lundi 27 juin 2022

Dans les bals populaires



Des fêtes de village aux clubs des années 1950, des grands bals nocturnes de la Belle Époque aux supermarchés de la danse des Trente Glorieuses, des guinguettes des bords de Marne aux discothèques des années 1980, des dancings de l'entre-deux-guerres, aux raves-parties en passant par l'incontournable bal des pompiers, la tradition du bal a perduré tout en évoluant. Le bal vit avec son temps. Il s'adapte aux changements sociaux, aux impératifs politiques, aux aspirations populaires, et suit les courbes du progrès, servant de baromètre à chaque époque. Mais qui se serait douté que le premier bal du 14 juillet 1880 fut d'abord un outil de propagande pour les Républicains ? En l'ancrant dans le souvenir de la prise de la Bastille, la IIIe République fait de son premier bal officiel un rituel politique fondateur.

disponible jusqu'au 25 octobre 2022 sur France3

ICI

On aperçoit plusieurs folkeux nationaux, et un régional : Didier Demarcq dans la marche des Mille de Jean-Paul Goude.

mardi 14 juin 2022

Célestin Dutoit, dit Mercrédi, chansonnier

Célestin Dutoit est né à Wavrin en 1844 au hameau de la Fontaine. Son père André, est cabaretier, né en 1803 dans le même village, il meurt en 1849, sa mère, Augustine Bonvarlet originaire de Sainghin en Weppes, est épicière.
En juillet 1895 il est victime d'une agression, mentionnée par Le Grand Echo du Nord : "ce pauvre diable de trouvère campagnard à demi assassiné lundi [2 juillet], dans les circonstances que nous avons rapportées avant-hier", hélas ce numéro est manquant à la BNF, nous n'en saurons pas plus sur cet incident. Mais le journaliste continue : "C'est une figure, ma foi ! assez curieuse que celle de ce Célestin Dutoit dit Mercredi, qui, à la fin du XIXe siècle, vivait encore, tant mal que bien, à chanter dans les cabarets de Wavrin et des communes environnantes les couplets qu'il composait lui-même et qui ne sont pas sans un certain mérite. D'ailleurs, n'a-t-il pas été couronné ? A la plus belle place de son modeste domicile s'étale, encadré, un diplôme dûment paraphé, constatant qu'au ''concours de poésie en langue d'oïl" organisé en 1882 par le Cercle des Travailleurs de Roubaix, il avait remporté le deuxième prix.
Les moindres incidents de la vie locale l'inspiraient ; il rimait sur un air connu et s'en allait, le dimanche, par les estaminets bondés, chantant sa dernière œuvre. J'en ai lu quelques unes et il m'a paru qu'il était fort libre. On trouve çà et là des détails satiriques, des allusions aux propos méchants circulant sur tel et tel qui devaient emplir d'aise les campagnards malicieux. Deux papas pour un poupon, une chanson assez verveuse, a dû, par exemple, ennuyer fort les héros de l'aventure, mais par contre, obtenir un gros succès auprès des auditeurs de Mercredi. J'en aurais voulu citer quelques passages, mais je n'ose, c'est trop gaulois.
Par contre, le couplet suivant d'une autre chanson intitulée Un vrai Cupidon, donnera une assez juste idée du poète (?) errant :
Elle sait, la cruelle,
Filer l' parfait amour.
Auprès de cette belle
On est dupe à son tour.
Elle sait, la Diablesse.
Se faire des appas,
Grossir son étroitesse
Avec des débris de bas
C'est une des particularités de notre Flandre que cette foule de petits chansonniers qui vont ainsi composant en toute occasion ; chansons de carnaval, de noces, de fêtes.
Beaucoup n'ont reçu que peu d'instruction et certains même ne savent pas écrire. Ils s'inspirent d'air connu, assonant leurs vers. Il faut les leur entendre chanter, d'ailleurs, et non les lire, car il est telles élisions qu'ils font dont on ne se rend un compte exact qu'en écoutant l'auteur lui-même. Dutoit était, dit-on, doué d'une remarquable facilité. Il se complaisait aux improvisations, il composait en quelques minutes deux ou trois couplets sur n'importe quel sujet. Le pauvre diable ne chantera plus de longtemps, si tant est qu'il en réchappe. Comme tous les poètes, grands ou petits, il gagnait peu d'argent, mais tenait à la gloire ; il était très fier de son talent, et son premier mot au juge d'instruction qui l'interrogeait fut : Mettez Célestin Dutoit, chansonnier, n'est-ce pas, je ne suis pas journalier !
Léon Gobert"

Le chansonnier a survécu à ses blessures car il est présent au mariage de sa cadette Valentine en 1910. Il a écrit de nombreuses chansons, dont une partie seulement a été imprimée, et heureusement quelques une ont été déposées au dépôt légal et conservées à la BNF.

Chanson nouvelle en patois de Wavrin (sd)
Chanson en patois de Lille (sd)
L'impôt sur les allumettes (sd)
L'ouverture du Marché (sd)
Le miroir miraculeux (sd)
Les vices d'un mulets, scène arrivée à Annœullin (sd)
L'ducasse de l'place, dédiée au Marquillinois (1874)
L'appel aux cœurs généreux (1875)

Le marais de Wavrin (1875)

Un quart d'heure de bon temps, Wavrin (1875)

Les trois sauts sur le pont (1875)

Nos vingt huit jours, Wavrin (1875)
Pendant la ducasse, Wavrin (1876)

Le marchand de craquelins, chantée par les videurs de rondelles réunis au grand Saint Georges (1876)

Les réservistes, Wavrin (1876)

L'égalité, chant patriotique, dédié à la classe 1877

La Saint Martin, Wavrin (1877)

La fêtes des mineurs, Wavrin (1880)

Commmunes de Sainghin en Weppes, chanson composée à l'occasion de l'inauguration du monument élevé par souscription (1900)

Le 14 juillet, Wavrin (1900)

Chanson nouvelle, la classe 1900 (1901)

















mercredi 8 juin 2022

Maurice Lheureux, poète patoisant (1869-1907)


Un poète méconnu, totalement oublié. Il faut dire qu'il a eu une carrière météorique de moins de deux années. Son nom apparaît pour la première fois dans le Journal d'Henin-Liétard le 2 juillet 1905 : on annonce une fête au cours de laquelle M. Fernand FRANÇOIS donnera la primeur de quelques monologues et poésies d'un de nos concitoyens M. Maurice LHEUREUX.

A partir du 6 novembre 1905 le journal publie régulièrement une poésie en patois de ce mineur héninois. Maurice Lheureux est né à Jumet (B) en 1868, fils de Maximilien Emmanuel et Joséphine GEORGES. Son père est aussi mineur, ou plutôt houilleur comme on disait à l'époque, il est mort à Billy Montigny en 1890. Célibataire, il avait trois frères, dont un, Adrien, se marie à Lourches en 1894. Il a peut-être une descendance.



20 monologues et une chanson seront publiées, je les ai rassemblés en un fichier, extraits du journal récemment mis en ligne sur Gallica ICI




Maurice Lheureux meurt de pthisie (tuberculose pulmonaire) le 14 mai 1907 à Billy-Montigny, probablement chez sa mère, rue Nationale. Le journal cesse ses publications, mais quelques œuvres sont interprétées dans des fêtes locales comme par exemple, en 1911, le Club des Vingt Heninois qui interprète Bouchi, Boula, scène patoise. Puis Maurice Lheureux disparaît des mémoires.

Christian Declerck, le 8/6/2022





Sommaire

- A Jules Mousseron
- A l'hôtel
- A min n'veu
- A tertous
- Alfred l' mineur à Paris
- Ecapés [du grisou]
- L'buste de m' comarate
- El' cafetière
- El' carieux d' carbon
- El' fêtu d' paille
- El' kiosse, sur l'air : à la façon de Barbari, mes amis
- El' pan tère
- El' rêve d'eun' jonne fille
- El' sauvage
- El' tiot sou
- Gervais quitte la France !
- L' tireu à l' perche
- L' r'pos hebdomadaire
- Les agents
- Qu'mint c' qui faut faire ?
- Récompinsé


El' kiosse à musique, inauguré en août 1906