mardi 30 janvier 2024

Ferdinand Brunet, chansonnier lillois (1831-1900)


L'un des nombreux chansonniers patoisants lillois, collaborateur du journal La Vaclette.

Il est né à Comines (Nord) le 3 décembre 1831, fils de Jean Baptiste, serrurier, né à Saint Omer et petit-fils de Pierre, boulanger, né à Sercus. Il épouse Catherine Cauchefer  à Lille le 18 juin 1855, elle est dévideuse, née à Tourcoing en 1829. Ils décèdent tous les deux à Lille en 1900 à quelques mois d'intervalles, l'épouse en février et notre chansonnier le 11 juillet, il était tourneur en fer chez Blondel à La Madeleine.

La BNF conserve une douzaine de chansons imprimées sur feuilles volantes :


source Gallica

• Chanson nouvelle en patois d'Haubourdin, chantée par la Société du Bon Coing, air nouveau (1860)
    - Me v'là : Jacquot Biel'-Cauche
• Chanson nouvelle chantée par la société du Bon Coing à Haubourdin, air : N'oublie jamais Liquette (1863 et 1864)
    - Quand j'ai marié, ah ! comme j'étos bénache !
• Chanson nouvelle chantée par la société du Bon Coing à Haubourdin, air : De la polka (1862)
    - Acoutez l'drole d'infilure
• Chanson nouvelle chantée par la société du Bon Coing à Haubourdin, air  nouveau (1860)
    - On peut dir' que ches fillett's
• Chanson nouvelle en patois de Lille chantée par la Société de l'Harmonie, à Loos (sd)
    - Je n'connos rien d' pu drôle
L'femme à maronne, chanson nouvelle chantée par la Société de la Maison-Blanche à Haubourdin, air : Ah ! tu t'en souviendras, Nicolas (1861)
    - Zizine à s'n homm' dijot l'aut' fos
• Chanson nouvelle chantée par la société du Bon Coing à Haubourdin, air : De petit Price et Marianne Tambour (sd)
    - J'ai, voulant goûter du mariache
• Chanson nouvelle chantée par la société du Bon Coing à Haubourdin, air : du Carnaval de Desrousseaux (sd)
    - Vous connaichez tertous, bien sûr
• Chanson nouvelle chantée par la société du Bon Coing à Haubourdin, air : de la Comête (1862)
    - Je n' poros jamais dire
• Chanson nouvelle chantée par la Société de la Maison-Blanche à Haubourdin, air nouveau (1861)
    - Din ch' bas monde y faut toudis rire
Les soulotsChanson nouvelle en patois de Lille chantée par la Société de l'Harmonie, à Loos  (1865)
    - On peut dire qu'on fait s'affaire

Avec ces chansons en patois, il y a aussi deux chansons en français, dont la musique est d'Adolphe De Geyter :

Les baiser des Adieux, chanson créée aux concerts de l'Ophéon, par l'auteur, dédiée à Edmond De Geyter, propriété exclisve de Polyrore Cassoret [beau frère d'Adolphe De Geyter]

source : Gallica


Le danseur Rigolo, chansonnette

source : Gallica


Les chansons, que l'on peut se procurer chez P. Cassoret, à Lille, rue de Ronchin 60
Chants patriotiques : 1° La Concurrence Allemande ; 2° La France t'attend ; 3° Pour le Salut de la Patrie
Romances : 4° Les Hirondelles sont revenues ; 5° Femmes aimez ; 6° Le Baiser des adieux
Chansonnettes : 7° Le Danseur Rigolo
Dont on peut supposer qu'elles ont les mêmes auteurs et compositeurs.
Adolphe De Geyter est le frère cadet de Pierre, compositeur de l'Internationale, avec qui il était en conflit à propos de la paternité de la musique de ce chant.

lundi 29 janvier 2024

L'univers de la chanson ouvrière

L'univers de la chanson ouvrière 
dans l'agglomération de Lille-Roubaix-Tourcoing (1870–1914)

Elien Declercq, Lieven D’Hulst 
dans Revue du Nord 2010/2 (n° 385), pages 365 à 381




Conclusion :
L’univers de la chanson ouvrière dans le triangle industriel du Nord est solidement ancré dans les réalités socio-professionnelles des ouvriers français et migrants et montre que la littérature volante est non seulement le fruit de ces réalités, mais qu’elle les reconfigure selon des modèles culturels et littéraires spécifiques. Nous avons ainsi pu montrer les facteurs institutionnels et discursifs qui caractérisent la situation d’énonciation de la chanson ouvrière. Nous considérons donc le contexte social ou professionnel comme inséparable de l’énoncé. Parallèlement, la chanson ouvrière doit être mise en relation avec d’autres expressions populaires, telles que le théâtre de marionnettes. Le plus célèbre était sans doute celui de Louis Richard à Roubaix, le seul marionnettiste à avoir abandonné l’usine pour vivre de la marionnette. À part l’étude de Leroux & Guillemin (1997) A. Leroux & A. Guillemin, Al’ Comédie! Les marionnettes… sur le Théât’ Louis, le théâtre populaire demeure néanmoins un genre peu exploré à ce jour: peu de recherches ont été effectuées sur le répertoire des pièces représentées dans les petites salles de quartier et sur le monde des acteurs et des metteurs en scène ouvriers. Enfin, il conviendrait de se pencher davantage sur la contribution littéraire des migrants belges très largement présents dans les villes industrielles du Nord. C’est cette lacune que nous comptons pallier dans les années à venir.

samedi 27 janvier 2024

Une cousine éloignée, artiste ambulante



 
Beveren sur l'Yser est le berceau de la famille DEBAECKER, c’est dans ce village que naît Louis Jacques DEBACKER (sans le E) en 1747 et il y meurt en 1794. Il a deux fils avec Barbe BOUDELE : Pierre Louis (1778-1842) et Louis Sébastien (1788-1849)
Pierre est le père de Charles Louis (1810-1879), qui est le père de Séraphin (1839-1916), lui même père d’Auguste (1891-1965) dit Guche, mon grand-père maternel.

Louis a deux enfants : Michel Louis (1827-1904) qui part vivre à Bambecque et celle qui m’intéresse plus particulièrement, Marie Thérèse, qui est donc la cousine germaine de Charles Louis, mon arrière-arrière-grand-père.


Marie Thérèse nait aussi à Beveren, le 6 septembre 1829. Elle a trois ans quand elle perd sa mère, son père se remarie avec une Ghyveldoise en 1843 et déménage à Zuydcoote, mais il décède en 1849, suivi par sa nouvelle épouse en 1852.

Le 28 décembre 1848, un chanteur ambulant qui se produit à Dunkerque, renouvelle son passeport pour l’intérieur nécessaire pour circuler de ville en ville. Il vient de Saint Valéry sur Somme et s’en va à Soissons. C’est un saltimbanque d’origine italienne, né à Gènes en 1823, sans parents connus, on le nomme LOUIS, mais il se fait appeler Louis CHASAGRANDE (ou parfois THASAGRANDE ou CASSAGRAND). Tour à tour chanteur ambulant, artiste saltimbanque, artiste d'agilité, ou directeur d'un panorama, il est domicilié à Paris, sur la place Maubert, haut lieu de rencontre des marchands ambulants et saltimbanques de toutes espèces. Marie Thérèse l’accompagnera pendant plus de 50 ans dans ses pérégrinations. On peut suivre leurs traces grâce à la dizaine d’enfant qui sont nés sur leur chemin, la plupart dans la roulotte familiale. Non mariés, ils finiront par s’épouser à Lille en 1872, et reconnaitre leurs huit enfants survivants (2 sont morts en cours de chemin) : l’acte de mariage n°484 https://bit.ly/35xUwbL




- Louise Thérèse née à Abbeville (Somme) en 1854, † >1872

- Louis Philippe né à Blanzy (Saône et Loire) en 1856, † >1872

- Mathilde née Roubaix en 1858, épouse à Arras, en 1913, Léon TIRAND (saltimbanque), qui sera témoin au décès de sa belle mère.

- Pierre Théophile né à Turin (?) vers 1859, époux de Marie Chevalier, qui sera témoin au décès de son père à Douchy les Mines en 1910

- Isberghe Thérèse née à Marchiennes (Nord) en 1860, elle aura deux enfants avec Jules LENOIRE, marchand de bijouterie ambulant, nés à Boulogne sur Mer

- Louis né à Bavay en 1862, devient marchand forain, épouse Augustine POLLET à Rethel (Ardennes) en 1890, puis Lucie OBERLÉ à Paris en 1942

- Marie Joséphine née à Hazebrouck en 1864, meurt à Bourbourg en 1866, dans la voiture de son père

- Julia née à Wormhout en 1866, marchande ambulante, mère de deux enfants : Julia née à Voiron (Isère), décédée à Paladru (Isère) en 1887 et Marie née à Gamaches (Somme) en 1888, et y décédée en 1891, toutes les deux d’un père inconnu

- Charles Victor né à Bergues en 1868, mort à Anzin 4 mois plus tard “en la barraque sise sur la place”

- Emile né à Auxi le Château (Pas de Calais) en 1869, épouse Catherine JENBACK, fille d’un vannier ambulant, en 1903 à Bolbec (Seine Maritime)

- Blanche Désirée née à Estaires (Nord) en 1872 dans la voiture sur la petite place, marchande foraine elle épouse Charles LENOIRE (frère de Jules) à Trouville (Seine Maritime) en 1898

Louis Chasagrande a exercé plusieurs activités : chanteur ambulant, artiste saltimbanque, artiste d’agilité et aussi directeur d’un panorama ; son épouse est parfois mentionnée chanteuse ou artiste d’agilité. Louis et Marie Thérèse sont domiciliés en 1898 à Etaples. Marie Thérèse meurt à Equemauville (Calvados) le 21 janvier 1906, Louis CASSAGRAND meurt à Douchy les Mines, le 25 janvier 1910.

La descendance du couple Chasagrande/Debacker comprend au moins 51 personnes, tous nos “cousins”.

Ils sont répertoriés ici : https://bit.ly/35xLFqA




vendredi 12 janvier 2024

Léopold SIMONS (1901-1979) radio et télévision

mis en ligne le 2/2/2019
mise à jour le 12/1/2024 : dissolution de Toudis Simons

Galène ou lampes ?...  Simons nous répond...

Nous avons déjà vu les intéressantes réponses faites à nos questions par M. le préfet Hudelo, puis par MM. Chdtelet, Hector Franchomme, Delepoulle, Alfred Descamps, Frady, Théodore. La T.S.F. qui a conquis les gens sérieux doit bien avoir aussi le sourire des artistes...
Notre ami Simons — qui nous avait déjà conté, dans un monologue patoisant que Line Dariel a rendu célèbre, « Les pérégrinations d'un galéneux » — va nous dire ça.

Ici, notre habituelle question, que Simons ne nous laisse même pas le temps de débiter.
— In v'là eun' question. Si j' fais de l' T. S. F. ! Ben, j' comprinds ! Commint qu' j'aros écrit « L' Martyre du poss' à galène », si j' n'avos point intindu m’ femme braire tous les soirs. Et pourquoi que m'femme elle brairot si ch' n'est pour min poss' à galène, hein ?

Seconde question : L'appareil. Simple galène ordinaire ?
— Extraordinaire, au contraire ! L' montache est tout simple — ch'est Marceau, l'accordéonisse, qui m' l' monté — mais le ch'nu, ch'est l' caisse.  Te n'd'vin'ros jamais ch' que ch'est. Cache un p'tit peu pour vir..  J' te l' donne in chint... Te peux minger des fiques, va !... Ch'est eun' caisse à saurets !

Simons a des idées définitives sur la « grande musique », ainsi qu'en témoigne la réponse imprévue qu'il nous sort maintenant :
— Non, j' n'aime point les grands morciaux quand je n' vos point 1' chef et s' baguette — ch'est toudis ch' qu'y a d' pus drôle ! — cha m' fait l'effet d'un' cigarette fumée dins l' noir. Ch' que j'acoute avec plaiji, ch'est l'jass-band in graphophohe et pis l'Broutteux, César [Latulupe], Line Dariel et min chochon Bertal (mets aussi Manaut, y s'ra fin contint d' vir eun' fos sin nom dins l' journal).

Alors, une fidélité éternelle au poste à galène ?...
— Non, ch' qui m' gêne dins s' posse à galène, c'est l's' acouteurs. Après ça toudis su' s'tiête, ch'est canulant ! Et pis, des fos, on l's' oublie... Tiens, y a tros quat’ mos j'acoutos un concert, quand tout d'un cop j' vos l' lait qui s'infuit su l' fu ! Je m’ lève pou' l' rattraper et naturellemint j' pinse pas à min casque, j'intralne m' caisse à saurets qui saque l' robinét uch' que j'avos accroché min fil de tierre ! T'aros vu ch' t'inondation ! Y a eu jusqu'à des champignons aux pieds dé l' tape ! […]



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Line Dariel et Simons au micro de Radio Lille


Il faudrait un livre pour donner le détail de toutes les prestations de Line Dariel et Simons à la radio et à la télévision.
En 1931, il se fait remarquer par la diffusion d'une fausse actualité, Le mystère de la Porte de Paris, qui fait croire aux auditeurs à une attaque du studio de Radio-P.T.T.-Nord.

Ouest Eclair 23 mai 1931 (Gallica)

De 1935 à 1939, Simons anime la demie heure patoisante. De 1945 à 1946, Nord Magazine hebdo, qui devient de 1946 à 1947 Radio Lille Hebdo et puis de 1947 à 1949 La Ducasse Radiophonique. La liste est longue jusqu'en 1970.





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La télévision l'intéresse dès 1939, puisqu'on a diffusé ses sketchs à l'exposition du Progrès Social, en circuit fermé évidemment, mais dès l'inauguration de Télé Lille, en mai 1950, il est présent et y restera fidèle jusqu'en 1971.



Son émission la plus régulière et la plus suivie est certainement le Magazine du Mineur, de 1959 à 1971.



octobre 1959



d'autres scènes extraites d'une cassette vidéo produite par l'association Toudis Simons, volume IV

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à propos de l'association Toudis Simons :
Créée en mars 1989 par Fernand VINCENT (Fécamp 1924 - Lille 2010), elle publie la revue Toudis à partir de novembre 1995, n°1, jusqu'au n°32-33. Après quelques années d'éclipse, l'association a connu son épilogue lors d'une AG extraordinaire le 22 septembre 2023 réunie à l'initiative d'Yves LEDUN (archiviste de l'asso). L'AG a voté la dissolution de l'association Toudis Simons et le don de ses archives à la bibliothèque de Lille, elle a voté également la dévolution des actifs et des stocks à la Société de Littérature du Nord qui publie la revue nord'. Un numéro spécial Simons/Van der Meersch de cette revue est programmé pour fin 2024 et des actions à la Médiathèque Jean Lévy sont envisagées pour début 2025.

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Les autres pages sur Simons
Les débuts de Simons
Les débuts de Line Dariel
Le théâtre de Simons
Le cinéma et Simons
Simons l'illustrateur
Simons, le peintre

Sources : Simons 1901-1979, Lille, 1999. Revue Toudis 2009. Revue Pays du Nord. Documents personnels : partitions, livres, almanach, programmes, affiche, journaux et revues.