collection particulière |
C'est un enregistrement rare, découvert récemment par des amis, qui nous fait entendre la voix de ce régionaliste flamand. On sait, grâce à Jean Pascal Vanhove(1), son implication dans la société théâtrale l'Orphéon d'Hazebrouck dès 1906, mais on connait moins son action en faveur du folklore flamand dès la fin des années 1920.
André Biébuyck (Vieux Berquin 1885-1954) a d'abord été un artiste, un chanteur comique. Sa première prestation relevée dans la presse(2) se fait à une fête de charité du collège de Cassel, en mars 1909, il est alors étudiant à la faculté de Lille, il y obtient sa licence de droit en 1911. En 1912 il se produit, avec Auguste Labbe, à une soirée littéraire et chantante de la société Les Fils des Trouvères. Cette société, fondée en 1890 par Alexandre Desrousseaux, Gustave Nadaud et Louis Debuire Dubuc, compte parmi ses membres la fine fleur des poètes lillois, dont les auteurs patoisants. André Biébuyck, élu au bureau du comité en 1913, comme directeur artistique, participe régulièrement aux soirées organisées par cette société très active.
A la fin des années 1920, André Biébuyck et Joseph Pattein composent plusieurs chansons régionales : La Chanson de la Dentellière, Chapelle en Flandre, La mort du Moulin, Dans la Houblonnière, C'est la Moisson et la Marche du Géant Roland. Ils écriront plus tard La Chanson de Tisje Tasje pour le carnaval d'Hazebrouck de 1947.
C'est sur les ondes de Radio P.T.T. Nord, le 1er mars 1928, au cours d'une conférence organisée par La Bailleuloise, et donnée par l'abbé Deprez, que de nombreuses chansons et musique flamandes, populaires, anciennes et contemporaines sont diffusées pour la première fois, à ma connaissance ; voici le programme relevé dans Le Grand Echo du Nord le 1er mars 1928.
Programme : 1. Marche flamande de Tis-je Tas-je sur des airs populaires de J. Pattein et Clément Dubois, par le trio symphonique ; 2. La ballade du joueur de boules, paroles de G. Lothé, musique de Pattein, par M. R Mysoot* ; 3. Les Moulins de Flandre, poésie de A. Biebuyck, par M. R. Mysoot ; 4. La chanson flamande, conférence littéraire par M. l’abbé Detrez, avec exécution de chants flamands, extraits du recueil de M. Ed. Coussemaker [sic] fondateur et premier président du Comité Flamand de France, interprétés par M. Caulier : La Chanson de Reuze, La Ballade de Sire Hallewyn, L’Etable de Bethléem, Improvisations populaires, La Fille du Sultan, Niut de Joie, Rose (air de danse), Geneviève de Brabant, Les Trois Pastoureaux XVIIIe siècle, Cantique à Sainte Anne, patronne des dentellières, Noël de l’Enfant nouveau né ; 5. Ouverture de Nuit Espagnole, opérette, musique de J. Patttein, par le trio symphonique ; 6. Nous deux un soir, poésie de Biébuyck, musique de J. Pattein, par M. Mysoot ; 7. Sourire de printemps, valse, de Pattein, par le trio symphonique. Le piano sera tenu par M. Joseph Pattein.
Le Grand Echo du Nord, 7 août 1933 |
C'est en août 1933, au Congrès du Carillon Flamand, organisé par le Comité Flamand de France, qui se tient à Bourbourg, qu'André Biébuyck expose son projet de régionalisme sonore, ou pour employer une formule plus claire sur les possibilités d'enregistrement en disques phonographiques des vieux airs de chez nous. Il fait entendre aux congressistes le Reuzelied et La Marche du Géant Roland, un disque 78 tours qui vient de sortir chez La Voix de son Maître. Lors de la même journée on écoute aussi un disque de carillon enregistré à Malines par Jef Denijn, ainsi qu'un enregistrement du Pardon de Notre Dame de Folgöet en Bretagne.
En août 1937, au XIVe congrès du Comité Flamand de France, André Biébuyck présente un rapport sur la chanson flamande. Il n'y aura pas de suite, la guerre est proche et les choix politiques de certains de ses amis seront sans doute pour beaucoup dans l'abandon de ses projets. Il décède en 1954, son ami Joseph Pattein meurt cinq ans plus tard.
En août 1937, au XIVe congrès du Comité Flamand de France, André Biébuyck présente un rapport sur la chanson flamande. Il n'y aura pas de suite, la guerre est proche et les choix politiques de certains de ses amis seront sans doute pour beaucoup dans l'abandon de ses projets. Il décède en 1954, son ami Joseph Pattein meurt cinq ans plus tard.
La seconde face de ce disque, Carnaval de Cassel, est une interprétation de la musique du Reuze, par l'orchestre parisien d'Edouard Bervily-Itasse, les couplets en flamand sont interprétés par Robert Mysoot (1897-1977) chanteur de l'Orphéon d'Hazebrouck.
Christian Declerck
(1) Ce que racontent les rues d'Hazebrouck, p. 111
La Marche du géant Roland (extrait)
Carnaval de Cassel (extrait)
* Robert Mysoot : né à Hazebouck le 8 juin 1897, † Dunkerque le 24 décembre 1977
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