M. Charles Béghin joint à ses nombreuses qualités, celle de chansonnier. Il nous raconte ses relations avec Desrousseaux et nous montre deux recueils dont ce dernier lui a fait hommage en bon confrère.
Le sergent major a très bien profité des leçons que lui donnait M. Minot, directeur de l’école de la cour des Bourloires.
- Il y a de ça un bon bout de temps, nous dit M. Beghin, j’ai commencé à faire des chansons pour rendre service aux pompiers malades. Non seulement nous n’étions pas payés mais encore on ne nous aidait même pas en cas de maladie. J’eus l’idée de composer quelques couplets qui furent mis en vente et le produit en fut offert à un des nôtres, soufrant. Je pris goût à la chose et je continuai à pondre des vers patoisants. Ce fut en amateur par la suite et non plus par esprit de charité, car la Caisse de secours aux malades fut établie sur nos instances ; c’est le capitaine Hornez qui le demanda à l’Administration municipale.
M. Béghin fut un des premiers à bénéficier de cette institution, il toucha 50 francs après l’incendie de chez Danel. Mais le jour baisse, comme l’on dit, et c’est au clair de la lampe que nous prenons des notes. Nous examinons de nombreuses chansons et poésies et nous choisissons quelques couplets que nos lecteurs liront avec intérêt. C’est d’abord une chanson sur le fusil à pierre que l’on remplace par le fusil à percussion. C’est sur l’air de l’Etoile à queue :
Avec ch’fosi à pierreOn a vu bien souvintL’amorce querre par tierreEt rester aveu rienMais sans crainte eul’ critiqueNi les rires de tertousOn pora d’un air chiqueTirer comme les pioupiousRefrainCar au tir à la cibleY ara rien d’impossiblequ’à tout moumintSemblant de rienOn verra mett’ auddin.Aveuque un fusil pareilT’intindras pu tout l’tempsBruinne à t’ n’ oreilleAh ! Mon Dieu ! Queul ariantQuoi qu’on orcul’ra l’ tirOn verra des magonsLeus balles aller dormirA tout cop dins l’ carton
Voici un couplet où il est question d’un vieille société de Lille : Les Courtes-Queues (air des Pioupious d’Auvergne) :
Des vrais patriotes
Voulant rigolerOnt sur Jeanne MaillotteFait une sociétéEt sans être pitresTous ces cœurs joyeuxOnt choisi pour titreLe mot Courtes Queues
Enfin c’est sur les pompiers que roulent les couplets suivants sur l’air si connu : Un bienfait n’est jamais perdu
Un pompier c’est un cœur sincèreUn pompier c’est homme humainQui, pour soulager la misèreIl se dévoue pour son prochainDu banquier comme du prolétaireOn le voit défendre le foyerCelui qu’un feu il fait le guerreC’est un pompier, c’est un pompierUn pompier sait sécher les larmesDe tous malheureux incendiésCar il ne dépose les armesQue lorsqu’il les voit en sûretéAu milieu des flammes dévorantesEt devant ces murs crevassésCelui que rien n’épouvanteC’est un pompier (bis)Il aime à rire, il aime à boireEn vrais compagnons de BacchusIl est aussi, on peut le croireIncapable d’aucun abusAu feu, s’il sacrifie sa vieAu plaisir il n’est pas le dernierQui sait amuser ses amisC’est un pompier (bis)
[…]
Il obtint d’ailleurs plusieurs récompenses. En 1883, la Société des Rosati lui donnait un prix pour sa poésie sur Liquette et Ritin. Tout près du comptoir, sujet imposé, et Insonne, sujet libre, lui valurent deux mentions au concours du Caveau Lillois. Enfin au concours patois de Fives la médaille d’argent état décernée au sympathique chansonnier. […]
La Croix de Roubaix Tourcoing, 24 janvier 1908
source : Médiathèque de Roubaix
La BNF conserve une trentaine de chansons de ce chansonnier : Les Emigrés, Les Bons-Vivants, Les Testament de César, Les Compagnons des mirlitons, Le Café, La cavalcade de la Mi-Carême, Les Aventures d'un Bossu, Le Petit Doigt de la Grand-Mère, L'ménache d'un Garchon, Le Pompier Lillois, Les Nouveaux Fusils des Sapeurs-Pompiers, Les Bonnets de Coton Fourrés, Le Buveur de Café, P'tit Prosper, Les Tribulations d'un Locataire, etc…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire