mise à jour le 11/7/2017 : relevés des employés 1926 et 1931, tombe JB Barbe
mise à jour le 1/5/2017 : photos d'un saxophone envoyées par un lecteur
mise à jour le 30/01/2017 : informations du Registre de Commerce et création de la société Barbe et Fils
mise à jour le 1/5/2017 : photos d'un saxophone envoyées par un lecteur
mise à jour le 30/01/2017 : informations du Registre de Commerce et création de la société Barbe et Fils
mise àjour le 26/11/2021 : photos d'une clarinette Barbe à Paris, merci à Vincent P.
mise à jour le 11/7/2024 : photo du magasin Armand Barbe à Paris
Les instruments de musique signés J.B. BARBE à Berck refont régulièrement surface sur les sites d'enchères, mais jusqu'à présent on ignorait qui était derrière cette "marque", était-ce un revendeur ? un prête-nom ? L'achat récent d'un catalogue de ce fabriquant a déclenché une recherche plus conventionnelle. L'aide précieuse des archives municipales de la ville de Berck sur Mer a permis de connaître un peu mieux cette famille de facteurs d'instruments de musique à vent. Mais si on a eu quelques réponses sur leur généalogie et leurs histoires familiales, il reste encore beaucoup de questions. Les réponses seront ajoutées au fur et à mesure sur cette page.
Les instruments de musique signés J.B. BARBE à Berck refont régulièrement surface sur les sites d'enchères, mais jusqu'à présent on ignorait qui était derrière cette "marque", était-ce un revendeur ? un prête-nom ? L'achat récent d'un catalogue de ce fabriquant a déclenché une recherche plus conventionnelle. L'aide précieuse des archives municipales de la ville de Berck sur Mer a permis de connaître un peu mieux cette famille de facteurs d'instruments de musique à vent. Mais si on a eu quelques réponses sur leur généalogie et leurs histoires familiales, il reste encore beaucoup de questions. Les réponses seront ajoutées au fur et à mesure sur cette page.
Jean-Baptiste BARBE est né à Mandray (Vosges) le 26 mars 1873, fils de Jean-Baptiste, fermier, et Marie Claire SAINT-DIZIER, tous les deux originaires de ce département. A priori rien ne prédisposait ce cultivateur, profession qu’il déclare lors de son mariage, à devenir fabricant d’instruments de musique.
Cependant lors de sa conscription, en 1893, il se déclare musicien de profession. Il devient naturellement soldat musicien dans le 8e puis le 5e régiment d’artillerie. Il est libéré en septembre 1897 et l’année suivante il épouse, à Anould (88), Marie Mélanie JACQUEMIN, papetière, qui y est née en 1872. Ses deux enfants naissent à Saulcy sur Meurthe (88), Marcel en 1900 et Armand en 1904. Au recensement de 1901 à Saulcy, il déclare la profession d'ourdisseur chez Clétienne Frères. Sa fiche matricule mentionne un séjour à Rambervillers en 1905, dont le recensement de 1906 nous indique qu'il est chef de musique ; ainsi que son arrivée à Berck sur Mer le 19 août 1911, il y réside dans le Chalet Marie Joseph, rue de l’asile Maritime. C’est dans cet hôpital que son épouse meurt de la tuberculose, le 14 août 1914, Jean Baptiste est mobilisé depuis quelques jours dans le 11e régiment d’artillerie à pied à Grenoble. Après un séjour au 84e d’artillerie, le 24 février 1917 il est détaché, par le commandant du dépôt des métallurgistes, comme ouvrier militaire à la Maison Teste, cité Lemière, à Paris. Ensuite il est muté au 1er régiment de zouave le 1er juillet 1917, ce qui pourrait correspondre à une sanction disciplinaire, car son passage chez les zouaves n’est pas pris en compte dans ses années de campagne contre l’Allemagne. Démobilisé le 13 janvier 1919, il se retire à Berck, rue de Tours, et y épouse Eugénie BAZIN la même année. Dans cette commune il est mentionné comme luthier au recensement de 1921. Il y décède, le 27 novembre 1939, rue Rothschild.
Sa tombe existe toujours au cimetière communal, il est inhumé avec son beau-frère Julien Lefebvre (1873-1934).
Cependant lors de sa conscription, en 1893, il se déclare musicien de profession. Il devient naturellement soldat musicien dans le 8e puis le 5e régiment d’artillerie. Il est libéré en septembre 1897 et l’année suivante il épouse, à Anould (88), Marie Mélanie JACQUEMIN, papetière, qui y est née en 1872. Ses deux enfants naissent à Saulcy sur Meurthe (88), Marcel en 1900 et Armand en 1904. Au recensement de 1901 à Saulcy, il déclare la profession d'ourdisseur chez Clétienne Frères. Sa fiche matricule mentionne un séjour à Rambervillers en 1905, dont le recensement de 1906 nous indique qu'il est chef de musique ; ainsi que son arrivée à Berck sur Mer le 19 août 1911, il y réside dans le Chalet Marie Joseph, rue de l’asile Maritime. C’est dans cet hôpital que son épouse meurt de la tuberculose, le 14 août 1914, Jean Baptiste est mobilisé depuis quelques jours dans le 11e régiment d’artillerie à pied à Grenoble. Après un séjour au 84e d’artillerie, le 24 février 1917 il est détaché, par le commandant du dépôt des métallurgistes, comme ouvrier militaire à la Maison Teste, cité Lemière, à Paris. Ensuite il est muté au 1er régiment de zouave le 1er juillet 1917, ce qui pourrait correspondre à une sanction disciplinaire, car son passage chez les zouaves n’est pas pris en compte dans ses années de campagne contre l’Allemagne. Démobilisé le 13 janvier 1919, il se retire à Berck, rue de Tours, et y épouse Eugénie BAZIN la même année. Dans cette commune il est mentionné comme luthier au recensement de 1921. Il y décède, le 27 novembre 1939, rue Rothschild.
Sa tombe existe toujours au cimetière communal, il est inhumé avec son beau-frère Julien Lefebvre (1873-1934).
à droite, le caveau Lefebvre/Barbe au cimetière de Berck
collection personnelle
La Manufacture Générale d’Instruments de musique a été fondée en 1900, indique ce catalogue, mais cette date ne correspond pas à la chronologie de son “fondateur” qui à cette époque était ourdisseur, puis chef de musique, dans les Vosges. Le registre du Commerce nous donne une autre date.
Aux Archives Départementales du Pas de Calais sont conservés les Registres du Commerce de Montreuil sur Mer, ville dont dépendait Berck. Sur la Déclaration aux fins d'immatriculation, on apprend que le commerce de Jean Baptiste, a été créé le 1er juillet 1912, il est immatriculé sous le n° 882, en date du 26 novembre 1920. Le RC a été créé en 1919, mais réellement appliqué à partir de 1920. Pour prouver son inscription il a fournit sa carte d'électeur, son livret de famille ainsi que sa feuille d'impôt et de patente. Il précise que c'est un commerce de vente et d'achats d'instruments de musique, situé rue de Tours à Berck. Une adjonction sur le registre même, non datée, précise : Fabrication ou vente des supports de saxophone dénommés "Saxo Jazz" et autres accessoires pour instruments de musique tels que ressorts, vis, pistons etc. avenue du Docteur Quettier.
La Déclaration aux fins de d'inscription modificative nous apprend la cessation de tout commerce à partir du 1er février 1932 et la radiation du registre du commerce, M. Barbe a fait l'objet d'un apport à la société Barbe et Fils à Berck Plage, rue des Pâtures.
J'ai pu consulter le contrat de création de la société Barbe et Fils, en date du 9 février 1932, avec effet au 1er janvier de la même année. L'article n°6 nous donne le détail de l'apport en matériel du père :
Le fonds de commerce de fabrication, ventes et réparation d'instruments de musique exploité à Berck, rue des Pâtures :
- un gros tour parallèlle [sic]
- une décolteuse [sic]
- un petit tour
- une perceuse
- un touret à polir
- une polisseuse
- une scie circulaire
- une meule double
- une petite meule d'affûtage
- 8 étaux
- 3 moteurs
- 3 petits moteurs
- une petite polisseuse
- une petite scie circulaire
- 10 m. de transmission
- 14 poulies en bois
- 100 m. de courroie
- 3 soufflets à pied
- une meule à eau
- 50 pinces genre américain
- 1 forge
- 2 établis simples
- 2 établis doubles
- 40 outils divers
- 200 limes diverses
Salle de nickelage :
- une dynamo
- un bain de nickelage
- un bain de dégraissage
- un bain de dénickelage
- 5 cuves de rinçage
- 2 chauffe-bain
- 3 tableaux de réglage
Bureau :
- un bureau plat avec tiroirs
- deux tables
- une machine Underwood n° 5
- des casiers
Marchandises :
- 10 cornets à piston
- 6 trompettes d'harmonie
- 8 bugles
- 3 altos
- 4 tambours
- 3 basses
- 2 trompettes
- 38 clairons
- 2 trompes de chasse
- 7 caisses
- des cymbales
- 96 pupitres
- accessoires et écouvillons
- accessoires de caisses
- 146 embouchures
- potences, boutures lentilles, boucles, broches, viroles
- 10 clarinettes
- 49 instruments divers
- 41 autres
- des pavillons
- des SaxosJaz [sic]
- des anches, des becs et ligatures, ressorts, diapasons, cordes, 10.750 tampons, des castagnettes, des sourdines
- 95 peaux de tambours et grosse-caisse
- des ressorts, des tubes, du laiton, des accessoires
- 32 sacs et étuis
- 5 phonos
le tout pour un total de 100.000 francs, y compris les éléments incorporels estimés à 1.000 francs.
Source : actes constitutifs de sociétés cote 6U-2/525 (année 1932)
les signatures du contrat
© Archives Départementales du Pas-de-Calais
Comme me le précise un lecteur (merci Jean-Jacques B.) ce matériel ne peut pas avoir été utilisé pour de la fabrication d'instruments, mais pour celle des supports de saxophone Saxo Jazz et des accessoires spécialisés, comme les boutons, la visserie, les ressorts et sans doute aussi des pistons, peut-être aussi pour l'embouchure Etoile du Nord.
extrait du catalogue 1935
collection Jacques Cools†
Les photos, censées représenter les ateliers avant 1931, sont aussi incompatibles avec cet inventaire de 1932 qui ne décrit que 6 postes de travail, loin donc de la bonne trentaine d'ouvriers présents sur ces photos. En conclusion, il y a de forte probabilités que l'on ait pas fabriqué d'instruments à vent à Berck, sauf peut-être, d'après JJB, des clairons ou des trompettes de cavalerie comme le suggère la présence des pavillons.
rue de la Goutte d'Or : Source |
Le catalogue indique qu’il travaille avec ses fils. Le recensement de 1926 les mentionne tous les deux comme employés chez leur père. Marcel, l’aîné, est le directeur technique, à son décès à Berck en 1949, il est cafetier 20 rue Gabriel Péri. Armand est directeur commercial, il est mentionné comme tourneur à son mariage en 1928. En 1943 la famille se réfugie en Normandie, à La Couture-Boussey chez un ami. Après le décès d'Armand, à Paris en 1947, son épouse, Marie Joannès, confie la gérance à une personne qui conduira l'entreprise, devenue Barbe et Cie, à la faillite en 1953. Marie Joannès, décède à New York en 1996, dans le quartier de Manhattan auprès de sa fille Nicole qui a émigré au Etats-Unis à la fin des années 1960.
Les recensements de 1926 et 1931 nous ont livré quelques noms d'employés.
En 1926 un seul employé est mentionné : Paulin MAURICE, né à Rambervillers (Vosges) en 1887, déclare la profession de luthier lors de la naissance d'un enfant à Berck en 1914, peut-être est-il déjà employé chez Jean Baptiste Barbe, on ne le retrouve plus à Berck en 1931, il décède à Marquette les Lille en 1961.
En 1931 trois employés sont mentionnés : François MULLER, né à Paris, il a 25 ans, André DE BONNIERE, né à Berck, il a 20 ans, et un jeune apprenti de 14 ans, René PIERREPONT, né à Berck.
photos extraites du catalogue, qui ne semblent pas avoir été prises dans l'atelier à Berck
collection personnelle
Les collaborateurs :
Le directeur artistique est Adrien PELISSIER, ex-soliste de la musique de la Garde Républicaine et ses collaborateurs artistiques sont :
- Gabriel DUSEIGNE, hors concours de l’école nationale de musique de Saint Omer, 1er prix du Conservatoire de Strasbourg, prix Luzan-Wolf et vice président, directeur de l’Harmonie du Touquet-Paris-Plage
- L. PERU, lauréat du Conservatoire de Paris en 1930
- Victor NYS, soliste de la musique de la Garde Républicaine, ex-professeur du Conservatoire de Roubaix
- Victor DUHAMEL, 1er prix du Conservatoire de Roubaix, soliste des Concerts classiques
- Gaston VASSOUT, 1er prix du Conservatoire, soliste des Concerts Parisiens.
- Gaston VASSOUT, 1er prix du Conservatoire, soliste des Concerts Parisiens.
Christian Declerck
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les débuts sous la direction de J.-B. Barbe
Le 31 décembre, le Journal de Berck publie un compte-rendu élogieux d'un concert : Le concert offert samedi dernier par le Club Musical Berckois à ses membres bienfaiteurs, donateurs et honoraires fut plus qu'un succès, ce fut un triomphe. Au premier coup de la baguette du chef, nous entendons un allegro militaire entraînant et nuancé en un fragment de Boccace, l'opéra de F. de Suppé; qui nous donne un avant-goût de ce que nous allons entendre dans Côte d'Azur, ouverture de concours. Ce morceau, d'une interprétation assez difficile, fut magistralement enlevé avec une sureté d'attaque, une observation des nuances et un ensemble qui sont tout à l'honneur des artistes musiciens dont est composée cette phalange. Et nous retrouverons, à chaque morceau exécuté par le Club la même maîtrise d'exécution avec de jolies variantes dans le sentiment des divers auteurs.
C'est une "Soirée près du lac", fantaisie mazurka de P. Leroux, si sentimentales, si expressive et si bien interprétée par le soliste M. Woussen, sous-chef, que nous retrouverons d'autre part. C'est le "Tour du Monde", grande valse de O. Métra, le célèbre auteur, hérissée de difficultés d'ensemble et de doigté et que les artistes du Club enlèveront comme en se jouant. Une polka à coups de langue pour deux pistons, que les solistes Patin et Pauchet jouèrent à la perfection, ravit l'auditoire. Et le concert finit sur un chant patriotique "Les Poilus Victorieux", marche triomphale chantée par les nombreux élèves du Club, accompagnés des musiciens ; le morceau d'un effet grandiose, laissa le public sous la meilleure impression.
Mais je viens vite aux acteurs de la partie vocale, chanteurs et solistes. Tout d'abord, Henriot, jeune débutant sur la scène, qui nous fit bien rire dans ses chansonnettes comiques et que je réentendrai avec plaisir. Mme Maurion, qui interpréta des œuvres desn grands maître avec un rare talent ; Arthur Deseur, un autre soliste du Club, dont la voix agréable et juste nous charma "Sans Lune Jolie", "Berceuse" et "Verdun on ne passe pas". Lui aussi est un débutant sur la scène. Et nous voici avec Bercko le monologuiste qui amuse beaucoup son auditoire avec son "Voyage à Berck", "Le Duel d'une souris et d'un éléphant", et l'autres bons mots ; il est d'une verve intarissable. Puis c'est Mme Sergent, cantatrice bien agréable, belle voix au timbre argentin, et si gracieuse en scène.
Le charme n'est pas rompu que M. Woussen, sous-chef, nous tient déjà en suspens avec son "Air Varié pour saxophone alto", de Wettge, et pendant dix minutes nous émerveille par la facilité avec laquelle il se joue de toutes les difficultés de l'œuvre et par le sentiment qu'il met dans l'exécution.
Et Charlet clôture la série en nous représentant un paysan picard très nature dans une chanson en patois qu'il dit très bien. Je m'en voudrais d'oublier Mme Bleusez, la charmante et éminente artiste qui tient le piano d'accompagnement, (rôle parfois si ingrat) avec une grande maîtrise.
Des bouquets furent offerts par les petites filles de MM. Gayet, Lambrecq et Patin à Mmes Maurion, Sergent et Bleusez, et cel fut du plus gracieux effet. Après la polka pour pistons, M. Gayet, président, prononça l'allocution suivante et fut vigoureusement applaudi.
Le Club Musical Berckois en 1935, directeur fondateur J. B. Barbe en 1922
© Archives municipales de Berck sur Mer
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Sources : état civil, registre matricule, recensements, le témoignage de Nicole Barbe.
Mes plus vifs remerciements aux archives municipales de Berck et particulièrement à Mme Le Louarn, qui a fait une grande partie des recherches généalogiques.
William Waterhouse, dans son New Langwill Index, paru en 1993, mentionne deux autres catalogues parus en 1929 et 1934 (cité par Jacques Cools dans la première partie de son Essai de classification alphabétique des facteurs, ouvriers, inventeurs, essayeurs, marchands… français, d'instruments de musique à vent, paru en 2000, n° spécial XI de la revue Larigot)
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Une clarinette Barbe et Cie, 36 rue de la Goutte d'Or à Paris
Photos de Vincent P.