mis en ligne le 14/12/2009
mise à jour le 18/8/2023
Pierre-François Muselet, cornemuseux du Boulonnais (1835-1915)
J’ai appris l’existence de Pierre François Muselet de mon grand-père maternel [Louis COUVOIS] qui me raconta un jour que son propre grand-père avait exercé, entre autres, le métier de berger et qu’il jouait de la cornemuse (mon grand-père appelait ça un "biniou"). C’est ainsi que j’ai appris avec stupéfaction que j’avais un ancêtre cornemuseux ! Après cette révélation je restai sur ma faim. Une visite à l’une des sœurs de mon grand-père me permit d’en savoir un peu plus.
J’ai bien dit "un peu" plus, ceux qui me voyaient déjà révéler l’existence d’un instrument complet en état de marche avec tout un répertoire soigneusement noté sur un carnet seront déçus ! Ce ne sont que quelques souvenirs de famille, mais ils confirment la pratique de la cornemuse dans le Boulonnais et le lien qui existait avec le métier de berger.
Pierre-François Muselet est né à Equihen (alors commune d’Outreau) le 23 novembre 1835. Durant sa vie il a pratiqué de nombreux métiers, non pas successivement, mais simultanément, selon les saisons et les occasions. Berger (une ferme située près de la fourche des routes d’Outreau et du Portel possédait des moutons), il savait aussi tondre les moutons et offrait ses services dans de nombreuses fermes, jusqu’au-delà de la Liane. Un jour, en revenant de tonte, il est même, paraît-il, tombé dans la rivière. Cette anecdote me fut racontée sur un ton entendu qui suggérait que notre berger n’était pas totalement sobre.
Son principal métier semble avoir été cordonnier et il proposait ses services un peu partout. Il savait également rempailler les chaises et occasionnellement, l’hiver, allait en mer pêcher le hareng. Pendant 35 des dernières années de sa vie il fut bedaud et faisait aussi office de fossoyeur.
Lorsqu’il était berger il jouait de la cornemuse et ma grand-tante se rappelle bien avoir entendu mentionner le terme de pipossa* dans sa famille. Il jouait entre autres pendant la messe de minuit avec d'autres bergers. Cela devait se passer dans les années 1860, puisqu’on sait que c’est la période pendant laquelle il a été berger, sans pouvoir donner plus de précisions.
Il y avait sur la place d’Equihen un débit de tabac tenu par un certain Fourquet à la réputation d’alcoolique. Ce Fourquet invitait souvent Pierre-François Muselet à venir jouer dans son café en échange d’un coup à boire. Ce que n’appréciait pas sa femme [Sophie Eléonore CAZIN], si bien qu’un jour, lassée de ces beuveries ; elle perça le sac de sa cornemuse pour qu’il ne puisse donc plus se faire inviter au café. Elle lui fit croire, dit-on, que c’était une souris qui avait fait le coup, mais il ne fut pas dupe ! Étant cordonnier il aurait bien pu réparer le sac, mais à partir d’ici l’histoire ne mentionne plus de cornemuse. Peut-être a-t-il préféré arrêter de jouer pour éviter d’autres scènes de ménage. Tant mieux pour son couple, tant pis pour nous qui recherchons les traces de cet instrument. Bref, à partir de ce jour, on ne sait plus rien de la cornemuse de grand-père Muselet. Personne n’a pu me dire ce qu’elle était devenue.
Patrice Gilbert (décembre 1992)
[Pierre François Muselet est décédé à Outreau (quartier d'Equihen) le 7 novembre 1915] généalogie
J’ai bien dit "un peu" plus, ceux qui me voyaient déjà révéler l’existence d’un instrument complet en état de marche avec tout un répertoire soigneusement noté sur un carnet seront déçus ! Ce ne sont que quelques souvenirs de famille, mais ils confirment la pratique de la cornemuse dans le Boulonnais et le lien qui existait avec le métier de berger.
Pierre-François Muselet est né à Equihen (alors commune d’Outreau) le 23 novembre 1835. Durant sa vie il a pratiqué de nombreux métiers, non pas successivement, mais simultanément, selon les saisons et les occasions. Berger (une ferme située près de la fourche des routes d’Outreau et du Portel possédait des moutons), il savait aussi tondre les moutons et offrait ses services dans de nombreuses fermes, jusqu’au-delà de la Liane. Un jour, en revenant de tonte, il est même, paraît-il, tombé dans la rivière. Cette anecdote me fut racontée sur un ton entendu qui suggérait que notre berger n’était pas totalement sobre.
Son principal métier semble avoir été cordonnier et il proposait ses services un peu partout. Il savait également rempailler les chaises et occasionnellement, l’hiver, allait en mer pêcher le hareng. Pendant 35 des dernières années de sa vie il fut bedaud et faisait aussi office de fossoyeur.
Lorsqu’il était berger il jouait de la cornemuse et ma grand-tante se rappelle bien avoir entendu mentionner le terme de pipossa* dans sa famille. Il jouait entre autres pendant la messe de minuit avec d'autres bergers. Cela devait se passer dans les années 1860, puisqu’on sait que c’est la période pendant laquelle il a été berger, sans pouvoir donner plus de précisions.
Il y avait sur la place d’Equihen un débit de tabac tenu par un certain Fourquet à la réputation d’alcoolique. Ce Fourquet invitait souvent Pierre-François Muselet à venir jouer dans son café en échange d’un coup à boire. Ce que n’appréciait pas sa femme [Sophie Eléonore CAZIN], si bien qu’un jour, lassée de ces beuveries ; elle perça le sac de sa cornemuse pour qu’il ne puisse donc plus se faire inviter au café. Elle lui fit croire, dit-on, que c’était une souris qui avait fait le coup, mais il ne fut pas dupe ! Étant cordonnier il aurait bien pu réparer le sac, mais à partir d’ici l’histoire ne mentionne plus de cornemuse. Peut-être a-t-il préféré arrêter de jouer pour éviter d’autres scènes de ménage. Tant mieux pour son couple, tant pis pour nous qui recherchons les traces de cet instrument. Bref, à partir de ce jour, on ne sait plus rien de la cornemuse de grand-père Muselet. Personne n’a pu me dire ce qu’elle était devenue.
Patrice Gilbert (décembre 1992)
[Pierre François Muselet est décédé à Outreau (quartier d'Equihen) le 7 novembre 1915] généalogie
*Pipossa (pipe au sac) : Cornemuse des bergers boulonnais. Les bons joueurs de cet instrument deviennent rares. Autrefois, lors de la Saint-Jean d'été, à l'époque de la tondison des brebis, tous les bergers d'un village et des environs se réunissaient et formaient une espèce de concours où l'on pouvait juger le plus habile sonneur de pipossa.
In Curiosités de l'histoire du Pays Boulonnais, Ernest Deseille, 1884
Extrait de : Le patois Boulonnais comparé avec les patois du Nord de la France, par le chanoine Haigneré, paru dans les Mémoires de la Société Académique de l'arrondissement de Boulogne sur Mer en 1903
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En complément voici peut-être une piste sur un facteur de cornemuse ?
J'ai relevé le mariage de Pierre Marie Augustin BOUCHEZ, né à Desvres le 13 décembre 1805, il épouse Marie Josèphe Rosalie CROQUELOIS à Boulogne sur Mer le 29 avril 1830 et il déclare la profession de "tourneur luthier". Je n'ai pas trouvé de descendance, il est mort à Boulogne en 1887, 6 rue Damrémont, il est dit mécanicien. Son épouse était décédée l'année précédente 1 rue du Lalot. C.D.
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