chants populaires des Flamands de France, 1ère série Noëls et cantique, 2e série Noël, Bailleul, Ficheroulle, BNF VM7-112387 (1898)
- Le Départ des cloches, chanson pascale, poésie de Jean Richepin, NCF avril 1926
- Le doux nom (Den soeten naem), chant populaire flamand recueilli par Ed. de Cousssemaker,
accompagnement et paroles françaises d’Ernest Bacquet, NCF janvier 1937
- L’Immaculée Conception, chant populaire du XVIIe siècle, recueilli à Bailleul, harmonisation et paroles françaises d’Ernest Bacquet, NCF novembre 1935
- Invocation à Sainte Cécile, duetto pour voix égales, paroles et musique de Ernest Bacquet, NCF novembre 1925
- Monsieur Printemps, duetto, poésie de Prosper Blanchemain, NCF mai 1924
- Le Nouveau né (Het nieuw geboren kind), noël du XVe siècle traduit du flamand, recueilli par Ed. de Coussemaker, harmonisé par Ernest Bacquet, NCF décembre 1925
- Ode à Jeanne d’Arc, inédit, paroles et musique d’Ernest Bacquet, NCF mai 1925
- Petites litanies de Jeanne d’Arc, paroles d’Achille Millien, musique d’Ernest Baquet, Paris, Maison de la Bonne Presse (1916),  BNF 4VM1-19(90)






jeudi 25 octobre 2018

Carillon, orgues et coqueleux, la fête en Flandre

Une émission de Ruth Stégassy, diffusée sur France Culture en décembre 1988


le carillon ambulant © Christian Declerck



La fête à Dunkerque par Ruth Stégassy

- Jacques Lannoy nous parle du carillon "l'âme sonore de la cité" et de l'origine populaire de son répertoire
- les traditions St Martin, les géants, les combats de coqs
- Entretien avec Albert Ameloot (1920-2006), ancien boucher, propriétaire et créateur du café Aux Orgues à Herzeele. Ses grands parents et ses parents tenaient un bal ambulant avec un orgue mécanique. Puis il a joué avec son frère Jean Marie, professeur d'accordéon et compositeur. Les orgues Mortier du bal sont de 1912, de 1926 et celui avec l'accordéon de 1939. Ils ont été achetés aux filles d'Henri Denecker, ils étaient stockés dans une grange à Bulskamp (VdN/Dunkerque 16/9/2000).
- La sociabilité dans les villages
- Combats de coqs au pied du mont Cassel, mais sans son en direct car les spectateurs ont refusé l'enregistrement. Un ancien coqueleux raconte l'élevage du coq de combat, choix de la race, alimentation, choix des "bons" coqs, les armes de combat de 4,9 cm à 8 cm en fonction du poids du coq. Description du combat. Les spectateurs et les paris, fonctionnement des mises à prix.


avec le concours de l'ASSECARM

téléchargez ICI



orgue Mortier 1926 d'Herzeele 


concours de coqs en Flandre


dimanche 30 septembre 2018

Les frères Colpaert et le carnaval de Bailleul

mise à jour 1/10/2018 : un commentaire d'Agnès


Le Carnaval bailleulois (1855)
source : Gallica


Auguste Colpaert, publiciste et musicien, est né à Bailleul le 11 novembre 1823. Fils de Jean Louis, officier d'infanterie, chevalier de la Légion d'Honneur et Julie Vanlerberghe. En 1848 il épouse Elise Detraux, dunkerquoise née en 1830.
Il fait en partie ses études à l'Institution Derode de Lille. Après avoir exercé le commerce à Dunkerque vers 1850, il se fixe à Lille en 1865. Il a publié avec son frère Emile, chargé d'une mission scientifique dans l'Amérique du Sud, une série d'études économiques, géologiques et ethnologiques sur le Pérou, notamment dans la Revue scientifique des Deux Mondes et dans le Bulletin de la Société Impériale d'acclimatation ; il a inséré aussi différents articles dans le Siècle, l'Orphéon Illustré, le Journal de Soissons, l'Indicateur d'Hazebrouck, le Progrès du Nord, l'Echo du Nord, la Bailleulloise, etc. Il a écrit, sous le titre de Voyage poétique sur le lac Léman, une sorte de guide en vers dédié aux excursionnistes, et a rassemblé en un volume intitulé Heures perdues, une série de poésies légères qui ont paru dans divers petits journaux littéraires. M. Colpaert a de plus édité, chez Cartereau et chez Heu, à Paris, un certain nombre de fantaisies pour piano et violon : La Mouette, Dame Jeanne, Mariel'Aa, et un Andante Cantabile et rondo flamand op. 7 (1858). Il est mort à Lille le 15 mai 1871.
Son frère Emile est né à Bailleul le 1er octobre 1830. En 1853 il fonde la société qui organise le premier carnaval de Bailleul, dont on dit qu'il a écrit la chanson Gargantua*, ainsi que, en 1851, les paroles d'un chœur-cantate** intitulé La Bailleuloise***, musique de Henri Séname (1829-1913) greffier de paix à Bailleul. Puis, entre 1859 et 1864, il entreprend des voyages d'exploration au Pérou. Il aurait disparu au cours d'un second voyage au Pérou.

Christian Declerck 


* Une étude sur l'origine de l'air de ce carnaval sur le site de Coérémieu
** les pages manquantes sont ici, erreur signalée à la BNF qui n'en a cure…
*** vous pouvez écouter ces chants sur le site du Carnaval de Bailleul

source : Hippolyte Verly, Essai de biographie Lilloise contemporaine 1800-1869 + recherches généalogiques habituelles



collection Christophe Plovier

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Agnès, lectrice fidèle du blog, m'a fait parvenir ce commentaire très intéressant :

Gargantua Galaffre... des mystères à crever ?

La lecture attentive de la page consacrée aux frères Colpaert laisse place à une interrogation. Qui est vraiment l'auteur de la chanson, texte et musique, du Carnaval Bailleulois ? Est-ce le prénommé Auguste, ou son frère Emile... On sent l'arrivée possible de courriers indignés exigeant une réponse à cette question !

Déjà, la chanson porte, au gré du temps, différents noms. Le site de la Société Philanthropique donne à écouter deux enregistrements tirés d'un enregistrement des Loups, portant le premier le titre Air du Géant Gargantua Galaffre, le second Le Géant 1995, date de l'enregistrement. Mais elle est appelée aussi appelée Air du Géant, voire Chanson de Gargantua...
Le petit format, consultable sur le site Gallica et reproduit par Christian sur sa page, le confirme cependant. Le Carnaval Bailleulois, composé à l'occasion de la Fête Philanthropique de Bailleul, dédiée à la Société des Orphéonistes de Bailleul, a pour seul auteur mentionné Auguste Colpaert. Le document est arrivé dans les collections de la Bibliothèque Impériale de l'époque, par le biais du dépôt légal, acte obligatoire de contrôle des publications imprimées. C'est d'ailleurs ce que nous avait indiqué le président de la Société Philanthropique du Carnaval lors de la rédaction de notre Boîte à Musiques.
Pourtant, si Auguste, auteur d'une chanson chantée encore aujourd'hui, ne fait l'objet d'aucune citation sur le site de la Société Philanthropique du Carnaval de Bailleul ou sur celui du Cercle d'Histoire et d'Archéologie de Bailleul, son frère Emile y apparait, mentionné comme fondateur en 1853 de la Société Philanthropique. C'est cette société qui organise son premier carnaval en 1855, date par ailleurs du dépôt légal de la chanson. 
En 1921, sous la plume de Jérôme Picheroulle, dans la revue régionaliste Le Beffroi citée par Christian, c'est Emile Colpaert qui est donné comme auteur de la poésie et de la musique du Carnaval Bailleulois, appelé cette fois-ci Chanson de Gargantua ! Est-ce sur la base de cet article que le Cercle d'Histoire et d'Archéologie de Bailleul attribue aussi de fait la paternité de la chanson à Emile, renvoyant Auguste aux oubliettes ? Y a-t-il eu brouille ou embrouille entre les deux frères ? Bien malin qui pourra le dire... En l'état actuel, il faut donc s'en tenir à ce que nous fournissent comme indications les documents d'archives, en maniant tout ça avec précaution ! 
Emile Colpaert fut, comme son frère, auteur musical. Christian nous apprend qu'il écrivit les paroles de La Bailleuloise, choeur-cantate pour 5 voix d'hommes, sur une musique d'Henri Séname. 
Mais ici aussi, la chanson apporte son lot de mystères ! La chanson est imprimé à Lille en 1851 selon la notice de Gallica, sur la base de la lecture du tampon du dépôt légal. Cependant, deux pages manquent. Apparaissant sous une autre côte toujours dans Gallica, et identifiées par Christian comme faisant partie de la partition, elles sont sans mention d'auteur, et surtout avec la date de 1855, ce que confirme le cachet apposé en bas du premier feuillet :



Que croire ? Paradoxalement, la comparaison entre les deux partitions va peut-être aider à éclaircir les choses... 
Ici le tampon de dépôt légal de la Bailleuloise :


Et ici celui du dépôt légal du Carnaval Bailleulois :


Le cachet de la préfecture du Nord n'était pas bien propre cette année-là, le dernier chiffre est un gros pâté ! Quant au cachet apposé sur la partition du Carnaval Bailleulois, il est identique à celui apposé sur les deux pages "orphelines" de La Bailleuloise. Il confirme définitivement la date de 1855, commune aux deux chansons.

On peut aller plus loin, constater que les deux chansons portent des n° consécutifs. Qu'elles ont été tous deux imprimées par l'imprimeur-lithograveur Dubois à Lille qui en fit le dépôt au Dépôt Légal du Nord en début d'année 1855 comme en atteste les n° 3 et 4, soit peu de temps avant le démarrage de Carnaval...
Alors octroyons la paternité de La Bailleuloise reconstituée à Emile, et du Carnaval Bailleulois à Auguste. Et que la BNF prenne le temps nécessaire pour rabibocher les deux morceaux de la Bailleuloise et la dater correctement, afin de rendre à Emile et Henri la paternité entière de leur oeuvre ! Voilà, Voilà, Voilà Gargantua ! ... Hourra, Hourra, Les Bailleulois sont là ! Imaginons la bande de 1855... Et constatons, sans trop de risques, qu'ils furent tous deux influencés par Alfred Roland et ses Montagnards ! On savait déjà que leurs tournées triomphales les avaient amenés à la fin des années 1830 dans le Nord et en Artois. Aussi du côté des Flandres* ? Mais c'est une autre histoire...

Merci Christian pour ces pages qui redonnent chair et vie à ces musiciens et leur musique.

Une lectrice [attentive]
Agnès de








* je confirme Les Montagnards d’Alfred ROLAND sont venus 2 fois à Dunkerque, en 1839 et en 1848, ils y ont fait une forte impression. Les Ophéonistes Dunkerquois, adopteront même leur costume, en 1852. [note du claviste]








vendredi 7 septembre 2018

Les confidences de Line Dariel

La Voix du Nord du 16 octobre 1949 :


Line Dariel fait des confidences à nos lecteurs


toutes les illustrations : collection personnelle



Je ne retrouvais plus le chignon de Zulma. C'est que Line devait incarner la "grande vedette internationale" Nathalie Vladiskawa. Elle avait pris — pour un instant — une coiffure… hollywoodienne ! Dans le petit coin proche de la scène — de rapides changements de costumes lui interdisaient la descente en loge — elle tricotait en attendant le lever du rideau.
- C'est pour mon petit-fils. Il a trois ans maintenant et c'est un beau petit gars.

Vedette et grand-mère
Line est aussi simple en a parte qu'elle l'est en scène, aussi naturelle et aussi "bonne franquette". On n'imaginerait pas qu'elle pût refuser au journaliste l'interview qu'il sollicite.
- Comment êtes-vous venue au théâtre ?
- Ma foi, presque automatiquement. J'ai débuté comme tant de bambins en jouant à l'école communale, à l'âge de 6 ans, dans de petites pièces enfantines. J'ai eu la chance d'avoir une maîtresse qui était bonne pianiste et qui a cru déceler une vocation qui, bien entendu, s'ignorait. Elle m'a donné des leçons de piano gratuitement, car mes parents étaient pauvres : ils étaient tailleurs et pas plus riches que des ouvriers.
- Ont-ils néanmoins, encouragé votre vocation ?
- J'ai toujours dû lutter contre les miens pour vivre ce théâtre qui est mon bonheur : quand j'ai obtenu mon premier prix de Conservatoire, j'ai reçu, en rentrant à la maison, une bonne raclée.
- … qui ne vous a pas découragée ?
- Non, puisque j'ai eu prix de solfège, prix de piano, prix de chant et prix de déclamation.
- Une collection de diplômes qui devait assurer une belle entrée en scène.
- En effet, j'étais bien partie. J'ai commencé comme seconde chanteuse d'opérette à Lille. Mon premier rôle je l'ai tenu dans Les Mousquetaires au Couvent. Je paraissais même si jeune que les gendarmes se sont inquiétés de savoir si j'avais dépassé les treize ans ! Puis je suis devenue première chanteuse à Calais. Mais là, patatras ! une maladie m'a fait perdre la voix. Il ne me restait plus qu'un filet de voix à peine perceptible… Alors je me suis mariée*.
- C'était une consolation ?
- C'est bien plus simple, j'aimais un jeune homme, mais il ne voulait pas que je fisse du théâtre. Je le sacrifiais à ma passion des planches. Ma carrière paraissant irrémédiablement terminée, j'ai fait droit à sa flamme. Et bien m'en a pris. Quand j'ai eu mon fils, ma voix est revenue. Pas si belle, peut-être, ni si forte, mais très convenable.
- Vous devez être reconnaissante à votre enfant ?
- Non seulement de cela, mais de son affection et des deux beaux petits-enfants qu'il m'a donnés.
Et ma grand-mère s'attendrit, évoquant la petite famille. Mais le journaliste a une curiosité aussi cruelle qu'obstinée.

La radio a sauvé ma carrière
- Mariée, vous avez dû renoncer au théâtre ?
- La guerre est arrivée peu après la naissance de mon fils. Mon mari, mobilisé, il a bien fallut se débrouiller pour vivre. Nous étions réfugiés à Bordeaux ; j'ai joué et chanté la comédie à la Scala.
- Le succès vous a encouragée à persévérer ?
- Mon mari n'a jamais renoncé à ses préjugés contre le théâtre ; il n'a pas assisté à une seule de mes représentations ; il n'a pas entendu un seul de mes disques ; il a toujours éteint le poste de radio quand le speaker m'annonçait. C'est cependant la radio qui a sauvé ma carrière ; mon mari acceptait que j'y donnasse des auditions. Et c'est là que j'ai connu Simons.
- Celui dont le nom est dans notre esprit, inséparable du vôtre.
- Celui à qui je dois beaucoup ; c'est lui qui m'a fait faire du patois. Je me souviens du premier sketch : Le poste à galène. Je n'avais jamais joué qu'en français. Je n'osais me risquer à quitter des yeux le texte et, pendant 15 jours, j'ai eu le trac devant ce micro au delà duquel il n'y a, pour l'acteur, que le vide et l'inconnu. C'est seulement quand des lettres sont arrivées, qui redemandaient le numéro, que j'ai pris confiance. Simons avait vu juste ; j'ai patoisé avec bonheur. Depuis, nous sommes restés ensemble. Cela fait plus de vingt ans.



J'ai deux amours
- Et vous avez l'intention de demeurer fidèle au patois et au Nord ?
- Il faudrait des nécessités bien impérieuses pour me faire quitter un pays qui est le mien.
- Vous êtes née chez nous ?
- Pas précisément : c'est à Bruxelles** que j'ai vu le jour, mais je suis à Lille depuis l'âge de deux ans et je quitterais avec gros cœur une région qui a fait mon succès. Je connais tellement mon public ; je joue depuis l'âge de quinze ans, j'en ai 60, et sauf pendant les guerres je suis demeurée attachée.
- Cette affection, qui vous est rendue, vous incite sans doute à préférer le théâtre à la radio.
- et même au cinéma, bien que j'ai tourné dix films, avec Ginette Leclerc, avec ce brave Robert Linel, avec Tramel, avec Fernandel et le dernier, qui va sortir, avec Bach
- Qu'est ce film ?
- Le martyr de Bougival, Bach et moi nous tenons les rôles comiques. Le mien est très amusant.
- Vous aimez à faire rire.
- Oui, bien que personnellement, je préfère le drame. J'ai déjà fait des compositions que l'on a bien voulu reconnaître émouvantes.

Ah ces journalistes
- N'avez-vous pas de projets ?
- Ces journalistes ! ils veulent tout savoir !… Peut-être, tournerais-je avec Simons un film d'après un roman de Maxence Vandermersch, où nous ne serons ni Alphonse ni Zulma, mais des braves gens aux prises avec les conséquences d'une grève.
- Ne craignez-vous pas de dérouter un peu votre public. Il aime les classifications et n'entend pas que l'on dérange l'ordre des idées qu'il s'est faites. Simons ne peut être qu'Alphonse, Line Dariel ne doit être que Zulma. Vous êtes l'un et l'autre prisonniers de vos personnages.
- J'espère bien que non ! D'autant plus que l'action se passe chez nous et que nous incarnerons des gens de chez nous. Le patois d'ailleurs ne me ferme pas autant qu'on pourrait le croire les auditoires autres que les nôtres. J'ai eu de grands succès à Paris, en restant ch'ti'mi Un autre exemple : pendant la guerre, j'ai joué au Théâtre aux Armées : J'ai mis une condition : ne jouer que pour nos gars du Nord. Un beau jour, je suis tombée dans un cantonnement où il n'y avait que des gars du Midi. Je ne voulais pas jouer. Finalement j'ai cédé. Eh bien ! je n'ai jamais eu un tel succès. Ils étaient heureux mes petits gars et quand je leur ai dit : "Vous êtes bien gentils, mais vous n'avez rien compris", ils ont protesté avé l'assent "Mais si Madame, nous avons compris, sauf deux ou trois petits mots"

Le talisman de l'artiste
- Je vous avouerai qu'avec votre jeu de scène, cela me paraît très probable. Vous avez eu là, non seulement une belle récompense, mais auss, une assurance à ne pas négliger. Pour revenir à vos pièces habituelles, Course au Trésor ou Congés payés ou Chambre à louer, est-ce que vous leur donnez un but moral, selon la vieille devise de la comédie : "elle corrige par le rêve" ?
- On peut toujours essayer de glisser une philosophie, une leçon dans n'importe quoi. Mais moi, sincèrement, je fais rire avec la seule intention de réconforter. C'est pour les ouvriers surtout que je joue : quand ils oublient leurs peines ou bien leur misère pendant quelques heures, j'ai atteint mon but.
- Cela vaut mieux qu'une leçon de morale ennuyeuse. Mais comment faites-vous rire ?
- On ne sait pas pourquoi on fait rire : j'entre en scène et la salle éclate. Je suis la mémère, la femme du peuple. Il n'y a pas de barrière entre le public et moi. Au fond, c'est là le secret du succès : être humain, tout dire simplement comme dans la vie de tous les jours, sans vulgarité, ni prétention. Etre sincère et sensible, c'est au fond le talisman de l'artiste.

Yves MILLET

* à Lille le 16 août 1910 avec Fernand PANNEQUIN
** précisément à Molenbeek-Saint-Jean le 16 avril 1888 sous le nom de Jeanne Catherine VERCAMMEN




Zulma en justice (1934)



Le fraudeur (1937) bande annonce






collection personnelle





samedi 1 septembre 2018

Vive l'brad'rie !

Il paraît qu'on aurait jamais écrit de chanson sur la braderie de Lille. C'est ce que disent ceux qui n'ont pas cherché.
En voici une, et il doit y en avoir d'autres, qui a été écrite par Auguste LABBE, alias César Latulupe et chantée par François VERCAUTER, dit 4 dogts.


collection personnelle




Sur l'air de Choisis, Lison (Louis Bousquet / Camille Robert )






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Un lecteur attentif a trouvé une autre chanson sur ce sujet, écrite et publiée par Alexandre DESROUSSEAUX, dans le 1er volume de ses Chansons et pasquilles lilloises publié en 1865, sur l'air de l'Habit de mon grand'père.
Merci à Christophe Plovier





jeudi 12 juillet 2018

Les militaires épinettistes

La pratique de l'épinette par des militaires nous est connue par quelques photos et cartes postales découvertes par des collectionneurs spécialisés. Mais il est rarement possible d'identifier le musicien. Voici deux personnages dont on a pu établir le parcours et cerner la période de possession d'une épinette : le premier vers 1906, le second vers 1922.



Charles César Auguste ROGIE
L'instrument, découvert récemment, a fait l'objet d'un article spécifique, il était vendu avec un petit carnet aide mémoire qui a permis l'identification de son propriétaire, Charles Rogie, dont la petite fille a formellement identifié l'écriture.
Fils d'Auguste Jules César, né à Wattignies en 1849, charron de son état, ses descendants possèdent une superbe photo de son atelier, Charles épouse, en 1871, Marie Sophie GRAVELIN, puis en 1876, sa sœur Pauline Sophie GRAVELIN, cultivatrice, née au même village en 1853. Ses deux épouses lui donneront onze enfants, dont notre épinettiste, qui naît en 1882.
Charles fait son service militaire au 14e régiment de dragons, à Sedan, où il arrive le 15 décembre 1903 et devient cavalier de 2e classe le même jour. Sa fiche matricule nous indique qu'il est "renvoyé dans la diponibilité" le 18 septembre 1906. La mention "51 jours et la fuite" écrite sur son carnet de musique, permet donc de préciser qu'il l'a écrite le dimanche 29 juillet 1906, on ne peut être plus précis pour dater un document. Mobilisé en 1914, il rejoint le 1er régiment d'artillerie de campagne à Douai. En 1921, il épouse Georgette CREPEL née en 1891 à Saint Laurent Blangy, près d'Arras, ils auront trois enfants : Auguste, Suzanne et Pauline. Sur sa fiche il est aussi mentionné qu'en 1925 il est menuisier en voitures. Après quelques années de carrière militaire dans divers régiments, Charles décède à Wattignies le 19 mai 1965. Dans la famille, s'il reste le souvenir d'un grand-père jouant d'une espèce de mandoline, sa petite fille ne se souvient pas de cette épinette.


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collection personnelle


Henri ANCEL
Le caporal du 65e TM, Henri Ancel, a dédicacé cette carte postale/photo à sa sœur. Le seul caporal (deux galons) présent sur la photo est celui qui tient fièrement son épinette. Mais il n'y a ni date, ni lieu mentionnés. Une recherche généalogique m'a permis d'identifier ce caporal de tirailleurs marocains.
Henri Ancel est né à Roubaix en 1901, son père, Auguste, est né en 1883 à La Croix aux Mines, dans les Vosges, il n'y a probablement aucun lien avec l'épinette du même nom, car ses grands-parents sont Alsaciens (d'Elsenhein et Maisongoutte). En 1903, Auguste épouse une Roubaisienne, Joséphine DESMARCHELIER et il reconnait deux enfants nés auparavant : Henri, et Germaine née à Hénin Liétard où ils résidaient. Là aussi la fiche matricule permet de dater cette photo. Henri est incorporé au 1er régiment de zouaves le 1er avril 1921, il est nommé caporal le 20 octobre et il passe au 65e régiment de tirailleurs marocains le 24 octobre 1921. Le 2 novembre 1922 il passe au 43e régiment. Il est libéré le 1er avril 1923, il se retire à Roubaix, rue d'Alger et devient conducteur de tramway. Après divers déménagements à Croix, puis à Roubaix où il est domicilié 1 bis rue de l'Espierre en 1955. Il décède en 1963, il est alors domicilié au 53 de cette rue.

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Hubert Boone, dans son ouvrage fondamental L'épinette aux Pays-Bas, paru en 1976, mentionne la pratique de l'épinette pendant la guerre 1914-1918 aux pages 44 et 154. A la page 140, il cite un fabricant d'épinette, domicilié à Lambrechts-Woluwe, qui appelait son instrument "violon de tranchée", alors qu'il était gardien d'un camp de prisonniers allemands, à Bray-Dunes en Flandre Française. Mais il ne donne ni son nom, ni les conditions de son jeu.


dessin Patrick Delaval


Par chez nous l'association Traces a publié ce plan d'une épinette conservée dans une collection privée. Si elle garde le souvenir d'un usage à la fin (?) de la grande guerre, elle garde également le mystère sur l'identité de son propriétaire.

J'ajoute ces deux photos de militaires joueurs d'épinette non identifiés, qui le seront peut-être un jour grâce à cette page, mes remerciements à Jean-Jacques et Claude.


dans la chambrée
© coll. Jean-Jacques Révillion


dans un camp de prisonniers, 1914-1918
© coll. Claude Ribouillault


Christian Declerck
12 juillet 2018