mercredi 21 mai 2025

Paul Balardy, éditeur à Dunkerque

 On croise très souvent ses recueils de chansons-marches pour les soldats sur les sites d'enchères et chez les bouquinistes. Longtemps je n'avais pas réussi à l'identifier, je savais seulement qu'il s'agissait d'un aumônier militaire, grâce à la correspondance avec l'abbé Lecointe qui m'avait contacté pour des travaux de généalogie et qui, pour me remercier, m'avait donné un ou deux de ces recueils avec cette information.
 
collection personnelle


Je supposais l'avoir reconnu, grâce au dépouillement des fiches matricules, comme étant Jean DEWAVRIN, les dates de sa présence à Dunkerque collait avec celles des publications, jusqu'à ce que, récemment, je tombe enfin sur une preuve irréfutable. Un entrefilet paru dans La Croix du Nord (1934) en réponse à une demande qui donne les nom et adresse de cet éditeur discret : 18 rue Emmery c'est l'adresse du Foyer du Soldat, aumônerie militaire dunkerquoise.
 
source Gallica

Jean Marie Anselme Joseph DEWAVRIN est né à Tourcoing le 4 août 1897, fils de Henri, négociant en laine et trésorier de la Chambre de Commerce, descendant d'un "dynastie" de négociant en tissus. Sa mère, Marie POLLET également issue d'une famille de négociant/fabricant de Tourcoing. En passant je découvre que le cousin de son père est Joseph Anselme Justin DEWAVRIN, alias Joseph NIRVASSED, le compositeur (plus d'info ICI).
La fiche matricule de Jean ne nous donne pas d'information sur sa formation et son parcours ecclésiastique, peut être y en a-t-il aux archives diocésaines à Lille, mais cette partie du personnage intéressera peut-être plus les historiens. On y apprend quand même qu'il habite Le Tréport quand il est recensé pour la conscription en 1917, puis après son service militaire dans l'artillerie, il se retire 6 rue du Regard à Paris en 1919, puis à Issy les Moulineaux l'année suivante. Il revient la même année à Tourcoing chez ses parents et enfin il déclare son arrivée à Dunkerque en avril 1933. Mais on sait par la presse qu'il y est déjà présent depuis au moins novembre 1927, Le Nord Maritime annonce qu'il donne une messe de départ à la chapelle Notre Dame des Dunes, dont témoigne cette photo :
 
au centre : probablement l'aumônier J. Dewavrin
 
 
source : Le Nord Maritime Retronews

 
Pourquoi avoir publié ces recueils ? L'éditeur le précise dans une préface : Il y a deux ans, de même que les années précédentes, notre Régiment se rendait au Camp de Sissonne, par la route. Une fois de plus mes camarades et moi-même nous constations la pauvreté du répertoire des chansons de notre Compagnie et des Compagnies voisines. Les hommes connaissaient exactement deux chansons et trois demi-chansons (en ce sens que pour ces dernières ils ne connaissaient que le refrain)… Et la route à parcourir en cinq jours était de 130 kilomètres [en réalité 230 km]. Au Camp de Sissonne, il nous vint à l'idée de nous informer auprès des hommes des quatre autres régiments pour voir si le répertoire était un peu plus varié. Hélas ! nous trouvions semblables pauvreté partout ; chez eux comme chez nous, la plupart ignoraient même, totalement, les paroles de La Madelon. Alors nous avons pensé qu'il y avait quelque chose à faire, et, à nos heures de temps libre, depuis dix-huit mois, aidé de plusieurs Sous-Officiers, nous avons parcouru à peu près tout le répertoire français, pour sélectionner un ensemble de Refrains et de Chansons très agréables dont la cadence soit généralement bien adaptée à la marche […] Nous remercions très cordialement les Éditeurs, Compositeurs et Paroliers qui ont bien voulu : "Pour rendre Service à l'armée", nous céder les droits de reproduction des ces Chansons.
Par ailleurs on apprend : " S'il n'a pas publié des chants d'inspiration religieuse ou du moins des mélodies classiques dans le genre, comme le Credo du paysan, le Repos du paysan, l’Angélus de la mer, ou même le Minuit, chrétiens, c'est que le droit de reproduction lui a été rigoureusement refusé. La Revue des Lectures, 1934.
La presse se fait largement écho de ses publications, par exemple
 
source Gallica

Il y publie quelques uns de ses textes co-écrits avec Lucien PRÉVOT dit PLÉBUS (1874-1955) et Charles JARDIN (1884-1950) pour la musique :
 
Dernières nouvelles du Quartier, paroles de Balardy, air Tout l'pays l'a su, musique de Ch. Borel-Clerc.
La marche des chasseurs, paroles de Lucien Plébus et P. Balardy, musique de Charles Jardin.
Marche funèbre pour les funérailles du père Cent, paroles de L. Plébus et P. Balardy, musique de Ch. Jardin. 
Pour une rose, paroles de L. Plébus et P. Balardy, musique de Ch. Jardin.

Il est en relation avec plusieurs compositeurs et auteurs régionaux, j'ai relevé :  Henri Dallenne (Haubourdin), Urbain Lecomte (Nieppe), Eddy Jura, Pierre Manaut, V. Marceau, Edmond Pellemeulle (Lille) et Jean Ernst (Roubaix).
Ensuite l'abbé Dewavrin réside 10 rue de Juvisy à Draveil (mention sur une réédition non datée de son premier recueil). En 1946 il est nommé co-secrétaire, avec l'abbé Georges Chassagne, de la Centrale Catholique de la Radio et du Cinéma, où il côtoie parfois les "vedettes" comme Jean Marais, ici dans Cinémonde en 1953. Il meurt en 1984 à Pont Saint-Esprit.
 
Christian Declerck
21 mai 2025
 

source Gallica

 
Marche funèbre du père Cent (coll. perso.)

collection personnelle

 illustration dans les 30 chansons-marches

bois gravé de l'abbé Paul Pruvost 1889-1968

 
pour le folklore, j'ajoute mon "Père Cent" posté à Dakar Marine en 1972, je n'en ai pas trouvé du 110e RI à Dunkerque.
 

 et cette photo de la cérémonie du père Cent des musiciens du 110e RI de Dunkerque en 1923
 

 
 
 

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