mardi 29 août 2017

Léon Déplanque 1896-1966

mise à jour le 29 août 2017 : la vie parisienne de Léon
mise à jour le 20 avril 2019 : quelques infos sur son ami Jules Donte

Le chanteur des rues héninois



Collection personnelle

La revue Nord France de 1953 a recueilli le témoignage d’un des derniers chanteurs ambulants de la région.
Collection personnelle
Léon Déplanque est né à Hénin-Liétard en 1896, fils de Denis, houilleur, et Augustine DESRUELLES. Il débute à l’âge de 8 ans dans les ducasses de la région. Dans les années 1920, accompagné de l’accordéoniste Jules Donte de Loos-les-Lille, il parcourt le Nord et le Pas de Calais en proposant ses chansons sur les marchés et les places des grandes villes, la première qui nous est connue concerne l'expulsion de la famille Fontaine, à Hersin-Coupigny. Dans la chanson, Léon Déplanque s'en prend à l'huissier M. Montagne, c'était une mauvaise idée car celui-ci l'a poursuivi en diffamation. Le tribunal de Béthune le condamne à 16 francs d'amendes et 1.000 francs de dommages et intérêts.
Les suivantes ont pour thème des faits divers : Le crime de Loos (1925), Le satyre d’Haubourdin (1929), Le bandit Dartois (1924), Le crime de Rouvroy-Nouméa (1934) ou la catastrophe de Courcelles-les-Lens (1929) ; ou sur des sujets moins tragiques : Vie en ménage (1922), Ah ! les belles-mères (d'autres exemples ici) ou d’actualité : Les nouviaux impôts (1928), Les glorieux défenseurs de Paris, Les chansons de la victoire, Hommage au peuple français, Oradour - vision d’horreur * (son plus grand succès, tiré à 475.000 exemplaires).
Sa fiche matricule nous révèle quelques nouvelles informations. D'abord un bref séjour en Belgique en 1930, à Wavre où il rencontre Louisa Verheyden qu'il épouse à Montigny en Gohelle en 1931. Il déménage ensuite dans la région parisienne à Colombes en 1933, puis à Argenteuil en 1934, mais revient à Hénin Liétard en 1936. Est-ce durant cette période qu'il entre en contact avec la chanteuse MISMARGUETT ?, le sosie de Mistinguett, qui interprète ses chansons : Les Femmes d'aujourd'hui ou les temps modernes, Patience ça ira mieux, Faut faire la queue mesdames !, Le cocu content ou le ménage moderne et Pauvre bidoche ou 60 grammes de viande par semaine, sur l'air "connu" Si petite : Je te vois dans mon plat si petite / Si petite, ô ma bidoche, celle-ci créée par Maryss-Lyd dans les Concerts et Music-Hall Parisiens, probablement pendant la guerre.

Collection personnelle
Son accompagnateur, l'accordéoniste Jules Donte, né à Loos-les-Lille en 1894, émigre aussi à Paris. En 1923 il est domicilié 17 impasse Montferrat, il revient à Halluin en 1930, mais retourne à Paris en 1930, 17 rue de Chaumont. Il y épouse Rose Guignet en 1933 dans le 19e arrondissement, il a comme témoin Alexandrine et Alphonse Plot, chanteur lyrique, le marié est musicien ambulant. Il meurt l'année suivante à l'hôpital Lariboisière.
Le développement de la radio et du cinéma porte un coup fatal à cette corporation, Léon Déplanque abandonne le métier après la guerre et se retire à Lens. Il décède à Billy Montigny en 1966. Son fils Léon (1920-2005) a exercé pendant quelques années le métier de chanteur comique sous le pseudonyme de Léo MAX.

Léo Max
Collection personnelle

Dans les collectages on retrouve souvent ces chansons colportées par des chanteurs de rue, elles faisaient partie du répertoire des chanteurs amateurs qui animaient les réunions de famille. Souvent on les prend pour des chansons traditionnelles. Pour moi elle font partie de la culture populaire, surtout, comme ici, quand leur auteur n’est pas un lettré.

Christian Declerck

* lire en complément Oradour-sur-Galne, ultime exemple d'une tragédie chansonnée ?, par J.-F "Maxou" Heintzen, in D'onte ses ? D'où es-tu ?, revue du Cercle Généalogique, historique et Héraldique de la Marche et du Limousin, à paraître courant 2016

Téléchargez la copie de l'article ici NOUVEAU LIEN


Léon Déplanque à la batterie
Collection personnelle



collection personnelle


Je possède plusieurs de ses partitions avec les paroles sur un timbre à la mode
- Allons… Proserpine ?, sur l’air Avec ça mam’zelle
- L’amour… au cinéma, sur l’air Un air américain
- La chanson des malheureux, sur l’air Une chanson dans la nuit
- L’cocu contint, satisfait et battu, en patois héninois, sur l’air La faute à papa
- Le cocu content ou le ménage moderne, air connu
- Le dernier baiser d’une mère, sur l’air Du gris
- Faut faire la queue mesdames !, air connu
- Les femmes d'aujourd'hui, air connu
- Les femmes et la mode ou L’envie de toilette, sur l’air Lison Lisette
- Hommage à l’armée rouge ou les vainqueurs de Berlin, sur un air connu
- Je n'veux pas marcher, sur l'air Fi…fine, Fi…fine
- Joséphine aussi ou Elle fait toujours comme moi, sur l’air Marguerite aussi
- Lison la rouge ou La femme à tout le monde, sur l’air Paris
- La marche Franco-Russe, La glorieuse avancée de l'Armée Rouge sur Berlin, air connu
- Les nouviaux impôts, en patois héninois, sur l'air La robe à carreaux
- Ne frappe plus maman ou Cœur de gosse, sur l’air Cœur de lilas
- Gloire à l'armée rouge, au vaillant peuple soviétique ! Sauveur du monde !, air connu
- On nous avait promis, sur l'air La valse des mouches
- Oradour, vison d’horreur ou Ils ont tué mon père, sur l’air Le chant du guardian
- L’orphelin ou Le bon cœur d’un mutilé, sur l’air On m’appelle Frisson
- Pardonne ma jolie, musique de Jules Donte
- Pauvre bidoche ou 60 grammes de viande par semaine, air connu (Si petite)
- Pauvres enfants de la misère ou Les petits fils d’ouvriers, sur l’air Le sourire d’une femme
- Pauvre maman, tiré des films russes « Arc en ciel » et « Camarade ». « Cette chanson est dédiée aux vaillants partisans de la grande Russie, pour leur courage héroïque pendant la guerre contre les assassins nazis tueurs de femmes et d’enfant. » sur un air connu
- Patience, ça ira mieux, air connu
- Pour sa mère mourante, sur l’air Quand on a le bonheur d’être aimé
- Le p’tit béguin, sur l’air Ferme la porte
- Rendez-moi ma maman (la lettre d’un petit garçon à l’amant de sa mère qui abandonna père et enfant), sur l’air Quitte Paris
- Souviens-toi du passé, sur l’air Tu voudrais me voir pleurer
- V’là l’bon tuyau ou Prenez garde à l’amour, sur l’air Choisi Lison
Une copie des paroles est à votre disposition sur simple demande

mardi 15 août 2017

Trophée capitaine Hayet 2017

Mise à jour le 31 août 2017 : ajout vidéo de Jean-Jacques Révillion + vidéo OPCI



à virer au cabestan
photos : Maiwenn Briend


La septième édition du concours de chants de marins organisé par l’Office du Patrimoine Culturel Immémoriel a eu lieu cette année à Boulogne sur Mer durant la première journée de la fête de la mer organisée tous les 2 ans. Après St Gilles Croix de Vie (1998), Paimpol (1999), Douarnenez (2000, 2002), le Golfe du Morbihan (2015), Sète (2016), c’est Boulogne sur Mer qui accueille l’événement.
Le concours s’est déroulé le 13 juillet 2017 de 11 h à 18 h sur le quai Napoléon et a permis d’écouter 40 chansons, dans les 5 catégories proposées (Complaintes et chants de veillée, chants de travail, chants à virer au cabestan ou au guindeau, chants à danser, chants à hisser) et a vu défiler des groupes, duos ou solistes venant de Bretagne, de Normandie, de Vendée, des Hauts de France, et même de la Guadeloupe…

Les matelots des Soleils Boulonnais

Ce Trophée, qui porte le nom d’un des premiers collecteurs de chants de marin, le capitaine Hayet comporte un jury de spécialistes du genre, présidé cette année par Patrick DENAIN, du groupe « Marée de Paradis » et récompense 8 lauréats qui se voient remettre chacun un bateau en bouteille, travail de matelotage réalisé « à l’ancienne » par un spécialiste du genre, Henri RANNOU.
Le trophée de Boulogne était dédié à Michel LEFEVRE (voir en bas de page), membre du groupe folklorique « les Soleils Boulonnais ». Et pour cause : ce Monsieur a effectué depuis son départ en retraite et jusqu’à sa mort survenue en février 2014 un remarquable travail de collecte des chants traditionnels du Boulonnais.
Les locaux de l’étape boulonnaise se sont plutôt bien comportés puisque 4 trophées ont été attribués à des groupes ou solistes régionaux : en effet, les matelots et matelotes des Soleils Boulonnais (Boulogne sur Mer 62), la chorale de l’Ecole d’apprentissage Maritime (Grand Fort Philippe 59), La Bricole (Lille 59), et Jean Jacques Révillion (Cappelle en Pévèle 59) ont été récompensés, ce qui représente la moitié des trophées proposés. Et puisque nous sommes sur un Blog intitulé « archives du folk 59-62 », permettez moi de revenir sur le répertoire régional interprété à cette occasion :

- Les matelots des Soleils Boulonnais ont chanté « sur le corsaire de Boulogne nommé le Furet », un chant tiré d’un cahier de chanson manuscrit d’Auguste LAFOIREZ, de Boulogne retrouvé par Michel LEFEVRE. Commencé le 3 septembre 1798, ce recueil comporte 72 textes. Cette chanson a été publiée dans « le camp de Boulogne en chansons » en 2002.

Les matelotes des Soleils Boulonnais

- Les matelotes des Soleils Boulonnais ont, quant à elles, interprété « M’tit marchann ed’ pichon », paroles et musiques de Michel LEFEVRE, qui ne se contentait pas de collecter mais était lui aussi chansonnier !
- La Chorale de l’Ecole des apprentissages Maritimes a chanté « Partons la mer est belle », dont Michel LEFEVRE a collecté deux versions, l’une boulonnaise, et l’autre étaploise, publié dans son  recueil « Chants de Marins de la Côte d’Opale » publié en 2004.

La Bricole

- La BRICOLE , groupe composé de Vincent BRUSEL (chant, mandoline), Julien BIGET (bouzouki) et Olivier CATTEAU (accordéon diatonique) remplacé pour la circonstance par Margaux LIENART (violon) a chanté « le chant des quatre prisonniers », du cahier de chansons d’Auguste FOURNIER, d’Etaples, et publié par… Michel LEFEVRE dans son ouvrage « Chants de Marins de la Côte d’Opale ».


Jean-Jacques Révillion

- Jean-Jacques REVILLION a interprété « La belle Hollandaise », chanson flamande publiée en 1939 à Bruxelles par le Dr Jan BOLS qui l’a recueillie auprès d’un marchand de pipes ambulant originaire de Poperinge (B). En flamand à l’origine, elle a été traduite en Français par Jacques Yvart et Raymond Declerck (qui n’est autre que le père de Christian bien connu pour être le créateur de ce blog)
Mais on a aussi entendu chanter lors du trophée par un groupe extra régional (femmes de marins) « Marcherot de Dunkerque », qui n’est autre que le célèbre « Ali Alo pour Machero » collecté a Dunkerque par Edmond de Coussemaeker au XIXe siècle…
N’oublions pas de préciser pour finir que ce trophée a été présenté et commenté toute la journée par l’infatiguable Michel COLLEU, grand collecteur et connaisseur du répertoire de chant de marin, directeur de l’OPCI, et membre du groupe « l’Armée du Chalut ». Il a aussi organisé et animé le stage de chants de marins qui s’est déroulé les 10 11 12 juillet, et qui de l’avis général, fut un grand moment de partage.

Le 27 juillet 2017
Jean Jacques Révillion.





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les gagnants 2017



Palmares de la 7e édition
du trophée capitaine HAYET

Jeudi 13 juillet 2017 
L’édition 2017 du Concours de chants de marins Trophée Capitaine Hayet a eu lieu dans le cadre de la fête La Côte d’Opale fête la mer à Boulogne-sur-Mer. Organisé par l’OPCI et accueilli dans le cadre de la neuvième édition de la grande fête maritime qui se tient tous les deux ans à Boulogne-sur-Mer le Trophée Capitaine Hayet 2017 s’est déroulé sur le quai du bassin Napoléon. De 11h à 18 h. Il a permis d’entendre 40 chansons, réparties dans les cinq épreuves du concours : « Chants de ports, de veillées et de gaillard d’avant », « Chants des travailleurs de la mer », « Chants à danser », « Chants à virer au cabestan », « chants à hisser », et présentées par les concurrents 2017. Les groupes : Vareuses porteloises, Vent de Noroise, Les matelottes des Soleils Boulonnais, Les Matelots des Soleils Boulonnais, L’air Hâleur, Barachois, Tricorne, Dao Dao, Chorale de l’Ecole d’Apprentissage Maritime, La Bricole, Les Bons z’Enfants d’Etaples ; et les chanteuses et chanteurs : Mireille Hacquet, Marie-Geneviève Rano, Benoît Lemiègre, Eric Courville, Raymond Phuez, Césaire Berchel, Felipe Uribe.
Le jury 2017 était composé de Patrick Denain (Fécamp), Pascal Servain (Fécamp), Geoff Kaufmann (Mystic Seaport, USA), Antoine Quaguebeur (animateur à Radio Uylenspiegel, Cassel), Gaël Rolland, (Rennes), Bernard Subert (Parthenay). Les prix du Trophée étaient huit bateaux en bouteilles réalisés et offerts par un des maîtres du genre : Henry Rannou, de Quimperlé. Le Trophée a été présenté par Michel Colleu de l’Office du Patrimoine Culturel Immatériel, association organisatrice du Trophée. 
Voici les gagnants de l’édition 2017 : 
- La Bricole (répertoire du Boulonnais) 
- Les Soleils Boulonnais (Boulogne-sur-Mer, 62) 
- Chorale de l’Ecole d’Apprentissage Maritime (Grand-Fort-Philippe, 59) 
- Césaire Berchel (Paris, répertoire de Guadeloupe) 
- Jean-Jacques Revillion (Cappelle-en-Pevélle, 59, répertoire de Flandre) 
- Eric Courville (Ingre, 45, répertoire de Normandie) 
- Raymond Phuez (Douarnenez, répertoire de Cornouaille) 
- Marie-Geneviève Rano (Le Sel-de-Bretagne, 35) 
Deux prix spéciaux ont été attribué : à Felipe Uribe, de Bilbao (Pays basque) : prix d’encouragement à ce jeune chanteur, et à Geneviève Rabanit : prix pour l’originalité du répertoire (complainte du Havre). 
Le Trophée Capitaine Hayet s’est tenu aux Fêtes du chant de marin de Saint-Gilles-Croix-de-Vie (1998) et Paimpol (1999), aux fêtes maritimes de Douarnenez (2000, 2002), à la Semaine du Golfe (2015), à Escale à Sète (2016). Au-delà de la grande diversité des ports qui ont accueillis ce concours, chaque édition a eu ses spécificités. L’édition 2017 a été particulièrement riche en complaintes, sans oublier les chants à virer, menés autour du cabestan de l’association Phare-Ouest (de Cancale) installé pour l’occasion. 
Renseignements complémentaires auprès de Michel Colleu, OPCI, 06 34 96 03 13 
Le Trophée Capitaine Hayet 2017 a été organisé par l’OPCI avec la participation de La Ville de Boulogne-sur-Mer, organisatrice de la fête, et la Fédération Régionale pour le Patrimoine Maritime Nord-Pas-de-Calais / Picardie, partenaire d’organisation de la fête La Côte d’Opale fête la mer à Boulogne-sur-Mer. Avec le soutien de la revue Chasse-Marée

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Trophée Capitaine HAYET, 2017 à Boulogne sur mer
hommage à Michel LEFEVRE (1932-2014)

Michel Lefèvre
photo X

Natif de Saint Martin Boulogne et cadre bancaire, Michel LEFEVRE se passionne très tôt pour la musique populaire traditionnelle. Membre de l’harmonie municipale de Saint Martin Boulogne pendant de nombreuses années, ainsi qu’accordéoniste du groupe folklorique alsacien de Lingolsheim; de retour en retraite à Boulogne, il décide de se consacrer au collectage des chansons et musiques populaires de la Marine du Boulonnais, en commençant par la famille étaploise de son épouse Paulette LAMOUR. A la recherche de textes et partitions, il fréquente toutes les brocantes de la Région et explore les archives encore inexploitées de plusieurs bibliothèques dont en premier lieu celle de Boulogne sur mer. Toutes ces recherches ont abouti à la publication de nombreux ouvrages, qui sont venus enrichir un pan considérable de la mémoire collective des Boulonnais : en 1989 puis en 1990 Chants, hymnes et danses du Boulonnais du XIIIes à la période contemporaine, le cahier Chants de marins de la mer du Nord et de la Manche édité par la revue nationale Le Chasse Marée.
Michel LEFEVRE met ses recherches à la disposition de groupes et artistes mieux à même de les interpréter : Patrick DENAIN du groupe Marée de Paradis, Philippe BOULFROY, Marc GOSSELIN, Jean-Jacques REVILLION, La Maisnie Nostree, Amuseon, Vincent Brusel et La Bricole, les Bons Z’Enfants d’Etaples et bien sûr l’AMTPB et son groupe folklorique Les Soleils Boulonnais. Michel LEFEVRE fournira à ce groupe l’essentiel de son répertoire de chants et de musiques pour les danses, tout en le dirigeant en chants et l’accompagnant comme accordéoniste les premières années. De leur riche collaboration, quatre CD seront enregistrés, dont certains titres dont il est l’auteur-compositeur sont désormais entrés dans le patrimoine musical boulonnais : El vin is lèv, les chevaux boulonnais…Auteur de l’ouvrage Le patois des quartiers et des faubourgs, pendant dix ans de 1989 à 1999, sous l’égide l’AMTPB, Michel LEFEVRE a également enseigné tous les mercredi soir dans les locaux du conservatoire de Boulogne, le patois boulonnais, dans la seule expérience à ce jour d’école de patois dans notre ville. Il a également collaboré de nombreuses années aux travaux de la Société Académique du Boulonnais, qui a publié nombre de ses recherches (notamment corsaires boulonnais et prisons anglaises de 1812-1813). Avec le temps, on se rendra compte que le travail de Michel LEFEVRE pour la musique boulonnaise a été aussi important que celui que fit en son temps Ernest DESEILLE pour l’histoire de notre ville. Son seul regret sera de ne pas avoir su convaincre les élus locaux de l’organisation d’un festival de musique boulonnaise qui aurait mis en valeur la richesse et la variété musicale de notre petite province (P. A. Monsigny, J. Mouton) que les musiciens de notre ville ignorent souvent. Selon sa volonté, il a légué l’ensemble de sa riche collection d’ouvrages, documents de recherche et instruments de musique à la Bibliothèque et au service des archives de la ville de Boulogne sur mer, qui pourront constituer ainsi un fonds Michel LEFEVRE accessible à tous.

Stéphane THIRIAT




vendredi 11 août 2017

Epinette du Nord, encore

mise à jour du 11 août 2017 : ajout de la méthode d'épinette DE RUYCK, transmise par Wim Bosmans

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Les découvertes se succèdent. Récemment, Jean-Luc Matte nous a communiqué une page d'un Annuaire de la Facture instrumentale de 1921. 



Au paragraphe Epinettes, on trouve trois mentions d'épinettes du Nord. En plus de l'omniprésent Coupleux Frères, on relève deux facteurs, L. FILLET, 30 rue des Villegranges, à Paris (Les Lillas), déjà mentionné dans l'annuaire de 1913, et Gilbert RIBEAUCOURT à Somain, 32 rue Sadi-Carnot. Un troisième nom apparaît aussi, c'est P. DE RUYCK, 128 Grande Rue à Roubaix, il n'indique pas sa spécialité, mais un annuaire de 1925 nous précise qu'il fabrique des épinettes du Nord, de même qu'en 1929, dans autre annuaire. Ce qui est confirmé par cette méthode découverte récemment par Wim Bosmans, ex-conservateur au Musée Instrumental de Bruxelles. Elle comporte une douzaine de pages. Le texte de présentation et les 20 leçons progressives sont identiques à la méthode Coupleux, lequel a copié sur l'autre ? La méthode vendue par De Ruyck comporte une mélodie supplémentaire, Les Baisers, et il la propose à 50 centimes, contre un franc pour celle de Coupleux.


collection Wim Bosmans





Pierre DE RUYCK

Né à Roubaix en 1879, Pierre Deruyck est connu comme marchand d'instruments de musique (puis de disques et de TSF) à Roubaix dès 1910. Il est le fils de Pierre Joseph, fileur, originaire de Gand et Charlotte Legrand, repasseuse née à Roubaix. Il fait des études musicales au Conservatoire de Roubaix et obtient un 2e prix de saxhorn en 1890, puis un 1er prix avec médaille l'année suivante. Vers 1900 il est nommé directeur de la Fanfare l'Espérance de Roubaix et en 1904 il devient directeur de la Fanfare Cycliste du Nord Touriste (Association départementale des cyclistes du Nord).

collection personnelle


Il se produira dans la région avec ses cyclistes musiciens, et même jusqu'à Dunkerque et Malo les Bains en 1904. En 1908 il sera remplacé par un autre Roubaisien (et futur Dunkerquois), Albert Cousu, mais c'est une autre histoire. Je n'ai pas encore trouvé la date de son décès, après 1932.


Charles Deruyck


Son frère Charles, né en 1887, est aussi musicien. Mais lui poursuit ses études au Conservatoire de Paris où il obtient un 1er prix de cornet à piston en 1909 et un 1er prix de trompette en 1910. Piston solo à la musique d'artillerie de Versailles, il est membre de la Société des Concerts du Conservatoire, il en devient sociétaire en mai 1938. Il décède à Nice en 1961. Un correspondant (merci M. J.-F. Petit) m'a permis d'ajouter un autre frère à la famille, Pierre Polidor, né à Roubaix en 1872, ourdisseur vers 1900, il est luthier lors de son 3e mariage à Paris en 1924. Il décède à Paris en 1948.



Gilbert RIBEAUCOURT

Concernant Gilbert Ribeaucourt, la documentation est moins abondante.

1911


Liébert, dit Gilbert, est né à Marquette en Ostrevant en 1870. Lors de son incorporation il déclare la profession de verrier. Sa fiche matricule mentionne ses différentes adresses à Paris de 1902 à 1906, il exerce alors la profession de voyageur de commerce. En 1907 il est domicilié à Bohain en Vermandois. En 1911, à Denain, il épouse Philomène Souppart, née à Bully les Mines en 1867, il est alors domicilié à Somain et tient un commerce d'instruments de musique, profession qui est mentionnée dans les annuaires Ravet-Anceau jusqu'en 1932, toujours à la même adresse, 32 rue Sadi-Carnot. 

Annaire Ravet-Anceau 1935
source : Achives départementales du Nord


Le magasin est repris par H. Dupire vers 1933. Pas de mention publicitaire d'épinette du Nord, autre que celle de l'annuaire de la facture instrumentale. Mais ces publicités régionales et parisiennes, témoignent de la demande très forte pour cet instrument à cette époque.

Christian Declerck