mise à jour 1/10/2018 : un commentaire d'Agnès
Le Carnaval bailleulois (1855)
source : Gallica
Auguste Colpaert, publiciste et musicien, est né à Bailleul le 11 novembre 1823. Fils de Jean Louis, officier d'infanterie, chevalier de la Légion d'Honneur et Julie Vanlerberghe. En 1848 il épouse Elise Detraux, dunkerquoise née en 1830.
Il fait en partie ses études à l'Institution Derode de Lille. Après avoir exercé le commerce à Dunkerque vers 1850, il se fixe à Lille en 1865. Il a publié avec son frère Emile, chargé d'une mission scientifique dans l'Amérique du Sud, une série d'études économiques, géologiques et ethnologiques sur le Pérou, notamment dans la Revue scientifique des Deux Mondes et dans le Bulletin de la Société Impériale d'acclimatation ; il a inséré aussi différents articles dans le Siècle, l'Orphéon Illustré, le Journal de Soissons, l'Indicateur d'Hazebrouck, le Progrès du Nord, l'Echo du Nord, la Bailleulloise, etc. Il a écrit, sous le titre de Voyage poétique sur le lac Léman, une sorte de guide en vers dédié aux excursionnistes, et a rassemblé en un volume intitulé Heures perdues, une série de poésies légères qui ont paru dans divers petits journaux littéraires. M. Colpaert a de plus édité, chez Cartereau et chez Heu, à Paris, un certain nombre de fantaisies pour piano et violon : La Mouette, Dame Jeanne, Marie, l'Aa, et un Andante Cantabile et rondo flamand op. 7 (1858). Il est mort à Lille le 15 mai 1871.
Son frère Emile est né à Bailleul le 1er octobre 1830. En 1853 il fonde la société qui organise le premier carnaval de Bailleul, dont on dit qu'il a écrit la chanson Gargantua*, ainsi que, en 1851, les paroles d'un chœur-cantate** intitulé La Bailleuloise***, musique de Henri Séname (1829-1913) greffier de paix à Bailleul. Puis, entre 1859 et 1864, il entreprend des voyages d'exploration au Pérou. Il aurait disparu au cours d'un second voyage au Pérou.
Christian Declerck
* Une étude sur l'origine de l'air de ce carnaval sur le site de Coérémieu
** les pages manquantes sont ici, erreur signalée à la BNF qui n'en a cure…
*** vous pouvez écouter ces chants sur le site du Carnaval de Bailleul
source : Hippolyte Verly, Essai de biographie Lilloise contemporaine 1800-1869 + recherches généalogiques habituelles
collection Christophe Plovier
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Gargantua Galaffre... des mystères à crever ?
La lecture attentive de la page consacrée aux frères Colpaert laisse place à une interrogation. Qui est vraiment l'auteur de la chanson, texte et musique, du Carnaval Bailleulois ? Est-ce le prénommé Auguste, ou son frère Emile... On sent l'arrivée possible de courriers indignés exigeant une réponse à cette question !
Déjà, la chanson porte, au gré du temps, différents noms. Le site de la Société Philanthropique donne à écouter deux enregistrements tirés d'un enregistrement des Loups, portant le premier le titre Air du Géant Gargantua Galaffre, le second Le Géant 1995, date de l'enregistrement. Mais elle est appelée aussi appelée Air du Géant, voire Chanson de Gargantua...
Le petit format, consultable sur le site Gallica et reproduit par Christian sur sa page, le confirme cependant. Le Carnaval Bailleulois, composé à l'occasion de la Fête Philanthropique de Bailleul, dédiée à la Société des Orphéonistes de Bailleul, a pour seul auteur mentionné Auguste Colpaert. Le document est arrivé dans les collections de la Bibliothèque Impériale de l'époque, par le biais du dépôt légal, acte obligatoire de contrôle des publications imprimées. C'est d'ailleurs ce que nous avait indiqué le président de la Société Philanthropique du Carnaval lors de la rédaction de notre Boîte à Musiques.
Pourtant, si Auguste, auteur d'une chanson chantée encore aujourd'hui, ne fait l'objet d'aucune citation sur le site de la Société Philanthropique du Carnaval de Bailleul ou sur celui du Cercle d'Histoire et d'Archéologie de Bailleul, son frère Emile y apparait, mentionné comme fondateur en 1853 de la Société Philanthropique. C'est cette société qui organise son premier carnaval en 1855, date par ailleurs du dépôt légal de la chanson.
En 1921, sous la plume de Jérôme Picheroulle, dans la revue régionaliste Le Beffroi citée par Christian, c'est Emile Colpaert qui est donné comme auteur de la poésie et de la musique du Carnaval Bailleulois, appelé cette fois-ci Chanson de Gargantua ! Est-ce sur la base de cet article que le Cercle d'Histoire et d'Archéologie de Bailleul attribue aussi de fait la paternité de la chanson à Emile, renvoyant Auguste aux oubliettes ? Y a-t-il eu brouille ou embrouille entre les deux frères ? Bien malin qui pourra le dire... En l'état actuel, il faut donc s'en tenir à ce que nous fournissent comme indications les documents d'archives, en maniant tout ça avec précaution !
Emile Colpaert fut, comme son frère, auteur musical. Christian nous apprend qu'il écrivit les paroles de La Bailleuloise, choeur-cantate pour 5 voix d'hommes, sur une musique d'Henri Séname.
Mais ici aussi, la chanson apporte son lot de mystères ! La chanson est imprimé à Lille en 1851 selon la notice de Gallica, sur la base de la lecture du tampon du dépôt légal. Cependant, deux pages manquent. Apparaissant sous une autre côte toujours dans Gallica, et identifiées par Christian comme faisant partie de la partition, elles sont sans mention d'auteur, et surtout avec la date de 1855, ce que confirme le cachet apposé en bas du premier feuillet :
Que croire ? Paradoxalement, la comparaison entre les deux partitions va peut-être aider à éclaircir les choses...
Ici le tampon de dépôt légal de la Bailleuloise :
Et ici celui du dépôt légal du Carnaval Bailleulois :
Le cachet de la préfecture du Nord n'était pas bien propre cette année-là, le dernier chiffre est un gros pâté ! Quant au cachet apposé sur la partition du Carnaval Bailleulois, il est identique à celui apposé sur les deux pages "orphelines" de La Bailleuloise. Il confirme définitivement la date de 1855, commune aux deux chansons.
On peut aller plus loin, constater que les deux chansons portent des n° consécutifs. Qu'elles ont été tous deux imprimées par l'imprimeur-lithograveur Dubois à Lille qui en fit le dépôt au Dépôt Légal du Nord en début d'année 1855 comme en atteste les n° 3 et 4, soit peu de temps avant le démarrage de Carnaval...
Alors octroyons la paternité de La Bailleuloise reconstituée à Emile, et du Carnaval Bailleulois à Auguste. Et que la BNF prenne le temps nécessaire pour rabibocher les deux morceaux de la Bailleuloise et la dater correctement, afin de rendre à Emile et Henri la paternité entière de leur oeuvre ! Voilà, Voilà, Voilà Gargantua ! ... Hourra, Hourra, Les Bailleulois sont là ! Imaginons la bande de 1855... Et constatons, sans trop de risques, qu'ils furent tous deux influencés par Alfred Roland et ses Montagnards ! On savait déjà que leurs tournées triomphales les avaient amenés à la fin des années 1830 dans le Nord et en Artois. Aussi du côté des Flandres* ? Mais c'est une autre histoire...
Merci Christian pour ces pages qui redonnent chair et vie à ces musiciens et leur musique.
Une lectrice [attentive]
Agnès de
* je confirme Les Montagnards d’Alfred ROLAND sont venus 2 fois à Dunkerque, en 1839 et en 1848, ils y ont fait une forte impression. Les Ophéonistes Dunkerquois, adopteront même leur costume, en 1852. [note du claviste]
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