vendredi 26 décembre 2025

Hommage à Auguste Labbe 1972

Encore un grand merci à Yves Ledun pour ce document exceptionnel.

Simons a lu ce discours en 1972, 25 ans ans après la mort du chansonnier, pour l'inauguration (par le maire Augustin LAURENT) du Foyer Social baptisé Foyer Auguste Labbe, devenu plus tard le restaurant du Foyer des Dintellières.

"Il y a 60 ans - en 1912 - pour la première fois je montais sur une scène [Léopold Simons a 12 ans]. C'était dans un concert organisé par l'Amicale Turgot, au Sud ; je levais le rideau avec un monologue que j'avais intitulé : Ma première pipe.
 
Mais ce n'est pas ce qui compte. En seconde partie, il y avait une vedette (on disait alors le grand numéro) et ce grand numéro, c'était César Latulupe ; c'est à dire Auguste Labbe. C'était un monsieur d'une quarantaine d'années, très élégant : redingote au revers fleuri, cravaté de blanc, coiffure et moustaches soignées [photo]. Et ce monsieur distingué chantait des chansons en patois de Lille. Ce fut pour moi une révélation. Dix ans plus tard - en 1922 - je devenais l'ami d'Auguste Labbe, et j'illustrais son premier Arména Drolatique (celui de 23). Et 50 ans plus tard encore, je parle de lui.
 
Ch'étot par un brun soir d'hiver
I' pleuvot, i'n' faijot point clair,
qu'Auguste Labbe est venu au monde, dans une pauvre chambre de la rue des Robleds, au dessus d'un estaminet à l'enseigne du Prophète. C'était le 10 mars 1867.
Vous allez voir, il y a des coïncidences qui sont prophétiques : on est dans le quartier le plus patoisant de Lille.  À tel point que qu'on dit encore : parler l' St. Sauveur. Desrousseaux est né tout à côté, au 120 de la rue St Sauveur. Comme lui, Auguste Labbe habitera dans la cour Jeannette à vaques, et peut-être a-t-il été inscrit par Desrousseaux lui-même qui est employé à l’État Civil depuis quelques temps.
Je sais qu'il est facile de trouver des rapports entre deux personnalités qui ont une même vocation ; mais tout de même, il y a des analogies curieuses. Le père de Desrousseaux était militaire, le père de Labbe était marin, tous deux de carrière. Et puis Alexandre et Auguste… voilà bien deux prénoms qui, en plus de leur initiale, sont curieusement concomitants. Bien sûr, ce ne sont pas ces similitudes qui me font rapprocher les deux chansonniers. Ce serait par trop superficiel ; non, ce sont leurs œuvres que j'unis dans une même admiration. Critère, peut-être aussi subjectif, mais que je vais tâcher de justifier.
D'abord, ils sont contemporains. A. Labbe a écrit le principal de son œuvre avant 14, c'est à dire du temps où le patois était encore une langue usuelle. Bien sûr, on va continuer à le parler mais il s'accordera de moins en moins aux nouveaux modes de vie. Les métiers vont se modifier, et les termes professionnels seront sans objet. Les jeux, les fêtes, les rites, les traditions vont faire place à d'autres pratiques pour lesquelles les anciennes expressions n'auront plus de sens. Alors, très vite, le patois - ou tout au moins son vocabulaire - ne va plus servir qu'à évoquer des faits et gestes périmés, et va tomber, avec eux, dans une sorte de folklore littéraire. Il n'en restera bientôt plus qu'un accent… que beaucoup confondront avec le dialecte… Un accent qui localisera tout au plus un argot sans racines.
Or Auguste Labbe est d'un temps patoisant et même patoiseur. Car non seulement on le parle, mais on le parle beaucoup. Quand le petit Auguste vient au monde, en 67, Louis Vermesse publie son dictionnaire du patois de la Flandre Wallonne. Pierre Legrand a sorti le sien quelque dix ans plus tôt. Desrousseaux vient de publier son quatrième recueil de chansons et pasquilles, etc. Et ça discute, et ça se chamaille ! Ces auteurs, tous philologues très savants s'envoient à travers la presse des lettres passionnées : Vermesse à Pierre Legrand, Pierre Legrand à Desrousseaux, Desrousseaux à Debuire du Buc. On s'en prend à Hécart sur l'élision de l'e muet ; il y a des dissensions sur le genre de séquoi… Emile Gachet et Le Glay ne sont pas d'accord. On réédite les vers patois de Marceline… Bref, le platiau est un sujet en vogue.
Auguste Labbe arrive donc au bon moment. Très tôt - il a 16 ans - il compose sa première chanson : L'rèfe du balyeux. Très vite, il participe à des réunions patoisantes avec Debuire du Buc ; et l'auteur de La Bière et du P'tit Franços lui donne le nom d'un de ses personnages : César Latulupe, que le jeune chansonnier conservera tout sa vie.
J'ai donc connu César (comme ses amis l'appelaient) et je pense qu'à travers lui j'ai connu Desrousseaux ; du moins la connaissance de leurs œuvres réciproques m'incite à le croire. Auguste Labbe était d'un naturel joyeux. C'était un homme - et l'espèce en est devenue rarissime - qui riait de bon cœur, et d'un rire sans dérision. Il était amusé et amuseur. Il avait une perspicacité intuitive qui décelait les défauts, les tares de ses contemporains, les ridicules et les abus d'une société qu'on aurait pu appeler de sommation. Mais il n'a guère le goût pour la polémique. Pour cela, il manque d'aigreur. Il préfère la facétie à la raillerie. Mais son ironie est parfois plus piquante que la critique. Oh ! il ne se prive pas de caricaturer ses concitoyens, mais comme il est plein de mansuétude pour leurs faiblesses, il semble s'attribuer leurs défauts ou leur ridicule, tout simplement en les chansonnant à la première personne. Ainsi s'octroie-t-il les déboires du balyeux de rues. Il est BIBI la Gouape :
J'ai l' cœur aussi blanc qu' les morues
J' vinds des confetti dins les rues.
… Il est le mari bonasse de Lodie :
Mais j'avos pas pus d'six s'maines de ménache
Qu'elle r'tournot déjà tout dins m' mason…
… Il est le soulaud qui supplie Cath'rine de lui servir un dernier verre. Il est l' ma-tante à biêtes qui pleure Finette 
qu'ches capons, ches vauriens ont mis 
Dins l' carette à quiens
Il se fait pluriel pour prendre la défense des ses semblables
Pou' l' mariache d'un gros bonnet
Monsieur l'Maire est toudis prêt 
I' fait l' service d' bonn' grâce
Pou' l' grand' classe
Mais pour nous, vettiez queue vice
Pasc' qu'on roul' point sus les sous
Ch't un adjoint qui fait l' service
Ch'est des ziqu's comm' nous (bis)
Mais je n'en finirais pas de citer ses chansons ; car une autre analogie avec Desrousseaux, c'est sa prodigieuse production. Ses œuvres se comptent par centaines… lui même n'a jamais su les dénombrer.
Une anecdote : un soir, je lui fredonnais :
Comm' l'asticot berloque devant eun' roche
Et ch même pichon s' torteinne devant l' brochet
Faut pas qu' l'un d' nous devant l'iau i' baloche
D'avoir Pêqué un verre au cabaret…
- J'ai déjà entendu cela quelques part, me fit-il. C'est de toi ? 
C'était une chanson qu'il avait faite sur les pêcheurs lillois quelque vingt ans plus tôt.
Il faut dire d'ailleurs qu'il avait cette manie d'agrémenter son tour de chant par des couplets de circonstances, sur le but de la réunion ou à l'occasion d'une présence… - Encore un point commun avec Derrousseaux - et naturellement, cette chanson n'avait de raison et de sens que cette seule fois là.
Pourtant cette facilité ne s'exprimait jamais au détriment de la forme. Il avait surtout le grand mérite de penser en patois (bien qu'il ne le parlât pas en tant qu'Auguste Labbe) et ce, au contraire de certains chansonniers qui traduisaient leurs idées du français au patois, avec beaucoup d'érudition certes, mais sans ces tournures de phrases qui sont l'essentiel, la phonétique, pour ne pas dire la syntaxe du patois authentique, celui qui vient du cœur "tout drot déhors".
Bientôt - en 92 - cette complaisance et cette facilité a créer de la joie vont trouver un terrain propice à se manifester. Avec quelques uns de ses semblables, et notamment Jean Hollain, dit Babenne (un ancien bleuet) typographe et cabaretier, il va créer le premier journal patois de Lille. C'est la Vaclette.
 
Cette Vaclette, symbole de la réunion amicale, va grouper tout ce que Lille possède de chansonniers patoisants : Jouvenet, Grimon-prez, Fournier, Desreumeaux, Drumez, Rohart, Aubert, quelques fois Desrousseaux qui a 72 ans et va décéder bientôt, et Inglebert qui fera l'éloge funèbre de l'auteur du P'tit Quinquin. La rédaction se tient à la buvette de l' Vaclette, 8 rue des Ponts de Comines [puis à l'angle de la rue des Brigittines]. Pour la petite histoire, l'estaminet de Jean Babenne exposait en permanence les choses les plus insolites, des collections de billets de mort, des affiches historiques, un tapis composé par Mme Hollain de 1831 pièces, la clé du cachot de la Bastille etc… Mais on y chantait surtout.
Durant des années, Auguste Labbe va tenir dans cet hebdomadaire, qui a une clientèle importante, la chronique de la semaine qu'il signera de son sobriquet : César Latulupe. Il y publie ses meilleures chansons et, en feuilletons, de ses pièces en un acte. Il est, en même temps, l'animateur de Sociétés chorales qui sont nombreuses à l'époque : Les Sans Soucis, la chorale Lilloise, les Folies Lyriques dont le répertoire est composé exclusivement de ses œuvres, etc. Il est le boute en train des ces soirées chantantes, de ces soirées de conscrits où l'on n'a nul besoin de pick up pour créer l'ambiance, ni de Sono pour susciter la joie. On se la fait soi-même.
Ce qui ajoute encore au talent d'auteur d'Auguste Labbe, ce sont ses dons d'interprète. Le patois étant surtout une langue orale, la diction et l'interprétation sont essentielles. Elles remplacent les subtilités d'une dialectique malgré tout assez rudimentaire. J'ai vu Jules Watteeuw, Jules Mousseron et Auguste Labbe dirent de leurs œuvres. C'étaient de remarquables diseurs. Ils avaient tous les trois cette élocution qui fait que le patois n'est pas un langage burlesque en soi, mais le parler sincère et convenable d'un certain milieu, parler qui peut susciter l'émotion et les larmes autant que le rire.
Auguste Labbe excellait d'ailleurs à tirer des larmes. De ce concert de 1912 dont je vous parlais, je me souviens d'une chanson sur un fait divers de la semaine…
Je n' sus point incore assez grand
Pou' pouvoir ouvrer pou' m' maman…
On pleurait beaucoup dans la salle. 
Oui, Labbe était un parfait comédien qui savait remplacer l'imitation par un simulacre plus vrai que la réalité. On peut d'ailleurs sentir ces dons d'observation dans ses innombrables pièces et vaudevilles : Mon onc' Gendarme, les Jaloux, l'Méd'cin d'Herbes, les Pinchonneux, au Violon, etc. etc.
En 1900, son recueil L'infant de Lille parait. On y trouve : A r'voir Auguste (ti un si bon garchon), les Bords des Elites (ch't un vrai paradis qu'un indrot comme cha), l'Revers de l'médalle, Les Lamintations d'ma-tante à Quiens (qui va devenir l'Carette à Quiens, que Line Dariel et Bertal remettront en vogue une quarantaine d'années plus tard, et Raoul de God. récemment).
Il est allé faire un court séjour à Paris, durant lequel il va figurer dans quelques concerts de chansonniers. Mais, bien qu'on lui prédise là-bas une belle carrière, Lille lui manque et il manque à Lille. Car je crois que, autant que Desrousseaux, il est le poète qui s'est le plus consacré à sa ville natale. Pas un quartier pas une rue, pas un coin qu'il n'ait mis en chansons : St Sauveur, bien sûr, les Dondaines, l'Gardin du réduit, la Deule, pour laquelle il parodie la Garonne de son ami Gustave Nadaud :
Mais la Deule elle a pas voulu -lanturlu-
Sortit eud sin lit sans êt' prop'
l'Madeleine, l' forbou d'Paris, Molins Lille… 
Ch'est là qu'un soir qui queyot d' l'iau
Et qu' j'étos perché jusqu'à m' piau
J'ai perdu chin qu' j'avos d' pus biau
A Molins Lille
etc… etc. Chaque coin a son couplet. Ch'est un vrai capelet.
 
Grand Hebomadaire Illustré
1/3/1914 
Mais Auguste Labbe a le goût de la société, du groupe. En 1905, en compagnie de Fournier, Hollain, Mareels, Tanche, Henno et Het, il fonde le Caveau Lillois qui va réunir, jusque aujourd'hui, tout ce que Lille compte d'amoureux du patois. Ma tâche est délicate, je voudrais bien les nommer tous, mais ils sont trop nombreux. Ce serait un palmarès qui risquerait d'être fastidieux. Je n'en citerai que quelques uns, outre ceux déjà nommés, et qui le connurent en tant que président : Dupont, Menez, Raes, Delacroix, Léonard, François, Flamencourt, Legru, Vanuxem, Leulieux, Piétin, Herreng qui fut, avec Mareels, le gérant de l'nouvielle Vaclette, après la première guerre. Et d'autres, et d'autres qui, avec Gabriel Mylle le président actuel, furent et sont les disciples et les admirateurs d'Auguste Labbe dont ils se sont fait un maître exemplaire.
Je souhaite que, dans trois ans, en 1975, le 70ème anniversaire de la fondation du Caveau Lillois serve de prétexte à de grandes manifestations en l'honneur du patois de Lille et de tous ses chansonniers.
Mais revenons à Auguste Labbe. Sa production permanente et son dévouement ne l'enrichissent pourtant pas, car s'il chante, c'est souvent - pour ne pas dire toujours -  au profit d'œuvres de solidarité et de bienfaisance. Et, il faut bien le dire, l'indigence est plus grande qu'aujourd'hui. "Faire le bien en s'amusant" est sa devise et celle du Caveau. Il est bien placé d'ailleurs pour découvrir les misères à soulager, puisqu'il est inspecteur à l’Assistance Publique, employé municipal comme Desrousseaux.
Cet homme au cœur tendre est pourtant courageux. Ce n'est pas incompatible, au contraire. A 13 ans, il a sauvé un enfant qui se noyait dans la Deule. A 24 ans, il se distingue dans un incendie où il échappe à la mort. L'année suivante - en 92 -  il sauve une jeune fille des mains d'un sadique et, quoique blessé, il le fait arrêter. En 95, il sauve un homme de la noyade. Il arrête des chevaux emballés… Bref il collectionne 13 diplômes. A 33 ans, il est membre de la Société des Sauveteurs du Nord qui le décore pour ses multiples actes de courage. Il est titulaire de la Médaille du Gouvernement.
Durant le guerre de 14-18 - il n'est plus mobilisable -  il aide et cache des soldats français. Arrêté, il est mis en cellule pendant 9 mois, puis dans un camp de prisonniers civils en Allemagne pendant 15 mois. En 1921 il reçoit la croix de guerre avec palme.
 
Il publie alors ses poèmes et chansons écrits sous l'occupation. C'est Les boches à Lille. Il se revanche à sa manière ; mais il faut bien le dire, ce n'est pas son fort. Il est plus à l'aise dans la chanson joyeuse et le vaudeville. Là, il s'en donne à cœur joie. Et c'est Les nouviaux riches qui raconte les mésaventures de, la Dubourdiau "à l'prononciature assez prononcée" qui sera jouée 20 fois au Théâtre. Puis c'est une opérette : L'étrot mousquetaire qui est jouée par le Caveau. Car naturellement tout cela est en patois.
En décembre 22, il sort son Arména drolatique dans lequel on peut lire un pastiche d'Edmond Rostand : Chambrecler, scène in vers juée par un mobilier et des pièches de ménache. Entre autres.
On ne peut parler d'un chansonnier sans donner un échantillon de sa manière. Je voudrais, pour vous reposer un instant de ma prose (si je suis un peu long, c'est de sa faute. Il en a tant fait !) vous dire trois couplets de l'une de ses chansons de cet arména. Cheull' qui n' dit rien [voir la suite dela chanson ICI]
Gustave Labbe va ainsi continuer à écrire pour le concert et pour le théâtre. Au Palais d'été, il donne une revue au titre fleuri : Lille à blanc. Et puis un vaudeville que va créer Line Dariel qui ne parle pas encore patois de ce qu'elle n'est pas encore Zulma.
Et c'est l'avènement de la Radio. Il a 60 ans, mais toujours jovial et entreprenant, il va assurer pour Léon Plouviet les premières émissions patoises de Radio PTT Nord, avant de me céder la place… "Elle est tout' caute" comme il me dit un soir de 1930. Toute chaude en effet, d'humanité et de bonne humeur.
Il va continuer jusqu’à la fin de sa vie les camanettaches de Flavie Boursiau qu'il tient depuis des années dans Le Réveil du Nord ; car il est aussi journaliste, et ses chroniques sont le reflet joyeux et perspicace du temps qui passe. 
Ses dernières années, il va les passer à parfaire ses meilleures chansons que Robert Solry, de l'Eden, va éditer avec des musiques arrangées par Victor Absalon, car elles ont été écrites généralement sur des airs empruntés comme c'était la coutume. Il va encore composer pour Bertal : Lillos rapp'lez-vous, une chanson pleine de nostalgie.
Ch'est bien vrai qu'ichi bas tout canche
Ch'est pu parel avec avant…
Mais tout cela sans acrimonié ni amertume. Ça n'était pas de son goût. 
Il meurt en 1947 - il y a 25 ans - et, par une curieuse coïcindence, au même moment que son vieil ami Jules Watteeuw. On peut dire qu'ils partirent ensemble, l'un et l'autre en bonne compagnie ; et sur la voie qui mène au paradis des chansonniers, ils ont dû bien s'amuser, l'broutteux et César Latulupe.
Voilà esquissées à grands traits, la vie et l'œuvre d'Auguste Labbe. Il y manque forcément bien des choses. Ses titres honorifiques sont nombreux. Monsieur le Maire les a rappelés tout à l'heure. Mais l'amitié lui a valu autant de bonheur que les honneurs. En effet, il connut l'estime et l'admiration de tous ses concitoyens, et notamment de ses pairs : Jules Watteeuw, Jules Mousseron, Gustave Charpentier, Gustave Nadaud, Jean de Misaine, Maxence Van der Meersch, etc. Les marques et les témoignages de cette estime et de cette notoriété sont exposées ici. Malgré leur apparence modeste, ils vous diront l'importance de l'œuvre d'Auguste Labbe, la variété de son talent, les actes de son courage, et les titres à la reconnaissance de ses concitoyens.
Si j'ai tenu à l'écart sa vie familiale, c'est sur le désir de son fils : Auguste Labbe, qui a conservé une véritable vénération pour son père, vénération qui se manifeste ici dans la conservation de ce patrimoine à la fois modeste et insigne. 
En résumé, César Latulupe fut un joyeux compagnon, un poète populaire, un cœur tendre et courageux. Bref, un Lillois qui honore Lille. De plus, il était modeste. Mais si la modestie donne plus de force au mérite ; encore faut-il qu'on le connaisse. C'est pourquoi je pense que le compliment (voyez, je ne dis pas l'apologie ni le panégérique) que je viens de faire n'était pas superflu pour justifier la cérémonie qui nous réunit ce matin.
Auguste Labbe aurait été fier de cet hommage que lui rend sa ville tant aimée. Il aurait été ému d'y voir participer de vieux camarades, disciples fidèles et amiteux, et d'y entendre évoquer les chansonniers disparus qui l'escortent dans notre mémoire. Mais - je sais - le témoignage de souvenir qui lui aurait été le plus à cœur, c'est de savoir que… longtemps, longtemps après qu'il a disparu, ses chansons courent encore dans les rues. Et que dans ce foyer qui portera son nom, sous son image immobile, de futurs vieux Lillois continueront de fredonner :
Admirez ches chucheusses de tablettes
Ch' l'ornemint d' tous nos vieux quartiers
sans même savoir que la chanson est de lui. Et c'est là, la plus belle des consécrations.
 
Et pour conlure, je crois que la manière la plus naturelle de témoigner de l'admiration et de la reconnaissance à un artiste comme Auguste Labbe, c'est encore de l'applaudir de tout cœur." 
 
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en complément la page consacrée à ce chansonnier ICI


 

 

 

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