mardi 3 septembre 2013

Cornemuses à Dunkerque

mise à jour 26 avril 2015

Dans les comptes de la ville de Dunkerque on trouve la mention de la présence d'un joueur de cornemuse, ou plutôt de musette, au XVIIe pour la Kermesse de la ville et la procession du géant.



"Payé à Nicolas Richaut jueur de la musette pour avoir joué aveq la dite musette au devant du Geand pendant la caremesse passé, par ord[onnance] du 28me juin 1681 pour acquit ———— LT 6 [livres tournois]"

La présence d'un joueur de musette est exceptionnelle, habituellement ce sont des joueurs de violon qui accompagnent la procession de la Kermesse, comme le prouve ce dessin d'époque, publié par Henri Durin. Sur un autre dessin de la même planche ils sont désignés comme joueurs de piston, l'imprimeur, ou l'auteur, ayant eu certainement des difficultés à déchiffrer le manuscrit.



Une autre mention se trouve sur la représentation qu'a faite le peintre Orlando Norie, en 1856*, du défilé de la procession du Reuze sous la Restauration. Il y montre quatre joueurs de cornemuses précédant le géant. Mais ce dessin a été réalisé beaucoup plus tard et nulle part, dans les comptes de la ville, on ne retrouve la trace de ces musiciens, d'autant que la procession a connu une interruption de 65 ans et n'a donc pas eu lieu pendant la Restauration.


Jean-Luc Porhel, ancien archiviste de la ville de de Dunkerque, dans un article**, a supposé que ce dessin représentait le cortège de 1840, mais il ne cite pas ses sources quant à la présence des trois [sic] joueurs de cornemuse qu'il mentionne.
Le 14 mars 1847, le géant fait sa deuxième sortie pour une fête de bienfaisance. Une gravure représente le Reuze debout, accompagné d'un cheval-jupon, d'un  tambour major, d'un arlequin et d'un pierrot, mais pas de cornemuse. L'ordre du programme ne mentionne que trois "corps de musique" et "un char représentant le Parnasse, et sur lequel la Société du Cercle Musical et les élèves de l'école de musique dirigée par M. Dubreu, feront entendre des chœurs analogues à la circonstance".

verso de l'affiche de la Fête de Bienfaisance de 1847


En 1857, l'imprimeur Benjamin Kien publie un opuscule titré "Le carnaval de Dunkerque, suivi de quelques notes sur les mascarades, le bateau de Jean Bart, le Reuze, etc..., chansons flamandes, etc..." on y lit "Autrefois le Reuze, précédé d'un tambour-major choisit parmi les plus lilliputiens de la population, était accompagné de quatre joueurs de cornemuses, de fifres et de tambours. Le pas de danse était réglé par les cornemuses, le pas de marche par les fifres et tambours. Le tambour-major frappait le Reuze de sa canne et la nature du coup indiquait à l'intérieur l'espèce de mouvement à exécuter. Actuellement, pendant la promenade du Reuze, le carillon de la tour fait entendre l'air traditionnel avec lequel nos aïeux ont été bercés, l'air favori de "Keer u e'som" que la génération flamande d'aujourd'hui répète encore avec tant de délices"

Ce texte est repris en 1899 dans le Bulletin de l'Union Faulconnier qui donne sa source : un manuscrit conservé dans les archives de la société. Ce manuscrit a été rédigé par Philippe Alexandre de Queux de Saint Hilaire (1766-1857) vers 1802 et il situe cette description "au milieu du XVIIIe siècle", ce qui semble plus crédible mais reste toujours sans preuve.

Christian Declerck

* Conservée au Musée des Beaux-Arts de Dunkerque
* Reuze, le géant de Dunkerque, Revue historique de Dunkerque et du littoral, n°32, 1998, pp. 75 à 104

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