Dunkerque le 21 décembre 1799 : le citoyen Romainville, artiste et directeur des Fantoccini français, sortant du Palais Egalité de Paris [ex Palais Royal], tient un jeu propre à amuser les grandes personnes et les enfants. Il varie tous les jours son spectacle, tant par les comédies-vaudevilles que les métamorphoses, les changements à vue, les ombres chinoises, les jeux pyriques [sic] et l’optique théâtrale ; Les parents y pouvaient en toute sureté y amener leurs enfants, chez le citoyen Malbosc, rue Sébastien.[1]
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La salle Malbosc, rue Saint Sébastien, était l'ancienne salle de la confrérie des archers source : Dunkerque en Flandre, Jacques Tillie |
Cette simple mention dans une étude sur le théâtre à Dunkerque, nous ramène aux débuts des spectacles de marionnettes à fils en France. Le citoyen Romainville est très certainement l'époux de Sophie Walmont "attachée" au théâtre des marionnettes du Palais Royal, mentionnée dans le texte suivant :
Pygmées François (spectacle des). Les succès obtenus par les Fantoccini français, marionnettes qu’un nommé Caron faisait voir sur le boulevard du Temple, engagèrent quelques spéculateurs à faire construire en 1785, au Palais-Royal, un théâtre qu’ils nommèrent les Pygmées français, et d’y faire jouer Caron et ses marionnettes. Ils inaugurèrent leur salle par le Nouveau Prométhée, prologue en un acte avec couplets, et par Arlequin protégé par Momus, vaudeville en trois actes. Les marionnettes qu’on y montrait n’avaient que douze ou quatorze pouces de hauteur, et, comme à l’ancienne Troupe Royale des Pygmées, un acteur placé dans la coulisse parlait et chantait pour elles. Malgré la gentillesse de ces petits comédiens et l’habileté de Caron qui les conduisait malgré les feux, cascades, bouquets, gerbes, fusées et illuminations pyrrhiques dont le spectacle était enjolivé, les Pygmées français n’obtinrent aucune réussite (1). (Guide des amateurs et des étrangers voyageurs à Paris, par Thiéry, I, 284. Magnin, Histoire des Marionnettes, 180)
(1) Ce spectacle avait deux directeurs, l’un se nommait Jean François Spits, graveur de médailles et monnaies de France, et l’autre Baudin, facteur de clavecins. Des discussions d’intérêts s’élevèrent entre eux, et un procès s’engagea. L’une des pièces de la procédure nous fournit l’indication de presque tout le personnel attaché aux Pygmées français. Nous transcrivons ici leurs noms ; c’étaient :
1° Jean François Féron, âgé de 33 ans, musicien ci-devant attaché au spectacle des Pygmées, et à présent attaché à celui d’Asthley, demeurant rue du Faubourg Sainte Anne, à l’hôtel des Charolois
2° François Gressier, âgé de 48 ans, musicien, demeurant place des Victoires
3° Pierre Marie Joseph Hurpy, âgé de 42 ans, machiniste, demeurant rue du Faubourg du Temple, acteur des Pygmées
4° demoiselle Marguerite Galimard, âgée de 25 ans, épouse du sieur Boudin, maître chandelier, actrice attachée au spectacle des Pygmées français, aux appointements de 700 livres, demeurant rue Montmartre
5° Pierre Hurpy fils, coiffeur et ci-devant acteur au spectacle des Pygmées, aux appointements de 600 livres, demeurant au Palais Royal
6° Pierre Gruier, âgé de 22 ans, musicien ci-devant attaché au théâtre des Pygmées, aux appointements de 600 livres, actuellement à celui de Beaujolais, demeurant rue Saint Denis
7° Pierre Siméon Caron, âgé de 28 ans, demeurant sous les arcades, acteur au théâtre des Pygmées, aux appointements de 600 livres et 3 louis de gratification
8° Sophie Walmont, âgée de 28 ans, épouse du sieur Jean de Romainville, acteur de province, elle attachée au théâtre des Pygmées français, aux appointements de 500 livres, demeurant rue Neuve Saint Sauveur
9° Pierre Louis Morin, âgé de 18 ans, musicien, demeurant au palais Royal, au théâtre des Ombres chinoises, ancien violon du spectacle des Pygmées, aux appointements de 600 livres
10° Laurent Saint Charles, musicien, âgé de 24 ans, demeurant au spectacle des Ombres chinoises, au Palais Royal, ancien premier violon du spectacle des Pygmées, aux appointements de 40 sols par jour
11° Jean Baptiste Fressancourt, âgé de 24 ans et demi, musicien, demeurant rue Coquillière, ancien joueur de clavecin au spectacle des Pygmées (archives des Comm. N°1264) [2]
Aa Palais Royal
Spectacle des Pygmées François, n° 105
Ce petit Théâtre réunit plusieurs objets qui, se variant à l'infini, le rendent agréable aux spectateurs. Il est placé au premier étage du n°105. La salle, propre et simple, n'a pour tout décors, qu'un petit ordre ionique à l'avant scène. Ce spectacle est composé, 1° de points de vues artistement faits, représentant les principales villes de l'Europe. Ces vues, disposées dans le genre théâtral, sont éclairées de manière que toute l'assemblée en jouit. 2° de feux, cascades, bouquets, gerbes, fusées et illuminations pirrhiques [sic] d'un genre nouveau et agréable. 3° des petits acteurs pantomimes, de douze à quatorze pouces de haut, bien faits et bien costumés, y représentent et jouent de petites pièces faites exprès. Ils sont si bien conduits et leurs gestes tellement d'accord avec les paroles déclamées dans les coulisses, qu'ils prêtent à l'illusion et font plaisir.
Spectacle des vrais Fantoccini Italiens n°53
Ce petit spectacle, sous la direction du sieur Castagna, Italien, est composé de petits Fantoccinis ou Marionnettes de dix-huit pouces de haut, qui exécutent des petites pièces et danses. On y entend du chant et des solo de mandoline dans les entractes. Les prix sont de 1 livre 16 sols aux loges, 1 livre 4 sols au parquet, et 12 sols derrière le parquet. La salle, proprement décorée, peut contenir trois cents personnes. Les décorations se changent à vue. On donne deux représentations par jour.
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Spectacle de marionnettes à fils (XIXe ?) source : Gallica |
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