dimanche 10 septembre 2023

Les fêtes de Lille en 1729

Le jeudi 29 septembre 1729 et les jours suivants, des fêtes sont données pour la naissance du dauphin le 4 septembre.

François-Casimir Pourchez, libraire et relieur, rue des Jésuites à Lille, [réalisa et] offrit un manuscrit au Magistrat de Lille. Refusé par ce dernier, ce manuscrit connut des propriétaires divers, dont le libraire L. Quarré-Reybourbon qui l’acheta à la fin du XIXe siècle et en fit l’objet d’une communication le 29 mars 1894 à la réunion des sociétés des Beaux-arts des départements 

La description de Louis Quarré-Reybourdon


ICI


Parmi ces aquarelles, deux nous intéressent plus particulièrement :


le bal au Gouvernement pour la riche bourgeoisie


et celle-ci


Façade du Griffon d'Or sur la Grand Place, décorée
par M. D'aubigny, fermier des vins et des bières de la ville
pour donner Concert pendant le feu d'artifice



On y trouve aussi mention d'un chant, avec notes, sur l'air du carillon du beffroi de la ville dont certains vers sont d'une crudité qui serait choquante à notre époque, dont nous ne reproduisons que quelques vers bachiques :
Viens-t-en, Pierrot, bon drille
Viens-t-en au cabaret,
Il nous faut, ventrebille,
Enivrer tout à fait

J'ai fait ces photos lors de l'exposition Mondonville et la musique à Lille de la Médiathèque Jean Lévy au printemps 2011.

*****
J'aime croire que parmi les musiciens représentés sur ces illustrations, on peut apercevoir un des membres de la famille Hanot. Ils sont présents à Lille à la même époque. 
Le père, Charles, joueur de violon à Dunkerque en 1710, puis musicien à Lille en 1754. Le fils aîné François Charles, maître de danse et compositeur, né à Dunkerque en 1697, il épouse Marie Hélène Alexandre à Lille en 1724, mort à Tournai en 1770 (voir plus bas) ; Charles Joseph, joueur de violon, maître de danse et hautbois assermenté de la ville de Lille, né à Lille en 1708, il épouse Jeanne Catherine Didier à Lille en 1728, il meurt à Lille en 1787.

Nous nous arrêtons un peu ici sur ce modeste compositeur flamand, parce que son œuvre témoigne de l'activité qui régnait en province, aux environs de 1740, dans le domaine de la musique instrumentale. François Hanot ou Annotte naquit à Dunkerque, le 10 juillet 1697, de Charles et de Marie Gallot, et non pas en 1720, ainsi que le prétend Fétis (1). Son acte de baptême, que nous reproduisons ci-dessous, lève toute incertitude sur le lieu de sa naissance, quoique l'acte de mariage de son frère cadet, Charles Joseph, le déclare, par erreur, natif de Lille, paroisse Saint-Élienne (2). Charles-Joseph était bien originaire de Lille, où il naquit le 22 avril 1708 ; en 1736, Charles-Joseph, qui exerçait la profession de « joueur de violon » et de « maître de danse », pouvait se prévaloir d'un emploi municipal, car il était « hautbois sermenté de la ville ». Il écrivit même des ballets destinés au théâtre de Lille, et, d'après L. Lefebvre, il joua probablement, avec son frère François, au concert de cette ville. Nous trouvons François Hanot installé à Lille en 1724, où, le 29 octobre de cette année, il épouse, en l'église Saint-Maurice, Marie-Hélène Alexandre (3). Mais, avant cette époque, il avait voyagé tant en France que dans les Pays-Bas, et avait enseigné le violon et la danse, à Mons et à Rouen. C'est ce qui résulte d'une délibération des Consaux de Tournai, en date du 30 janvier 1742, et aux termes de laquelle François Hanot se trouvait sollicité par plusieurs personnes de Tournai de venir fixer sa résidence dans celle ville « pour y fournir et instruire la jeunesse ainsi qu'il se flatte de l'avoir fait, tant en la dilte ville de Lille qu'avant, à Mons et à Rouen ». Ce document nous apprend, en outre, qu'il était à ce moment là « maître de danse et de violon, élably en la ville de Lille, pensionné entre autres des dames de Marquette pour y enseigner à danser aux demoiselles pensionnaires (4) ».

On rapprochera cette assertion du fait que, de 1718 à 1720, l'état des acteurs qui interprétèrent l'opéra français au théâtre de Lille mentionne, parmi les « choristes de la danse », un certain Hanot qui, vraisemblablement, se confond avec notre musicien. La délibération que nous visons plus haut dit encore que François Hanot est « maître des ballets qui se font dans les tragédies des collèges des RR. PP. Jésuites et Augustins » de Lille.

Hanot professait donc, dans diverses maisons d'éducation, le violon, la danse et les belles manières ; il trouvait, cependant, le temps de composer pour son instrument, car, vers 1740, il publiait à Lille son premier œuvre, Sei Sonate a flauto traversa o violino solo e basse continua, qu'il dédie à Louis, baron de Roll, d'Emmenholtz, etc., officier au régiment de Witmer. 

Alors que ni son père ni son frère cadet ne sollicitèrent le titre de « bourgeois », François Hanot acheta la bourgeoisie, le 7 avril 1744, ainsi qu'en témoigne le Registre aux Bourgeois de Lille , bien qu'à cette époque il fût fixé à Tournai. Faisant droit à sa requête de 1742, la ville de Tournai, en effet, lui accordait une pension de 200 florins au lieu de celle de 300 florins qu'il demandait ; il pouvait alors s'intituler : « Pensionné de la ville et cité de Tournay. » C'est là le titre qu'il prend sur son œuvre II, Six Sonates pour un violon seul ou flûte traversière avec la basse continue, qu'il met au jour en 1745, après avoir reçu, le 1er juillet, un privilège de douze ans pour des « Sonates, trios et autres pièces de musique instrumentale ». Hanot dédiait son nouvel ouvrage au comte de Saint-Génois, qui appartenait à une ancienne famille de Tournai, et qui, de 1721 à 1749, remplit diverses charges dans la magistrature de cette ville. En 1745, Saint-Génois était « Grand Prévôt de la ville et cité de Tournai » […]


(1). Son nom admet les orthographes les plus diverses, entre autres celles de Hannot et Hanno. — Voici son acte de baptême :

« L'an de grâce 1697, le dixième jour du mois de juillet, je soussigné, prêtre vicaire de cette paroisse de Dunkerque, ay baptisé François, fils légitime de Charles Annotte et de Marie Gallot, né ce matin à 5 heures. A été parrain François Louart, et marraine Marie Gallo qui n'a sçu écrire. » Signatures. [Extrait du Regislre des Actes de baptêmes de la Paroisse de Dunkerque, pendant l'année 1691.)

D'après L. Lefebvre, qui avait bien voulu nous communiquer d'intéressants renseignements sur les Hanot, le père de François-Charles était natif de Rivière, diocèse d'Arras, et sa mère, Marie Galot ou Gallot, native de Tiembronne, diocèse de Boulogne

(2). Cet acte, qui porte la date du 20 mai 1731, porte que François llauot est né à Lille, paroisse Saint-Etienne.

(3). Mariage Hanot François et Alexandre Marie-Hélène, 29 oct. 1724 [Etat civil de Lille].

(4). Registre des délibérations des Consaux. N° 259, f° 18vo. Délibération du 30 janvier 1742 (Arch. de la ville de Tournai). Le pensionnat des dames de Marquette se trouvait dans l'abbaye cistercienne de Marquette, à une lieue de Lille, abbaye fondée, en 1226, par la comtesse Jeanne de Flaxidxe ; il disparu lors de la Révolution.


L’école française de violon de Lully à Viotti, Lionel de La Laurencie, 1933 ; page 151



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