mardi 29 avril 2025

Théophile Manotte, carillonneur et compositeur

mise en ligne le 19/9/2024
mise à jour le 29/2025 : remplacement de la vidéo défectueuse

Né à Dunkerque, au n°18 de la rue du Pied de Vache, le 2 janvier 1827, fils de Louis, instituteur, et Sophie Verlière. Dans sa jeunesse il est musicien au théâtre où il joue du violoncelle, mais il est aussi réputé pour ses qualités de chanteur comique et joue aussi la comédie où il excelle dans les "rôles charges" nous précise Victor Letellier (Une Année à Dunkerque, 1850), par exemple le 1er juin 1850, à Bergues pour la kermesse : M. Manotte de Dunkerque, est venu clore la soirée par des chansonnettes qui ont provoqué le fou rire et qui avaient au suprême degré le don de désopiler nos placides organisations berguenaerdes. (L’Artiste, revue du Nord de la France) 

Le 23 juillet 1853, le journal La Dunkerquoise nous apprend que le choix de l'administration s'est arrêtée en faveur sur T. Manotte pour l'emploi de carillonneur municipal, et que l'on renonce à l'air de la Dame Blanche à la sonnerie des heures. Ce qui est confirmé par l'arrêté du maire du 27 décembre : Considérant que la restauration récente du carillon de la tour du beffroi nécessite la nomination d’un carillonneur et que M. Théophile Théodore Manotte, musicien, né et demeurant en cette ville a les qualités requises pour bien remplir cet emploi, vu l’art. 12 de la loi du 18 juillet 1837, arrête : art 1er, M. Manotte est nommé à l’emploi de carillonneur de la tour du beffroi de cette ville. Art 2, il sera tenu de jouer le samedi et le dimanche et aux jours de fêtes civiles et religieuses, de onze heures à midi. Dans toutes les occasions où l’administration municipale jugera à propos de prescrire le jeu du carillon, il suivra les indications qu’elle lui donnera à cet effet. Art. 3, il jouira du traitement annuel de 600 francs et il le touchera à partir du 1er octobre 1853, date de son entrée en fonction. Il n’aura droit à aucune indemnité pour le jeu du carillon en dehors des jours et des heures prévus dans l’article précédent.

Vers 1855 nous le découvrons marchand de vins en gros, 25 rue du Lion d’Or, associé à Louis Gysel, de Calais, grâce à une lettre passée en vente sur un site d’enchères. Quelques années plus tard il est membre de l’Orphéon Dunkerquois, il est fondateur de la chorale en 1857 et participe au déplacement à Paris relaté par Raymond de Bertrand dans les Mémoires de la Société Dunkerquoise en 1858. Il est représenté dans un tableau qui fait ornement dans l'une des salles de la société, [et qui] en offre la nomenclature suivante : MM. Louis Atteleyn, Louis Crujeot, Henri Cutsaert, Auguste Degravier, Victor Derode père, Léon Derode, Victor Derode fils, Edouard Detraux, Edmond d'Ingrande, Auguste Everhaert, Léon Gourdin, Jules Hauw, Albert Hellbusch, Paul Hibon, Gustave Hondschoete, Antoine Huot, John Irwin, Noël Leblond, Charles Leduc, Charles Leroy, Louis Manotte, Théophile Manotte, Léon Manotte, Adolphe Pieters, Emile Pouleur, Auguste Robyn, Alphonse Sapelier, Désiré Vancauwenberghe, Victor Vandenberghe, Auguste Vantroyen et Benjamin Villette.

Changement de parcours

Que se passe-t-il entre 1860 et 1869 ? on ne sait. Pourquoi se retrouve-t-il à Nice le 15 août 1869, chef de la musique municipale, compositeur de la cantate en l’honneur de Masséna, chantée par un chœur de 200 chanteurs, niçois et soldats du 5e de ligne, accompagnés par la musique militaire, au Théâtre Impérial de Nice pour l’inauguration de la statue ? on ne le saura sans doute jamais.

 
source : BNF

De son activité à Nice on retient principalement ses cours donnés à la grande bourgeoisie en résidence sur la côte qui n’est pas encore d’Azur. Ainsi Marie Bashkirseff relate dans son journal en juin 1873 Mannotte était très content de moi ce matin, j’ai joué une partie du concerto de Mendelssohn sans une faute. Sa fille, Jeanne Manotte, née à Dunkerque en 1856, est également professeur de piano elle a tout juste 20 ans. Artiste musicienne et concertiste, elle a fait ses études musicales au Conservatoire de Paris où elle obtient un 1er prix de piano en 1874, elle se produit à Nice dès 1875 en solo et en duo avec son père. En 1883 elle épouse Jean Billa, architecte né à Valparaiso (Chili) en 1858. Après son mariage elle continue de donner des concerts. On peut l’écouter en 1887 au casino de Monte-Carlo, à Monaco où le gratin européen se retrouve « On signale à Monaco une foule de visiteurs de distinction : ce ne sont que prince et altesses. Citons le duc d’Edimbourg, le prince George, fils du prince de Galles ; le prince de Battenberg, gendre de la reine Victoria ; le grand duc et la grande duchesse de Meklembourg, le prince et la princesse Waldemar, le prince de Leuchtenberg, etc. Les concerts sont toujours très suivis : celui où l’on a entendu Mme Billa-Manotte, pianiste émérite, a été particulièrement brillant » (Le Triboulet) et ainsi jusque vers 1890. Ensuite elle suit son époux à Paris, 165 rue de Courcelles où elle donne des cours et des leçons particulières de piano et solfège. Elle participe à de nombreux concerts, avec les artistes parisiens et y croise la compositrice Cécile Chaminade qui lui dédie sa 2e Valse op. 77, en 1895. 

 

En 1899, salle Mustel, 46 rue de Douai, elle se produit avec son fils, et élève, René Billa (La Gazette de France). En 1900 elle est nommée officier d’académie. René est né en 1884 à Nice, lui aussi obtient un 1er prix de piano au Conservatoire de Paris en 1901. Il deviendra un concertiste et compositeur réputé, il épouse en 1908 Aimée La Villette, plus connue, maintenant, sous son pseudonyme Rita Strohl, une compositrice féconde. Mais c’est une autre histoire.

Théophile Manotte meurt le 8 juin 1900 à Nice, 9 rue d’Italie, Les obsèques du regretté artiste auquel Nice doit la création de sa musique municipale, ont eu lieu hier matin au milieu d’une affluence émue où figuraient la plupart des notabilités niçoises. Le cortège funèbre a quitté la maison mortuaire à 8 h 1/2, précédé par la Musique municipale qui n’a cessé d’exécuter des marches funèbres, sous la direction de son sous-chef M. Trastour. Le char disparaissait sous les fleurs et les couronnes. Parmi les plus belles, citons celles du grand et du petit Lycée, dont le défunt dirigeait avec tant de distinction les cours de musique ; la couronne de la Musique municipale, portée à bras par deux membres qui font partie de notre première Société musicale depuis sa fondation, etc. Le deuil était conduit par M. Billa, gendre du défunt. Près de lui marchaient M. Sauvan, maire de Nice et M. Olivier, proviseur du Lycée. Les cordons du poêle étaient tenus par M. CHANAL, inspecteur d’académie ; M. Pivet, chef de la Musique municipale, et par les jeunes Eugène Kiss et Lattes, élèves du défunt. Dans le cortège noté tous les professeurs et l’aumônier du Lycée, les chefs de musique et des Sociétés chorales de la ville, etc. La cérémonie funèbre a été célébrée à l’église Notre-Dame. Durant la messe, la Musique municipale a exécuté divers morceaux de circonstance. Après l’élévation, un chœur a été chanté par la maîtrise russe dirigée par M. SOLAR. On a généralement regretté que M. PONS, l’organiste de Notre-Dame, n’ait pas fait entendre en cette solennité funèbre les grandes orgues qui, au grand désappointement de tous, sont restées muettes. La cérémonie funèbre terminée, le corps a été conduit au cimetière de Caucade. L'Eclaireur de Nice

Christian Declerck, 19 septembre 2024

 

Il laisse de nombreuses compositions, la plupart sont conservées à la BNF :

Les Amateurs, quadrille (1844)
Ange du sommeil, berceuse pour le piano, op.12, Paris Benoit aîné (1867)
Le chant du chevrier, souvenir de Chamonix, caprice pour piano, op.18, Paris Benoit aîné (1878) BNF
La charmeuse, valse de salon pour piano, op.17, Paris Benoit aîné (1869) BNF
Dunkerque à Bergues, aller et retour, grand galop pour piano, à M. Paul Dussaussoy, Paris L. Lévy (1860) BNF
En causant, polka pour piano, op. 6 Nice, l’auteur (1892) BNF
En taquinant, valse pour piano, Paris E. Fromont (1893) BNF
Folle avoine, mazurka pour piano, Paris Vve Fatout et Girard (1896) BNF
Jean Bart, quadrille (1844)
La Lympia, air de ballet pour le piano, op.21, Nice P. Decourcelle (1881) BNF
La Magnolia, souvenir de Gentilly, mazurka de salon pour le piano, op.11, Paris Benoit aîné (1867) BNF
Marie, schottisch élégante, Paris G. Flaxland (1856) BNF
Massena, cantate exécutée à Nice le 15 août 1869, paroles de Claude Baudouin, Paris Benoit aîné (1869) BNF
La Nicéenne, pour petite harmonie, Paris Gautrot aîné (1871) BNF
Nous reviendrons, valse des hirondelles pour piano, op.22, Nice l’auteur (1894) BNF
Patrouille alpine pour piano, op.23, Paris E. Salabert (1896) BNF
Perseveranza, valse brillante en réb pour le piano, op.10, Paris Benoit aîné (1889) BNF
Polka des gosses pour piano. Paris Vve Fatout et Girard (1895) BNF
Ronde de nuit pour orchestre, op.19, Nice P. Decourcelle (1892) BNF
La Saint Pierre, marche épiscopale pour musique militaire, Paris Gautrot aîné (sd) BNF
Souvenirs d’enfance, feuillet d’album pour piano, op. 20, Nice P. Decourcelle (1881) BNF


collection personnelle


Perseveranza, valse brillante
par Maelan Tomazek 

Eugène Gervais, chansonnier dunkerquois

mise à jour le 9 octobre 2017 : ajout d'une vidéo et du texte intégral de l'article de 2011
mise à jour le 29 avril 2025 : ajout d'un lien de téléchargement d'un enregistrement + un extrait de presse




GERVAIS Eugène, Auguste, Félix, Dunkerque 1879 / Rosendael 1939
À seize ans, il remporte le 1er prix du concours de déclamation organisé par la Société Dunkerquoise d’Histoire et de Géographie en récitant un poème de son père décédé 2 ans plus tôt. Orphelin il est recueilli par ses grands-parents maternels. En 1900 le Nord Maritime publie un de ses poèmes Je suis l’amour. À partir de 1903 le journal local publie régulièrement ses textes (poésies et chansons). En 1905 il participe à la création du cabaret Au Peudre d’Or, ce cabaret d’inspiration montmartroise se distingue de l’original parisien par l’usage du parler dunkerquois, mais cette expérience ne dure que deux saisons. Cela suffit à Eugène pour acquérir une réputation de chansonnier qu’il exploite en devenant chanteur ambulant pour interpréter ses productions, et les vendre, devant le public dunkerquois et même au-delà. La B. N. F. conserve plusieurs de ses petits formats aux titres évocateurs : La jolie et délicate boulevardière, les jolies filles de Bergues, la pêche au peudre, Les jolies filles de Bourbourg, Titine ou la môme des lascars, C’veintje y sait rien faire, etc. En parallèle, il fréquente le milieu anarcho-syndicaliste* dunkerquois et publie ses textes sous le pseudonyme Jehan La Guigne dans le Journal des Syndiqués et dans La Défense Sociale (sous titré journal révolutionnaire dunkerquois).
Après la guerre, en 1919, il épouse Louise THIRY et trouve un emploi à l’Usine des Dunes, mais la crise frappe aussi à Dunkerque, il est licencié en 1929. Ensuite il exerce divers métiers : peintre en bâtiments, camelot, placeur de billet de tombola, etc. Après une courte maladie, il décède en mars 1939. L’année précédente il avait enregistré sur cire des poèmes de son père sur un stand de la foire de Dunkerque. Ces disques ainsi que ses manuscrits, qui avaient échappé aux bombardements, étaient conservés dans la campagne flamande, hélas ils sont détruits au cours d’un déménagement à la fin des années 1950.
Son épouse décède à Paris dans le 9e arrondissement au 43 rue Saint Georges, le 24 mars 1946.

* pour plus d'infos sur ce mouvement dans le Nord et le Pas de Calais, voir la biographie de Benoit Broutchoux



Une biographie plus détaillée a paru dans le volume 44 de la Revue historique de Dunkerque et du Littoral, publié en janvier 2011 par la Société Dunkerquoise d'Histoire et d'Archéologie
elle est aussi disponible ICI




collection personnelle
 
Le 17 octobre 1934, des Dunkerquois on participé aux marches des chômeurs qui convergeaient vers Lille
 
Le Grand Echo du Nord (Gallica)



Vers la fin de la crise économique
ou Le rêve d'un chômeur
Chantée par Maryse Collache-Rouzet, alias Marieke
accompagnée par Albert Creton
à l'origine publiée dans Dunkerque 1900 



Gloire aux ouvriers (1906)
rend hommage à deux des rescapés de la catastrophe de Courrières
Charles Pruvost et Henri Neny
collection personnelle
(merci à Michèle L. qui m'a offert ce document)


*****

Toutes les paroles de ses chansons
avec celles de son prédécesseur Hippolyte Bertrand (1830-1902)




Liste des chansons d’Eugène Gervais et Jehan La Guigne
celles marquées d’une * sont dans la publication ci-dessus

Adieu méchante – 1906
L’affaire Jeanne Weber – 1908
Al a perdu son peule – 1906
L’alcoolique – 1906*
L’amour dans l’sac – 1907*
Baiser de Ninon – 1906
La bande des pêcheurs – 1903*
Un berguois assassin – 1907*
La bière de chez nous – 1912*
La catastrophe du Pluviôse – 1910*
Ce que chantent les flots – 1911*
C’veintje y sait rien faire – 1907*
La chanson des archers du Nord – 1910*
La chanson des bécots – 1906
La chanson des gars de Bray-Dunes – sd
La chanson de Lucienne – 1907*
La chanson des P.T.T. – 1912*
Les chapeaux – 1909
Le charnier – 1903*
Chère bonne amie – 1906*
Le cinéma du Maritime – 1909
La collision de tramways – 1909
Les combats de coqs – 1903*
Complainte des bandits des Flandres – 1910*
Le crime et la fin de Favier – 1911*
Le démon de l’alcool – 1912*
Donne un zo… à mon oncle Co – 1938*
La ducasse de Dunkerque – sd*
Dunkerque, ah ! mes amis !! – 1907*
Dunkerque vivant – 1903
Une entrée chez les fauves – 1903*
Goûtez-y – 1909
Les héros du Iéna – 1907
Une histoire d’amour au bord de la mer – sd*
L’horrible crime d’un satyre – 1907
Humbles fiançailles – 1913*
L’impôt sur le revenu – 1907*
Invitation au cake walk – 1904
J’couche à l’cantin’ del fosse – 1919*
Je suis l’amour – 1900*
La jolie et délicate boulevardière – 1906*
Les jolies filles de Bergues – 1906*
Les jolies filles de Bourbourg – 1906*
Un joyeux rêve – 1907*
Juleutche, c’est un frère – 1906*
La jupe culotte – 1911*
La langue – 1906
Le marchand de journaux – 1914*
La marche des p’tites bonnes dunkerquoises – 1906
Maritche elle a perdu son peule – 1927*
Marie-toi à c’t-heure – 1905
Les midinettes dunkerquoises – 1905
Le monument Trystram – 1911
La muse à l’école – 1912*
La muse des corons – 1919*
La muse et le chansonnier – 1935*
Le naufrage du St-Philibert – 1931
Une nuit au cotche – 1907*
Le nouveau minck – 1909
Oui, j’adore la muse – 1903*
La pêche au peudre – sd*
La pêche des Islandais – 1910*
La petite amie – 1913*
Les petites couturières – 1903
Les petites femmes de Dunkerque – 1904
Le peudre de Cythère – 1905
Le pinson chante – 1912*
Plaisirs et prudence – 1905
La pluie d’une nuit d’été – 1908*
Le portrait de la dunkerquoise – 1913*
Posez là votre plume… – 1915*
Quand on s’fréquente – 1906
Quand tu seras vieille – 1905
Les rats dans la tranchée – 1916
La reine des Bray-Dunoises – sd
Le refrain de la bande des pêcheurs – 1907*
Le régiment des joyeux drilles – 1911*
Le retour de Mimi Pinson – 1912*
Retour du cœur – 1905*
Le rêve du matelot – 1913*
Le riches – 1905
Rirette – 1913*
Le roman d’une petite cochère parisienne – 1907*
La ronde des milliards – 1930*
Les satyres sont graciés – 1907
Supplique d’amant – 1904*
Sur la dune, le soir – 1913*
T’as une loque – 1905
Titine ou la môme des lascars – 1906*
Tous dans la verscherbende – 1907
Vas laver tes yeux – 1904
Verdun – 1920*
Vers la fin de la crise – 1936*
La vie des tranchées – 1916
La vieille fille – sd*
Les vieux copains – 1906
Les 28 jours de Gervais – 1906
Les vivants de Courrières – 1906
Voilà la verscherbende qui passe, air La musique qui passe – 1911
Le vol de Paulhan – 1909*


Les chansons d'Hippolyte Bertrand

A la tienne mon vieux
Allume-toi ma cigarette
Les artistes nitrateurs
Le batelier amoureux
La belle aux coupons à bon marché
Le boucher et la boulangère
Carnaval 1894
Le carnaval de Dunkerque
Carnaval de Dunkerque 1893
Le carnaval de Dunkerque 1895
La dévaliseuse de saucissons à la halle
L'enfant martyr de Cappelle
Les exploits d'une cartomancienne
Le fraudeur des sous de La Plata
L'incendie de Coudekerque-Branche
La leçon de natation
La laitière de Coudekerque dans l'embarras
La Marie Bataillon de Bergues
Ousqu'est Saint-Nazaire ?
Pauvre enfant martyr
Le petit Panama ou le nitrate en détresse
La petite Jeanne ou l'enfant martyre de Saint-Pol-sur-Mer
Le tram-car de Dunkerque à Rosendael
Si les filles savaient !
Vivent les enfants de Jean Bart

dimanche 27 avril 2025

Un conteur nous a quitté

Jean-Yves Vincent, ancien journaliste, écrivain, musicien et conteur, nous a quittés

Hospitalisé depuis mi-janvier, l’ancien rédacteur en chef des « Échos du Pas-de-Calais » est décédé ce samedi 26 avril à l’hôpital d’Arras, où il venait d’être admis dans l’unité de soins palliatifs. Âgé de 73 ans, le conteur de Ligny-lès-Aire était un ardent défenseur des traditions populaires et un amoureux des mots. Jean-Yves Vincent, ici au Fésti Pikar en 2014, présentant son spectacle « Pic nic doule, ch’est ti l’indoule ». 

Par Reynald Clouet (VdN)

 

biographie
 


 

La Lettre Anonyme
 
voir aussi le groupe Marie Grauette

mardi 8 avril 2025

Le clinqueur dunkerquois

 

Léon Finot, La République Illustrée, 1888

 1910 : Léon Finot, clinqueur de la ville de Dunkerque, gardien de la bourse du Commerce, vient de mourir à l’hôpital, il était âgé de 65 ans.

Le clinqueur municipal ! voilà encore une fonction qui disparaît avec celui qui s’en glorifiait un peu […] Nombreux sont les Dunkerquois qui se rappellent de Finot, porteur d’une jambe de bois dont il tirait savamment, en la frappant avec mesure sur le trottoir, un accompagnement heureux aux dernières notes de son gong […] Muni de son plateau de cuivre et de son maillet d’ébène il allait par la ville, à l’heure du ruisseau, vers 8 h du matin, s’arrêtant aux différents coins et il clinquait à petits coups répétés. Quand il avait réuni autour de lui quelques auditeurs - des enfants moqueurs pour la plupart -, il donnait lecture du papier, toujours chiffonné à la main : “il est fait savoir qu’une vente aura lieu, etc” ou bien “il a été perdu, etc.” D’une voix appropriée : digne quand il s’agissait d’annonces officielles, indifférente quand c’était un objet perdu, il faisait savoir son quelque chose au nom, soit des pouvoirs municipaux, soit d’un particulier, “à tous et à chacun”, suivant sa solennelle formule, et comme Finot élevait le ton sur les derniers mots “contre récompense”, les gamins ne manquaient jamais d’y répondre lentement : “A-men !”. Finot ne s’en fâchait pas, cette fantaisie étant passée à l’état d’habitude et complétait en quelque sorte son boniment. […] La publicité de plus en plus grande de la presse locale, la multiplicité des emplacements d’affichage rendirent chaque jour moins utile le concours du clinqueur et il y a quelques années on n’entendait plus, qu’en de très rares occasions, les petits coups de maillet sur le plateau de cuivre. Puis Finot enleva le tableau de : “clinqueur de la ville de Dunkerque” placé au dessus de la porte de son domicile rue Saint-Gilles et il ne fut plus que le gardien de la Bourse du Commerce.

Albert Salignon, Nord Maritime, 11 août 1910
photo : source CMUA

Léon Alphonse François FINOT est né à Loon-Plage le 26 septembre 1845, fils de Pierre (1824-1859) et Marie BRUNET (1823-1871). En 1872, il est tailleur d'habits quand il épouse Anne Marie DE BEVER née à Nieuport le 26 juillet 1851. Léon meurt à Rosendael le 8 août 1910. Il est l'arrière grand-oncle du chansonnier gravelinois Auguste Finot dit Gut (1920-2013).

Les prédécesseurs

Dans les registres paroissiaux et l'Almanach du Commerce publié par Emmanuel LORENZO, j'ai relevé le nom de quelques clinqueurs de Dunkerque depuis la fin du XVIIIe siècle.


1777-1783 : Mathieu Pillaert (~1725/1783)
1787 : Marc Gonthiers (1744-1812) est installé rue Royale, aussi maître cordonnier
1809 : le même Gonthiers, rue Saint Gilles
1814 : Nicolas Pierre (1758-1815), place Jean Bart, ancien tambour du 3e rgt d'état major et perruquier
1817 : Charles Pierre (1788-1853), rue du Pied de Vache, perruquier, fils du précédent
1820 : Martin Samarcq (1769-1824), 21 place Royale, serrurier
1826 : Pierre Ledru (1787-1835), 18 rue Jean Bart, cordonnier, gendre du précédent
1830 : Pierre Goudesone (1786-1840), rue Saint Gilles, bottier
1878 : Louis Liger (1812-1892), rue Royale, épicier, agent de police

Le clinqueur Gonthiers est mentionné dans Faits et Usages des Flamands de France, par Raymond de Bertrand : 

Bientôt l'autorité se mit de la partie. En 1806, l'Administration municipale adjoignit au clinqueur en office, connu sous le nom de Gonthier, un second employé, nommé Pierre, pour annoncer aux habitants les avis publics. 
Arrêtons-nous ici une seconde et expliquons que cette vieille expression flamande de clinqueur, francisée par la terminaison, a pour raison le mot « klinken », sonner, parce que l'appariteur échevinal, qui avait anciennement à faire des publications, les précédait de coups de sonnettes ou de clochettes, au son desquelles accouraient les curieux. Ceci expliqué, nous reprenons notre récit. Or, voici ce qui advint pour les deux clinqueurs dunkerquois en charge. 
Pierre, l'intrus, qui employait un tambour pour réunir son monde dans les carrefours, transmettait ses nouvelles en français ; mais l'ancien serviteur, le vénérable Gonthier, armé d'un marteau et du classique petit chaudron de cuivre, qui avait jadis remplacé la sonnette, avec un énorme avantage, le vénérable Gonthier parlait d'abord en français, puis redisait en flamand son annonce, pour l'intelligence de tous les auditeurs, comme il l'avait fait, en un mot, de temps ancien depuis son entrée en fonctions. Jusque-là, Gonthier rendait service à ses concitoyens ; mais, en cette année, M. de Kenny, maire de Dunkerque, qui ne connaissait pas un mot de flamand et qui, assurément, n'en appréciait pas l'utilité, intima l'ordre à son vieil agent municipal de transmettre au peuple, uniquement en français, ce qu'il était chargé d'annoncer dans la ville. Il arriva de là que l'on entendit longtemps prononcer cette interpellation, quand le crieur public avait parlé : « Wat zeyt die ventje », que dit cet homme ?

Sur le parler dunkerquois, cet article d'Emile BOUCHET (1848-1918) ICI

coll. personnelle


samedi 5 avril 2025

Joseph Dewavrin, alias Nirvassed

 Un Tourquennois en Argentine

Revue Musicale du Nord 1924

[…] En 1895, José Dewavrin arrive par la ligne ferroviaire à General Acha, le centre de colonisation d'Epu Pel qui s'est développé entretemps. Il y est accueilli par Alfonsa Capdeville, maintenant intendant de Victorica, qui l'emmène directement au magasin général pour que le nouveau venu puisse faire l'emplette de tenues adéquates à l'exploration de ces terre reculées : vêtements, bottes aux genoux, chapeau de toile, carabine et cartouches, couteau, étui pour ses pièces de monnaie et ses balles, mors et harnais en cuir à finitions en argent.
Après avoir aussi acheté un bon cheval de selle et un couple de chiens de berger, Dewavrin est prêt à se lancer dans l’aventure qui consiste à se transformer en colon du territoire de la pampa centrale, un territoire où pratiquement tout est à faire. En 1896, Joseph Dewavrin et Capdeville fondent une compagnie commerciale qui va opérer sous le nom d'A. Capdeville et Cie. Le premier apporte le capital, le second sa connaissance du milieu ambiant accumulée durant son séjour à Montevideo, ses quatre années à sillonner la pampa en tant que marchand ambulant et ses plus de dix ans installé dans les territoires conquis.
[…]
Avant de s'intaller dans la province de La Pampa, Dewavrin avait acheté un pianola à Buenos Aires. L'instrument va lui permettre d'animer les soirées entre amis à son estancia ou à rendre plus supportable la solitude des longues nuits d'hiver du rude climat continental. Enfant de la bonne bourgeoisie française, il a étudié le piano, la théorie et le solfège pendant de longues années, un effort qui lui pesait à l'époque mais dont il se félicite maintenant. Un jour,  le gouverneur du Territoire, Dr José Luro, qui séjournait chez Capdeville à Telèn, l'écoute avec ravissement interpréter des valses, polkas et mazurkas de sa composition. Aussitôt, il lui passe commande d’une oeuvre musicale de son choix, et bientôt Dewavrin lui dédie une valse-boston intitulée « Lamentos Pampeanos » (« Lamentations de la Pampa »). Ce sera sa première partition éditée par la maison J. A. Medina & Fils, qui en vendra pas moins de dix éditions de mille exemplaires chacune. Peu après, c’est pour le successeur de Luro, Dr González, qu’il écrit une polka militaire « Bienvenue ». En 1913, il participe sous le pseudonyme de J. Nirvassed au Concours de tango organisé par le Club sportif de Buenos Aires avec une composition dénommée « El Tony ». Quand le jury ouvre l’enveloppe contenant les informations personnelles du compétiteur, la surprise est grande en constatant qu’il s’agit du citoyen français José Dewavrin. Après avoir vérifié que le règlement ne limitait pas le concours aux nationaux argentins, les jurés lui accordent le premier prix, certainement en raison de la grâce des accords et harmonies et aussi parce que la partition a été écrite pour le piano, instrument qui est en train de permettre au tango de sortir peu à peu des bars et académies des faubourgs pour s’imposer dans les salons de la bonne société. […]
 
Extrait de El Compositor del Monte, Luis Ernesto Roldan, 2009, traduction de Bernard Cohen
 

 
Joseph Anselme Dewavrin, est né à Tourcoing le 9 avril 1872, fils d'Auguste, négociant et Octavie MOTTE. On sait par sa fiche matricule qu'il arrive à Buenos Aires le 16 octobre 1894. Il se marie avec Marie MASSY à Montevideo en février 1897 où naissent leurs deux enfants : Roger en 1898 et Yvonne en 1902. Il rentre en France en décembre 1914, il est à Paris 18e 12 rue de Maistre, puis 9 rue Félix Liem en 1915. Toujours à Paris 9e en 1919, 64 rue de la Victoire. Il rentre dans sa région natale en 1922, à Roubaix, 28 rue Blanchemaille, puis 12 rue du Grand chemin. En 1926 il emménage 6 bis rue de la Gare où il meurt le 27 février 1931, inhumé au cimetière de Roubaix, sa tombe a disparu. Son épouse est restée en Amérique Latine, elle meurt à Montevideo en 1945 (voir généalogie ICI).
 

Ce livret n'est plus disponible chez l'éditeur, j'ai eu la chance de le commander à son auteur en 2007.

 

Le livret est accompagné d'un CD

quelques partitions de ma collection

 
 
 
 
 
No faltes a biografo
 

Feliz anno nuevo


 
Lamentos Pampeanos



 *****

Catalogue des œuvres


- Ah ! jeunesse !, valse pour piano (1914) Bulletin officiel de la république argentine
- A la ciudad de Londres, two step de Juan Nirvassed, dedicado a la tradicional tienda de Buenos Aires, en los primeros años de este siglo (1910). (livret CD)
- The Alpine wolf, édi. J. Lashermes, St Romain en Gal (ca 1927) mention dans Mon Piano n°2 février 1927
- American boy, march par J. Nirvassed, Paris Ricordi, 1910 (BNF)
- A Moment of folly, one step, à Monsieur et madame Philippe de St Georges, Gazette Musicale de France (GMdF) n°8, 8/1926
- A toutes les jeunes mamans, valse des nouveaux nés, dédicado al Club Populaire Français, (livret CD)
- Les amis de Tourcoing, fox-trot Tourquennois, paroles de Pehem, Syndicat d'initiative (1924)
- idem, dédié à monsieur Jacques Masurel, président des Amis de Tourcoing, Gazette Musicale du Nord (GMdN) n°2 2/1924
- American Boy, marche (diffusée sur Radio Béziers, Excelcior 8/1/1928)
- American cirque Excelsior [El Tony] 1913, Ce tango a gagné le concours organisé au Palace Théâtre, de Buenos Aires.
- L'arpète aux millions, opérette orientale, livret d'Edouard MICHEL (La pensée française, 9/3/1925)
- Au Pays des Rêves, chanson, ed. A L Doyen, Wattrelos
- Baby eyes, fox-trot, àmon ami M. Paul Mager, professeur au Conservatoire de Tourcoing, GMdF n°11, 11/1926
- Banyuls Trilles, two step (livret CD)
- Bienvenue, polca militar dedicada al Sr. Gobernador de la Pampa Central, Dr. González, livret CD
- Bijou-Valse, "hommage à Messieurs Cacan père et fils, les réputés bijoutiers de la rue Neuve à Lille" Ed. J DEWAVRIN, 12 rue du Grand Chemin, Roubaix (1923)
- Bis, Bis, Bis shimmy fox, de Nirvassed, par le Trío Iberia (diffusé le 27/3/1931 sur Radio Barcelone et le 2/4/1931 sur Radio Maroc)
- Bondues-Centenaire, fox trot marche, dédié à Monsieur Carlos Florin, président de la musique municipale de Bondues, Mon Piano, n°1 janvier 1928,
- Bonjour, valse boston, dédicace à J. Charpentier (livret CD)
- Le bon vin de France, paroles de A. Lugnier, Mon Piano septembre 1928
- Brahmina, fox-tropt, édi. J. Lashermes, St Romain en Gal (ca 1927) mention in Mon Piano février 1927
- Caballeros Club, tango (J. Nirvassed)
- Caprice de femme, valse pour piano (1914) Bulletin officiel de la république argentine
- Carillon de Saint Amand, La semaine à Paris 30/5/1930
- Carnet de Bal, one-step, à Mlles Fernande et Simone Sax GMdF n°8, 8/1925
- Célinette, fantaisie, à Mlle Céline Lorthiois par J. Nirvawed, imp. Rosoor-Delattre
- Central 2951, maxixe,  Box Folder 73/39 :  Library of congress
- Chagrin d'Enfant, valse hésitation, paroles de Pierre Manaut, "à Mlle Christiane Wattinne" Ed. J DEWAVRIN, 12 rue du Grand Chemin, Roubaix (1922) BNF
- Le Champagne, chanson à boire, paroles de Orly, 2e prix du concours de la ville de Reims, GMdF n°10, 10/1926
- Cordon Rouge, valse lente caprice (livret CD)
- Cuantas firuletes, tango, B-14384 1/28/1914, Orquesta Rodríguez [i.e., Victor Orchestra]
- Da Perdida, tango, paroles de Pierre d'Amor, société anonyme des édit. Ricordi, (1931) (Catalog of copyright entries)
- Dans les Airs, valse éolienne, dédiée à l'aviateur français G. Bregi (livret CD)
- De paseo (En promenade), tango par J. Nirvassed [of France], piano (catalogue de copyrights 1919 (BNF)
- ¿ Donde Vamos ? tango de salon (livret CD)
- Du temps des Marquises, gavotte, aux charmantes demoiselles de Antelo (livret CD)
- El Diablo, vals boston (Bulletin oficial de la Républica Argentina, 1911)
- El Diabolo, vals boston, "à la senorita A. Dabas", ed. Breyer-Hermanos, Buenos Aires (BNF) (livret CD)
- El estampillado, tango de actualidad
- El sueno de un musico (le rêve d'un musicien), valse (Bulletin oficial de la Républica Argentina, 1911) livret CD
- El tango de moda, ¡Muy del jugo Maggi!, tango, Imprenia musical Ortelli, Buenos Aires, (livret CD)
- En Bombe, fox-trot, Edi. A. L. Doyen, Wattrelos
- Entre nous, two step, dédié à Mlle E. Stera (livret CD)
- Esmeralda, valse, B-14089, 11/17/1913, Orquesta Rodríguez [i.e., Victor Orchestra]
- Feliz ano nuevo, tango (1914), (livret CD)
- Firuletas (Petites histoires) de J. Nirvassed, paroles de B. Avris, tango par J. Nirvassed [of France], piano (catalogue de copyrights 1919 (BNF)
- Florestine des Alpes, valse boston (livret CD)
- Fox-trot roubaisien, fox trot sportif dédié au comité organisateur des fêtes franco-belges de Roubaix 1923, et à Messieurs Georges Motte, Henri Vandaele et Maurice Fourgous, GMdN n*19 6/1923
- Frissonante, valse lente "A Mlle Marcelle Dunant" (museo Carlos Gardel) (livret CD)
- Gavotte des allumoirs (Le temps, 3/4/1926)
- Gérijinette, fantaisie (livret CD)
- Goal, two step, Buenos Aires, Breger hermanos, 1914 (BNF) (Bulletin oficial de la Républica Argentina, 1911) (livret CD)
- Hesperidina, tango de moda, de Juan Nirvassed, dedicado a la bebida de ese nombre
- Ho la la !, one step, à Mlle Renée Bourgois, GMdF n°2 2/1926
- Hoy llegó el dulce de leche, de Juan Nirvassed, tango familiar, dedicado a la fábrica de productos lácteos "La Martona".
- Idilio pampeano, valse dédicacée à la Société La Langosta de Bahia Blanca, livret
- L’Incomprise, valse rêverie, à Monsieur A. Rosoor-Verlingue, GMdN, n°11, 10/1922
- L'Incomprise, valse rêverie, Ed. J. De WAVRIN, 28 rue Blanchemaille, Roubaix  (1922)
- Jeune fille moderne, intermezzo, Mon Piano 12/1927
- Johnson and Jeffries, two step,  B-14142, 12/3/1913 Orquesta Rodríguez [i.e., Victor Orchestra]
- Just the one ( Tout à fait celui là) fox trot, by  J. Nirvassed [of France], L Mallochon, Paris (catalogue de copyrights 1919 (BNF)
- La creolita, tango, mention sur partition (1919)
- La retirada alemana, tango B-18103 7/11/1916 Victor Orchestra
- Lamentos pampeanos, valse,, dédicado al Señor Gobernador J. Luro, (livret CD)
- Lettre d'Amérique à Berger, valse (livret CD)
- Lo que prometo camplo, tango pour piano (1914) Bulletin officiel de la république argentine
- Lutecia vals, dédicacée aux Enfants de Lutèce, box folder 73/40 (Lauro Ayestarán collection, Library of Congres) (livret CD)
- Maggi tango, tango pour piano (1914) Bulletin officiel de la république argentine
- Marcelli, fox-trot jazz (publicité)
- Mes Vingt Ans, valse, à Mlle Yvonne Demanne, GMdF  n°4 4/1925
- Mi tango preferido, tango pour piano (1914) Bulletin officiel de la république argentine
- Miss Pickles, fox-trot (blues), à Mlle Aline Verhulst, GMdN n°15, 4/1923
- Muy del Aperital, tango criollo, dédicado a la Casa M. Delor et Cie  de Bordeaux
- ¡Muy del jugo Maggi!, tango, imprenta musical Otelli, Buenos Aires
- Noche de amor, valse, Orquesta Alfredo De Angelis, Buenos Aires, Odeon 858-B 37495
- Noche de Boda (nuit de noces), valse, livret CD)
- Noël, chant, à M. Charles Dewattine, directeur de la chorale St Christophe GMdF n°11, 11/1925
- No faltes al biógrafo (Pontificia Universidad Católica Argentina)
- La Nueva sirena, valse tzigane (Lauro Ayestarán collection, Library of Congres, box folder 73/41
- Ollé ollé Raquellita, paso-doble, GMdF n°4 4/1926
- On the Spree, fox-trot, éd. Gras à Lille
- Pampa central, tango par J. Nirvassed [of France], piano (catalogue de copyrights 1919 (BNF)
- Paris-Buenos Aires, tango par Nirvassed, à Monsieur P. d’Amor, arr. A. Bosc, Paris (1914), (BNF)
- La Perdida, tango, paroles de Pierre d'Amor, 11 mars 1931,  Catalog of copyright 1932
- Perelli, valse (livret CD)
- Pommery valse (museo Carlos Gardel) (1914)
- Pourquoi pas ? valse polaire, dédiée à Mme Charcot (livret CD)
- La Pulperia, tango criollo, Mon Piano 4/1927
- Qué cosa Barbara, paso-doble, à Mlle Marcelle Rasse GMdF n°9, 9/1926
- La Rétirada alemana, tango B-18103, 7/11/1916 Orquesta Rodríguez [i.e., Victor Orchestra]
- Retour au Pays, romance sans paroles (livret CD)
- Rêve Brisé, valse, GMdN n°2 1/1922, +  éd. Gras à Lille
- Le Rêve de toutes les filles, chanson, dédiée à Mme Eugénie Buffet,  dédié aux charmantes lectrices de Mon Piano, paroles de C. Cloélo C., Mon Piano 7/1927
- Le rêve d’un musicien, vals (livret CD)
- Si comprendieras ! two step pour piano (1914) Bulletin officiel de la république argentine
- Si vous saviez (Si Vd. Supiera), valse (blog Luis Roldan)
- Smoking-Time, one-step, "1er prix Gazette musicale du Nord" GMdN n°6 5/1922
- Souvenir de Buenos-Aires, valse par J. Nirvassed, Buenos Aires, Breyer hermanos, 1911 (BNF)
- Soyons heureux, valse, par J. Nirvassed, L. Mallochon 1923, (BNF)
- Sueño de mujer, valse, B-14383     1/28/1914, Orquesta Rodríguez [i.e., Victor Orchestra]
- Tango Argentino à Paris, La huelga de los millionarios, tango, 78 tours (bibliothèque du Danemark)
- Tango Blanco. Tango par J. Nirvassed. "A Monsieur L. Reynaud, l'inventeur et fabricant du Blanco" Imp. Georges Frères, Tourcoing (1922)
- Tienda a la ciudad de Londres, tango (1910 ?) (incendie dans un grand magasin de Buenos Aires)
- Todo ... Para mi comadre, tango,  B-14143, 12/3/1913, Orquesta Rodríguez [i.e., Victor Orchestra]
- Tourisme tango (Le moniteur du commerce 26/4/1914)
- Tunisian blue, fox, à son altesse le Bey de Tunis, GMdN n°7 7/1924
- Una, dos y tres, schottisch pour piano (1914) Bulletin officiel de la république argentine
- Une petite fille bien sage, valse enfantine, à Mesdemoiselles Yvonne et Suzanne Coupleux, GMdF n°10, 10/1924
- Union Rêvée, gavotte (livret CD)
- La Valse des nouveaux nés (livret CD)
- Valse Mouscronnoise, Mon Piano 10/1928
- Valse Mystérieuse, édit. Maillochon (1922) (BNF)
- Valse des Ormes, valse souvenir, à la mémoire de l’ami Robert Deullin-Lorthiois, ex-lieutenant aviateur, GMdN n°12 12/1923
- Vermouth Henzi, tango, Obsequio del Vermouth Torino Henzi a sus Favorecedores, Mon Piano 8/1927 (Vermouth Henzy fabriqué à Rosario, Argentine)
- Vers le pôle sud, marche, dédicacée au Dr Charcot (1905) (livert CD)
- Very Nice, ou fox-trot roubaisien
- Vida perdida, tango Nirvassed, Juan, Paris . Ricordi. c1931. (BNF), chanté par J. Sorbier (Radio Maroc, Le Petit Marocian 2/9/1937)
- You-You, tango par J. Nirvassed, Paris, Ricordi, 1914 (BNF)