Cet article se penche plus particulièrement sur la bibliothèque musicale
qui propose actuellement en libre accès sur le site de l’AEPEM plus de
10 500 mélodies issues des collectes des XIXe et XXe siècles.
Chants et chansons populaires du Cambrésis (1864 1867) 111 mélodies dont 105 mentionnées pour le Cambrésis, 6 pour le Hainaut et 1 pour la Flandre romane et 2 mentionnées pour la Picardie et 15 pour l'Artois.
Le carnaval de Dunkerque (1893) 3 mélodies toutes recueillies en Flandre.
plus 2 timbres dont 1 que nous avons retrouvé. Mélodies également publiées sur la page de la RTP.
mise à jour le 23/7/2025 : ajout d'infos sur sa mère
Je viens d'apprendre son décès et découvrir en même temps ses attaches avec notre région.
photo Edmond Olek
De son vrai nom Patrick CAÏAZZO, Patrick Denain est né à Mazingarbe (62) le 19 septembre 1950, il est décédé à Tocqueville les Murs (76) le 16 février 2025. Sa famille paternelle est originaire de Marseille, son arrière-arrière-grand-père Louis Caïazzo était un meunier des Abbruzzes. Sa mère, Louisette FARCY, est née à Lens en 1926. Elle est actrice lors de son premier mariage à La Madeleine en 1945 avec le comédien Albert Dinan, le couple divorce fin 1949. La famille maternelle est enracinée dans le Pas-de-Calais, autour d'Hesdin pour une branche et d'Arras pour l'autre. Patrick DENAIN a toujours été très attaché à sa région natale. Il enregistre son premier disque au studio du Bras d'Or à Boulogne sur Mer.
Avec son acolyte Serge Lelièvre, puis avec le groupe Marée de Paradis, il était un habitué du festival les Bordées Dunkerquoises, depuis le premier en 1989 quand c'était le festival de Chansons de Mer et Chants de Marins.
Un article publié en 2008 dans Trad Magazine nous le décrit : Natif du nord de la France, Patrick a toujours vécu dans un environnement artistique. Avec un père chanteur à l'époque des zazous et une mère comédienne au célèbre cabaret l'ABC, il est normal que toute sa vie soit imprégnée de chansons et de rencontres. […] Sa carrière a commencé dès l'âge de 14 ans à la terrasse des restaurants, où il interprétait Jacques Douai, Brassens, Brel… Présent sur les scènes de France et d'ailleurs depuis les années 70, Patrick a toujours cotoyé le dommaine des chansons et musiques traditionnelles, au sein des différents groupes comme Marie Brûlée et aujourd'hui Marée de Paradis […] (Gérard Viel).
J'ai choisi cet extrait de son premier disque : Chansons de marine et de mariniers, sorti en 1981. Le texte est d'André Devinck et la musique de Jacques Yvart : le Cabaret des Minteux.
Patrick Denain vient de disparaître et nous sommes tristes… Puits de science en matière de culture maritime comme en ce qui concerne la chanson réaliste, il est aussi l’interprète hors pair de ces répertoires, capable de nous emmener dans des récits incroyables tout comme d’embarquer un public entier en concert.
Un temps enseignant, il a assez vite pris des chemins buissonniers pour s’adonner à la chanson, à laquelle il a consacré sa vie. Il a une passion en particulier pour les répertoires qui parlent du peuple, celui des ports comme celui des rues, milieux interlopes qui évoluent à l’ombre des tavernes enfumées, des coins de trottoir qu’arpentent gagneuses et mauvais garçons dans des destins fragiles et souvent tragiques, menant des coups de surin au bagne. Autour de ces univers se constitue son oeuvre musicale. D’abord en solo : il chante ses propres compositions (notamment sur son Pas-de-Calais natal) et puise aussi dans les textes de Pierre Mac Orlan cette veine populaire qui lui tient tant à cœur. […]
Ce qui me donne l'occasion de corriger une approximation dans le titre de la plage n°1 : Boom boom reel par Boys of the Lough. C'est une suite de reels des îles Shetland : A' da ships are sailing/Shelder geo/Tame her when da snaw comes, qu'on retrouve sur leur album Lochaber no More publié en 1976
Après Vesdun (1972) et Pons (1973), qui faisaient suite à Lambesc (1970) et Malataverne (1971), voici Saint Laurent, 3e festival de musique traditionnelle qu'organise cette année La Chanterelle Folk club de Lyon [et les Éclaireurs et Éclaireuses de France de Bourges]. Le 1er et le 2 juin à Saint-Laurent, près de Vierzon dans le Cher (18) voilà le programme :
Samedi soir et dimanche soir de 20 à 24 heures : Boys of the Lough (Angleterre), Rum (flamands), Alfred den Ouden (Pays Bas), John Wright (Angleterre) et Catherine Perrier (France), Mélusine, Phil et Emmanuelle (France) Glazard Skeduz (Bretagne)
L'après midi : les Thiaulins de Lignières et Notre Berry (France) et la projection du film Dedans le sud de la Louisiane. Enfin dans de grandes tentes se tiendront des ateliers en tous genres ; par ailleurs il y aura deux scènes pour ceux qui aiment changer de place. Enfin, chaque soir, le Festival deviendra un gigantesque et fantastique BAL WAHOU !!! [sic]
L'Escargot n°11 juin 1974
J'ai retrouvé une copie de la cassette VHS produite par La Chanterelle et les Films du Plateau, du film les Violons des champs tourné à cette occasion Georges Combe. J'en ai extrait les passages qui concerne les deux groupes Belges/Flamands : RUM et le duo Alfred et Kristien Den Ouden. Merci à celle ou celui qui me l'avait transmise et dont j'ai hélas oublié le nom.
la vidéo complète a été demandée, la voici
et le programme de ce festival de La Couturandrie, le nom d'origine, qui est sur le site de Jean-Luc Matte ICI
Un groupe folk de l'Avesnois que je n'avais jamais entendu, présent sur les scènes autour de Maubeuge depuis la fin des années 1970.
En 1982 ils ont publié ce 33 tours
La Bistoulle Folk sur le disque c'est
Pascal Guyot (accordéon diatonique, guitare, flûtes) - Pascal Dubois (guitares) - Jean-Marie Lefrancq (accordéon diatonique, guitare, flûte) - Daniel Salaün (guitare électrique, mandoline, bodhran) et Richard Lenglart (accordéon diatonique, concertina, vielle à roue) ; avec la participation de Andrew Heywood à la cornemuse dans bourrée pour Jean-François
Ce disque comprend des compositions personnelles de membres du groupe et des airs issus de la tradition populaire
face A
• 00:01 Introduction (Pascal Guyot) • 02:32 Scottisch pour Carole (Richard Lenglart) • 04:42 Valse pour Emile (Pascal Guyot) • 06:24 Tante Marguerite et polka du Morvan (Trad. Morvan) • 09:07 Mazurka en Noir et Blanc (Jean-Marie Lefrancq) • 11:01 La Monaco ("danse enfantine") • 13:08 Suite de valses à trois temps (Jean-Marie Lefrancq) • 16:12 Je voudrais me marier (Trad. Avesnois et Hainaut)
face B
• 00:01 La poubelle à Armand (Pascal Guyot) • 04:33 La polka circassienne "au mec qui nie" (Pascal Guyot) • 07:15 La valse à Robert (Richard Lenglart) • 07:56 Mazurka "les maris" (trad. Morvan) / Mazurka pour Françoise (Richard Lenglart) • 11:26 Bourrée pour François (Richard Lenglart) • 13: 04 La valse pour Marthe (dédiée à Marthe Astic) (Pascal Guyot) • 15:52 Suite de scottischs du Limousin (trad Limousin) • 20:36 Suite et fin (Pascal Dubois
Le magasin est fondé par Pierre Coupleux (1844-1900). A son décès il est repris par ses fils Paul (1875-1967), Eloi (1876-1957) et Léon (1878-1065).
collection personnelle
La découverte de cette photo nous apporte quelques informations sur ce magasin situé à Tourcoing. Au verso elle porte le tampon "troupe d'occupation du Maroc occidental" ce qui la situe avant 1914 et sans doute autour de 1908 date de la création de la Société Coupleux Frères, puisque l'intitulé de l'enseigne est encore P. Coupleux. C'est la vitrine du magasin situé 3 rue Carnot à Tourcoing reproduite dans le livre d'Olivier Carpentier : l'Aventure industrielle des frères Coupleux, 1900-1935.
extrait du livre d'Olivier Carpentier
C'est une belle photo bien détaillée, en agrandissant on distingue parfaitement les trois épinettes du Nord présentes dans la vitrine de droite :
et dans celle de gauche on remarque la présence de nombreuses flûtes de différentes tonalités, instrument populaire méconnu.
*****
Plus d'informations sur la collaboration Eloi Coupleux et Armand Givelet dans cette étude d'Olivier Carpentier, Les instruments de Coupleux et Givelet 1920-1935, une origine française de la musique électronique, distribuée par la Librairie Musicale Aug. Zurfluch, 13 rue du Lycée Lakanal, 92340 Bourg-La-Reine zurfluch@wanadoo.fr
Un documentaire, diffusée sur la chaine Histoire en 2009, retrace la saga des frères Coupleux. Il contient un court extrait d'un film montrant Armand Givelet au clavier de son invention l'orgue des ondes
Un film de François Althabégoïty (2009), avec la participation d'Olivier Carpentier, Pascal Guimet, Sophie-Anne Leterrier, José Barbieux, Solange Casiez, Elisabeth Coupleux et Patrick Desnoulez, avec un bref extrait d'un film Pathé-Journal de 1931, montrant Armand Givelet jouant sur l'orgue sans tuyaux de l'église de Villemomble
Pendant le carnaval, dans les rues et les bals, sont chantées une
série de chansons, dans un ordre précis, ou du moins qui l’était jusqu’aux
années 1990.
Cette suite de chansons n’est pas née du hasard, sa source est liée
à une danse de salon oubliée, le quadrille français. C’est une partition de
Henri Girard qui m’a donné le déclic pour faire le lien entre le pot pourri du
XXe et le quadrille du XIXe, elle a
pour titre Le carnaval Dunkerquois,
quadrille sur des airs populaires. télécharger la partition
Henri Girard, né à Dunkerque en 1849, est d’abord cordonnier, puis
il devient professeur de trombone. Après
être chef de musique de la fanfare communale de Saint Pol sur Mer vers 1880, il
devient chef de la fanfare de Rosendael en 1884. En 1890 il est nommé sous-chef
de la musique communale de Dunkerque. En 1897, ou peu avant il écrit un
quadrille composé de la juxtaposition de plusieurs airs populaires, dont le
titre laisse supposer qu’il les a extraits des chansons du carnaval. C’est une
pratique qui remonte aux origines du quadrille. Il n’était qu’une suite de
figures de contredanse qui avec le temps se sont fixées pour donner le
quadrille français à cinq figures tel qu’on le danse tout au long du XIXe
siècle : Pantalon, Été, Poule,
Pastourelle et Finale.
En écrivant son quadrille Henri Girard a réalisé, sans le savoir, un
collectage, il a fixé à une date précise le répertoire, ou une partie du
répertoire, des chansons utilisées au carnaval. Nous en connaissons la date car
ce quadrille fut joué au cours d’une soirée
intime organisée par l’association chorale La Jeune France, le 6 mars 1897,
le titre mentionné sur le programme est Carnaval,
quadrille, le compositeur est Gérard, l’imprimeur ayant certainement mal lu
le manuscrit.
On y retrouve des airs toujours chantés dans la bande des pêcheurs,
un autre, Cordéoneux, qui a disparu
du pot pourri contemporain et d’autres totalement inconnus que je laisse à votre sagacité et
votre érudition pour en trouver les titres.
Un musicien dunkerquois possède un dossier contenant les parties
d’une orchestration d’un quadrille (basse, clarinette en la, cor en ré, piston
en la et trombone en ut) intitulé : La
Folie Dunkerquoise, pour le carnaval dunkerquois, don de monsieur Henri Girard
à son élève Maurice Récipon. M. Récipon étant né en 1880, on peut dater ce
document des années 1890-1900.
collection B. Brousse
Une affiche annonçant un bal paré et masqué au théâtre le 24 février 1903, pendant la période de carnaval, a miraculeusement échappé aux destructions. Elle donne le programme des danses et parmi les quadrilles on trouve Airs Dunkerquois, Quand on a travaillé et Brillant Belge de compositeurs inconnus ou discrets, qui pourraient être des musiciens locaux.
collection particulière
Un article, paru dans le journal Dunkerque
Sport, mentionne aussi un quadrille en lien avec le carnaval :
7 mars 1909 : Le Grand Bal
masqué annuel, donné samedi dernier par l'Association des Anciens
Sous-Officiers a obtenu, comme toujours, le succès le plus éclatant. Tout avait
été fait, du reste, pour atteindre ce but. La salle était décorée avec art, les
colonnades, les tentures, les ballons et les cordons électriques, rendaient
l'aspect de la Salle Sainte-Cécile, absolument féerique ; aussi tout ce que
Dunkerque compte d'élégante et joyeuse
jeunesse, s'y trouvait réuni.
Les Membres du Comité de la
Société coiffés d'un élégant calot où l'on remarquait le galon de
sous-officier, recevaient leurs invités qui, de neuf heures à minuit se
pressaient aux portes de la coquette salle. L'affluence y était tellement
grande qu'il était impossible de danser le moindre pas, mais où, alors, on
pouvait contempler dans toute sa bruyante originalité, le cachet spécial du
Carnaval Dunkerquois, ce fut vers minuit où l'orchestre si habilement dirigé
par le sympathique maestro Julien Barbier, exécuta le Grand Quadrille infernal
avec musique à tour de bras et détonations entraînant la foule des danseurs
dans un emballement intense et indescriptible, c'était le chahut effectué par
une foule de personnes dont les costumes les : plus variés et les plus séduisants
; prenaient des couleurs différentes au reflet des feux de Bengale. Aussi
l'entrain fut extraordinaire, et les Anciens Sous-Officiers ravis par tant de
succès, se mêlaient aux tourbillons entraînant avec eux les plus gracieuses
danseuses. L'animation s'est prolongée jusqu'à une heure très avancée du matin
et chacun dû se déclarer enchanté de la fête.
Enfin, je possède une
autre version du quadrille de Girard, nommé Quadrille
Dunkerquois, sur une partition manuscrite (partie de violon). Les trois
premières figures sont identiques, à part une inversion dans l’Été. Les 4e et 5e figures sont
interverties, ce qui devait poser des problèmes aux danseurs, à moins qu’on ne
dansait déjà plus le quadrille sur cette musique. Après le quadrille, suivent
les habituelles chansons du carnaval sous forme de pot pourri.
collection personnelle
Tous ces documents prouvent qu'on dansait ce quadrille pendant les bals du carnaval et on peut imaginer que les danseurs ne se privaient pas du plaisir de chanter les chansons tout en dansant. L'habitude de les chanter dans un ordre précis est restée mais les figures du quadrille se sont estompées puis ont disparu entre les deux guerres, le pot pourri est resté seul et a migré dans la bande.
Christian Declerck
*****
Ajout d'un programme du bal paré, masqué et travesti de la Mi-Carême 1914, qui détaille les titres de toutes les danses : 9 polkas, 9 schottischs, 9 mazurkas, 9 valses et 7 quadrilles, dont Mon Peule (airs de Carnaval), Airs Dunkerquois, Fricoteau (Carnaval).
Le chef d'orchestre est Edouard Vincke né à Dunkerque en 1858. Ancien musicien au 82e RIL, il devient professeur de flûte et de solfège à l'école de musique de Dunkerque en remplacement d'Adolphe Néerman dont il a épousé la sœur. Chef d'orchestre des concerts du Kursaal pendant 25 ans durant la saison estivale, il meurt en 1945.
Le compte rendu de ce bal mentionne déjà la participation des Lillois et des Roubaisiens aux bals de Carnaval à Dunkerque :
Au bal du théâtre,
l’affluence était considérable, et l’animation était telle qu’il était
impossible à certains moments, de commencer le plus petit pas de danse. En
conséquence, aux sons de l’orchestre conduit par notre concitoyen M. Vincke,
les masques se livrèrent complètement au « grand chahut
dunkerquois », qui au même titre que la publicité estivale, attire un
grand nombre d’habitants de la région du Nord. Nous tenons à donner la preuve
de ce que nous avançons. L’un des groupes des plus remarqués au Concours de la
Mi-Carême, se composait uniquement de Lillois et de Roubaisiens (Dunkerque l'été, 29 mars 1914)