Des Français, principalement des militaires, mais des réfugiés civils aussi, se trouvaient à Londres, pendant la guerre 39-45. Il y avait dans le nombre des Dunkerquois et des Dunkerquoises. Tous partagèrent avec la population londonienne les épreuves des attaques aériennes livrée par les Allemands et les difficultés qu'apporte la guerre dans la vie quotidienne. Mais il y avait, de temps à autre, de bons moments, notamment ceux que l'on passait dans les manifestations artistiques et dans les restaurants et cafés français de la capitale anglaise.
Jérémie joue chez Jacqueline |
Il tint aussi de petits rôles dans des spectacles de théâtre et de variétés. Ainsi, il joua au Théâtre Molière (association de théâtre français) dans l'Anglais tel qu'on le parle de Tristan Bernard et, pour l'Institut français du Royaume-Uni, dans Le Paquebot Tenacity de Charles Vildrac, avec des comédiens français dont Paul Bonifas, de la Comédie Française. Il fit de la figuration dans un film américain de la Warner Bros, Flight from Sin. et, le soir donc, il trouvait encore le temps de charmer à l'accordéon le public assemblé Chez Jacqueline.
Jérémie Barbry et son orchestre à Londres |
Jérémie rencontra en Angleterre une charmante Dunkerquoise qui avait fui l'enfer de mai-juin 1940 sur l'Emile-Deschamps, navire qui sauta sur une mine près de Margate, le 4 juin. La jeune fille fut parmi les rescapés recueillis par un navire anglais. A sa sortie de l'hôpital, elle travailla dans une manufacture d'équipement pour l'armée.
Jérémie et Marie-Jeanne Fichaux décidèrent de se marier à Londres. Ils passèrent leur lune de miel à Manchester en même temps qu'un autre couple franco-anglais celui-ci. Les photos des jeunes mariés parurent dans les journaux anglais. La famille s'agrandit de deux petites Dunkerquoises nées sur le sol anglais en 1943 et 1944, puis un garçon né, lui, après la guerre et le retour à Dunkerque.
Le papa travailla aux Messageries Maritimes jusqu'à son départ en préretraite en 1976. Hélas, il décéda en 1977. Les "vieux dunkerquois" n'ont pas oublié que dans les années 50-60, Jérémie joua de l'accordéon Aux Loisirs, établissement que sa famille exploitait place Voltaire à Rosendael. La piste de danse n'était jamais déserte le dimanche, dans ce café-dancing populaire que Jérémie animait avec une simplicité qui lui valait l'amitié de toute la clientèle.
La Voix du Nord, 7 juillet 1996
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