lundi 6 octobre 2025

Le carillon de la ville de Bailleul

Par Ignace de Coussemaker, historien
extrait des Annales du Comité flamand de France 1883



On y détaille les travaux faits au carillon en 1716, sous la surveillance du Magistrat de Bailleul, dirigé par Pierre Henri de Coussemaker. Tous les membres du conseil sont mentionnés, avec leur biographie. Mais comme souvent, on oublie de parler du carillonneur. Dont on ignore les noms pour le XVIIIe et le début du XIXe siècle, à moins que quelqu'un les connaisse. Pour ma part et pour la fin du XIXe, je ne peux citer qu'un seul nom et encore c'est un hasard qu'il soit parvenu jusqu'à nous. En mai 1891, le chansonnier Alexandre Desrousseaux vient à Bailleul pour faire une excursion, le poète lillois était arrivé près de l'Hôtel de Ville, quelques instants avant que sonnassent au beffroi onze heures du matin. Or, le carillon, au lieu de jouer le refrain ordinaire, fit entendre tout à coup la célèbre Canchon Dormoire. C'était là une délicate attention du carillonneur, M. Freson, qui avait appris l'arrivée à Bailleul de l'auteur de la berceuse si populaire du Petit Quinquin. Desrousseaux, les yeux humides de larmes, s'arrêta et, la tête découverte, resta immobile jusqu'à la fin de ce concert improvisé en son honneur. Puis voulant prouver le plaisir que lui causait cette surprise il fit mander le carillonneur, lui serra affectueusement les mains et, prenant congé de lui, il ajouta : Je reviendrai un mardi-gras voir Bailleul en liesse, saluer son antique beffroi et les cloches de son carillon de 1742*, si aimable pour moi en 1891… Desrousseaux ne put réaliser sa promesse, car quelques mois plus tard, il ressentait les premières atteintes du mal qui devait l'emporter. Paul Van Houcke, témoin de la scène, in le Grand Écho du Nord du 24 février 1897.

Henri Freson n'est pas mentionné comme carillonneur dans l'état civil, son métier officiel est horloger, il devait probablement être aussi chargé de l'entretien de l'horloge du beffroi et de son carillon. Issu d'une vieille famille bailleuloise, il est né en 1838, il meurt en 1900.

le beffroi et son carillon

* Dans Mœurs populaires de la Flandre Française (1889), A. Desrousseaux est plus précis. Il reprend la source d'Ignace de Coussemaker : Les cloches du carillon, fondues en 1717 par Antoine BERNARD de Neufchateau (Vosges) fonctionnèrent pour la première fois, à l'entière satisfaction du Magistrat et des bourgeois, le 7 mars 1718. […] Cet instrument comprend 31 cloches, dont 23 portent des inscriptions diverses, ainsi que les armes de la ville. […]
Le carillon de Bailleul joue mécaniquement : 
- A l'heure, l'air de la Valse du havre (n°1500 de la Clé du Caveau) que Scribe a rendu célèbre […] composé par un certain Despinois.
 

- A la demi-heure, ce carillon joue un petit air dont on ne connaît pas l'auteur et qui ne date pas de plus d'une vingtaine d'années. On en trouve la notation, ainsi que l'air précédent, dans la brochure de M. Ig. de Coussemaker. Un carillonneur, rétribué par la ville, se fait entendre le mardi, jour de marché, de onze heures et demie à midi, ainsi qu'à toutes les cérémonies et fêtes locales et publiques.