jeudi 23 mars 2017

Jean-François Birlouez, manouvrier de l'accordéon

Un manouvrier de l'accordéon

C'est à Dorignies, hameau de Douai, pays où l'industrie tient une place prépondérante et où l'Art, sous toutes ses formes, n'a que peu mais de fervents adeptes, que nous avons rencontré un artisan de l'accordéon, le seul en France — et il s'en vante — qui fabrique sans l'aide de personne cet instrument de musique dont la vogue grandit de jour en jour.

Ouvrier agricole, mineur et accordéoniste
L'homme est un modeste, modeste comme le furent ses origines. Son atelier ? une pièce réduite contenant un établi et un outillage d'ébéniste. Son œuvre ? les accordéons de toute beauté qu'il fabrique de ses mains.
M. Jean-François Birlouez, car c'est de lui qu'il s'agit, a vu le jour à Oignies sur Rivière, dans le canton de Carvin, le 16 novembre 1868. Ses débuts dans l'existence ne présagèrent nullement de son avenir. Tout gamin il œuvrait dans les champs, aux côtés de son père, petit cultivateur de l'endroit qui, pour augmenter ses revenus travaillait un peu l'horlogerie. C'est ainsi que le jeune Jean François put de même tâter du métier d'horloger. L'enfant n'était pas insensible à la musique et d'en avoir vu jouer, son désir alla vers l'acquisition d'un accordéon. Et bientôt dans la région minière l'on connut un virtuose de 12 printemps. Sa vocation qui cependant pointait à l'époque, ne put par lui être exploitée. Les temps étaient durs aussi jadis pour les modestes travailleurs, et pour vivre, Jean-François dut aller à la mine. La Compagnie des Mines de Dourges, à Noyelles-Godault, l'occupait, et le soir, de retour sous le toit familial, il bricolait l'horlogerie… et commençait de réparer son accordéon… la deuxième corde à son arc. Qui, dans les cités minières, ne connaissait alors le mineur accordéoniste ? Bien des vieux vous diront se souvenir avoir dansé aux sons de cette musique, que talentueusement, de son instrument, ses doigts habiles faisaient retentir.

La nouvelle vocation
Marié [en 1892, à Noyelles-Godault] puis père de famille, à l'âge de 28 ans Jean-François Birlouez quitta la mine, se décidant, par expérience acquise, de ne s'occuper plus que de l'accordéon. Il débuta dans sa nouvelle profession en transformant un instrument allemand acheté à Tournai, et composé de 8 basses et 2 rangées, en un accordéon à demi-temps [sic].
Puis en 1902, en compagnie d'un ami, accordéoniste comme lui, il partit à Bruxelles chez M. Solari, fabricant, pour y faire l'acquisition d'un accordéon. A ce temps-là, on n'en fabriquait pas en sérié, et le marchand qui en était dépourvu lui demanda d'attendre l'année d'après pour être servi. C'est à ce moment que M. Birlouez, sans s'en rendre compte, définit la nouvelle voie qu'il allait suivre, en répondant à M. Solari : " Eh bien ! puisque j'ai le temps, j'en fabriquerai un moi-même ! ". De fait, 6 à 8 mois après cette boutade, un accordéon était sorti des mains de ce quasi-profane. Il fallut naturellement de nombreux essais pour arriver à la mise au point finale, mais l'instrument était là, prouvant qu'il suffit parfois de vouloir pour arriver au but que l'on se propose. Et tout en tenant son bistro à Courcelles-lez-Lens, et jouant les dimanches et fêtes à faire danser la jeunesse, notre artisan vit les commandes affluer. Les accordéons "Birlouez" faisaient déjà recette.



vers 1931, à Masny, Henri Debail joue sur un Birlouez
collection personnelle

verso de la carte


Le succès
Depuis quatre années, notre fabricant s'est installé à Dorignies et là, tout seul, comme auparavant, il construit ses accordéons, commandant les pièces brutes à 25 maisons différentes et leur donnant cette forme nouvelle utile à leur particulière destination. Ebénisterie, gravure, mécanisme musical, soufflet, plaques d'acier ou d'aluminium, tout est façonné par lui avec amour. Depuis qu'il œuvre autour de ses instruments, il a apporté à ceux-ci de nombreuses et heureuses modifications. Il est actuellement en train de fabriquer des claviers en métal et se fera breveter pour un axe tenant toutes les touches, les accordéons à plusieurs claviers sur axes indépendants présentant le même inconvénient que la machine à écrire dont deux touches se rencontrent et se bloquent au passage, sur une erreur de doigté.
Nous lui avons, pour cela, souhaité bonne réussite, et comme nous lui disions notre étonnement que l'accordéon soit demeuré si longtemps un instrument, si l'on peut dire, vulgaire, M. Jean-François Birlouez nous a dit que cela tenait à ce qu'auparavant n'importe qui en jouait sans aucune connaissance musicale. Aujourd'hui que de véritables musiciens en ont fait leur instrument favori, le plus bel avenir peut lui être prédit. C'est sur ces paroles que nous avons quitté l'homme, le seul qui, de toutes pièces, sans l'aide de quiconque, fabrique en France des accordéons. 


Achille FAURIE
L'Egalité du 25 août 1928
Bibliothèque numérique de Roubaix



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En 1932 J. F. Birlouez invente La Symphonie-accordéons article ici
Jean-François Birlouez est décédé à Douai le 23 août 1961


vendredi 10 mars 2017

Jean François Dutertre est décédé








"Un mot de Franck Tenaille :


Encore un "ancien" du folk qui se fait la malle. Un chouette serviteur des musiques trad' sur des tas de registres (écrits, musicien, institutions...), pudique et connaisseur. Pour moi plus de 40 ans de dialogue et d'amitié.

Ci-joint un papier a chaud de Dominique Maroutian sur le bonhomme.


Grande tristesse "Amis vieux folkeux"

Jean-François Dutertre est décédé ce matin. Je pleure un ami de toujours, rencontré il y a plus de cinquante ans à l'époque du Hootenanny de Lionel Rocheman. Admirateur de Tom Paxton, Pete Seeger, et de ... Jacques Douai, à ses débuts, il chantait en s'accompagnant à la guitare. Puis avec Ben et Jean Loup Baly†, ses amis de lycée, il a fondé le groupe "les Escholiers". Avec John et Catherine il fut l'un des membres fondateurs du Bourdon et le rédacteur en chef de l'éphémère revue "Gigue". Fin musicien et chanteur il a fait connaître l'épinette instrument qu'il affectionnait particulièrement. Il m'avait confié que c'était moi qui lui avais fait découvrir cet instrument, ce que j'avais oublié au fil du temps, aujourd'hui j'en suis fier. 

Il a travaillé avec de nombreuses figures du folk : Emmanuelle Parrenin, Claude Lefebvre, Dominique Regeff, John Wright, Catherine Perrier, Jean Blanchard, René Zosso, ... j'en oublie. Sa rencontre avec Yvon Guilcher allait donner naissance au groupe « Mélusine" qui a marqué l’histoire du folk français. mais aussi …

Aujourd'hui, je pleure un ami. 

Salut l'artiste.

Dominique Maroutian"

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Réactions sur le groupe Tradonord :

bonjour 
je me doute que tous ceux et toutes celles qui l'ont rencontré, connu, nous sommes tous et toutes dans l'émotion partagée et à la lecture de tous ces petits mots, que de bons souvenirs qui remontent à la surface.
Pour ce qui me concerne modestement, je garde en mémoire ma première entrée dans ce "temple" du boulevard Raspail, un certain mardi soir de novembre 1968, à ma libération du service militaire. 
Un ami m'avait fortement conseillé de me rendre dès que je le pourrai au Centre Américain ("American Center for Students and Artists") et ce soir-là chez Lionel Rocheman, premier émerveillement de voir et entendre tous ceux et celles qui ont jeté les premières pierres conviviales de cet immense engouement, Jean-François, Yvon, Jean-Loup, Dominique, Ben, John, Catherine, Roger, Claude, Pierre, Alan, Steve,Emmanuelle, Gabriel, etc... Ce gros "noyau" qu'on pouvait retrouver presque chaque mardi au Centre, et après le Hootenanny, non loin, en face, au Raspail Vert. Il est temps de ré-écouter ces vynils de rêve de Mélusine, avec ces voix chaudes et si douces, et qui allaient si bien ensemble, au revoir cher ami à l'éternel sourire si amical
G. D.

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Triste aussi je suis ! Et c'est pas peu dire. Je lui dois mon entrée dans la musique trad, à Gérardmer où il m'a fait découvrir l'épinette. Pédagogue extrêmement rigoureux, musicien sensible, personnage engagé et d'une grande humanité, il a ré-inventé, avec quelques autres, la pratique de l'épinette, développé un jeu innovant sur l'instrument pour accompagner le chant. Avec Mélusine et en soliste, il est venu maintes fois nous voir dans le Nord. Beaucoup sur cette liste l'ont croisé.
Je retiens de lui l'exigence de la transmission, l'attention portée au respect des droits des musiciens et quelques instants de musiques partagées, lors de rencontres d'Epinettistes, dans des stages, ou sur "le Maure Sarrasin", où il m'avait fait l'honneur et le plaisir de m'inviter à l'épauler.
Il y aurait tant de choses à dire, de souvenirs à évoquer, d'hommages à rédiger... Mais aujourd'hui, j'en reste là, pour me replonger dans mes albums, photos et anciennes revues.
Pensées pour Claire, sa compagne qui a si bien gravé ses anges musiciens, et ses filles.
J. L.

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Pour le Collectif de Musiciens Professionnels des Musiques et Danses Traditionnelles

Chers, chères,
En ce 10 mars 2017, nous apprenons avec une infinie tristesse le décès de notre ami Jean-François Dutertre. C'est une figure majeure du renouveau des musiques traditionnelles qui s'en va. Son engagement au long cours, au service de la professionnalisation et de la structuration du secteur des musiques traditionnelles, en faisait une personnalité ô combien précieuse pour les musiciens, professionnels ou non de nos musiques. On se souviendra que dés 1972 dans la Revue « Gigue » qu'il contribua à créer, il abordait déjà ces questions. Au sein du groupe Mélusine avec Jean-Loup Baly et Yvon Guilcher, il défendit une esthétique exigeante de réinterprétation du répertoire des musiques et chansons traditionnelles, de même que dans son travail en solo sur la chanson ou dans celui de valorisation de l'épinette des Vosges qu'il initia. En prenant en 1992 la direction du centre d'infos des musiques traditionnelles (CIMT), il créa un véritable réseau national d'informations dans ce secteur, renseignant inlassablement les uns et les autres. A l'Adami, au delà de ses fonctions officielles, il fut un défenseur actif des musiques traditionnelles.
Nous n'oublions pas que c'est grâce à lui que le CPMDT a créé en 2007 en partenariat avec l'Adami les bourses de compagnonnage, un dispositif unique de formation professionnelle dans notre esthétique. Nous rappellerons également qu'il fit prendre conscience à un grand nombre d'entre nous de l'importance de la syndicalisation, notamment à travers son action au sein du SFA. Enfin tout récemment encore, sa parole juste et équitable était écoutée avec attention au CA de la Famdt. Nous garderons de lui le souvenir d'un homme généreux, militant et bienveillant. Nous nous joignons à la douleur de ses proches et de ses amis par un salut musical et fraternel.
Pour le Cpmdt, JF Vrod.

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Hommages Sur le site de l'IRMA Centre d'information et de ressources pour les musiques actuelles


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écouter d'anciens albums ici
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un texte qu'il nous avait envoyé en novembre 2016
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mardi 7 mars 2017

Deux articles sur la danse en Flandre

mise à jour 7/3/2017, ajout d'une vidéo de la présentation

Danses et Frontière(s)
&
Un bal avec D'Aubat St Flour

par Marie-Christine et Patrick Bollier



Parmi les treize articles publiés dans le tome 69 des Annales du Comité Flamand de France, deux sont consacrés à la danse (34 et 22 pages).

Danses et Frontière(s) développe la vidéoconférence présentée à Dranouter le 30 mars 2013 et à Hazebrouck le 23 mai 2014 pour les 300 ans de la frontière franco-belge. Ce voyage transfrontalier dans l'histoire est illustré par l'itinéraire de quelques danses choisies pour la variété de leurs transmissions et mutations dans l'espace et le temps. La fin de l'article brosse un aperçu sur le renouveau de la danse "flamande" en Flandre française et met en évidence sa dynamique transfrontalière.

Un bal avec D'Aubat St Flour
Daubat (ou D'Aubat), né à St-Flour en Auvergne et maître à danser à Gand, est resté célèbre grâce à la publication à Gand de ses "Cent Contredanses en rond…entre 1757 et 1767. Cet article fait une synthèse de sa biographie et de son œuvre avec, entre autres, plusieurs documents inédits.

collection particulière

Sortie officielle : 
Le jeudi 2 mars à 18 h 30, salle des Augustins (place Georges Degroote) à Hazebrouck. Manifestation à laquelle vous êtes tous cordialement invités.
Ce volume de 352 p., tiré à 250 exemplaires, pourra être acheté sur place pour 25 €.
Il sera ensuite disponible :
- A la Bibliothèque du Comité, ouverte chaque vendredi de 14 h à 17 h30 à l'étage du musée des Augustins à Hazebrouck.
- Par courrier, accompagné du règlement (frais de port : 10 €), à adresser au Comité Flamand de France, BP 30203, 59524 Hazebrouck Cedex.
- Auprès de Marie-Christine et Patrick Bollier.
- par internet, règlement Paypal




Dans sa présentation Patrick Bollier nous donne quelques détails sur : 
- De Jagt (ma seurtje) provenant d'une matelote, elle même extraite d'Alcyone de Marin Marais.
- Les origines du renouveau folklorique en Flandre, Marcel Couchy (1928-2015) et Anne-Marie Leroux son épouse qui sont à l'origine du groupe De Kadullen à Bailleul et Janine Ducornet (alias Alouette) qui a créé le groupe Pacotins et Pacotines à Boeseghem.
- Robert D'Aubat Saint Flour, maître à danser, auteur du recueil 100 contredanses en rond, en 1757 à Gand.


source : Wikipédia

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vendredi 3 mars 2017

Un nouveau blog

Consacré aux artistes oublié(e)s du Nord et du Pas-de-Calais, qui ne pouvaient trouver leur place sur ce blog.

Lietta Freckal & Sylvie St Clair
collection personnelle


Je commence par deux femmes, une Calaisienne et une Dunkerquoise. Deux chanteuses aux parcours très différents, la Calaisienne Lietta Freckal (Juliette Frère), n'aura pas la chance de prendre son envol, la Dunkerquoise Sylvie St Clair (Nelly Chauveau) fera une carrière inattendue et ignorée d'abord en Angleterre (sur les ondes de la BBC), puis au U.S.A.