lundi 16 septembre 2024

Les Auvergnats du Nord, une « intelligente initiative » lilloise #1

 Une nouvelle amicale sous parrainage parisien 
 
En février 1929, des originaires du Massif central habitant Lille se rassemblent pour jeter les bases d’une amicale, Les Auvergnats du Nord. Le bureau est élu lors d’une deuxième réunion qui a lieu le 3 mars au Café de L’Écho du Nord, Grand Place (L’Auvergnat de Paris du 9 mars 1929).
 
Le Café du Pélican
 
Quels en sont les instigateurs ? À la tête de la société figurent des notabilités en majorité dans l’industrie et le négoce. La présidence est d’abord assurée par Alphonse Roux, industriel d’Haubourdin dont les ascendants sont Puydômois (près de Saint-Germain-Lembron) et spécialisé au début des années 1920 dans l’outillage pour la fabrication de parapluies. Le trésorier Jean Cibié, originaire d’Ytrac dans le Cantal, lui succède assez rapidement dans cette fonction au début des années trente et dirige l’amicale jusque dans l’après-guerre. Négociant en métaux à Lille, il fait prospérer ses affaires et crée en 1938 la chambre syndicale de démolition d’automobiles de France.
A gauche, portrait de Jean Cibié, président de l'amicale du Nord intégré aux "groupements parisiens" à la Une de L'Auvergnat de Paris du 10 juin 1933 (source Retro News)
 
Né à Drugeac, le secrétaire Pierre Bergeaud a également des attaches avec le Cantal aux alentours de Mauriac, tout comme le vice-président Auguste Fraignac, négociant de Roubaix issu d’une famille de chaudronniers du côté de Pleaux. La femme de ce dernier, née en Belgique, provient du même secteur près d’Ally. Ce tropisme géographique évoque l’émigration de nombreux ouvriers du métal au XIXe siècle depuis le pays de Salers vers le Nord de l’Europe, décrite en particulier par Marc Prival pour le cas des Pays-Bas  (Auvergnats et Limousins en migrance, éditions de la Montmarie, 2005, p. 226-237).
Fraignac a une prédilection pour le sport automobile dans lequel il s’est illustré en réalisant la première ascension du Puy-de-Dôme en 1905, aux commandes d’un véhicule de son invention. À cette époque il fait déjà partie d’une Ligue des Auvergnats du Nord, créée à Roubaix. Voir l’article ICI. Par sa désignation, ce premier groupement local s’inscrit dans la lignée de la Ligue auvergnate fondée à Paris en 1886 par Louis Bonnet, directeur de L’Auvergnat de Paris. 
 
À la fin des années 1920, le parrainage parisien est de nouveau convoqué pour placer Les Auvergnats du Nord sous de bons auspices, à la fois sur le plan médiatique, politique et musical. Plus de 40 ans après les débuts de la Ligue, c’est Louis Farges, ancien député radical du Cantal et ministre plénipotentiaire, qui a été choisi pour présider le banquet inaugural du 5 mai 1929 dans les salons de l’Hôtel Maury, rue du Court-Debout (L’Auvergnat de Paris du 27 avril 1929). Il représente un modèle de militantisme, lui qui a œuvré à Paris aux côtés de la génération pionnière pour l’émergence d’instances régionalistes et continue à plus de 70 ans à promouvoir son Cantal natal.  Cet héritage symbolique s’incarne également dans la personne de Louis Bonnet fils qui a repris la direction de la Ligue et du journal de son père en 1913, après la mort de celui-ci. Il est solennellement reçu à Lille le 3 novembre pour présider le deuxième banquet de la société. Plus de 200 convives y participent, parmi lesquels figurent en outre le conseiller municipal Brodel et des représentants d’autres groupes régionaux locaux.
 
plan de Lille 1930, source : Gallica
 
Les invités d’honneur sont aussi à chercher parmi les hommes politiques du moment. En 1930, le ministre du Travail Pierre Laval se joint à la fête annuelle organisée salle de l’Orphéon et présidée par l’avocat à la Cour de Paris Joseph Python, soutien de La Musette de Dunkerque avant la Grande guerre (voir le lien déjà cité). Cinq ans plus tard, c’est au tour de Paul Bastid, président de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre, député du Cantal et futur ministre du commerce du Front populaire, de se joindre aux réjouissances.
 

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