samedi 13 décembre 2025

Patrick DENAIN 1950-2025

mis en ligne le 15/7/2025
mise à jour le 23/7/2025 : ajout d'infos sur sa mère
mise à jour le 13/12/2025 : ajout de liens, merci à Jean-Luc Vigneux 

Je viens d'apprendre son décès et découvrir en même temps ses attaches avec notre région.

photo Edmond Olek

De son vrai nom Patrick CAÏAZZO, Patrick Denain est né à Mazingarbe (62) le 19 septembre 1950, il est décédé à Tocqueville les Murs (76) le 16 février 2025. Sa famille paternelle est originaire de Marseille, son arrière-arrière-grand-père Louis Caïazzo était un meunier des Abbruzzes. Sa mère, Louisette FARCY, est née à Lens en 1926. Elle est actrice lors de son premier mariage à La Madeleine en 1945 avec le comédien Albert Dinan, le couple divorce fin 1949. La famille maternelle est enracinée dans le Pas-de-Calais, autour d'Hesdin pour une branche et d'Arras pour l'autre. Patrick DENAIN a toujours été très attaché à sa région natale. Il enregistre son premier disque au studio du Bras d'Or à Boulogne sur Mer.
Avec son acolyte Serge Lelièvre, puis avec le groupe Marée de Paradis, il était un habitué du festival les Bordées Dunkerquoises, depuis le premier en 1989 quand c'était le festival de Chansons de Mer et Chants de Marins.
Un article publié en 2008 dans Trad Magazine nous le décrit : Natif du nord de la France, Patrick a toujours vécu dans un environnement artistique. Avec un père chanteur à l'époque des zazous et une mère comédienne au célèbre cabaret l'ABC, il est normal que toute sa vie soit imprégnée de chansons et de rencontres. […] Sa carrière a commencé dès l'âge de 14 ans à la terrasse des restaurants, où il interprétait Jacques Douai, Brassens, Brel… Présent sur les scènes de France et d'ailleurs depuis les années 70, Patrick a toujours cotoyé le dommaine des chansons et musiques traditionnelles, au sein des différents groupes comme Marie Brûlée et aujourd'hui Marée de Paradis […] (Gérard Viel).
 



J'ai choisi cet extrait de son premier disque : Chansons de marine et de mariniers, sorti en 1981. Le texte est d'André Devinck et la musique de Jacques Yvart : le Cabaret des Minteux.

 


 Patrick Denain vient de disparaître et nous sommes tristes… Puits de science en matière de culture maritime comme en ce qui concerne la chanson réaliste, il est aussi l’interprète hors pair de ces répertoires, capable de nous emmener dans des récits incroyables tout comme d’embarquer un public entier en concert.

 Un temps enseignant, il a assez vite pris des chemins buissonniers pour s’adonner à la chanson, à laquelle il a consacré sa vie. Il a une passion en particulier pour les répertoires qui parlent du peuple, celui des ports comme celui des rues, milieux interlopes qui évoluent à l’ombre des tavernes enfumées, des coins de trottoir qu’arpentent gagneuses et mauvais garçons dans des destins fragiles et souvent tragiques, menant des coups de surin au bagne. Autour de ces univers se constitue son oeuvre musicale. D’abord en solo : il chante ses propres compositions (notamment sur son Pas-de-Calais natal) et puise aussi dans les textes de Pierre Mac Orlan cette veine populaire qui lui tient tant à cœur. […]
Yvon Davy La suite

******
 
A la lecture du blog, j’apprends le décès de Patrick Denain en février dernier les informations glanées à son sujet son fort instructives. Pour ma part (sans l’avoir rencontré) je le connaissais pour l’interprétation chantée, que je trouve poignante, d’un poème d’Achille Saletzki (1881-1904) «  La mort du galibot »
C'est ICI
J.-L. Vigneux 




vendredi 12 décembre 2025

Pépino, chanteur des rues

mise en ligne le 3/12/2010
mise à jour le 12/11/2023 : ajout d'un placard bilingue
mise à jour le 12/12/2025 : ajour d'un feuillet 1939 


Thomas Joseph BARAS, dit Pepino, né à Wavre (Belgique)
merci à la Bibliothèque Municipale de Valenciennes
qui m'a aidé à découvrir celui qui se cachait derrière ce pseudonyme.


collection personnelle

Fils de Jacques, cordonnier, né à Wavre et Marie Josèphe Wanesse, il est né le 2 décembre 1881 dans le quartier de la Basse Wavre.

Les nombreux petits formats que l’on retrouve dans la région sont le témoignage de l’intense activité de ce chanteur ambulant. Quelques uns, provenant de Belgique - imprimés à Namur, Bruxelles ou Charleroi - semblent être antérieurs à son séjour dans la région.
Il s’installe à Valenciennes vers 1926 où il réside à cinq adresses différentes : rue Derrière la Tour, rue Gustave Crauk, cité Lebrun, avenue Sénateur Girard et boulevard Froissard. En 1928 il est à Béthune.

collection personnelle

Ses publications des années 1926/28 ne diffèrent pas de celles des autres chanteurs ambulants, les chansons sentimentales dominent ; il se fait une spécialité de chansons sur les belles-mères qui sont un vrai succès - plus d’un million d’exemplaires vendus affirme-t-il dans sa publicité - et, comme pour ses confrères, l’actualité est aussi une source d’inspiration : il a écrit des chansons sur le crime de Bohain, une octogénaire assassinée le 15 décembre 1926 et sur l’exécution de Nicolas Sacco et Bartolomeo Vanzetti le 23 août 1927. En 1931 il écrit une chanson sur la catastrophe du Saint-Philibert.

Collection personnelle

C'est peut-être lui que l'on retrouve quelques années plus tard à Paris où il chante et danse dans la revue du Casino de Paris La Joie de Paris avec la chanteuse et danseuse Gavel et surtout aux côtés de Joséphine Baker qui menait cette revue créée en 1932.


collection personnelle

On sait également qu’il a collaboré quelques temps avec l’accordéoniste et compositrice Paula Chabran (Marseille 24/10/1892 - Moissac 7/05/1981) pour qui il a écrit de nombreuses chansons dont le grand succès Madïana.

Paula Chabran et Charlys, son second auteur
collection personnelle

Un placard de chansons imprimé à La Louvière (B) chez Charlier-Wery, trouvé récemment, nous apprend qu'il exerçait toujours son métier au début de la seconde guerre mondiale.



Ces chansons étaient reprises et vendues par d'autres chanteurs ambulant comme ici à Lille vers 1910 à la Braderie
source : Le Nord Illustré


Listes de ses chansons
source : collection personnelle

À la mémoire de l'abbé Lemire (collection maison de l'Abbé Lemire, Hazebrouck)
Ah ! c' que j' voudrais être coq !
Ah ! les belles-mères !, air : Ah ! les grandes femmes
Ah ! les femmes d'aujourd'hui !

Ah ! les fermiers, air : l'Amour est passé près de vous
Ah ! Nana !, sur un motif de l'opérette "La haut"
Amour ne dure qu'un temps (l'), air : Reviens

Au secours des enfants des villes, air : On n'a pas tous les jours vingt ans
Baisers d’une maman (les), air : Riquita
Bas de soie (les), air : Naïdja
Beaux Serments d'amour (les)
Belle-maman danse le charleston, air : Olga Olga
Belles mères (les), air : Le trompette en bois
Bengala
Ca fait pleurer les mamans, air : Une chanson dans la nuit 
Le calvaire du mineur, air : La valse d'amour de Ch. Babin
Ca va mal tout augmente ! air : Y a des loups
Calcutta, air : Bilbao
Gutenberg
Caroline de mange pas ça !
Ce sont des gueux !..., air : Dolorita
Célèbre fox-trot du baiser (le), air : les baisers
Célina, air connu, canchon in patois
Chochote
Deux mineurs égorgés dans la région de Lens, air : Si tu savais combien je t'aime (novembre 1927) collection Raymond Pouly, publiée dans Gauheria n°61
Devant les héros, air : La terre a parlé
Dis papa ?, air : Viens Maman
Djellaiah

Du talc dans la farine, air : Le temps des Cerises
Elle avait un p'tit grain de beauté, air : Elle avait une robe à carreau
En dansant le fox-trot, air : Tout en dansant le fox-trot
En dansant le Shimmy, air : Venez danser le Shimmy
Femmes et les fleurs (les), air : Les fleurs que nous aimons
Feummes d'ach'teur et leu pauv's hommes (les), air : Elle danse le charleston
Folie du jass-band (la)


collection personnelle

Une guérison qui tombe mal, air : Musique de chambre
Homme est un polichinelle (l'), air : Polichinelle
Horrible crime de Bohain, air : Y a des loups

Horrible tragédie de Saint-Thégonnec, air : Une chanson dans la nuit
I n' faut pas s'in faire su c' monde-ci, air : Elle avait une robe à carreau
Il a toudi s' bâton dins s' main, air : Sa p'tite valise à la main
Il faut payer, M'ssieurs les Prussiens !, air : Mam'zelle la Victoire
Il rigolait comme une baleine, musique de Pépino
J’ai enn’ femme qui s’ fout d’ mi !, air : très connu

J'aime mieux ça, air : Ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine
J'ai rêvé une nuit, air : J'ai rêvé d'une fleur
Je n'ai qu'une maman
J'os' pas faire ça !, air : Olga Olga
L'amour, le mariage et l'divorce !, air : Noir et bleu
Ma belle gosse, air : O viens, ma gosse
Madame, n'allez plus chez l' guérisseur !
Madïana
Mais voilà ce n'est pas encore la mode, air : Gitana
Maman n'veut pas !, air : Lune d'amour
Manolita

Le marché noir, air : Le plus beau tango du monde


collection personnelle

Marche des cocus (la), air : La Marche des Poilus
Marguerite, air : Arthémise
Maria ! Maria !, air : Olga ! Olga !
Le mineur est un héros, air : L'amour est passé près de vous

Moi j'ai une belle mère !, air : en plus petit
Mon p'tit, air : Du gris
Mon p'tit gars, air : Miralda
Nos "honnêtes" cultivateurs, air : l'amour est passé près de chez vous
Much' tes guampes, Clémentine !, air : Valentine
N' vous mariez pas !
Naufrage du St-Philibert (le), air : Une Simple Poupée
Ne pleures pas, petit' maman, air : Sur le trottoir

N'oubliez pas nos captifs, air : Au bal de l'Amour
On n's'en fait pas !, air : avec le sourire
On s'fout d'nous
Ouïe ouïe ouïe, y a plus d'houille, air : Au-delà des nuages
Oui, mais... elle danse le charleston !, air : C’est si gentil, les hommes
Pensons à nos prisonniers, air : Au bal de l'Amour
P'tit's femmes de Valenciennes (les), air : Sur les bords de l'Atlantique
Petite maman que je t'aime, air : Dis-moi pourquoi je t'aime
Petite maman si tu savais ...
Petite mère chérie ...
Portrait d'une maman (le), air : Si tu savais combien je t'aime
Pour mon gosse, air : A Sorrente un soir
Pour plaire à Mélanie, air : L' jolie loucheuse
Pourquoi m'avoir tué mon homme ?, lettre de Mme Sacco au gouverneur Fuller air : Si tu savais combien je t'aime
Quelle misère ! quel bazar !, air : Bel ami

Qu'elle sale invention, les belles-mères ! [sic], air : Le trompette en bois
Quand ej' vos passer Maria, air : Soleil marocain
Quand les roses sont mortes
Quelle misère ! quel bazart !!, air : Bel ami
Rendez-moi mon papa, air : Au-delà des nuages
Repentir, air : Souvenir
Rien à faire em' maman n' veut point, air : Boudou ba da bou
Reviens ... petite Mimi
Si té voulos dév'nir em' bonne amie !
Supplication, air : Primerose
Sur un air de black-bottom, musique de Pépino
Swing et Zazou !, air : Le chapeau de Zozo
Une Guérison qui tombe mal, air : Musique de Chambre
Valse des trottins (la)
Valsez ! trottins légers
Viens Nénette, air : Mimosette
Y a d' la baisse !, air : Y a trois filles à Saint Quentin


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Plusieurs feuilles volantes imprimées en Belgique sont conservées à l'Institut d'Histoire Ouvrière Economique et Sociale, voici le relevé des titres :

La Louvière : Impr. L. Charlier-Wery, les succès du jour de la revue jouée par Pépino et Berthe Ballas, les célèbres duettistes belges
- N'vous mariez pas ! / paroles de Pépino ; air : Faites-ça pour moi 
- L'amour au revolver / paroles de Pépino et Gilberte Ballas ; air : Tant qu'il y aura des coqs 
- Le portrait de maman / paroles de Pépino ; air : Si tu savais combien je t'aime
- Les oiseaux de nuit / paroles de Pépino et G. Ballas ; air : Gigolette-fox
- À Naples la jolie ! / paroles de Pépino ; air : Venise la jolie" ; 
- Bengala / paroles et musique de Pépino" ; 
- Ma Rose chérie / paroles de Pépino ; air : Ma Rose Marie 
- Ca fait pleurer les pauvres mères / paroles de Pépino ; air : L'étoile du matin
- Pour mon gosse / paroles de Pépino ; air : À Sorrente, un soir
- Carmencita / paroles de Pépino ; air : Alleluia
- Ah ! les femmes d'aujourd'hui / paroles et musique de Pépino
- Le charleston / paroles de Pépino ; air : C'est si gentil les hommes
- Les baisers d'une maman / paroles de Pépino ; air : Riquita
- C'est toujours l'ouvrier qui paye ! / paroles de Pépino ; air : Mon Paris


La Louvière : Impr. L. Charlier-Wery 
- L'horrible catastrophe d'Estinnes-au-Val ou Le coup de grisou d'Estinnes-au-Val / paroles de Pépino ; air : Nuit de Rio
- C'est toujours l'ouvrier qui paye ! / paroles de Pépino ; air : Mon Paris
- En dansant l'black-bottom / paroles de Pépino ; air : Elle a mis son smoking
- Sous le soleil du Maroc / paroles de Pépino
- Le charleston / paroles de Pépino
- Ton Paris / paroles de Pépino
- Mona delza / paroles de Pépino ; air : Primavera
- Gloire à Lindbergh / paroles de Pépino ; air : Mon Paris
- L'exilé et l'hirondelle ou Les deux amis / paroles de Pépino ; paroles et musique H. Simoens
- Nungesser : la fin d'un beau rêve / paroles de Pépino ; air : Rien qu'une nuit
- J'ai l'béguin pour Séraphine / paroles de Pépino ; air : Barcelona
- Les baisers d'une maman / paroles de Pépino ; air : Riquita
- C'est pour toi / paroles de Pépino ; air : Souviens-toi
- Marizita / paroles de Pépino ; air : Marquita

Sans lieu,  sans date
- Le Calvaire du Mineur / paroles de Pépino ; air : La valse d'amour
- Pardonne et souris-moi ! / paroles de Pépino ; musique de Omer Lambillotte
- Quand vient la vieillesse / paroles de Pépino ; air : Le temps des cerises
- Vive l'Exposition ! : Liège 1939 / paroles de Pépino ; air : Viva Mussolini
- La Détresse des chômeurs / paroles de Pépino ; air : Plaisir des bois
- L'image chère / paroles de Pépino ; air : Si tu savais combien je t'aime
- Sois heureuse petite mère ! / paroles de Pépino ; air : La valse d'amour
- Gosse de misère / paroles de Pépino


Charleroi (18, av. de Waterloo) : Impr. Édouard François
- En parlant l'anglais ou Englisch cocufing ? / paroles de Pépino ; air La Baya
- Tous en grève / paroles de Pépino ; air La marche des hommes bleus
- Comme au temps des All'mands / paroles de Pépino ; air Reviens vers le bonheur

Liège : [Maison Joseph Halleux]
- Les femmes et la mode / chanson satirique de Pépino ; air : Celle que j'aime est parmi vous
- Ah ! les Belles-mères !" / paroles de Pépino ; air : Al ! les grandes femmes
- Maman n'veut pas ! / chansonnette de Pépino ; air : Lune d'amour

La Louvière : Impr. L. Charlier-Wery, les gais refrains de Pépino
- Du talc dans la farine / air : Le temps des cerises
- Au secours des enfants des villes / air : On n'a pas tous les jours vingt ans
- N'oublions pas nos captifs / air : Au bal de l'amour
- Ah ! les fermiers / air : L'amour est passé près de vous
- Une guérison qui tombe mal / air : Musique de chambre
- Quelle misère ! Quel bazar ! / air : Bel ami
- Swing et zazou / air : Le chapeau de Zozo
- J'aime mieux ça / air : Ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine
- Rendez-moi mon papa : lettre au bon Dieu d'un enfant dont le père est mort au champ d'honneur / air : Au-delà des nuages
- Le mineur est un héros / air : L'amour est passé près de vous

La Louvière : Impr. L. Charlier-Wery les derniers succès de Pépino
- Dans la rue des radis / paroles de Pépino ; air : Sous les ponts de Paris
- Le marché noir / paroles de Pépino ; air : Le plus beau tango du monde
- Les plaisirs du ravitaillement / paroles de Pépino ; air : L'amour est passé près de vous
- Au secours des enfants des villes / paroles de Pépino ; air : On n'a pas tous les jours vingt ans
- N'oublions pas nos captifs / paroles de Pépino ; air : Au bal de l'amour
- Ah ! les fermiers / paroles de Pépino ; air : L'amour est passé près de vous
- Une guérison qui tombe mal ! / paroles de Pépino ; air : Musique de chambre
- Quelle misère ! Quel bazar ! / paroles de Pépino ; air : Bel ami
- Swing et zazou / paroles de Pépino ; air : Le chapeau de Zozo
- Rendez-moi mon papa : lettre au bon Dieu d'un enfant dont le père est mort au champ d'honneur / paroles de Pépino ; air : Au-delà des nuages
- Le mineur est un héros / paroles de Pépino ; air : L'amour est passé près de vous

La Louvière : Impr. L. Charlier-Wery, les dernières créations de Pépino
- Ouïe, ouïe, ouïe, y a plus d'houille / paroles de Pépino ; air : Au-delà des nuages
- Pensons à nos prisonniers / paroles de Pépino ; air : Au bal de l'amour
- Nos "honnêtes" cultivateurs / paroles de Pépino ; air : L'amour est passé près de vous
- J'ai rêvé... une nuit / paroles de Pépino ; air : J'ai rêvé d'une fleur
- Une guérison qui tombe mal ! / paroles de Pépino ; air : Musique de chambre
- Quelle misère ! Quel bazar ! / paroles de Pépino ; air : Bel ami
- Rendez-moi mon papa : lettre au bon Dieu d'un enfant dont le père est mort au champ d'honneur / paroles de Pépino ; air : Au-delà des nuages
- Le mineur est un héros / paroles de Pépino ; air : L'amour est passé près de vous
- Le calvaire du mineur / paroles de Pépino ; air : La valse d'amour
- J'aime mieux ça / paroles de Pépino ; air : Ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine
 

Collection association Ritournelles et Manivelles, merci à Arnaud pour le partage 

Bruxelles (64, rue des Capucins) : Maison Florent Fiocchi
- L'enfant du chômeur / paroles et musique de Pépino" 

+ même éditeur, collection association Ritournelles et Manivelles, merci à Arnaud pour le partage et Jean-François "Maxou" Heintzen pour le lien
C'est un enfant d'Espagne, chanson humanitaire / Een Kind uit Spanje, air : l'amour a passé près de vous
- L'empoisonneuse de Liège / De Gifmengster van Luik, air : Bohémienne aux grand yeux noirs

Nouvelle adresse : Braine Lalleud, chaussée d'Alsemberg, avec Lyda HUBER
Les chansons du poilu français 
- La ligne Maginot, air La Madelon
- Staline a bouffé tout l'gâteau !, air L'amour a passé près de vous
- Varsovie la martyre !, air Bohémienne aux grands yeux noirs, paroles du Sergent Polart
collection association Ritournelles et Manivelles, merci à Arnaud pour le partage 
 
 

vendredi 5 décembre 2025

Alexandre Desrousseaux

Mise en ligne le 24/1/2010
mise à jour le 5/12/2025 ajout de liens sur le texte de la revue 1932
 
 
En 1982 la ville de Lille fête le cinquantenaire de son beffroi. A cette occasion elle publie un disque hors commerce produit par les éditions Déesse – Septentrion.
Avec les interventions de René Pillot (directeur du théâtre La Fontaine), Nellie Laurence (chanteuse), Cyril Robichez (directeur du Théâtre Populaire des Flandres), André Georgian (chanteur), Jean-Louis Martin-Barbaz (directeur du Centre Dramatique National Nord Pas-de-Calais), Marief Guittier (du théâtre de la Salamandre), Jean-Pierre Heymann, Jean-Claude Casadesus, Liliane Ledun, Gilles Defacque, Daniel Hanivel, Henri Gallois, Robert Lefebvre.


Cliquez pour agrandir

On y trouve deux plages en rapport avec le thème de ce blog :
- Jacques Lannoy (carillonneur de Douai) joue sur le carillon ambulant régional Le Petit Quinquin d’Alexandre Desrousseaux
- un extrait du spectacle "La Revue" par la Compagnie Jean-Marc Chotteau qui chante La Bière d’A. Desrousseaux, accompagné par Laurent Claeys (violon), Eric Dehenne (piano) et Patrice Heuguebart (accordéon).

pour les représentations, Laurent est remplacé par Gérald Ryckeboer
La Revue a été diffusée sur FR3 Nord-Picardie, le 31/8/1983

source : Le Progrès de Cornouaille

Les premières pages de La Revue ou 1932 sont disponible  ICI
 
source : Gallica

source : archives municipales de Lille

Le p'tit quinquin et La bière


.o0o.

On m'a demandé de mettre la totalité du disque

01-Le petit quinquin
Jacques Lannoy joue sur le carillon ambulant régional le petit quinquin de Alexandre Desrousseaux

02-La légende de Lydéric et Phynaert
La légende de Lydéric et Phynaert contée par René Pillot Directeur du Théâtre La Fontaine, Centre Dramatique National, Nord Pas-de-Calais, de l'Enfance et de la Jeunesse

03-Ville de Lille
Nellie Laurence chante Ville de Lille - Michel Robakowski - J.C. Daigle - arrangement J. Buisine

04-Le plat pays
Cyril Robichez dit Plat Pays de Jacques Brel

05-La bière
Extrait du spectacle La Revue par la Cie Jean-Marc Chotteau qui chante La Bière d'Alexandre Desrousseaux - Laurent Claeys (violon) - Eric Dehenne (piano) - Patrice Heuguebart (accordéon)

06-Le temps des cerises
Jean-Louis Martin-Barbaz, Directeur du Centre Dramatique national Nord Pas-de-Calais dit Le temps des cerises de Jean-Baptiste Clément

07-Entendre une chanson
Le Centre d'Animation Culturelle l'Esplanade à Tourcoing, sous la direction de Patrick Dréan, propose André Gorgian accompagné par Yves Caudron dans Entendre une chanson de Brule-Maison, musique André Gorgian

08-Le vivat flamand
Tertous et Compagnie jouent et chantent le Vivat Flamand

09-L'Internationale
Version de Didier Debril du Groupe de Création des Musiques Contemporaines de Lille - Programme de synthèse de la voix chantée par ordinateur à l'Ircam (X. Rodet et M. Bennet)

10-Contre
Marief Guittier de la Salamandre, Théâtre Nationale de la Région Nord Pas-de-Calais. Contre d'Henri Michaux

11-La complainte du bel éclusier
Théâtre de Villeneuve d'Ascq (La Rose des Vents) - Le Théâtre de la Planchette) Pierre-Etienne Heymann dit La Complainte du bel éclusier de Louis Foucher (extrait)

12-La symphonie fantastique (valse)
L'Orchestre National de Lille et son Directeur Jean-Claude Casadesus ont choisi un extrait de la valse du 2e mouvement de la Symphonie Fantastique d'Hector Berlioz

13-Mon enfance captive
Liliane Ledun dit Mon enfance captive d'Albert Samain

14-Sonnet
Gilles Defacque du Théâtre du Prato dit Sonnet de Simons

15-La Scarpe
Le Centre d'Animation Culturelle de Douai - Direction Roland Poquet, présente La Scarpe de Marcelline Desbordes-Valmore

16-Ouverture du roi d'Ys
L'orchestre de l'Opéra du Nord sous la direction de son chef Henri Gallois : L'ouverture du Roi d'Ys, d'Edouard Lalo

17-Toi Flandre
Robert Lefebvre dit Toi Flandre d'Emmanuel Looten

18-Prélude n°2 sur les résonances des cloches
Jacques Lannoy, maître carillonneur, professeur de l'Ecole Française de Carillon de Douai et Tourcoing interprète sur le carillon ambulant de Douai-Nord Pas-de-Calais Prélude n°2 sur les Raisonnances [sic] des cloches de Robert Lannoy (1915-1979, ancien Directeur du Conservatoire de Lille)


Téléchargez  ici

173 téléchargements au 1/6/1013


jeudi 4 décembre 2025

Chanter sur l'air de...

Merci à Maxou et Agnès de m'avoir transmis cette info

 

actes du colloque Usage et pratiques des timbres du Moyen Âge à nos jours

Sur tous les continents, à toutes les époques, d’innombrables poètes, experts ou amateurs, ont composé ou composent encore leurs vers en les chantant sur un air préexistant. Le mot timbre désigne ordinairement cet air connu ou supposé tel à partir duquel on écrit et l’on chante de nouvelles paroles, sur l’air de… Cette pratique, qui semble universelle, a engendré un foisonnement considérable de textes et de recueils, qui relèvent à la fois du corpus poétique (ce sont des vers) et du corpus musical (ils sont destinés au chant).
Attesté dès l’Antiquité tardive et utilisé au Moyen Âge dans le cadre de la centonisation, le principe est largement repris dans les siècles suivants où l’on parle de parodie, de contrafactum ou de vaudeville, ce dernier se constituant même en genre musical. La pratique est commune à toutes sortes de répertoires : des chants et cantiques populaires, des chansons spirituelles, des noëls, des messes. On la retrouve sur la scène des théâtres, dans les sociétés de caveaux, les goguettes, les cabarets de chansonniers. Elle inspire encore volontiers les chansons de soldats, les chants de manifestations, de résistances, les spots publicitaires, les banquets et autres cérémonies festives. Les motivations sont diverses : reprise d’un air à une époque où la question des droits d’auteur ne se posait pas, démarche didactique ou prosélyte sollicitant la mémoire collective, subversion parodique à visée politique, exploitation d’une chanson à succès dans une autre langue (l’exercice peut alors relever de la traduction, de la paraphrase poétique), etc. L’examen des diverses pratiques engage donc à réévaluer la pertinence d’oppositions courantes mais souvent discutables comme savant et populaire, écrit et oral, citadin et rural.
C’est un questionnement interdisciplinaire sur cet immense corpus qui inspire le présent ouvrage. Il apporte de nouveaux éclairages à la fois littéraires, historiques, musicologiques et anthropologiques sur ce procédé infiniment fécond, en remettant en question, le cas échéant, le caractère « mineur » des genres auxquels cette pratique a donné naissance, et sans jamais perdre de vue la dimension essentielle de performance. Sont envisagés notamment l’étude et la comparaison des sources (chansonniers édités ou manuscrits, recueils de la Bibliothèque bleue ou de colporteurs), la question des supports contemporains, les aspects sociaux (acteurs, lieux, interprètes, destinataires) et artistiques (écriture musicale, poétique), les relations avec les musiques de danse, les mécanismes intertextuels et intermusicaux, la place de ce type de productions poético-musicales dans la réflexion théorique littéraire, le sens qui se dégage de l’usage de timbres militants, prosélytes, confessionnels ou éducatifs, les réappropriations de timbres « anciens » dans leurs différents contextes, sacré ou profane, public ou privé, de rue ou spectaculaire.
Cet ouvrage, d’une envergure largement inédite, est le fruit de quatre journées de colloque tenues en 2021 et 2022 avec le concours des universités de Paris (Sorbonne Université, Paris Cité), Poitiers, Rouen, Reims et Tours. Il éclaire la diversité de ces corpus de manière interdisciplinaire, depuis les origines du phénomène à nos jours.
C'est ICI 
 
Retrouvez ce thème sur ce blog :

 

vendredi 7 novembre 2025

Maurice Cornette, souvenirs d'un musicien

mise en ligne le 20/10/25
mise à jour le 6/11/25 : la vidéo ne l'affichait plus avec Firefox, j'ai ajouté un lien direct
mie à jour le 7/11/25 : ajout d'une photo et un recueil de partitions


En 1983, l'association Het Reuzekoor publie dans sa revue Plach'iou, un entretien avec Maurice Cornette, musicien coudekerquois né en 1895. Il a connu le Dunkerque d'avant les deux guerres, pratiqué toutes les musiques : harmonies, accompagnement de films muets, concerts dans les cafés du centre ville et de la plage, bals dans les même lieux et après les bandes de carnaval. Dans le même temps, il était professeur à l'école de musique de Coudekerque-Branche. Il nous livre un témoignage unique et très détaillé sur sa pratique, ses rencontres, et l'ambiance de cette "belle" époque.
 
L'article est intéressant, mais le plus intéressant c'est son entretien, enregistré sur cassette par Maryse Collache qui a été conservé par l'association. Ce qui permet de compléter le texte. On a en prime les interventions de sa fille Odette et de son beau-fils, Roger Deblock, qui complètent sa mémoire parfois défaillante.
Maurice nous parle de son apprentissage du solfège en 1906, avec un voisin, Lucien Dimanche (1880-1955), petit neveu de Stéphanie Dimanche, plus connue sous son surnom de Manootje. Il intègre rapidement la société des Amis Réunis de Coudekerque-Branche, concurrente de l'harmonie catholique (surnommée les Blincke Piche).
Puis ses qualités de bon musicien le font embaucher dans les cirques qui s'installent pour un mois chaque année en janvier sur la place Jean-Bart : Le cirque Palisse, le cirque Pourtier et le cirque De Jonghe. Il se fait donc remplacer chaque année de son emploi de trombone solo à l'orchestre du théâtre de Dunkerque pour jouer dans l'orchestre du cirque. Il est musicien au théâtre d'octobre à mars, sauf en janvier, ce qui lui fait un second emploi que lui reproche son chef de service (il est employé de la société du gaz). Il est membre des artistes musiciens de Dunkerque de 1921 à 1979.
Il accompagne tous les ans les conscrits après le conseil de révision, pour une tournée des bistrots, salles de bals et maisons closes de Dunkerque et sa région. Son expérience de musicien formé au cirque lui permet d'être embauché dans les cinémas, il faut s'adapter très vite au déroulé de l'action comme au cirque. Il débute au cinéma l'Aviation rue de la Gare à Coudekerque-Branche, puis au Palais Jean-Bart, place de la République à Dunkerque et aussi au Royal Cinéma, place Jean Bart.
L'hiver il joue dans l'orchestre du théâtre, mais aussi au café des Arcades puis l'été il joue dans l'orchestre du café Belle Vue sur la plage de Malo les Bains avec ses amis des Arcades : René Cordier, le pianiste et chef d'orchestre, Marcel Périn, au violoncelle, Arthur Dehon et Louis Dondeyne, aux violons, Fernand Canpon à la trompette et Maurice au trombone.
Il n'a pas joué dans les bandes de carnaval, mais surtout dans les bals, et principalement le grand bal masqué du théâtre. Dans les années 1970 il est sollicité par son petit-fils Michel Deblock pour apprendre le solfège à ses amis musiciens du carnaval qui viennent de former le groupe Les Kakesteks avec Roch Vandromme, mais c'est une autre histoire…

la vidéo que j'ai réalisée à partir de l'enregistrement est ICI



 
photo Jean-Charles Bayon (1980)
 
*****
 
Merci à Roch pour cette rare photo des Kakestecks prise à la patinoire de Dunkerque, à la fin des années 1970. 
On y voit : (1) "Moustique", [qui se souvient de son vrai nom ? il a tenu un café à Coudekerque Bche sur la place de la République] ; (2) Patrick Truquet ; (3) Gérard Truquet ; (4) Yves Autret ; (5) Gilles Allaert ; (7) Jean-Luc Thienpoent ; (8) Antoine Delbende ; (9) Yves Buffet ; (11) Stéphane Deconinck ; (12) Roch Vandromme ; (13) Maurice Cornette ; (14) Claude Devos ; (15) Yves Ardaens ; (16) Michel Deblock


Roch m'a aussi confié ce recueil manuscrit de musique, rédigé par Maurice Cornette pour ses "élèves", on y retrouve sans doute les airs qu'il jouait dans les cafés et les bals avant guerre, mais aussi et surtout quelques airs du carnaval dunkerquois.
- Le Moulin de Suzette, one step
- La Caissière du grand café, scottisch
- Frou Frou, valse
- Le Téméraire, marche
- Rose Marie, marche
- Indicatif,  marche
- Marie je t'aime, Et quand on s'aime, marche
- Trinck, Trinck, Brederlein Trinck, valse
- Le Corso blanc, scottish ou polka
- La Valse brune
- Quelques airs dunkerquois : On dit qu'Dunkerque est mort, Ah ! ce qu'il a l'air bête, Met ton p'tit cul sur la glace, Manotje, Pêcheurs d'Islande
- Quelques airs connus : Y'a des loups, Toutes les f...., N'achète plus d'allumettes, J'aime le jambon et la saucisse
- Les Pierrots, marche
- 14 juillet, marche
- Le Frisé, marche
- Ouiche Ouiche, marche
- La Petite Tonkinoise, scottisch
- Caroline, one step
- Tant qu'il y aura des coqs dans un village, il y aura des poules à surveiller, one step
- Dans les jardins de l'Alhambra, scottisch
- Le Petit chapeau tyrolien, one step
- Trou la la itou !




mercredi 5 novembre 2025

Le répertoire du carnaval à Dunkerque


photo Bernard Cartiaux

Le répertoire du carnaval et sa transmission
mémoire de fifre

Intervention à la journée d’étude participative du vendredi 24 novembre 2023 au MTVS de Fourmies, colloque sur les appropriations créatives concernant les MUSIQUES POPULAIRES DES HAUTS-DE-FRANCE, journée organisée par Sophie-Anne Leterrier de l’Université d’Artois, dans le cadre de l'expo Musiques en pièces

programme

Le carnaval de Dunkerque est une fête traditionnelle, depuis longtemps très enracinée, aujourd’hui très médiatisée, qui ne cesse d’évoluer, de se transformer, par les appropriations créatives aussi bien collectives qu’individuelles, propres à ce type de manifestations traditionnelles non strictement codifiées.

Ce carnaval recouvre la traditionnelle Bande des pêcheurs (vischerbende), ses répertoires fifres et fanfare (cuivres), les chansons qui y sont chantées et le parler Dunkerquois qui donne une saveur particulière à ses chansons.

Son enracinement – Sa malléabilité

Rapide historique.
Du carnaval au XVIIe et au XVIIIe siècle, on ne sait quasiment rien si ce n’est qu’il était déja très prisé. Au XVIIIe siècle, l’évocation des discussions des autorités diverses pour savoir quoi faire pendant les périodes de guerre ou de troubles comme pendant la Révolution, nous montre clairement que la détermination des Dunkerquois à faire, en toutes circonstances, le carnaval, pèse lourd dans les diverses prises de décisions (J. Denise, Carnaval Dunkerquois, page 18 et 19) Comme à cette période le carnaval en soi n’est pas documenté, a fortiori, nous ne savons presque rien des pratiques et n’avons aucun document graphique ni partition musicale.
C’est au XIXe siècle que nait l’intérêt porté à ce genre de manifestations. La documentation sur le sujet s’enrichit donc énormément. Nous en retiendrons que dans la première moitié du siècle, c’est la vischerbende qui prend le dessus et devient la figure de proue du carnaval.
Dans la deuxième moitié, la langue flamande perdant du terrain, le carnaval change de langue. On assiste donc à la création progressive d’un nouveau répertoire en français.
Au XXe siècle, il y a une interruption pendant la guerre1914-18, puis un redémarrage progressif. En 1927, la bande prend un nouveau visage avec l’adjonction de la fanfare à la traditionnelle clique de fifres et tambours qui, depuis le début, menait la “troupe”. Cette nouveauté fait suite à plusieurs tentatives en ce sens, qui furent diversement appréciées. La “ bande” se passe depuis lors en deux moments dictincts : la marche avec les fifres, le chahut avec les cuivres.
 
Arrêt durant la guerre de 39-45.
En 1946, redémarrage, grâce à un groupe d’inconditionnels qui parcourra, en chantant, les rues de la ville en ruines !
 
Notre Carnaval à Nous
Dans les années 70, dans une période qu’on qualifiera de favorable, (régionalisme, défense des langues et patrimoines locaux), nous nous réapproprions à notre tour, le carnaval. Le carnaval, tel qu’il était dans les années 60, était extrêmement bon-enfant, toutes classes d’âge confondues. Les enfants faisaient la ronde à deux pas de la musique, sans danger !
Le répertoire musical était limité au répertoire ancien, sans nouvelles créations, les musiciens nous jouaient en nouveautés, des airs à la mode, sans paroles dunkerquoises (ex : le P’tit chapeau tyrolien, le Travail c’est la santé, Yellow Submarine, etc.)
 
Il était temps de faire bouger un peu les choses !
En 1974, se créent les Kakestecks, fanfare indépendante, que je m’empresse de rejoindre. Les instrumentistes, pour la plupart novices, qui la composent, n’ont d’autre but que de prolonger la fête, en créant d’abord une après-bande à Dunkerque et une avant-bande à Malo, puis les avant et (ou) après-bandes à Dunkerque, Malo, Rosendael...
Peu de temps après, en 1977, à l’initiative de Jean DENISE, avec Jean Chatroussat, Jean Wispelaere, Serge Blanckaert, et moi même, est effectué un travail de recherche et de collectage pour l’ouvrage Les enfants de Jean Bart, édité par Les Corsaires Dunkerquois.
Dans la foulée, Jean Denise crée sa propre maison d’édition, Westhoek Éditions, pour promouvoir des ouvrages à vocation régionale, et édite en 1979, le disque “Dunkerque en Flandre” avec le Pot-pourri du carnaval dunkerquois par les Kakestecks.
Nous (les Kakestecks) profitons de ce qui a été retrouvé pour élargir les répertoires anciens et par les avant et après-bandes, nous réintroduisons les mélodies et airs divers qui nous plaisent.
Derrière nous se regroupent des carnavaleux fervents qui sont de plus en plus nombreux et qui deviennent les Indépendants (par opposition aux associations philanthropiques et carnavalesques).
Dans les années 80, dans un esprit similaire, mais d’avantage tournés vers les “chapelles”, se créent Les Prouts, qui vont formidablement renouveler le répertoire chanté.
Pour compléter le tout, il faut noter aussi, à partir de ces années, le changement qui s’est opéré au sein même de la fanfare “officielle” où, grâce à des “chefs de bandes”, notamment Christophe Denys à Dunkerque, le répertoire s’est considérablement enrichi. Très à l’écoute de ce qui se passait, soucieux de ne jouer que du répertoire à texte dunkerquois, il a porté de nombreuses créations nouvelles dans le répertoire de la bande. Ce phénomène toucha également et très vite les autres musiques, celle de Saint-Pol-sur-Mer en tout premier lieu.
 
En 1991 – Guerre du Golfe et annulation du Carnaval
La “Bande Annulée.”
La mouvance indépendante (Kakestecks et Indépendants), très vite rejointe par des musiciens “officiels” et des “chefs de bandes”, organise de bout en bout un carnaval non officiel, très bien relayé par La Voix du Nord, et prouve ainsi l’indépendance des Dunkerquois et leur attachement à cette fête. Un précédent est créé ! En 2022, pour cause de Covid, une interdiction préfectorale (suivant celle de 2021) est décrétée. Les carnavaleux encore une fois, outrepassent l’interdit. En ces deux occasions particulières on peut encore parler de réappropriation collective, tout se passant sans le concours des municipalités et même en opposition à leurs décisions !
 
Le Répertoire
En quoi consiste le répertoire chanté ? Comme nous l’avons vu, le répertoire initial était en Flamand. Nous en avons quelques traces dans l’ouvrage d’Edmond De Coussemaker, “Chants populaires des Flamands de France” (1853). On notera la stricte séparation des répertoires : le carnaval et les chansons maritimes. En ce qui concerne les chansons de carnaval, il s’agit de chansons comiques et de genre, une dizaine si on compte en plus de celles qui sont clairement répertoriées, celles notées en 1857 dans un fascicule carnavalesque, (probablement rédigé par Alfred Morel), édité pour une bonne oeuvre et pour remettre en tête des Dunkerquois, quelques chansons en Flamand. Ce répertoire chanté était évidemment joué par les fifres. Seuls l’air du Reuze et celui du Carillon de Dunkerque, sont encore joués. Restaient, il y a quelque temps, quelques bribes d’autres chansons en flamand, mais elles ont disparu ces dernières années. On notera l’inventivité collective: ainsi “kom nie mee na boven” (en Flamand, “viens avec moi là-haut”) devient “comme elle est belle la bande”!
Entre la fin du second empire et la première guerre se crée donc tout un nouveau répertoire en Français, répertoire chanté et joué en période de carnaval (mais pas nécessairement dans la bande elle-même). La fanfare municipale participe aux festivités, (tout comme le carillonneur) mais n’est pas directement en lien avec la bande.
Elle joue un répertoire dit “de carnaval “. Ce nouveau répertoire est constitué de :
- Créations anonymes ou collectives, sur base d’airs militaires ou autres.
- Créations dues à des chansonniers dunkerquois (H. Bertrand, le plus connu, et bien d’autres)
- Airs à la mode dans la France de l’époque (Vincent Scotto et autres).
A partir de 1927, le répertoire se scinde plus clairement avec l’adjonction définitive de la fanfare à la bande elle-même. Il en résulte :
- un répertoire de fifre (qui semble être un peu réduit ), pour la marche.
- un répertoire de cuivre pour le “chahut” ou “Tiens bon d’sus”.
Et parfois un air lent, joué par la fanfare (Donne un zô, Manotje, éventuellement, Elle travaille à la Filature. )
Une bonne partie de ces répertoires existe toujours et constituait l’essentiel de l’héritage qui nous est parvenu après la seconde guerre mondiale.
Depuis les années 80, comme je l’ai déjà mentionné, la tradition de la chanson dunkerquoise est remise à l’honneur en premier lieu par les Prouts. Elle poursuit l’oeuvre des chansonniers, qui avait déjà elle-même trouvé des successeurs : on se souvient de Jean Chatroussat, Jean Wispelaere, Jean Jaecques avec leurs petits carnets de chansons !
Il est important de noter que pour avoir sa place au carnaval, toute chanson se doit (à quelques exceptions près) d’avoir un texte avec un minimum de “parler” dunkerquois.
Le premier auditoire des Prouts fut celui des “chapelles”, puis des cafés. Mais c’est avant tout par le disque qu’ils se font connaître. Et aussi par la scène.
Les disques de carnaval existaient depuis la 2e guerre mondiale, mais il ne s’agissait alors que de disques d’ambiance, où se jouaient des pots pourris, plutôt dans l’esprit des bals, avec chanteurs à la voix d’opérette, n’ayant pas d’accent dunkerquois, et avec un tempo accéléré.
Les Prouts interprètent des chansons de leur cru, sur des musiques souvent originales mais aussi sur des airs connus de leur choix. Leurs sujets prêtent souvent à rire et les paroles sont d’un “dunkerquois” à toute épreuve, j’entends par là le langage et les tournures ! Certaines de ces chansons sont rentrées dans le répertoire de la bande bien que n’étant pas forcément créées pour cela. D’autres chansons ont aussi été créées par des auteurs anonymes ou clairement identifiés, enrichissant ainsi énormément le répertoire global du carnaval.
 
Thèmes généraux des chansons du carnaval actuel
Bien que la bande soit nommée “des pêcheurs” on ne peut pas dire que la vie de marin ou la pêche soient de fait un sujet central. Dans le vieux répertoire, comme dans l’actuel, les thèmes comiques sont toujours de mise avec bien sûr les railleries sur les femmes, (ou certaines fois des versions inversées), sur le mariage, l’amour, etc. Des figures locales, bien sûr, peuvent être évoquées/célébrées et puis des chansons (comme souvent) sur tout et n’importe quoi 
 
Thème de la pêche à Islande
Bien que le carnaval originel et la pêche à Islande n’aient pas de véritable lien entre eux, la croyance quasi générale est que la fête pour-boire (foye) que faisaient les pêcheurs à Islande avant l’embarquement, est à l’origine de la Bande des pêcheurs. Le répertoire ancien du carnaval est sur ce sujet quasi inexistant sauf : Donne un Zô , Ah! c’ qu’elle est courue, voire Rose la poissonnière. Donc, logiquement, ce sujet est désormais présent de manière allusive ou vraiment traité par quelques chansons (“depuis 3 jours”, ”dans ta tête, tu fais encore la bande”). Il n’en reste pas moins relativement discret.
La bande devient un sujet : avant on se contentait de la chercher, maintenant “à DK on fait la vichersbende […]”
 
On la décrit dans les chansons :
- ”l’avant bande” : le matin avec les Kakestecks
- “tiens bon la bande” : dans la pagaille des rangs
- ”le fatigant”, le cazin qui veut y mettre de l’ordre
- ”le rigaudon final
- ”l’après bande” : de l’incompréhension de certaines femmes devant le bien-être de leurs hommes partis faire la fête !
S’il fait très très froid en Citadelle, ça donne “quand la pisse elle gèle
Au carnaval tout est permis… nous donne une idée de ce qu’un masque pourrait faire...
On peut dire que c’est un sujet vraiment nouveau du répertoire.
 
L’émulation est générale. Après le mouvement de réappropriation de la fin des années 70, jusqu’à la fin des années 90 (avec le temps fort du carnaval annulé de 1991 comme nouveau déclic), le nombre des petits groupes de musiciens et chanteurs n’a cessé d’augmenter, les créations de nouvelles chansons de même. Ce mouvement ne semble pas faiblir pour le moment, même si, en ce qui concerne les nouveaux morceaux, rien n’émerge vraiment. Les Prouts restent la référence principale.
 
En conclusion, on peut dire que vraisemblablement, le répertoire global du carnaval n’a jamais été aussi riche qu’aujourd’hui. Et ce, comme je viens de le dire, grâce aux nombreux paroliers, musiciens qui rivalisent d’inventivité, tout en restant dans une grande tradition qu’on qualifiera de dunkerquoise !
En ce qui concerne l’avenir de cette fête, les interrogations sont nombreuses. La municipalité vend le carnaval comme un des grands atouts de la ville, en mettant en avant la grande convivialité qui y règne (et qui est bien réelle d’ailleurs). Il en résulte un grand afflux de touristes qui viennent “consommer” la fête sans en rien connaitre. On note également que les nouveaux habitants de l’agglomération s’y intègrent facilement mais en ignorent généralement les fondamentaux, à savoir les chants, la “tournure d’esprit” et le parler dunkerquois (qui subsiste principalement à cette occasion ).
D’autre part, aucune contrainte n’est imposée aux commerçants, notamment les cafetiers, qui diffusent des musiques d’ambiance (non dunkerquoises) à des puissances sonores qu’aucun groupe musical ne saurait couvrir. Ceci nuit énormément à l’ambiance et au caractère de cette fête. Il ne faudrait pas, comme ça commence à se produire, que le carnaval à Dunkerque même, soit privé des Dunkerquois, qui se réfugient déjà dans les multiples bandes environnantes…
 
Roch Vandromme
Novembre 2023
 
 
dessin de René Cotinot, 1927 (extrait)