samedi 21 décembre 2013

Le dernier joueur d'épinette

mise à jour 1er février 2015


Publié dans l'Almanach du Journal de Roubaix en 1939



C'est un petit homme propret, alerte encore malgré ses 74 ans bien sonnés, et que l'on rencontre parfois, le dimanche, dans un café du centre, jouant allègrement de son instrument. Il est le dernier, sans doute, des joueurs d'épinette, cet instrument vieillot, au son duquel dansèrent jadis, au Grand Siècle, marquis poudrés et belles dames aux atours somptueux… Le vieux joueur lui a conservé tout son attachement ; il faut le voir caresser son cher instrument qu'il a d'ailleurs confectionné lui même, avec des soins attentifs… 
Gustave Desmons, tel est son nom, est un Roubaisien de vieille souche qui vit le jour en 1864, Grand Place, où son père, barbier et cabaretier, possédait jadis son échoppe et un atelier d'ourdissage. C'est là qu'il grandit ; la conscription l'épargna et il ne lui vint jamais à l'idée de quitter l'ombre de son clocher. Ses plus lointains voyages furent La Festingue et Herseaux où il allait de temps en temps faire sa provision de tabac belge. Il se maria, eut quatre enfants, et vieillit ainsi doucement, sans beaucoup s'en apercevoir, bercé par les accords surannés de son épinette.
Comment il choisit son instrument ? Il ne sait plus, il lui semble que toujours il sut jouer de l'épinette. Ce n'est pas un artiste, bien sûr, ni un virtuose. Il est beaucoup plus que ça : un fervent, et son répertoire ne comporte pas moins de 580 morceaux ! Il est éclectique dans ses goût, et ses exécutions vont du grand air de "la Traviata"… à "la Valse à Julot". Il n'est pas musicien, non plus, et les premiers éléments du solfège lui sont inconnus.
- Seulement voilà, dit-il, d'un air entendu, j'ai de l'oreille.
Et il lui suffira d'ouir une ou deux fois tel ou tel air pour que celui-ci reste gravé dans sa mémoire. Naturellement, il ne faudra pas lui demander une interprétation rigoureuse de la partition. Il a d'ailleurs le classicisme en horreur et il aime donner à ses airs une personnalité parfois assez inattendue. C'est ainsi que l'ouverture de Poète et Paysan se voit, de-ci de-là, agrémentée de petites variantes que Suppé n'avait certainement pas prévues. 
- On est artiste ou on ne l'est pas… pas vrai ?
Gustave Desmons est son propre facteur et, tout comme le luthier de Crémone, il cherche inlassablement de nouvelles sonorités. Son rêve serait d'imiter parfaitement - en tonalité et en puissance -  le piano mécanique, le crin-crin, son grand ennemi. Aussi ne pouvant y parvenir par le simple moyen de l'épinette, il y a adjoint tout un système de grelots dont il arme ses poignets. Il faut le voir alors se trémoussant comme un beau diable, faire du bruit comme quatre !
Il est son propre facteur, nous avons dit. mais il ne dédaigne pas, à l'occasion, d'exercer pour autrui ses talents de luthier.
- Mais sur commande seulement, ajoute-t-il.
Il se contente de peu, et pour soixante francs, il fabrique, dans sa petite maison de la cour Lefèbvre, rue Notre-Dame des Victoires à Roubaix, une excellente épinette du genre dit "des Vosges". Il ignore totalement d'ailleurs, l'existence des épinettes à clavier. Quelques planchettes de sapin, quelques cordes à violon et diverses ustensiles lui suffisent pour monter une épinette qu'il enjolivera ensuite de mille fioritures de son cru.
- Seulement voilà, les clients sont rares, très rares, constate-t-il en hochant la tête.
Maintenant il nous faut dire que ce grand méconnu ne joue pas seulement pour l'amour de l'art. Chômeur depuis dix ans, il tire de son épinette quelques ressources qui viennent agréablement soutenir son modeste budget. Le samedi soir, le dimanche, les jours de fêtes, son épinette sous le bras il déambule en ville, entrant ici ou là, dans un café accueillant.
En attendrissant à force de naïve fierté, il régale les consommateurs d'une audition. Il lui est même parfois arrivé - bonheur suprême - que le jazz de l'établissement se mit de la partie, et c'est alors un véritable récital qu'il offrait à l'assistance. Puis casquette à la main, il fait le tour de "l'honorable société", recueillant force gros… et petit sous.
- Oh ! vous savez, dit-il d'un air désabusé, les cachets ne sont jamais bien gros : dix francs le dimanche, sept ou huit francs en semaine…
Tel est Gustave Desmons, le dernier joueur d'épinette, qui, si vous le désirez, jouera pour vous "O sole mio" ou "J'ai perdu mon pantalon". M. L.

*****


Gustave Joseph Desmons est né le 1er mars 1864, fils d'Isidore Jacques et Célina Lerouge. En 1884, lors de la conscription militaire, un défaut de vision, une taie sur la cornée droite, le fait affecter dans les services auxiliaires, au service alimentation où il exerce son métier de boulanger. A son mariage, le 5 septembre 1887 avec Eugénie Carlier, il se dit ourdisseur.
Il est le premier des "derniers joueurs d'épinette" qui seront découverts dans la région Nord-Pas de Calais. D'autres suivront beaucoup plus tard, tels M. Desmedt à Roncq, Marcel Leuwerck à Bailleul, Albert Bulques à Fives-Lille, Jean-Baptiste Gernez et sa fille Marie à Avesnes les Aubert, Jules Buzard à Cagnoncles, Adolphe Canonne à Avesnes les Aubert, Henri Jocaille à Quievrechain, que vous pouvez retrouver dans le livre de Patrick Delaval, l'Epinette du Nord.

J'ajoute cette découverte récente. Il a existé une société musicale nommée Les Joyeux Epinettistes Roubaisiens, créée en 1900, d'abord dirigée par A. Bruggeman, qui était constituée de 27 exécutants., puis par V. [Victor ?] Hayart, avec 30 participants, en 1905-1907. Information relevée dans l'Annuaire des Artistes. Peut-être que M. Desmons en a fait partie ?

Christian Declerck



Albert Bulques à Lille-Fives

dimanche 24 novembre 2013

La chanson flamande, par André Biébuyck - 1937

Au 14e Congrès Flamand, organisé à Dunkerque en août, par le Vlaams Verbond van Frankrijk, André Biébuyck, directeur de l'Orphéon d'Hazebrouck, a présenté ce rapport qui a été publié dans la revue le Lion des Flandres n° 53, (source : bibliothèque du Comité Flamand de France) :


André Biébuyck 1885-1954
collection J.-P. Vanhove

  "Un soir du mois de mars 1923, les membres du Comité Flamand de France se réunissaient dans la Salle Aeolian à Lille. Ils étaient conviés à un véritable régal artistique : on allait parler des vieilles chansons flamandes. M. le Chanoine Looten montra l'immense service qu'Edmond de Coussemaker avait rendu à l'art et à la littérature flamands en allant recueillir de village en village, de ducasse en ducasse les chansons populaires. 
  Il définit le caractère poétique et moral de ces chansons qui font figure de "monument historique". Il  souligna que la recherche des vieilles chansons populaires revêt une importance, non seulement ethnique, mais scientifique. Toute la vie religieuse et familiale se révèle dans des œuvres, qui, si modestes qu'elles puissent être, sont lourdes des souvenirs du passé.
  M. Looten souhaitait alors que fussent réédités les Chants populaires des Flamands de France, livre rarissime et qu'on ne pouvait guère consulter que dans quelques bibliothèques. Ce souhait est aujourd'hui réalisé. Le Comité flamand a fait réimprimer en 1930 l'œuvre de de Coussemaker qui est maintenant devenue le livre de chevet des folkloristes impénitents que nous sommes.
  Avant de Coussemaker, aucune prospection n'avait été faite dans le Westhoek, et il faut bien le dire, après lui, il n'y avait plus grand chose à faire. Lorsque l'on veut parler du Chant flamand c'est toujours à l'érudit bailleulois qu'on se reporte. Julien Tiersot, dans son savant ouvrage sur la chanson populaire, ne cite guère que lui quand il s'agit de la Flandre.
  Lors de la Conférence de la Salle Aeolian, après M. le Chanoine Looten, M. l'Abbé Bayart, étudia la chanson flamande au point de vue musical. Il en établit un nouveau classement non plus d'après le sujet traité, mais d'après les sources musicales où avaient puisé les compositeurs inconnus des vieux liederen.
Je n'aurai pas la prétention de revenir sur ce qui a été dit par les deux éminents conférencier, ni d'y ajouter quoi que ce soit. Je veux simplement vous dire aujourd'hui ce qu'on a fait au point de vue pratique, non pas pour sauver de l'oubli, les vieilles chansons (de Coussemaker s'est chargé de ce soin) mais pour les garder vivantes, ou plus exactement pour les faire revivre, car, il faut, hélas, le constater, on ne chante plus guère nos vieilles chansons, et Tino Rossi règne en maître, même dans les coins les plus reculés de la Flandre.
  Il ne faut pas nous attarder en regrets superflus, mais voir où nous pourrions porter utilement nos efforts. Nous voulons faire du folklore musical vivant. Ce projet est-il réalisable ? — Qu'a-t-on fait jusqu'ici ? — Que peut-on faire ? Je tâcherai de répondre à ces questions.
  Nous possédons les documents nécessaires qui ont été sauvés de l'oubli. C'est parfait. mais il ne suffit pas d'avoir dans les vitrines d'un musée de magnifiques pierres précieuses, si personne ne vient jamais les voir, ni si quelques spécialistes seulement viennent s'y documenter. Il faut que les gemmes étincelantes soient portées et promenées dans la foule. Peut-être faudra-t-il parfois les sertir dans une monture moderne, grouper les perles trop petites pour constituer un heureux ensemble et les mettre en valeur ; qu'importe. Ce sera la seule façon de les montrer en public.
  Voyons d'abord ce qui a déjà été fait. Ces compositeurs ont trouvé une véritable mine dans le recueil de de Coussemaker. Le Maître Filleul, de Saint-Omer, a écrit Scènes Flamandes, où il s'est inspiré des airs de chez nous. On y entend notamment celui du Reuze. A Steenvoorde, le chef de musique a composé La Marche de Fromulus pour le Carnaval d'été avec des airs du pays. A Hazebrouck, M. Joseph Pattein [voir bas de page] est l'auteur de La Marche Flamande pour laquelle il a pris comme thème : En jop Marianne de saucepanne, etc...
  M. César Bourgeois (le père de notre sympathique ami M. Nicolas Bourgeois), qui après avoir été chef-adjoint de la Musique de la Garde Républicaine est chef de l'Harmonie de Beauvais, est l'auteur d'une Suite d'airs flamands qui fut exécutée pour la première fois le 27 janvier de cette année dans cette dernière ville. Un journal local en parle en ces termes : "Les différentes contrées de France possèdent toutes des complaintes, des chansons, des poèmes et des légendes populaires qui forment le folklore caractérisant admirablement le tempérament des habitants. M. de Coussemaker, membre correspondant de l'Institut de France, a réuni dans un important volume les Chants Populaires des flamands de France avec les mélodies originales. Le Directeur de l'Harmonie, M. César Bourgeois, a fait un choix de ces mélodies, les a harmonisées et orchestrées. Même ceux qui ne sont pas de la région nordique de la France ont pu y reconnaître des rondes, des cantiques, des Noëls, des chansons bachiques, et surtout des airs de carillons caractérisant le pays des beffrois, symbole des premières libertés communales. Le distingué accessoiriste Pisier a su mettre pleinement en valeur le jeu des cloches."
  C'est M. César Bourgeois également qui a composé la musique de scène du Chevalier Aveugle, mystère de Flandre française en deux propos et trois images, dont j'avais donné l'idée à M. Nicolas Bourgeois et que nous avons mis au point ensemble. Le compositeur a puisé pour l'accompagnement dans le recueil de de Coussemaker. On y retrouve des mélodies dont il a su garder toute la fraîcheur qu'aucune fantaisie fâcheuse ne vient gâter.
collection personnelle
  Certains compositeurs ou auteurs se sont servi de vieux airs flamands pour y adapter d'autres paroles. La jolie chanson du Looze Visschertje (le petit pêcheur) est devenue le chœur des buveurs dans l'opérette Princesse d'Auberge. Maurice Bouchor qui a fait de nombreuses chansons pour les écoles a tiré des airs d'une chanson de pêcheurs très populaire autrefois à Dunkerque : Reis naar Ijsland (Voyage à Islande) qui est devenu Notre Flandre. On l'a beaucoup chanté dans les écoles. Une autre transformation plus connue est celle de l'air du Reuze. En 1882, le compositeur cassellois Tac-Coen, qui était le Vincent Scotto du moment, agrémenta l'air du Reuze de quelques mesures supplémentaires. Un auteur à succès — on dirait aujourd'hui un parolier — Villemer-Delormel y adapta des paroles et cela devint Madelinette est mariée, chansonnette flamande, dit le sous-titre, créée par Mme Rivière au Concert Parisien. Curieuse destinée du vieil air flamand qui doit peut-être à Tac-Coen, il faut bien le reconnaître, d'avoir survécu et être resté populaire à Cassel.

  Je vous dirai encore qu'un chansonnier en vogue, Jean Tranchant, s'est inspiré aussi de l'air du Reuze. "Je revenais, m'a-t-il écrit en réponse à une lettre par laquelle je lui demandais quelques renseignements, de Dunkerque à Lille en auto. Nous nous sommes arrêtés sur la Grand'Place de Cassel. Je revois encore le spectacle féérique qui s'est présenté à mes yeux. L'air que j'entendis m'obséda. Le lendemain je le notai, et j'en fis le leitmotiv de ma chanson : Les Marins de Surcouf". Evidemment, nous nous écartons quelque peu de notre sujet, mais je tenais à vous citer ce cas assez curieux.
  Dans une revue de Pierre Manaut, jouée à Lille il y a quelques années, l'auteur s'est servi lui aussi d'airs flamands et les a présentés d'une façon bien originales. Il avait transposé dans la Grande Guerre une scène de Cyrano de Bergerac, où la Compagnie de Carbon de Casteljaloux, cernée et privée de vivres, est démoralisée. Cyrano pour réconforter ses hommes fait venir Bertrandon, le fifre, et lui fait jouer les vieux airs de galoubet des pâtres de son pays. "Ces airs dont la musique a l'air d'être en patois". "Ecoutez les Gascons, c'est toute la Gascogne" dit-il tandis que le fifre chante dans la nuit. Dans la Revue de Manaut, les Cadets de Gascogne sont devenus les poilus d'un régiment du Nord qui occupent une tranchée. Cyrano s'est mué en un sergent bleu horizon qui, pour chasser le cafard de ses hommes, a fait venir près de lui Désiré qui joue sur l'accordéon les vieux airs de Flandre.
  Dans les revues que j'ai données moi-même à l'Orphéon d'Hazebrouck, je me suis servi maintes fois des airs de Flandre. J'ai fait danser le Jan Smet flamand, le Quadrille des Carillons, composé avec les airs qu'égrènent les cloches de nos beffrois. J'ai également rassemblé en une seule chanson, différents airs populaires. Je vous en parlerai en terminant.
  Je voudrais maintenant vous dire quelques mots d'un effort — officiel cette fois — qui a été fait récemment pour la Chanson populaire en France, et de la contribution apportée par la Flandre dans cette tentative. Le Ministère de l'Education Nationale s'est avisé qu'il existait dans notre pays un trésor inexploré, des instructions furent données au début de cette année aux inspecteurs primaires pour que ceux-ci fissent enseigner aux enfants des écoles les vieux chants du terroir qui devaient être interprétés devant le micro et transmis par la T. S. F. Pour le Nord, l'enregistrement fut fait au cours du mois de juin, et le poste Paris P. T. T. diffusa les airs recueillis en deux séances radiophoniques qui eurent lieu les deux premiers dimanches de juillet. Le résultat ne fut pas ce que l'on avait espéré. La circulaire ministérielle, peu explicite, fut mal interprétée. On ne donna pas aux instituteurs de directives assez précises et le choix fut fait à la diable. Je fus convoqué à l'unique réunion qui eut lieu à l'Inspection Académique à Lille, le 30 avril. Mais à ce moment, la mise en répétitions était déjà faite et il ne fut plus possible de modifier ce qui avait été choisi. Dans le programme, assez déconcertant, je dois signaler toutefois : Le Vivat flamand, chanté par les écoles normales de Douai, Vivent les Saint-Sauveur, par Lille, le Reuze (plus exactement Madelinette est mariée) par Lille également, La Princesse mariée à un Anglais par l'école normale de garçons, et Petit Jean revenant de Lille, par l'école normale de filles. Tout le reste n'était que chansons, connues peut-être mais essentiellement modernes. Pour la Flandre Flamingante, trois écoles avaient été désignées : Dunkerque, Hazebrouck, Bailleul. On eût pu réaliser quelque chose de bien. Il n'en fut rien. Dunkerque choisit : L'hymne à Jean-Bart, Gloire à Jean-Bart et Gambrinus. Insister serait cruel. Bailleul donna la Chanson de Gargantua, celle qu'on chante au Carnaval et a été composée vers 1860. Le refrain — deux vers seulement — est en flamand : En hij komt toe / Met een hals lijk een dikke koe. La chanson de Sainte-Anne, extraite de de Coussemaker, fut interprétée… en français ! (l'adaptation qu'on trouve dans le recueil de Bouchor). Pour Hazebrouck, j'avais choisi d'accord avec M. Dernaucourt, inspecteur primaire, deux chansons que vous connaissez : 't Moeilijke kwezelke et 's Avonds. Hélas !, lorsqu'il s'agit de les faire chanter en flamand nous nous heurtâmes à des obstacles insurmontables. La mort dans l'âme, je dus me résigner à faire une adaptation française. Peut-être certains d'entre vous ont-ils entendu ces chansons que j'ai présentées moi-même au micro par une courte causerie, en m'excusant… de la trahison.
  Nous eûmes pour nous consoler l'exécution par la Symphonie de l'Ecole Primaire Supérieure d'Haubourdin, de la Suite d'airs flamands de M. C. Bourgeois, et, par les élèves de l'Institut Gombert à Fournes, le Choral des Flandres et les Cloches de Flandre, de M. Georges Blachon, mis en musique respectivement par MM. Casadessus et Bourgeois. Mais ne récriminons pas trop. Au contraire, réjouissons-nous de l'expérience qui a été tentée. Gardons l'espoir que l'initiative portera ses fruits et qu'on ne s'en tiendra pas à ce premier essai.
  Dans d'autres provinces, le personnel enseignant s'est intéressé depuis de longues années aux chansons populaires. C'est ainsi que MM. Maurice David, inspecteur d'académie, et Eugène Marty, directeur d'école ont publié des Chansons languedociennes pour les élèves des écoles primaires. M. Louis Melet, instituteur, a fait paraître Le Chant Languedocien et Pyrénéen à l'Ecole. Quand verrons-nous faire le même effort en Flandre ? Nous vous proposerons tout à l'heure d'adopter un vœu qui résume nos desiderata.
  J'aborderai pour terminer la question des enregistrements phonographiques. Il y a déjà longtemps que je me suis efforcé de faire enregistrer nos vieilles chansons flamandes. Mais que de difficultés !… Il y a la question commerciale qui prime tout. Un disque doit être marchand. Les dépenses engagées doivent être récupérées. Elles sont de l'ordre de plus de 2.000 francs pour un disque deux faces (édition à 300 exemplaires). Vendre trois cents disques n'est pas chose facile. Il y a de moins en moins de Phonos, car il y a de plus en plus d'appareils de T. S. F. Je ne désespère pas toutefois de faire éditer la Suite d'airs de M. Bougeois, et Les Vieux refrains flamands que vous entendrez tout à l'heure. D'autre part, M. Nicolas Bourgeois a eu la bonne fortune de se mettre en rapports avec un organisme officiel qui pourra nous être utiles.
  A l'institut de phonétique dépendant de l'Université de Paris, a été adjoint le Musée de la Parole et du Geste, où l'on s'occupe de l'enregistrement de disques pédagogiques, culturels, folkloriques, médicaux, scientifiques, historiques. On y constitue une bibliothèque sonore, une phonothèque, déjà très riche à l'heure actuelle. Mais, alors qu'on y trouve les enregistrements les plus extraordinaires: chants de piroguiers africains, de fête de l'Oubanghi, de funérailles au Cameroun, chants fétiches du Fouta-Djallon, d'inhumation à Madagascar, de guerre au Maroc, chants pour faire boire les chameaux des Somalis, chants canaques, roumains, indiens — je vous fais grâce du reste — on y chercherait en vain un disque de chants populaires de chez nous.
  Nicolas Bourgeois a été fort bien accueilli par M. Roger Dévigne, sous-directeur de l'Institut de phonétique, qui serait fort heureux de voir sa collection s'enrichir de quelques mises sur cire des airs de Flandre. Ces enregistrements seraient faits gratuitement. et si un disque ainsi réalisé paraissait suffisamment marchand, il serait possible d'en faire un tirage sur ébonite. Nous allons nous efforcer de mettre au point un projet encore un peu imprécis, mais qui cette fois est susceptible de donner des résultats. La plus grandes difficulté sera pour nous de trouver des chanteurs adéquats. Sous prétexte qu'il s'agit de chansons populaires, il ne faudra pas faire interpréter celles-ci par des chanteurs inexpérimentés qui détonneraient ou prendraient de trop grandes libertés avec le rythme. Tombant dans l'excès contraires, il faudra pas non plus avoir recours à un artiste sorti du Conservatoire, qui chercherait surtout à faire valoir son organe, et traiterait nos délicieux folksongs, comme de simples opéras. Entre les deux extrêmes, il y a un juste milieu. La vieille chanson française a eu en Yvette Guilbert une interprète incomparable qui savait donner aux chefs-d'œuvre du folklore toute la naïveté, toute la saveur désirables et dont la diction impeccable était un régal pour les plus difficiles. D'une petite chanson de rien du tout, elle faisait, suivant le cas, tout un drame ou toute une comédie, qu'elle jouait avec une intensité de vie surprenante. Nous tâcherons de trouver l'Yvette Guilbert de la Chanson flamande pour vous donner l'an prochain une audition de disques réalisés avec son concours.
  Je ne veux pas pas abuser plus longtemps de vos instants. Et pour me faire pardonner un plat quelque peu indigeste, je vais vous servir un dessert. Il y a quelques années, dans une de mes Revues, j'ai intercalé une scène que j'avais intitulée Les vieux refrains flamands. Une bonne grand-mère chantait à sa petite-fille les vieux airs de chez nous. Cela me permit de rassembler dans la même chansons, neuf petits airs que j'entendais chanter fréquemment il y a quelques quarante ans. Ces airs ne sont pas tous dans de Coussemaker, ou bien la version en est différente. Certains d'entre eux sont d'une truculence que le flamand peut se permettre. Et vous ne m'en voudrez pas si j'ai modifié certains mots. Sur ce je cède la place à Mademoiselle Anne-Marie Decalf, et à la petite Janine Verhaeghe, qui vont nous chanter Les Vieux refrains flamands."
André Biébuyck

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Dans le compte rendu de cette manifestation, paru dans le journal La Croix, on apprend que ces petites filles étaient accompagnées sur l'harmonium par le maire de Dunkerque Charles Valentin, fin pianiste.

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Eugène Joseph Auguste PATTEIN est né à Hazebrouck en 1886, fils de Henri, planton à la gare, et Mélanie Synave. Il obtient un 1er accessit de clarinette au Conservatoire de Lille en 1909. En 1914 il est caissier comptable, domicilié rue d'Aire à Hazebrouck. Après la guerre, à la même adresse, il est marchand d'instruments de musique, puis il déménage sur la Grand Place au n°55. Il a composé la musique de plusieurs chansons écrite par A Biébuyck : La chanson de la dentellière (1931),  La chanson de Tisje Tasje (carnaval 1947), La Marche du Géant Roland, Chapelle en Flandre, La mort du moulin, Dans la houblonnière et C'est la moisson. Georges Lotthé (1858-1940?) a écrit les paroles de La ballade du joueur de boules (1927) qu'il a mises en musique. On connait de lui aussi une valse pour piano, Sourire de Printemps, éditée à Calais, par Mutte-Herlin. Joseph Pattein est mort à Nice en 1959.



collection personnelle

mercredi 20 novembre 2013

Le Carnaval de Rome ou les divertissements des jours gras

De Carneval van Roomen of de Vastenavonds Vermaklykheden
Illustré par Jacques Callot





Edmond de Coussemaker, dans son recueil de Chants Populaires Flamands à propos du Carillon de Dunkerque s'interroge sur son origine "Appartient-il véritablement à Dunkerque, c'est à dire, a-t-il été composé par un Dunkerquois ou bien est-ce simplement un air qui a été adopté et rendu populaire par quelque carillonneur du temps ? Il serait peut-être difficile de décider la question en absence de tout document historique. Ce qui pourrait faire pencher la balance vers la dernière de nos hypothèses, c'est la grand analogie qu'on remarque entre l'air du carillon de Dunkerque et le premier air contenu dans un volume très rare, intitulé : De Carnaval [sic] van Roomen, of de Vastenavonds Vermaakelykheden [sic]. Te Harlem [sic], gedrukt by de Weed [sic] : H : van Hulkenroy, ana de Markt, in de letter A. 1718. Cet air et les autres du même volume ont tous un caractère original et présentent des rapports avec d'autres mélodies que l'on entend à Dunkerque au temps du carnaval. Il ne nous paraît pas douteux pourtant que ces mélodies soient hollandaises." Ce livre rare est maintenant consultable en ligne.







on le trouve aussi ici et ici

Merci à Mark pour son aide

samedi 9 novembre 2013

Charles Léon Decottignies, chansonnier, 1828-1883


illustration extraite de son recueil publié en 1864, coll. personnelle



Dans les concours de poésies patoises qui ont eu lieu à Roubaix en 1882 et à Lille en 1889. plusieurs concurrents ne savaient pas écrire ; aussi leur avait-on donné des secrétaires. A Lille et à Roubaix, bon nombre de chansonniers populaires ont été ou sont ouvriers et cabaretiers ; et, à l'occasion, ils ne se font pas trop tirer l'oreille pour dire une ou deux chansons. A Lille, Charles Decottignies, avant son entrée au chemin de fer du Nord comme graisseur, puis conducteur, était ouvrier corroyeur. Son établissement de cabaretier qui existe encore sous son nom, a pour enseigne Au Chansonnier Lillois. De temps à autre, il adressait à ses clients des cartes commerciales. Voici le teneur de l'une d'elles

A TITRE DE SOUVENIR POUR 1876
Ch. Decottignies, cabaretier par besoin, chansonnier par goût
et chanteur... par don
Distribution instantanée de bière et vers pour fêtes,
baptêmes, mariages, enterrements et noces.
Témoin aux naissances, unions conjugales et décès. Place Rihour, 17, à Lille.

Alexandre Desrousseaux
La Revue du Nord 1892

***

Charles Decottignies est né à Lille, dans le quartier Saint-Sauveur, rue du Petterinck, le 22 novembre 1828. Il est le fils d'Alexandre Joseph, cabaretier, né à Roubaix en 1783 et Augustine Philippine Françoise Schaepelynck, née à Lille en 1797. Il est filtier quand il épouse Charlotte Louise Regrigny (1830-1869) à Lille le 22 novembre 1853, fille d'un couple de journaliers. Après le décès de Charlotte, il épouse Sophie Augustine Lafra, à Valenciennes le 16 juillet 1874. A son décès, les témoins (son frère Hector et Alexandre Desrousseaux) le déclare "chansonnier lillois".

Christian Declerck

Grâce à Gallica nous avons accès aux nombreuses chansons qu'il a publiées, en voici quelques unes :




Les cabarets de Lomme : chanson en patois de Lille chantée par la Société des bons buveurs de la Clef des Champs à Lomme / signé : Ch. Decottignies

Les Emplois du chemin de fer mis en chansons, par Ch. Decottignies,...




Les combats de coqs : chanson lilloise / par Ch. Decottignies




Le quartier Saint-Sauveur, chanson nouvelle en patois de Lille chantée par la Société des Amis-Réunis au départ de la chasse. (Signé : Ch. Decottignies.)




L



Les autres sont ici

jeudi 24 octobre 2013

Le grand hommel du musée de Dunkerque

Le musée de Beaux-Arts de Dunkerque possède, dans ses réserves, une collection d'une quarantaine d'instruments de musique. Principalement d'origine extra-européenne : îles Salomon, Suriname, Chine, île de Java, Inde, Sumatra, Caraïbe, Mexique, Madagascar, Nigeria, Mozambique, îles Tongas, îles Marquises, provenant de la fondation du musée et donnés par des Dunkerquois voyageurs : Jules Conseil, M. Plaisant, Benoit Gernaert, J. Jocquelin, Stéphanie Soubry, Théodore Bray, Emmanuel Perre, M. Debuyser, M. Herbar-Leroy, le capitaine Baucheret, M. Lemattre, Dr Ange Raoul et Louis Jolly.

La collection d'instruments de musique, sortie des caisses,
présentée par la conservatrice Laurence Le Cieux
Photo parue dans la Voix du Nord le 23 février 1986

Parmi les quelques instruments européens, se trouve cet impressionnante cithare à touche qu'on aperçoit à gauche sur la photo ci-dessus. Elle a été donnée par M. Castillon vers 1840/50 d'après l'inventaire.

dessin de Patrick Delaval

Elle mesure 1,34 mètre de long et 20,5 cm à sa base, sur l'inventaire cet instrument inconnu à l'époque a été dénommé Ennéacorde (ennéa = 9).

photo Jean-Jacques Révillion

Cet instrument est à rapprocher des trois autres grandes épinettes connues :
- Le Noordsche Balke du musée d'Ypres, datant de la fin du XVIIIe siècle, malheureusement détruit pendant la guerre 1914-1918. Dont il subsiste un dessin et un fac-similé conservé au MIM à Bruxelles.
- un autre hommel flamand, plus petit, conservé au MIM.
- La Bûche des Flandres, conservée au Musée de la Musique à Paris, qui porte la signature J. .D Suzanne, La Wallois, 1793.

Les deux hommels du Musée Instrumental de Bruxelles
photo Rémi Dubois


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détails du hommel de Dunkerque :





Photos C. Declerck

mardi 3 septembre 2013

Cornemuses à Dunkerque

mise à jour 26 avril 2015

Dans les comptes de la ville de Dunkerque on trouve la mention de la présence d'un joueur de cornemuse, ou plutôt de musette, au XVIIe pour la Kermesse de la ville et la procession du géant.



"Payé à Nicolas Richaut jueur de la musette pour avoir joué aveq la dite musette au devant du Geand pendant la caremesse passé, par ord[onnance] du 28me juin 1681 pour acquit ———— LT 6 [livres tournois]"

La présence d'un joueur de musette est exceptionnelle, habituellement ce sont des joueurs de violon qui accompagnent la procession de la Kermesse, comme le prouve ce dessin d'époque, publié par Henri Durin. Sur un autre dessin de la même planche ils sont désignés comme joueurs de piston, l'imprimeur, ou l'auteur, ayant eu certainement des difficultés à déchiffrer le manuscrit.



Une autre mention se trouve sur la représentation qu'a faite le peintre Orlando Norie, en 1856*, du défilé de la procession du Reuze sous la Restauration. Il y montre quatre joueurs de cornemuses précédant le géant. Mais ce dessin a été réalisé beaucoup plus tard et nulle part, dans les comptes de la ville, on ne retrouve la trace de ces musiciens, d'autant que la procession a connu une interruption de 65 ans et n'a donc pas eu lieu pendant la Restauration.


Jean-Luc Porhel, ancien archiviste de la ville de de Dunkerque, dans un article**, a supposé que ce dessin représentait le cortège de 1840, mais il ne cite pas ses sources quant à la présence des trois [sic] joueurs de cornemuse qu'il mentionne.
Le 14 mars 1847, le géant fait sa deuxième sortie pour une fête de bienfaisance. Une gravure représente le Reuze debout, accompagné d'un cheval-jupon, d'un  tambour major, d'un arlequin et d'un pierrot, mais pas de cornemuse. L'ordre du programme ne mentionne que trois "corps de musique" et "un char représentant le Parnasse, et sur lequel la Société du Cercle Musical et les élèves de l'école de musique dirigée par M. Dubreu, feront entendre des chœurs analogues à la circonstance".

verso de l'affiche de la Fête de Bienfaisance de 1847


En 1857, l'imprimeur Benjamin Kien publie un opuscule titré "Le carnaval de Dunkerque, suivi de quelques notes sur les mascarades, le bateau de Jean Bart, le Reuze, etc..., chansons flamandes, etc..." on y lit "Autrefois le Reuze, précédé d'un tambour-major choisit parmi les plus lilliputiens de la population, était accompagné de quatre joueurs de cornemuses, de fifres et de tambours. Le pas de danse était réglé par les cornemuses, le pas de marche par les fifres et tambours. Le tambour-major frappait le Reuze de sa canne et la nature du coup indiquait à l'intérieur l'espèce de mouvement à exécuter. Actuellement, pendant la promenade du Reuze, le carillon de la tour fait entendre l'air traditionnel avec lequel nos aïeux ont été bercés, l'air favori de "Keer u e'som" que la génération flamande d'aujourd'hui répète encore avec tant de délices"

Ce texte est repris en 1899 dans le Bulletin de l'Union Faulconnier qui donne sa source : un manuscrit conservé dans les archives de la société. Ce manuscrit a été rédigé par Philippe Alexandre de Queux de Saint Hilaire (1766-1857) vers 1802 et il situe cette description "au milieu du XVIIIe siècle", ce qui semble plus crédible mais reste toujours sans preuve.

Christian Declerck

* Conservée au Musée des Beaux-Arts de Dunkerque
* Reuze, le géant de Dunkerque, Revue historique de Dunkerque et du littoral, n°32, 1998, pp. 75 à 104

jeudi 25 juillet 2013

Christophe Declercq, 1956-2013


Mon ami, notre ami Christophe Declercq nous a quitté le 24 juillet 2013. 

© Photo Nadège Fagoo


Depuis un peu plus d’un an, il se battait contre la maladie, le cancer. Avec courage et détermination,  lui qui était médecin épidémiologiste il savait à qui il avait affaire, il a mené ce combat, forçant l’admiration de ceux qui savaient...

Sachant que le temps lui était compté, Il a mené à bien la conception et l’enregistrement d’un projet personnel de disque de violon avec Margaux Liénard : “Histoires de violon” qui  restera la trace tangible du superbe violoneux de tradition orale qu’il est. J’ai du mal à parler de lui au passé...

On s’est rencontrés sur les bancs du lycée Jean Perrin à Lambersart et nous avons commencé ensemble à jouer de la musique trad, lui à l’épinette, puis à la vielle à roue et moi à la guitare, et très vite tous les deux au violon,  au début de nos années de fac. C’est cet instrument, le violon,  qui a forgé sa réputation de musicien d’exception.

Nous avons appris ensemble le jeu de violon traditionnel, à une époque où il était impossible de trouver des informateurs/formateurs dans notre région, et je me souviens de notre enthousiasme à découvrir le style et le répertoire des violoneux sur les premiers collectages et enregistrements disponibles sur disque (vinyls, forcément) : Aimé Bozier, les Shetland fiddlers, les violoneux corréziens, les frères Balfa, et plus près de nous, en Wallonie, Constant Charneux et Henry Schmitz...

Evoquer Christophe, c’est évoquer forcément “l’histoire” du renouveau de la musique traditionnelle dans notre région du Nord depuis les années 1970... Il a été à l’origine de Mabidon, de  la maison de danse de Fives,  du Quatuor Fanfare, Mouchafou, le duo Declercq-Lenoir, Envoyez les violons, le duo Declercq-Liénard... Sa présence aux sessions folk (Le Biplan, Les Damoiselles, et bien d’autres où on le croisait régulièrement...) était un gage de soirée réussie dans l’échange et la convivialité de la musique trad. 

J’en oublie sans doute, tant était grande sa générosité de musicien, sans compter ses nombreuses contributions à des enregistrements discographiques. Sa renommée et son style de violon ont été appréciés en dehors de notre région , et on l’a vu jouer avec Jean François  Vrod, Michel Esbelin, et bien d’autres ...

Sa passion du violon, il l’a partagée par l’animation de stages, d’ateliers et il a été longtemps l’animateur de l’atelier violon de la Piposa à Sailly sur la Lys. Il a toujours eu la volonté de transmettre et nombreux sont les jeunes musiciens de la région qui lui sont redevables de son compagnonnage.

Le petit monde de la musique tradonordiste qui lui doit tant est en deuil, et la seule façon de faire vivre sa mémoire est de continuer à jouer “les airs de Christophe” , lui qui fut aussi un formidable créateur de mélodies d’inspiration traditionnelle, dont on peut retrouver certaines dans son disque “histoire de violon”. J’en citerais deux qui me semblent particulièrement  belles et de circonstance : “Adieu les gens” et “Eternel retour”.

Salut l’artiste, tu vas nous manquer énormément... 

Jean Jacques Révillion





photo C.D.
à la Maison de danse de Fives avec ses amis du groupe Mabidon :
Michel Lebreton (flûte) et Didier Demarcq (accordéon diatonique)



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Discographie



Le Point du Jour, Quatuor Fanfare, 1986
C'est les Vacances, Jean-François Vrod, 1987 (Song for Gustave / Mazurka à Perrier-Mazurka à Catablanc / Piou blanc)
Chants des populations maritimes des côtes de Flandre, Blootland, 1987/1993 (Reys Naer Island)
Voyages, Jean-François Vrod (Song for Gustave / Piou blanc), 1994
Traditional and authentic music of France, avec Mabidon, 1998 (hors commerce)
Rue du fief, La Piposa, 1999
Elève toi donc belle, Jean Jacques Révillion, 2005
Mouchafou, 2008
- Germaine, Shillelagh, 2009 (Les Beaux Jours, Pieternelle)
Un artiste, un instrument, Le violon, Gabriel Lenoir, 2012 (Tjanne/Driekoningenlied, La Saint Glinglin/La Juchée Haute, Avant le Matin)
Histoire de violon, 2013
et tout ce qu'il y a sur ce blog


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Vidéos



Un extrait d'une répétition du Quatuor Fanfare en 1984
une valse du répertoire de François Joseph Jamin, solo de Christophe
branle de Claude Gervaise, solo de Christophe
- la bourrée de Nanot du répertoire de Michel Meilhac, solo de Christophe
- branle de Bourgogne de Claude Gervaise, par le groupe





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avec Margaux Liénard : Concert d'Histoires de Violons à l'estaminet "Des mots à la bouche"
à Saint Sylvestre Cappel le 29 mars 2013





vendredi 5 juillet 2013

Vielleux flamand

En continuant d'explorer les bases de données de Geneanet, j'ai rencontré Charles ADAM, joueur de vielle, à Herzeele au début du XIXe siècle.





Charles Louis Winoc ADAM est né à Herzeele le 16 avril 1805, il est le fils de Pierre Jean Cornil, né à Bissezeele  en 1770, journalier et aussi musicien (à son décès en 1834) et Barbe SACKEBANT, née à Herzeele. En 1833 il épouse Barbe Victoire Reine PLOYAERT, née à Winnezeele. Ils ont une douzaine d'enfants, qui naissent tous à Herzeele. Sur l'acte de baptême des trois premiers, sa profession de joueur de vielle est clairement indiquée, ensuite il se déclare journalier.




merci à Bruno Danzin (bdanzin)



À Dunkerque 

J'ai relevé la présence de joueurs de vielle ambulants : Antoine REMOND lors du décès de sa fille Marie Catherine le 11 mars 1764 et le jeune Antoine Joseph TONNET, né vers 1771 à Visé, près de Liège, qui fait un séjour à l'hôpital en 1785.
En 1789, un musicien fait cette demande au Magistrat de Dunkerque :  Messieurs les bourgmaistres et échevins de la ville et territoire de Dunkerque — Supplie très respectueusement Joseph Léonard, qu’il ait l’honneur, de vous représenter très humblement qu’il vous plaisent Messieurs vouloir bien lui accorder la libre permission de jouer de sa vielle organisée dans les rues et chez les personnes qui le demanderont. Le suppliant Messieurs n’a d’autre volonté que les votres et se conformera en tout point aux ordres qu’il plaisra au siège lui precrire et promet de n’en point enfreindre. Il ose tout attendre de votre équité et ne cessera de former des vœux pour la conservation de vos jours. Quoi faisant ferer justice. Nous disons que ce que le suppliant demande ne peut lui être accordé. Signé DE MAN.



Un faiseur de vielle, François DUMORTIER, originaire de Bondues, est domicilié à Dunkerque entre 1760 et 1769. Dans les registres de capitation il se déclare successivement journalier (1760 et 1765), faiseur de vielle (1766, 67, 68) et marchand de vielle en 1769. Il est l'époux de Catherine VILLET, née à Liège, paroisse Saint Christophe.

Christian Declerck

sources : archives du Nord et Archives municipales de Dunkerque

mercredi 26 juin 2013

Cornemuseux picards


Quelques personnages découverts au hasard de recherches généalogiques sur le site Geneanet






La famille BOUCHER de Talmas dans la Somme

source : 1740

Antoine BOUCHER y décède le 12 avril 1740, il est qualifié de joueur de cornemuse, il est l’époux de Marguerite BOUCHER. Il est présent au mariage de son fils en 1738, déjà qualifié de joueur de cornemuse


source : 1738

L'un de ses fils, Henry, joueur de violon et manouvrier, est né à Talmas le 3 janvier 1712, il y décéde le 24 juillet 1778, il a épousé Françoise ANDRIEUX le 22 octobre 1733, leur fils Joseph, né le 17 juin 1739, est aussi joueur de violon, ainsi que son petit-fils Joseph né le 24 mars 1773. Michel BOUCHER (né le 11 mai 1741) fils d’Henri, est aussi joueur de violon et son fils Firmin également, celui-ci se marie à Talmas le 6 septembre 1796. C'est son fils, Firmin Prosper BOUCHEZ né en 1804 que l'on retrouve à Dunkerque en mai 1835 et février 1836, musicien chanteur, il est recensé dans le registre aux déclarations des étrangers de passage à Dunkerque.

Merci à Dider Braun (braunstcyr) et Guy Blanc (blancguy1)
photos publiées avec l'aimable autorisation des archives de la Somme



La famille MUNIER de Saint Sauveur dans l’Oise





 Le lundy lendemain de Pentecoste troisièsme de Juin 1686 est décédé george Munier agé de soixante ans faiseur de Cornemuses lequel après avoir étté munit des Sacrement de l’Eglise a été le Lendemain mardy inhumez au cimetiere de cette paroisse [en présence] de françois munier son fils aussy cornemuseux et de Sébastien Loyauté maître d’Ecolle qui ont signé et autres

Réf : microfilm 3E97/1 folio huitième verso, vue 168 source : Archives de l'Oise

François est né vers 1654, il décède le 1er juillet 1686, son frère Jacques, né en 1662 est aussi faiseur de cornemuse.

Merci à Christian Juy (azertyty)


Christian Declerck

sur  la cornemuse en Picardie voir aussi ici