dimanche 24 novembre 2013

La chanson flamande, par André Biébuyck - 1937

Au 14e Congrès Flamand, organisé à Dunkerque en août, par le Vlaams Verbond van Frankrijk, André Biébuyck, directeur de l'Orphéon d'Hazebrouck, a présenté ce rapport qui a été publié dans la revue le Lion des Flandres n° 53, (source : bibliothèque du Comité Flamand de France) :


André Biébuyck 1885-1954
collection J.-P. Vanhove

  "Un soir du mois de mars 1923, les membres du Comité Flamand de France se réunissaient dans la Salle Aeolian à Lille. Ils étaient conviés à un véritable régal artistique : on allait parler des vieilles chansons flamandes. M. le Chanoine Looten montra l'immense service qu'Edmond de Coussemaker avait rendu à l'art et à la littérature flamands en allant recueillir de village en village, de ducasse en ducasse les chansons populaires. 
  Il définit le caractère poétique et moral de ces chansons qui font figure de "monument historique". Il  souligna que la recherche des vieilles chansons populaires revêt une importance, non seulement ethnique, mais scientifique. Toute la vie religieuse et familiale se révèle dans des œuvres, qui, si modestes qu'elles puissent être, sont lourdes des souvenirs du passé.
  M. Looten souhaitait alors que fussent réédités les Chants populaires des Flamands de France, livre rarissime et qu'on ne pouvait guère consulter que dans quelques bibliothèques. Ce souhait est aujourd'hui réalisé. Le Comité flamand a fait réimprimer en 1930 l'œuvre de de Coussemaker qui est maintenant devenue le livre de chevet des folkloristes impénitents que nous sommes.
  Avant de Coussemaker, aucune prospection n'avait été faite dans le Westhoek, et il faut bien le dire, après lui, il n'y avait plus grand chose à faire. Lorsque l'on veut parler du Chant flamand c'est toujours à l'érudit bailleulois qu'on se reporte. Julien Tiersot, dans son savant ouvrage sur la chanson populaire, ne cite guère que lui quand il s'agit de la Flandre.
  Lors de la Conférence de la Salle Aeolian, après M. le Chanoine Looten, M. l'Abbé Bayart, étudia la chanson flamande au point de vue musical. Il en établit un nouveau classement non plus d'après le sujet traité, mais d'après les sources musicales où avaient puisé les compositeurs inconnus des vieux liederen.
Je n'aurai pas la prétention de revenir sur ce qui a été dit par les deux éminents conférencier, ni d'y ajouter quoi que ce soit. Je veux simplement vous dire aujourd'hui ce qu'on a fait au point de vue pratique, non pas pour sauver de l'oubli, les vieilles chansons (de Coussemaker s'est chargé de ce soin) mais pour les garder vivantes, ou plus exactement pour les faire revivre, car, il faut, hélas, le constater, on ne chante plus guère nos vieilles chansons, et Tino Rossi règne en maître, même dans les coins les plus reculés de la Flandre.
  Il ne faut pas nous attarder en regrets superflus, mais voir où nous pourrions porter utilement nos efforts. Nous voulons faire du folklore musical vivant. Ce projet est-il réalisable ? — Qu'a-t-on fait jusqu'ici ? — Que peut-on faire ? Je tâcherai de répondre à ces questions.
  Nous possédons les documents nécessaires qui ont été sauvés de l'oubli. C'est parfait. mais il ne suffit pas d'avoir dans les vitrines d'un musée de magnifiques pierres précieuses, si personne ne vient jamais les voir, ni si quelques spécialistes seulement viennent s'y documenter. Il faut que les gemmes étincelantes soient portées et promenées dans la foule. Peut-être faudra-t-il parfois les sertir dans une monture moderne, grouper les perles trop petites pour constituer un heureux ensemble et les mettre en valeur ; qu'importe. Ce sera la seule façon de les montrer en public.
  Voyons d'abord ce qui a déjà été fait. Ces compositeurs ont trouvé une véritable mine dans le recueil de de Coussemaker. Le Maître Filleul, de Saint-Omer, a écrit Scènes Flamandes, où il s'est inspiré des airs de chez nous. On y entend notamment celui du Reuze. A Steenvoorde, le chef de musique a composé La Marche de Fromulus pour le Carnaval d'été avec des airs du pays. A Hazebrouck, M. Joseph Pattein [voir bas de page] est l'auteur de La Marche Flamande pour laquelle il a pris comme thème : En jop Marianne de saucepanne, etc...
  M. César Bourgeois (le père de notre sympathique ami M. Nicolas Bourgeois), qui après avoir été chef-adjoint de la Musique de la Garde Républicaine est chef de l'Harmonie de Beauvais, est l'auteur d'une Suite d'airs flamands qui fut exécutée pour la première fois le 27 janvier de cette année dans cette dernière ville. Un journal local en parle en ces termes : "Les différentes contrées de France possèdent toutes des complaintes, des chansons, des poèmes et des légendes populaires qui forment le folklore caractérisant admirablement le tempérament des habitants. M. de Coussemaker, membre correspondant de l'Institut de France, a réuni dans un important volume les Chants Populaires des flamands de France avec les mélodies originales. Le Directeur de l'Harmonie, M. César Bourgeois, a fait un choix de ces mélodies, les a harmonisées et orchestrées. Même ceux qui ne sont pas de la région nordique de la France ont pu y reconnaître des rondes, des cantiques, des Noëls, des chansons bachiques, et surtout des airs de carillons caractérisant le pays des beffrois, symbole des premières libertés communales. Le distingué accessoiriste Pisier a su mettre pleinement en valeur le jeu des cloches."
  C'est M. César Bourgeois également qui a composé la musique de scène du Chevalier Aveugle, mystère de Flandre française en deux propos et trois images, dont j'avais donné l'idée à M. Nicolas Bourgeois et que nous avons mis au point ensemble. Le compositeur a puisé pour l'accompagnement dans le recueil de de Coussemaker. On y retrouve des mélodies dont il a su garder toute la fraîcheur qu'aucune fantaisie fâcheuse ne vient gâter.
collection personnelle
  Certains compositeurs ou auteurs se sont servi de vieux airs flamands pour y adapter d'autres paroles. La jolie chanson du Looze Visschertje (le petit pêcheur) est devenue le chœur des buveurs dans l'opérette Princesse d'Auberge. Maurice Bouchor qui a fait de nombreuses chansons pour les écoles a tiré des airs d'une chanson de pêcheurs très populaire autrefois à Dunkerque : Reis naar Ijsland (Voyage à Islande) qui est devenu Notre Flandre. On l'a beaucoup chanté dans les écoles. Une autre transformation plus connue est celle de l'air du Reuze. En 1882, le compositeur cassellois Tac-Coen, qui était le Vincent Scotto du moment, agrémenta l'air du Reuze de quelques mesures supplémentaires. Un auteur à succès — on dirait aujourd'hui un parolier — Villemer-Delormel y adapta des paroles et cela devint Madelinette est mariée, chansonnette flamande, dit le sous-titre, créée par Mme Rivière au Concert Parisien. Curieuse destinée du vieil air flamand qui doit peut-être à Tac-Coen, il faut bien le reconnaître, d'avoir survécu et être resté populaire à Cassel.

  Je vous dirai encore qu'un chansonnier en vogue, Jean Tranchant, s'est inspiré aussi de l'air du Reuze. "Je revenais, m'a-t-il écrit en réponse à une lettre par laquelle je lui demandais quelques renseignements, de Dunkerque à Lille en auto. Nous nous sommes arrêtés sur la Grand'Place de Cassel. Je revois encore le spectacle féérique qui s'est présenté à mes yeux. L'air que j'entendis m'obséda. Le lendemain je le notai, et j'en fis le leitmotiv de ma chanson : Les Marins de Surcouf". Evidemment, nous nous écartons quelque peu de notre sujet, mais je tenais à vous citer ce cas assez curieux.
  Dans une revue de Pierre Manaut, jouée à Lille il y a quelques années, l'auteur s'est servi lui aussi d'airs flamands et les a présentés d'une façon bien originales. Il avait transposé dans la Grande Guerre une scène de Cyrano de Bergerac, où la Compagnie de Carbon de Casteljaloux, cernée et privée de vivres, est démoralisée. Cyrano pour réconforter ses hommes fait venir Bertrandon, le fifre, et lui fait jouer les vieux airs de galoubet des pâtres de son pays. "Ces airs dont la musique a l'air d'être en patois". "Ecoutez les Gascons, c'est toute la Gascogne" dit-il tandis que le fifre chante dans la nuit. Dans la Revue de Manaut, les Cadets de Gascogne sont devenus les poilus d'un régiment du Nord qui occupent une tranchée. Cyrano s'est mué en un sergent bleu horizon qui, pour chasser le cafard de ses hommes, a fait venir près de lui Désiré qui joue sur l'accordéon les vieux airs de Flandre.
  Dans les revues que j'ai données moi-même à l'Orphéon d'Hazebrouck, je me suis servi maintes fois des airs de Flandre. J'ai fait danser le Jan Smet flamand, le Quadrille des Carillons, composé avec les airs qu'égrènent les cloches de nos beffrois. J'ai également rassemblé en une seule chanson, différents airs populaires. Je vous en parlerai en terminant.
  Je voudrais maintenant vous dire quelques mots d'un effort — officiel cette fois — qui a été fait récemment pour la Chanson populaire en France, et de la contribution apportée par la Flandre dans cette tentative. Le Ministère de l'Education Nationale s'est avisé qu'il existait dans notre pays un trésor inexploré, des instructions furent données au début de cette année aux inspecteurs primaires pour que ceux-ci fissent enseigner aux enfants des écoles les vieux chants du terroir qui devaient être interprétés devant le micro et transmis par la T. S. F. Pour le Nord, l'enregistrement fut fait au cours du mois de juin, et le poste Paris P. T. T. diffusa les airs recueillis en deux séances radiophoniques qui eurent lieu les deux premiers dimanches de juillet. Le résultat ne fut pas ce que l'on avait espéré. La circulaire ministérielle, peu explicite, fut mal interprétée. On ne donna pas aux instituteurs de directives assez précises et le choix fut fait à la diable. Je fus convoqué à l'unique réunion qui eut lieu à l'Inspection Académique à Lille, le 30 avril. Mais à ce moment, la mise en répétitions était déjà faite et il ne fut plus possible de modifier ce qui avait été choisi. Dans le programme, assez déconcertant, je dois signaler toutefois : Le Vivat flamand, chanté par les écoles normales de Douai, Vivent les Saint-Sauveur, par Lille, le Reuze (plus exactement Madelinette est mariée) par Lille également, La Princesse mariée à un Anglais par l'école normale de garçons, et Petit Jean revenant de Lille, par l'école normale de filles. Tout le reste n'était que chansons, connues peut-être mais essentiellement modernes. Pour la Flandre Flamingante, trois écoles avaient été désignées : Dunkerque, Hazebrouck, Bailleul. On eût pu réaliser quelque chose de bien. Il n'en fut rien. Dunkerque choisit : L'hymne à Jean-Bart, Gloire à Jean-Bart et Gambrinus. Insister serait cruel. Bailleul donna la Chanson de Gargantua, celle qu'on chante au Carnaval et a été composée vers 1860. Le refrain — deux vers seulement — est en flamand : En hij komt toe / Met een hals lijk een dikke koe. La chanson de Sainte-Anne, extraite de de Coussemaker, fut interprétée… en français ! (l'adaptation qu'on trouve dans le recueil de Bouchor). Pour Hazebrouck, j'avais choisi d'accord avec M. Dernaucourt, inspecteur primaire, deux chansons que vous connaissez : 't Moeilijke kwezelke et 's Avonds. Hélas !, lorsqu'il s'agit de les faire chanter en flamand nous nous heurtâmes à des obstacles insurmontables. La mort dans l'âme, je dus me résigner à faire une adaptation française. Peut-être certains d'entre vous ont-ils entendu ces chansons que j'ai présentées moi-même au micro par une courte causerie, en m'excusant… de la trahison.
  Nous eûmes pour nous consoler l'exécution par la Symphonie de l'Ecole Primaire Supérieure d'Haubourdin, de la Suite d'airs flamands de M. C. Bourgeois, et, par les élèves de l'Institut Gombert à Fournes, le Choral des Flandres et les Cloches de Flandre, de M. Georges Blachon, mis en musique respectivement par MM. Casadessus et Bourgeois. Mais ne récriminons pas trop. Au contraire, réjouissons-nous de l'expérience qui a été tentée. Gardons l'espoir que l'initiative portera ses fruits et qu'on ne s'en tiendra pas à ce premier essai.
  Dans d'autres provinces, le personnel enseignant s'est intéressé depuis de longues années aux chansons populaires. C'est ainsi que MM. Maurice David, inspecteur d'académie, et Eugène Marty, directeur d'école ont publié des Chansons languedociennes pour les élèves des écoles primaires. M. Louis Melet, instituteur, a fait paraître Le Chant Languedocien et Pyrénéen à l'Ecole. Quand verrons-nous faire le même effort en Flandre ? Nous vous proposerons tout à l'heure d'adopter un vœu qui résume nos desiderata.
  J'aborderai pour terminer la question des enregistrements phonographiques. Il y a déjà longtemps que je me suis efforcé de faire enregistrer nos vieilles chansons flamandes. Mais que de difficultés !… Il y a la question commerciale qui prime tout. Un disque doit être marchand. Les dépenses engagées doivent être récupérées. Elles sont de l'ordre de plus de 2.000 francs pour un disque deux faces (édition à 300 exemplaires). Vendre trois cents disques n'est pas chose facile. Il y a de moins en moins de Phonos, car il y a de plus en plus d'appareils de T. S. F. Je ne désespère pas toutefois de faire éditer la Suite d'airs de M. Bougeois, et Les Vieux refrains flamands que vous entendrez tout à l'heure. D'autre part, M. Nicolas Bourgeois a eu la bonne fortune de se mettre en rapports avec un organisme officiel qui pourra nous être utiles.
  A l'institut de phonétique dépendant de l'Université de Paris, a été adjoint le Musée de la Parole et du Geste, où l'on s'occupe de l'enregistrement de disques pédagogiques, culturels, folkloriques, médicaux, scientifiques, historiques. On y constitue une bibliothèque sonore, une phonothèque, déjà très riche à l'heure actuelle. Mais, alors qu'on y trouve les enregistrements les plus extraordinaires: chants de piroguiers africains, de fête de l'Oubanghi, de funérailles au Cameroun, chants fétiches du Fouta-Djallon, d'inhumation à Madagascar, de guerre au Maroc, chants pour faire boire les chameaux des Somalis, chants canaques, roumains, indiens — je vous fais grâce du reste — on y chercherait en vain un disque de chants populaires de chez nous.
  Nicolas Bourgeois a été fort bien accueilli par M. Roger Dévigne, sous-directeur de l'Institut de phonétique, qui serait fort heureux de voir sa collection s'enrichir de quelques mises sur cire des airs de Flandre. Ces enregistrements seraient faits gratuitement. et si un disque ainsi réalisé paraissait suffisamment marchand, il serait possible d'en faire un tirage sur ébonite. Nous allons nous efforcer de mettre au point un projet encore un peu imprécis, mais qui cette fois est susceptible de donner des résultats. La plus grandes difficulté sera pour nous de trouver des chanteurs adéquats. Sous prétexte qu'il s'agit de chansons populaires, il ne faudra pas faire interpréter celles-ci par des chanteurs inexpérimentés qui détonneraient ou prendraient de trop grandes libertés avec le rythme. Tombant dans l'excès contraires, il faudra pas non plus avoir recours à un artiste sorti du Conservatoire, qui chercherait surtout à faire valoir son organe, et traiterait nos délicieux folksongs, comme de simples opéras. Entre les deux extrêmes, il y a un juste milieu. La vieille chanson française a eu en Yvette Guilbert une interprète incomparable qui savait donner aux chefs-d'œuvre du folklore toute la naïveté, toute la saveur désirables et dont la diction impeccable était un régal pour les plus difficiles. D'une petite chanson de rien du tout, elle faisait, suivant le cas, tout un drame ou toute une comédie, qu'elle jouait avec une intensité de vie surprenante. Nous tâcherons de trouver l'Yvette Guilbert de la Chanson flamande pour vous donner l'an prochain une audition de disques réalisés avec son concours.
  Je ne veux pas pas abuser plus longtemps de vos instants. Et pour me faire pardonner un plat quelque peu indigeste, je vais vous servir un dessert. Il y a quelques années, dans une de mes Revues, j'ai intercalé une scène que j'avais intitulée Les vieux refrains flamands. Une bonne grand-mère chantait à sa petite-fille les vieux airs de chez nous. Cela me permit de rassembler dans la même chansons, neuf petits airs que j'entendais chanter fréquemment il y a quelques quarante ans. Ces airs ne sont pas tous dans de Coussemaker, ou bien la version en est différente. Certains d'entre eux sont d'une truculence que le flamand peut se permettre. Et vous ne m'en voudrez pas si j'ai modifié certains mots. Sur ce je cède la place à Mademoiselle Anne-Marie Decalf, et à la petite Janine Verhaeghe, qui vont nous chanter Les Vieux refrains flamands."
André Biébuyck

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Dans le compte rendu de cette manifestation, paru dans le journal La Croix, on apprend que ces petites filles étaient accompagnées sur l'harmonium par le maire de Dunkerque Charles Valentin, fin pianiste.

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Eugène Joseph Auguste PATTEIN est né à Hazebrouck en 1886, fils de Henri, planton à la gare, et Mélanie Synave. Il obtient un 1er accessit de clarinette au Conservatoire de Lille en 1909. En 1914 il est caissier comptable, domicilié rue d'Aire à Hazebrouck. Après la guerre, à la même adresse, il est marchand d'instruments de musique, puis il déménage sur la Grand Place au n°55. Il a composé la musique de plusieurs chansons écrite par A Biébuyck : La chanson de la dentellière (1931),  La chanson de Tisje Tasje (carnaval 1947), La Marche du Géant Roland, Chapelle en Flandre, La mort du moulin, Dans la houblonnière et C'est la moisson. Georges Lotthé (1858-1940?) a écrit les paroles de La ballade du joueur de boules (1927) qu'il a mises en musique. On connait de lui aussi une valse pour piano, Sourire de Printemps, éditée à Calais, par Mutte-Herlin. Joseph Pattein est mort à Nice en 1959.



collection personnelle

mercredi 20 novembre 2013

Le Carnaval de Rome ou les divertissements des jours gras

De Carneval van Roomen of de Vastenavonds Vermaklykheden
Illustré par Jacques Callot





Edmond de Coussemaker, dans son recueil de Chants Populaires Flamands à propos du Carillon de Dunkerque s'interroge sur son origine "Appartient-il véritablement à Dunkerque, c'est à dire, a-t-il été composé par un Dunkerquois ou bien est-ce simplement un air qui a été adopté et rendu populaire par quelque carillonneur du temps ? Il serait peut-être difficile de décider la question en absence de tout document historique. Ce qui pourrait faire pencher la balance vers la dernière de nos hypothèses, c'est la grand analogie qu'on remarque entre l'air du carillon de Dunkerque et le premier air contenu dans un volume très rare, intitulé : De Carnaval [sic] van Roomen, of de Vastenavonds Vermaakelykheden [sic]. Te Harlem [sic], gedrukt by de Weed [sic] : H : van Hulkenroy, ana de Markt, in de letter A. 1718. Cet air et les autres du même volume ont tous un caractère original et présentent des rapports avec d'autres mélodies que l'on entend à Dunkerque au temps du carnaval. Il ne nous paraît pas douteux pourtant que ces mélodies soient hollandaises." Ce livre rare est maintenant consultable en ligne.







on le trouve aussi ici et ici

Merci à Mark pour son aide

samedi 9 novembre 2013

Charles Léon Decottignies, chansonnier, 1828-1883


illustration extraite de son recueil publié en 1864, coll. personnelle



Dans les concours de poésies patoises qui ont eu lieu à Roubaix en 1882 et à Lille en 1889. plusieurs concurrents ne savaient pas écrire ; aussi leur avait-on donné des secrétaires. A Lille et à Roubaix, bon nombre de chansonniers populaires ont été ou sont ouvriers et cabaretiers ; et, à l'occasion, ils ne se font pas trop tirer l'oreille pour dire une ou deux chansons. A Lille, Charles Decottignies, avant son entrée au chemin de fer du Nord comme graisseur, puis conducteur, était ouvrier corroyeur. Son établissement de cabaretier qui existe encore sous son nom, a pour enseigne Au Chansonnier Lillois. De temps à autre, il adressait à ses clients des cartes commerciales. Voici le teneur de l'une d'elles

A TITRE DE SOUVENIR POUR 1876
Ch. Decottignies, cabaretier par besoin, chansonnier par goût
et chanteur... par don
Distribution instantanée de bière et vers pour fêtes,
baptêmes, mariages, enterrements et noces.
Témoin aux naissances, unions conjugales et décès. Place Rihour, 17, à Lille.

Alexandre Desrousseaux
La Revue du Nord 1892

***

Charles Decottignies est né à Lille, dans le quartier Saint-Sauveur, rue du Petterinck, le 22 novembre 1828. Il est le fils d'Alexandre Joseph, cabaretier, né à Roubaix en 1783 et Augustine Philippine Françoise Schaepelynck, née à Lille en 1797. Il est filtier quand il épouse Charlotte Louise Regrigny (1830-1869) à Lille le 22 novembre 1853, fille d'un couple de journaliers. Après le décès de Charlotte, il épouse Sophie Augustine Lafra, à Valenciennes le 16 juillet 1874. A son décès, les témoins (son frère Hector et Alexandre Desrousseaux) le déclare "chansonnier lillois".

Christian Declerck

Grâce à Gallica nous avons accès aux nombreuses chansons qu'il a publiées, en voici quelques unes :




Les cabarets de Lomme : chanson en patois de Lille chantée par la Société des bons buveurs de la Clef des Champs à Lomme / signé : Ch. Decottignies

Les Emplois du chemin de fer mis en chansons, par Ch. Decottignies,...




Les combats de coqs : chanson lilloise / par Ch. Decottignies




Le quartier Saint-Sauveur, chanson nouvelle en patois de Lille chantée par la Société des Amis-Réunis au départ de la chasse. (Signé : Ch. Decottignies.)




L



Les autres sont ici