mise à jour le 2 janvier
collection personnelle
Cette fête dont aucun document n'indique la fondation, attirait un si grand nombre d'individus à Dunkerque, que les auberges, les maisons particulières, se trouvaient encombrées au point, qu'une grande partie des curieux retardataires, étaient obligés de se coucher dans les rues, sur les caves et les bancs de pierre. Elle se célébrait le jour de St-Jean (24 juin), quoique la ville ait Saint-Éloi pour patron, et comme à Cambrai, elle était précédée d'une procession religieuse, où il se glissait peut-être encore quelques personnages déplacés, mais indispensables à cette époque de nos moeurs, où il fallait parler aux yeux. Voici le détail de la Procession de 1757, écrite par un témoin oculaire (1). La solennité commenca par une grande Messe, célébrée avec grande pompe à l'église paroissiale ; l'abbé de Bergues-St-Vinoc, curé primitif officia lui-même. Après la messe, on déjeûna en grand appareil chez le curé de Dunkerque, où étaient toutes les notabilités de la ville. Entre onze heures et midi, la Procession commença : des hommes habillés en diable fesaient la police, c'est-à-dire, qu'ils forçaient les curieux de se ranger et de livrer passage. A la tête marchaient les trois confréries de Dunkerque, Sainte-Barbe, Saint-Sébastien, Saint-Georges... Les confrères de Sainte-Barbe avaient un habit rouge, les paremens, la veste et la culotte noirs, ils portaient des flambeaux. Les confrères de Saint-Sébastien étaient en habit et culotte rouge, les paremens et la veste jaune; ils portaient aussi des flambeaux. Les confrères de Saint-Georges ont habit et culotte d'écarlate, les paremens et la veste de […].
(1) Voyez le 1er volume des Voyages et Réflexions du chevalier d’Ostalis.
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle le terme folie s’applique au Carnaval, comme en témoigne la partition au début de cette page. Il existe également un quadrille composé par Adolphe Néerman, nommé Jours de Folie, édité vers 1890
Collection personelle
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Une fidèle lectrice du blog m'a fait parvenir ce texte complémentaire.
Merci de faire découvrir ce récit des Folies contenu dans Histoire des fêtes civiles et religieuses : des usages anciens et modernes du département du Nord, par Albertine Clément-Hémery, Paris, 1834.
On peut se reporter au témoignage de première main, écrit en 1757, par le Chevalier Ostalis (
Voyages et réflexions du chevalier d'Ostalis, ou ses Lettres au marquis de ... - Google Livres), avec ses détails, comme celui de manger plus que raison des tartines de couke aux raisins, du lard et de la langue fumée, ou celui du bénéfice tiré par la ville des taxes prélevées sur les boissons permettant à lui seul de financer le coût de la fête, soit 12 à 15 mille livres.
Outre l'appellation de Folies, le Chevalier Ostalis emploie les termes de kermesse et ducasse. Ce sont les mots utilisés dans la région pour la fête votive, qui célèbre le Saint patron de la cité. Du coup, il s'interroge sur les raisons de fêter comme patron de la ville de Dunkerque St Jean-Baptiste le 24 juin, alors que la paroisse est sous l'invocation unique de Saint Eloi.
On constatera d'abord que le 24 juin est la veille, c'est à dire est la vigile de la Saint Eloi d'été ! On est alors en plein solstice d'été, période particulièrement redoutée dans les sociétés agraires anciennes, quand le soleil, à son apogée dans sa course vers le nord, entame le "demi-tour" qui va produire la décroissance des jours. C'était le passage d'un cap considéré comme très dangereux (les Grecs ne plaçaient-ils pas Hélios sur un char tiré par 4 fougueux chevaux) que la pratique de rites aidait à réussir, et dont on trouve trace dans de nombreuses régions et pays. On peut écouter ici une conférence de Claude Gaignebet, spécialistes des mythes européens, sur ce sujet : Autour du solstice d'été — Institut culturel basque.
On pourrait, comme le Chevalier Ostalis, n'entrevoir derrière le défilé des chars qu'un ordonnancement destiné à divertir et combler le public. Mais il est possible de s'interroger sur le sens de ce défilé.
Chapiteau aux dauphins, Saintes
Le Chevalier d'Ostalis évoque par exemple des dauphins de carton, garde rapprochée du char du Dauphin, décoré de tous les attributs du Dauphin de France. Un signe d'allégeance à la royauté ? Un des risques majeurs pendant le solstice, comme l'explique Claude Gaignebet, provient de la mise en activité des dragons. Le dauphin, animal vénéré dans la mythologie grecque, repris comme symbole positif par la religion chrétienne, contrebalance l'activité maléfique du dragon mythique, dont la soumission est évoquée par la place en bonne position dans le défilé de la confrérie de Saint-Georges, qui s'illustra lui aussi en terrassant le dragon. Une dualité qu'on retrouve à différentes époques et sous différentes formes, comme dans l'architecture (Veüe et perspective des Cascades et du Bassin du Dragon a Versailles : [estampe]).
Loin d'être quelques personnages déplacés, mais indispensables à cette époque (...) où il fallait parler aux yeux (Albertine Clément-Hémery, Paris, 1834), les diables, feux symboliques, bouquets d'herbes bénéfiques ou maléfiques, seringues d'une eau fertilisante et apaisante, s'inscrivent dans la longue histoire des rites accompagnant un calendrier marqué par les rythmes du soleil et de la lune, et les "temps à rebours" que constituaient le cycle des Douze Jours* ou celui de Carnaval**.
Des rites dont les sens, même perdus, ont laissé des traces dans le calendrier liturgique mis en place au Moyen-Age par une Eglise soucieuse de christianiser les pratiques, tout comme aujourd'hui encore dans les foires annuelles, ducasses, défilés et fêtes carnavalesques des offices de tourisme.
Agnès M
- deux illustrations, de Rembrandt, sur le Cycle des Douze jours, où l'on voit bien l'étoile en mouvement sur l'une et le rommelpot sur l'autre
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En complément la communication de Gustave DURIAU, publiée dans le volume de 1892, dans les Mémoires de la Société dunkerquoise
The Cow-Mass, qu'il traduit judicieusement par la Kermesse
extrait du Sportin Magazine de 1799
ICI
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