vendredi 10 novembre 2023

Charles Béghin, chansonnier lillois (1833-1915)


Poète-Chansonnier

M. Charles Béghin joint à ses nombreuses qualités, celle de chansonnier. Il nous raconte ses relations avec Desrousseaux et nous montre deux recueils dont ce dernier lui a fait hommage en bon confrère.
Le sergent major a très bien profité des leçons que lui donnait M. Minot, directeur de l’école de la cour des Bourloires.
- Il y a de ça un bon bout de temps, nous dit M. Beghin, j’ai commencé à faire des chansons pour rendre service aux pompiers malades. Non seulement nous n’étions pas payés mais encore on ne nous aidait même pas en cas de maladie. J’eus l’idée de composer quelques couplets qui furent mis en vente et le produit en fut offert à un des nôtres, soufrant. Je pris goût à la chose et je continuai à pondre des vers patoisants. Ce fut en amateur par la suite et non plus par esprit de charité, car la Caisse de secours aux malades fut établie sur nos instances ; c’est le capitaine Hornez qui le demanda à l’Administration municipale. 
M. Béghin fut un des premiers à bénéficier de cette institution, il toucha 50 francs après l’incendie de chez Danel. Mais le jour baisse, comme l’on dit, et c’est au clair de la lampe que nous prenons des notes. Nous examinons de nombreuses chansons et poésies et nous choisissons quelques couplets que nos lecteurs liront avec intérêt. C’est d’abord une chanson sur le fusil à pierre que l’on remplace par le fusil à percussion. C’est sur l’air de l’Etoile à queue :
Avec ch’fosi à pierre
On a vu bien souvint
L’amorce querre par tierre
Et rester aveu rien
Mais sans crainte eul’ critique
Ni les rires de tertous
On pora d’un air chique
Tirer comme les pioupious

Refrain
Car au tir à la cible
Y ara rien d’impossible
qu’à tout moumint
Semblant de rien
On verra mett’ auddin.

Aveuque un fusil pareil
T’intindras pu tout l’temps
Bruinne à t’ n’ oreille
Ah ! Mon Dieu ! Queul ariant
Quoi qu’on orcul’ra l’ tir
On verra des magons
Leus balles aller dormir
A tout cop dins l’ carton

Voici un couplet où il est question d’un vieille société de Lille : Les Courtes-Queues (air des Pioupious d’Auvergne) :
Des vrais patriotes
Voulant rigoler
Ont sur Jeanne Maillotte
Fait une société
Et sans être pitres
Tous ces cœurs joyeux
Ont choisi pour titre
Le mot Courtes Queues

Enfin c’est sur les pompiers que roulent les couplets suivants sur l’air si connu : Un bienfait n’est jamais perdu
Un pompier c’est un cœur sincère
Un pompier c’est homme humain
Qui, pour soulager la misère
Il se dévoue pour son prochain
Du banquier comme du prolétaire
On le voit défendre le foyer
Celui qu’un feu il fait le guerre
C’est un pompier, c’est un pompier

Un pompier sait sécher les larmes
De tous malheureux incendiés
Car il ne dépose les armes
Que lorsqu’il les voit en sûreté
Au milieu des flammes dévorantes
Et devant ces murs crevassés
Celui que rien n’épouvante
C’est un pompier (bis)

Il aime à rire, il aime à boire
En vrais compagnons de Bacchus
Il est aussi, on peut le croire
Incapable d’aucun abus
Au feu, s’il sacrifie sa vie
Au plaisir il n’est pas le dernier
Qui sait amuser ses amis
C’est un pompier (bis)

[…]
Il obtint d’ailleurs plusieurs récompenses. En 1883, la Société des Rosati lui donnait un prix pour sa poésie sur Liquette et RitinTout près du comptoir, sujet imposé, et Insonne, sujet libre, lui valurent deux mentions au concours du Caveau Lillois. Enfin au concours patois de Fives la médaille d’argent état décernée au sympathique chansonnier. […]

La Croix de Roubaix Tourcoing, 24 janvier 1908

La BNF conserve une trentaine de chansons de ce chansonnier : Les Emigrés, Les Bons-Vivants, Les Testament de César, Les Compagnons des mirlitons, Le Café, La cavalcade de la Mi-Carême, Les Aventures d'un Bossu, Le Petit Doigt de la Grand-Mère, L'ménache d'un Garchon, Le Pompier Lillois, Les Nouveaux Fusils des Sapeurs-Pompiers, Les Bonnets de Coton Fourrés, Le Buveur de Café, P'tit Prosper,  Les Tribulations d'un Locataire, etc…







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