vendredi 5 mai 2023

L'accordéon du mineur

publié le 14/1/2019
mise à jour le 22/4/2023, ajout de la généalogie d'Antoine Schenardi et une vidéo
mise à jour le 5/5/2023, ajout de deux vidéos, avec mes remerciements à Giuseppe Gagliardi pour les infos qu'il m'a transmises


Faute de renseignements sur le mineur accordéoniste de Sin le Noble, son instrument parlera-t-il ?


Source : Médiapart

En zoomant, on peut lire la marque de son accordéon, ainsi qu'une adresse : A Schenardi, 22 R Labois Rouillon, Paris-Villette.



Le Musée National de l'Histoire de l'Immigration présente Antoine Schenardi, facteur d'accordéons né à 1856 à Plaisance (Italie), comme l'exemple d'entrepreneur italien porteur d'un savoir-faire familial. Il crée à son arrivée à Paris en 1913 une manufacture d'accordéons. Si son nom est absent de l'édition 1913 du répertoire Musique-Adresses, il apparait dans celle de 1921, domicilié au 68 rue de Flandre, accompagné d'un encart publicitaire. Au n° 59 s'était installé quelques années plus tôt un autre facteur d'accordéon, Felix Peguri dans cette rue pour le moins "musicale" puisqu'elle accueillait aussi la fabrique de pianos Erard, depuis 1864.

Source : Jean-Luc Matte
Antoine Schenardi travailla à Paris en étroite collaboration avec Giovanni Gagliardi, italien émigré lui aussi, qui s'était fait particulièrement remarquer en donnant en 1909 un récital de musique classique à l'accordéon, et qui dépose en 1910 un brevet. L'objectif revendiqué des deux hommes est alors d'arriver à un instrument capable de jouer la musique classique telle qu'elle est écrite, l'accordéon gagnant sa place comme véritable instrument de concert. La collaboration est stoppée par la guerre, et Gagliardi, de retour en Italie, est interné pour objection de conscience.
Une carte postale, publiée sur le site consacré au maître italien, datée de 1909, immortalise Gagliardi avec un groupe d'élèves, localisant la vue dans la fabrique Schenardi.

Source : Giovanni Cagliardi (1882-1964), Fisarmincista Compositore
Si des courriers d'élève et de la fille d'Antoine Schenardi, étayent cet accueil avant la guerre, la localisation au sein de la fabrique Schenardi dès 1909 interroge cependant : l'Annuaire des Artistes et de l'enseignement dramatique et musical 1909 ne fait mention de cette dernière, ni 22 rue Labois-Rouillon, ni 68 rue de Flandre.
La publicité de 1921 vante "la fabrication soignée de tous modèles (petits et grands)". Ce premier quart de siècle signe la place incontournable de l'accordéon dans les bals, et l'essor des recherches pour en faire un instrument musicalement "complet". Ces qualificatifs, petits et grands, s'appliquent-ils alors aux accordéons diatoniques et chromatiques ?
Antoine Schenardi s'est-il d'abord installé en 1913 modestement rue Labois-Rouillon, commercialisant sous son nom des accordéons diatoniques peut-être importés ? C'est une hypothèse envisagée par Jean-François Régis, accordéoniste et collectionneur, qui possède différents accordéons, chromatiques ou mixtes sortis de la fabrique Shenardi, dont tous, datant des années 20, portent l'adresse de la rue de Flandre. C'est là que la firme se développe. Au décès d'Antoine en 1932, sa fille poursuivant l'activité avec son époux Céleste Costa, 

Source : Giovanni Cagliardi (1882-1964), Fisarmincista Compositore

puis, après le décès de Céleste en 1934, avec son fils. L'entreprise Costa, ancienne maison Schenardi, fermera définitivement ses portes en 1999.

Source : Musée national de l'Immigration

L'accordéon du mineur, entrebâillant les portes de la fabrique Schenardi, garde tout son mystère. Mais il nous aura plongé, partant de l'intérieur d'un estaminet de Sin le Noble, dans les mouvements migratoires et musicaux du début du XXe siècle.

Agnès M. 


Les objets et documents présentés au Musée National de l'Histoire de l'Immigration font partie des collections du MUCEM.

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en prime une vidéo de 1996, Samedi chez Costa, transmise par Agnès : ICI


Charles Costa 1926-2013


avec la participation de Charles COSTA, Marcel FREBERT, Claude LEYMARIE, Lucien VENET, Léon BONINO, Roger NOTARIANI, M. THOMAS, Roger DE COORDE, M. AMOUREUX, Claude MAHE, Rémy DORIN et Jean Louis HUBERT




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en complément ce documentaire sur Giovanni Gagliardi
C'est un court métrage réalisé par le Liceo Gioia en collaboration avec le Consortium Sol.Co et les Archives de l'État, qui fait partie de l'initiative "Culture classique et culture numérique : souvenirs du futur" du projet national "Giovani Connessi", sélectionné par l'entreprise sociale "Con I Bambini" dans le cadre du "Fonds de lutte contre la pauvreté éducative des enfants".
Il s'inspire du roman graphique "Giovanni Gagliardi. Une vie espionnée », résultat d'un atelier pédagogique, créé par le Liceo Gioia en partenariat avec les Archives de l'État de Plaisance à partir de documents d'archives.


plus la présentation du roman graphique
La deuxième vidéo propose la présentation de l'album, roman graphique, créé par la classe III sc. C du Liceo Ginnasio M. Gioia de Piacenza consacré à la vie extraordinaire de Giovanni Gagliardi de Castelvetro Piacentino (1882-1964) : musicien à Paris à la Belle Epoque, pacifiste et idiot de guerre pendant la Première Guerre mondiale, confiné à Ventotene comme anarchiste jusqu'en 1943 et enfin professeur de musique et pasteur protestant. La présentation est accompagnée d'une performance de l'orchestre du Liceo qui joue également de la musique de Gagliardi.




1 commentaire:

  1. Le site giovannigagliardi.net sera de nouveau en ligne prochainement.
    Merci d'avance

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