lundi 14 mars 2022

Victor Capart (1839-1908), chansonnier socialiste et indicateur de police

source Gallica


Beaucoup de Tourquennois connaissent la rue Victor Capart mais lorsqu’on leur demande s’ils savent qui est ce personnage la réponse est généralement négative. Il est né en 1839, sous la monarchie de Juillet. Ses parents, ouvriers belges, l’appellent Victor-Joseph. Lui se fera appeler Victor. Peut-être la connotation religieuse de son prénom ne plaît-elle pas à ce futur chansonnier qui diffusera au cours de sa vie de nombreux messages anticléricaux. Victor va quelques années à l’école primaire. Comme beaucoup d’enfants de son milieu, il arrête très tôt sa scolarité pour travailler, ce qui explique sa mauvaise orthographe et ses problèmes de syntaxe comme le confirment les passages cités infra. Il épouse Clémence Dubois qui lui donnera onze enfants. Initialement tapisseur, il devient contremaître dans une entreprise de tissage. Après avoir demandé à son patron une augmentation de salaire pour lui et ses compagnons, il obtient remerciement et inscription à l’encre rouge sur le registre du travail, ce qui l’oblige à se rabattre sur de petits métiers indépendants.
Victor Capart se met alors à écrire et devient chansonnier patoisant, puisant son inspiration dans le quotidien des ouvriers tourquennois. Ses propos restent mesurés sous l’Empire mais, sous la République, il pense pouvoir s’exprimer librement. La ville de Tourcoing n’a, à l’époque, qu’un seul journal : un hebdomadaire appelé L’indicateur dont le propriétaire est l’imprimeur Mathon. D’après Jacques Ameye, Victor Capart aurait appelé L’indicateur « l’maudit journal matonné ». Il est condamné à plusieurs mois de prison et doit s’exiler en 1877. Il ne part toutefois pas très loin : il passe la frontière franco-belge et ouvre un estaminet à Mouscron, dans le quartier du Mont-à-Leux. […] la suite ICI

extrait de :
Dhalluin, Sébastien. « Victor Capart, le chansonnier aux deux visages (1839-1908) », Revue du Nord, vol. 395, no. 2, 2012, pp. 473-502.



Les feuillets de chansons conservés à la BNF









Les liens correspondants (l'intégration fournie par Gallica n'est pas parfaite)

- L'canton du qu'min des Mottes air du Cabaret Mouton
- Le crime de Faugères, air Mon pauvre gosse
- Le nouveau ramonneu, air Du bonheur su c'monde
- Les buveurs à l'œil, air du Méd'cin des pauvres
- Les buvoires de g'nève, air des Révélations d'grand-mère
- Un voile à l'Exposition, air Au clair de la Lune
+
- La Justice Bourgeoise, air Vive la Gymnastique (Bn Roubaix)
et autres ICI













mercredi 9 mars 2022

Blootland - Brest 92



Le dossier de presse annonce plus de 1.500 bateaux, 12.000 marins de 20 pays. 8 jours de fêtes à Brest du 11 au 14 juillet, puis à Douarnenez du 15 au 18 juillet, avec près de 1.500 musiciens. Blootland ne pouvait pas rater cet évènement. On y était, avec d'autres Dunkerquois.

Laurent Claeys et André Rouzet
à Douarnemez


Avant cela un concert de rodage est organisé à Boeschepe, le 12 juillet. Il a été filmé en vidéo par un certain Lionel Villard, habitué de l'estaminet Het Blauwershof, se souvient Christian Mercier. On aimerait le remercier. J'ai retrouvé la cassette VHS il y a quelques années, je l'avais donnée à Archipop pour une numérisation et conservation, 5 ans plus tard… c'est fait. Voici un extrait de quelques minutes, la vidéo originale fait 1h 17mn.






mardi 8 mars 2022

Bouscatel à Dunkerque

mise à jour le 5/3/2022 : ajout d'un article, une photo et un lien
mise à jour 16/9/2021 : ajout d'un lien vers la collection d'Eric Montbel
mise à jour 11 septembre 2019 : ajout d'une référence La Musette
mise en ligne : 2 mars 2016

source : Du bouge au conservatoire

Le musicien populaire est en visite chez les bourgeois dunkerquois comme en témoigne ces trois extraits de presse.
Le Nord Maritime
2 juillet 1912 : « Le banquet de la Musette – Il y a un an, les originaires du Massif Central, inauguraient par un magnifique banquet la fondation de leur société La Musette. Depuis le groupement a prospéré et le deuxième dîner de la Musette qui a eu lieu hier soir, dans les salons du casino, réunissait de nombreux invités. Autour de M. Bonhoure, sous préfet, qui avait accepté de présider cette fête […] Etienne Monnet*, président ; Boutaric, vice-président ; Bussière, secrétaire et Jallat, trésorier de la Musette […]. On entendit ensuite un virtuose jouer sur la musette des airs populaires d’Auvergne, l’orchestre du Casino exécuta la Ronde de la Musette de M. Burgairolles**, Mlle Jane Colombel la délicieuse divette détailla quelques chansons de son joli répertoire et M. Vaquier acheva de provoquer l’hilarité de l’assistance. Des invités ont encore chanté et dansé la Bourrée. Bref ce fut parfait »

collection personnelle


Compte-rendu plus précis "au pays" :
La Semaine Auvergnate (Archives du Cantal)
11 juillet 1912 : « […] c’est cette progression rapide [des membres] qui était fêtée dans un second banquet qui eut lieu au Casino de Malo les Bains, sous la présidence de M. Bonhoure, sous préfet, ancien secrétaire général du département du Puy de Dôme. Au côté de M. Bonhoure et de M. Etienne Monnet, l’aimable président de la Société, nous avons remarqué M. Terquem, maire de Dunkerque, les représentants de la Musette de Paris, Amédée Bussière, le sympathique secrétaire particulier du sous préfet de Dunkerque […]. Un virtuose, M. Bouscatel, joua sur une musette, durant le repas, des airs populaires d’Auvergne. […] M. Espinasse chanta en patois ; M. Tête se fit applaudir dans plusieurs chansonnette ; Mlle Jane Colombel, la délicieuse divette, charma l’assistance, et M. Vaquier, le désopilant comique du Casino, provoqua son hilarité. Cette belle fête ne se termina que très tard dans la nuit, sur des airs de bourrées dansées élégamment par nos compatriotes. »

Merci à Olivier Durif de m'avoir communiqué ce document

Merci également à Agnès Unterberger pour deux articles complémentaires parus les 27 mars et le 3 juillet 1913 dans le même journal.
"Dans les salons du Café Franco-Russe [qui devint la Taverne Charles], la Musette de Dunkerque avait convié ses membres honoraires et actifs à une Poule d'Honneur offerte par son président M. Jalenques" sans mention de chants ni de cabrette en mars, mais on cite la présence de M. Eugène Lintilhac, sénateur du Cantal, en juillet "Point n'est besoin de dire avec quel charme vigoureux M. Lintilhac a glorifié sa chère Auvergne et avec quelle délicatesse il a remercié les amis dunkerquois de ses concitoyens. […] Et la fête s'est terminée par des chants. M. Lintyilhac a tenu le rôle de barde arverne et d'une voix vibrante a traduit magnifiquement le chant du pâtre qui enchante les solitudes du Massif […]"

Agnès me précise : "On peut écouter la "voix vibrante" d'Eugène Lintilhac sur un disque des Archives de la Parole (I.84), consultable en ligne sur Gallica-BnF. Cet enregistrement en "patois d'Auvergne" avait été réalisé un an plus tôt à Paris à la Sorbonne, le 2 juillet 1912, dans le cadre du projet du linguiste Ferdinand Brunot."


au pied du beffroi
la Taverne Franco-Russe


La Musette, revue artistique et littéraire des originaires du Massif central
Juillet-août-septembre 1912
[…] Le banquet est terminé, mais qu'entends-je ? Quelle émotion étreint tous les cœurs ! Des yeux se mouillent. Ces yeux étincellent. Quelle douce musique se fait entendre qui rappelle les libres espaces, les grandioses paysages des volcans morts et des sapins funèbres ! Au pays des carillons, c'est la musette, la douce musette de nos bergers qui vient demander droit de cité. Alors, c'est du délire, tout est oublié, le sérieux des situations, la gravité des fonctions et tout le monde danse la bourrée et l'auvergnate, martelées par le grand musettiste qu'est M. Bouscatel. N'a-t-on point même chanté en patois ? 
Enfin, Mlle Jane Colombel, la délicieuse divette et M. Vaquier, le comique impayable du Casino, viennent clore cette fête qui fut en tous points cordiale et magnifique. Un Vieux Clermontois.


* Etienne Jean MONNET (1880-1926) et Léon Etienne MONNET (1886-1961), directeurs du Casino de Malo les Bains, sont nés à Clermont-Ferrant

** Georges BURGAIROLLES  (1856-1939)
Fils de Guillaume Auguste, officier d’administration, et petit-fils d’un contrebassiste apparenté à la famille de musiciens et chefs d’orchestre parisiens ARTUS. Il est chef d’orchestre au théâtre des Bouffes du Nord (1888) et aux Folies Parisiennes (1893) à Paris. De 1896 à 1913 il dirige l’orchestre du Théâtre-Concert des Variétés à Lille et, durant la saison balnéaire, l’orchestre du Casino de Malo-les-Bains, dont il est aussi le directeur artistique. Très apprécié  à Dunkerque comme le précise la revue Paris Musical et Dramatique de 1906 : « Parmi les Casinos qui promettent d'offrir le plus d'attraction cette année, citons celui de Malo-les-Bains. Du reste, le nom de M. Burgairolles est à lui seul une garantie du succès, M. Burgairolles n'est pas, en effet, seulement un chef d'orchestre remarquable, mais il a au suprême degré ce que l'on peut appeler l'intelligence artistique et sait donner aux programmes un attrait vraiment surprenant, et plus que jamais les baigneurs de Malo-les-Bains trouveront cette année les distractions les plus variées. » Pendant son séjour il compose Jean-Bart (1906), marche et en 1912 La Ronde de la Musette, marche dédiée à l’association éponyme regroupant les Auvergnats de Dunkerque. Après la guerre, en 1920, il reprend la direction de l’orchestre du Casino de Malo-les-Bains : « Le Kursaal n'étant plus utilisable, on songe à le reconstruire pour l'année prochaine. Le Casino, très fortement endommagé, a néanmoins ouvert ses portes. La superbe salle de spectacles, de même que les salons de jeux, sont très fréquentés. On applaudit en ce moment les vedettes parisiennes de nos meilleurs music-halls, qui sont renouvelées chaque vendredi. La direction a traité avec les tournées théâtrales les plus en vogue, à raison de deux par semaine. Un orchestre comprenant, entre autres musiciens, les solistes des Concerts Pasdeloup et de Monte-Carlo, sous la direction de M. Burgairolles, directeur artistique, donne des auditions très goûtées. ». C.D.

[extrait du Dictionnaire Biographique Dunkerquois, SDHA, 2015]


une page consacrée au roi de la cabrette

trois enregistrements de "musique ethnique" comme ils disent à la BNF

une émission sur France culture

Clément Bonhoure, sous-préfet, né à Limoges