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coll. G Lecomte |
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coll. G Lecomte |
La BNF conserve de nombreuses chansons petits formats, feuilles volantes, provenant du Dépôt Légal. J'avais consulté sur place celles concernant Eugène Gervais, le chansonnier dunkerquois, puis fait microfilmer dans les années 1980, puis numérisées plus récemment et après plusieurs déménagements j'avais égaré le fichier. Le voici enfin !
Il y a 24 chansons, dont certaines sont imprimées recto/verso, écrites par Eugène Gervais + une chanson de sa tante Milly Scint*, toutes publiées autour de 1906.
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source Gallica |
Un extrait d'une émission de TV Breizh, créée deux ans plus tôt par celui qui ne s'intéressait qu'au temps de cerveau humain disponible.
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Juliette Collache |
Nous sommes en 2002
Présentation du festival de Plozevet Mondial Folk par son président Pierrot Bosser, et quelques entretiens avec les groupes participants, puis Myrdhin nous présente les Rencontres Internationales de Harpes Celtiques de Dinan, il fête ses 30 ans de musique et c'est la 18e édition de ce festival. Juliette y anime un atelier de harpe celtique.
Un lecteur anonyme me demandait cet enregistrement il y a quelques années, je l'ai retrouvé
à télécharger ICI
Un rescapé
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source : La Voix du Nord |
C'est un orgue Lemoine, Henri Lemoine dit Philippe Dernoncourt, le propriétaire actuel, mais je crois que le fabricant s'appelait Albert [voir plus bas ]. Le nom du café était à l'origine L'Excelsior, ce nom est resté gravé sur la façade qui rappelle étrangement la forme de l'orgue.
Il existe une vidéo réalisée vers 1990 où l'on peut l'entendre. Il est désaccordé mais son propriétaire n'avait pas les moyens de le faire réparer et entretenir.
François, un grand-oncle par alliance du gérant
actuel, a connu 1914-1918. Le mutilé, c’est lui. « Lorsqu’il est rentré de la guerre, il avait choisi de
recevoir une demi-pension et un tabac. Il a acheté l’orgue à cette époque. »
Un monument « qui fait partie des murs
et qu’on ne vendra jamais ». Le dernier Henry Lemoine de cette
taille, apparemment. C’est en tout cas ce qu’ont dit les « gens de Paris venus le répertorier »
à Philippe, il y a quelques années. (La Voix du Nord, 2018)
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Albert LEMOINE
Est né à Charenton le Pont le 24 février 1882, il épouse Renée JULIEN à Paris en 1909, à son mariage un des témoins est le Lillois Théodore LAIGRE (facteur d'orgues, compositeur de musique). Sur sa fiche matricule, en 1902, est mentionnée sa profession de facteur d'orgues. Vers 1906-1909 il est domicilié à Saint André les Lille. En 1904 il fonde la société DUSSAUX-LEMOINE, avec André DUSSAUX, qui sera dissoute en 1911. Vers 1910, il crée une Manufacture d'instruments de musique (orgues, orchestrions et pianos mécaniques) pour salles de danse, cafés, skatings, casinos-forains, à Lille 281 rue de Solférino. Il est mort à l'ennemi à Lihons (80) en 1916.
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publicité 1913 |
Dans la collection de M. Lesieur, à Bernay, on peut voir (et peut-être écouter ?) un aérophone d'Albert Lemoine
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source |
Un café de Malo les Bains possédait un orgue Lemoine, information connue par cette carte postale qui a été vendue lors de la succession Florein.
c'est probablement cet orgue qui fait partie maintenant de la collection Paul Bocuse
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source |
André DUSSAUX
Est né à Rouen le 16 juin 1873. En 1902 il est domicilié à Paris, 40 rue de Fécamp. En 1904, il s'installe à Saint André lez Lille, 22-24 rue d'Alsace Lorraine chez Albert Lemoine. Après son expérience d'association, il déménage en 1913 à Lille, 1 rue Chateaubriant où il crée les établissements DUSSAUX et Cie. En 1895 il épouse Angèle FOURNY dont il divorce en 1922. Angèle meurt à Darnétal en 1956, je ne sais ce qu'est devenu son ex-époux.
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source: Gallica |
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un manège à Montauban : source |
Paul Bocuse, grand collectionneur d'instruments mécaniques, possédait un orgue Dussaux et Cie qui était exposé dans la salle de son restaurant. On peut l'entendre dans ce vinyle enregistré dans les années 1970.
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source |
En faisant l'inventaire des cahiers de chansons de ma collection, je relève ce Salut aux ouvriers, paroles d'Henri Simoens, une des rares parmi les 165 chansons dont l'auteur soit mentionné. Des paroles fortes et toujours d'actualité, qui ont circulé aussi jusqu'en Bretagne. Chantée lors de la grève des sardinières de 1924. Elle a été collectée à Douarnenez et à Tréboul, voir ICI. "Recueillie et arrangée" par Gaston Blondelon* qui l'édite sous son nom chez Marcel Labbé. On la retrouve dans la dernière publication de l'association Emglev Bro Douarnenez.
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Source |
Le cahier appartenait au couple dunkerquois Georges Marcotte (1888-1946) et Emma Vanlerberghe (née en 1888). Il est né à Dunkerque, comme son père Pierre ; sa mère, Mérantine Défossez, est picarde, née à Vitry en Artois. Son épouse est une Flamande, née à Quaedypre, dont les parents sont originaires de Bergues et Bailleul. Je ne sais rien de lui que ses professions, il était caporal tambour au 110e RI à son mariage puis chef de manutention de la maison Coquelle-Gourdin, son domicile, 26 rue Saint Charles et ce cahier de chansons rédigé et illustré avec soin.
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collection personnelle |
L'auteur de ce chant, Henri Simoens, était chansonnier et cabaretier à Roubaix. Né à Courtrai en 1841, il exerce aussi les métiers de fileur, teinturier et apprêteur, il épouse Clémentine Vantomme à Courtrai en 1869. En février 1903 le Journal de Roubaix publie : On nous prie de demander aux poètes et chansonniers de Roubaix et de Tourcoing de vouloir bien se réunir, jeudi prochain 19 février, à huit heures, chez M. Désiré Bourgois, à l'estaminet Au Petit chansonnier, 78 rue de la Perche. Cette réunion a pour but d'organiser une soirée au bénéfice de M. Henri Simoens le chansonnier populaire devenu aveugle et actuellement, en traitement à Gand, à l'Institut de l'Enfant Jésus. Cette fête de bienfaisance est un succès si l'on en croit le compte rendu paru quelques jours plus tard :
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Egalité de Roubaix Tourcoing 7/2/1903 source : médiathèque de Roubaix |
Il meurt à Roubaix le 12 février 1907 : Mort d’un chansonnier - Le chansonnier patoisant Henri Simoens vient de mourrir à l’âge de 65 ans. Il a composé surtout des chansons locales dans lesquelles vibrait souvent la note patriotique. Ancien élève de notre Académie de musique, il fonda en 1874 l’Union Ouvrière et devint, en 1881, président des chansonniers roubaisiens et membre de la société des auteurs et compositeurs. Henri Simoens avait été longtemps ouvrier teinturier dans la maison de M. Emile Roussel, rue de l’Epeule. (Journal de Roubaix du 15 février 1907)
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Le Journal de Roubaix 14/4/1881 source : médiathèque de Roubaix |
Sa généalogie par un descendant ICI
D'autres infos ICI (merci à Denis Arnaud)
J'ajoute cette belle interprétation reprise sur la page ci-dessus, par Marie-Aline Lagadic et Klervi Rivière
Un article paru dans la Voix du Nord, édition de Roubaix, du 9 mars 2025, merci à Bruno Renoul et Aude Deraedt les articles HD
Foule Chantante de Pemp real a vo, un spectacle réalisé dans le cadre du centenaire de la grève des sardinières de 1924 à Douarnenez
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Quelques chansons disponibles sur Gallica
l'inventaire dans le catalogue de la BNF ICI
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* Gaston Blondelon, ce compositeur non identifié par la BNF, est très probablement Gaston Jules qui est né à Paris dans le 17e arrondissement le 15 mai 1886. Il est employé de commerce lors de sa conscription, il devient soldat musicien au 103e RI le 11 octobre 1908. On relève plusieurs adresses à Paris sur sa fiche matricule : 1906, 14 rue d'Aubervilliers, 1910, 5 rue Bellot et 1913, 40 rue de Provence. Il est mort le 13 octobre 1916 à Dreux, 8 rue Desmousseaux.
Mais qui était donc ce Maschero ?
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source : Chants populaires flamands | |
Je pense peut-être tenir une piste avec une famille MACHERAUT, domiciliée à Dunkerque fin XVIIIe / début XIXe siècles.
Nicolas MACHURO épouse Marie Madalene BOUDRY à Dunkerque en 1751, ils ne savent pas signer. Ils ont trois enfants : Nicolas, Alexis et Jean. Seul Jean Henri aura une descendance identifiée : Jean Henri Louis Laurent Eugène MACHERAUT, brouetteur, qui épouse Marie Jeanne HANQUET à Dunkerque en 1817, a priori sans descendance et Jean Joseph MACHERAUT, charron, né à Dunkerque le 8 février 1793, il épouse Jeanne RONÉE en 1819. Le couple aura 3 enfants : Jean Joseph Augustin, Elisabeth Françoise et Marie Pétronille. Jean Joseph, charron, meurt à Lille le 20 septembre 1850, il est employé au génie militaire, mais domicilié à Dunkerque. Son épouse meurt également à Lille en 1862, témoin : son beau fils Louis DEBEYRE.
Jean Joseph Augustin est nommé prêtre en 1842, vicaire à Tourcoing la même année, puis vicaire à Lille (St Maurice) en 1846, vicaire à Lille (St Etienne) en 1853. Il devient curé de Notre Dame au Bois, Overijse (B) et enfin curé à Aubers en 1867 où il termine sa vie dans le joli presbytère de la commune. Il y meurt le 12 juin 1881. Sa sœur Elisabeth née en 1821, meurt à Dunkerque en 1902, 11 rue des Bassins, elle a certainement entendu plusieurs fois la fameuse chanson.
Si quelqu'un a une meilleure hypothèse ?