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jeudi 13 mars 2025

Les orgues Dussaux/Lemoine à Lille

 Un rescapé

source : La Voix du Nord

source : La Voix du Nord

Dans un café de Bruille Saint Amand sur la place Roger Salengro, subsiste un orgue mécanique, presque mourant. Ce café s'appelle Le Mutilé, du surnom de son premier propriétaire, ancien combattant de 14-18. Mais cela pourrait s'appliquer aussi à l'orgue, désormais muet.


C'est un orgue Lemoine, Henri Lemoine dit Philippe Dernoncourt, le propriétaire actuel, mais je crois que le fabricant s'appelait Albert [voir plus bas ]. Le nom du café était à l'origine L'Excelsior, ce nom est resté gravé sur la façade qui rappelle étrangement la forme de l'orgue.

Il existe une vidéo réalisée vers 1990 où l'on peut l'entendre. Il est désaccordé mais son propriétaire n'avait pas les moyens de le faire réparer et entretenir.


François, un grand-oncle par alliance du gérant actuel, a connu 1914-1918. Le mutilé, c’est lui. « Lorsqu’il est rentré de la guerre, il avait choisi de recevoir une demi-pension et un tabac. Il a acheté l’orgue à cette époque. » Un monument « qui fait partie des murs et qu’on ne vendra jamais ». Le dernier Henry Lemoine de cette taille, apparemment. C’est en tout cas ce qu’ont dit les « gens de Paris venus le répertorier » à Philippe, il y a quelques années. (La Voix du Nord, 2018)

*****

Albert LEMOINE

Est né à Charenton le Pont le 24 février 1882, il épouse Renée JULIEN à Paris en 1909, à son mariage un des témoins est le Lillois Théodore LAIGRE (facteur d'orgues, compositeur de musique). Sur sa fiche matricule, en 1902, est mentionnée sa profession de facteur d'orgues. Vers 1906-1909 il est domicilié à Saint André les Lille. En 1904 il fonde la société DUSSAUX-LEMOINE, avec André DUSSAUX, qui sera dissoute en 1911. Vers 1910, il crée une Manufacture d'instruments de musique (orgues, orchestrions et pianos mécaniques) pour salles de danse, cafés, skatings, casinos-forains, à Lille 281 rue de Solférino. Il est mort à l'ennemi à Lihons (80) en 1916.

publicité 1913

Dans la collection de M. Lesieur, à Bernay, on peut voir (et peut-être écouter ?) un aérophone d'Albert Lemoine

source
 

Un café de Malo les Bains possédait un orgue Lemoine, information connue par cette carte postale qui a été vendue lors de la succession Florein.

c'est probablement cet orgue qui fait partie maintenant de la collection Paul Bocuse

source

 

André DUSSAUX

Est né à Rouen le 16 juin 1873. En 1902 il est domicilié à Paris, 40 rue de Fécamp. En 1904, il s'installe à Saint André lez Lille, 22-24 rue d'Alsace Lorraine chez Albert Lemoine. Après son expérience d'association,  il déménage en 1913 à Lille, 1 rue Chateaubriant où il crée les établissements DUSSAUX et Cie. En 1895 il épouse Angèle FOURNY dont il divorce en 1922. Angèle meurt à Darnétal en 1956, je ne sais ce qu'est devenu son ex-époux.

source: Gallica

un manège à Montauban : source
 

Paul Bocuse, grand collectionneur d'instruments mécaniques, possédait un orgue Dussaux et Cie qui était exposé dans la salle de son restaurant. On peut l'entendre dans ce vinyle enregistré dans les années 1970.


source







lundi 19 août 2024

Un accordéona électrique

Les 15 avril et 17 juin 1928 le Nord Maritime publie cette publicité : 

source : Retronews

"La Maison Vincent De Neuter invite sa nombreuse clientèle à venir entendre sa dernière création, le piano ACCORDEONA qui remplace avantageusement un orchestre Jazz-Band de 4 accordéonistes. Cet instrument est l'idéal. Avec lui le manque de musiciens modernes n'est pas à craindre. Cette innovation est exposée, rue Poincaré, 56, DUNKERQUE"
Cette annonce est complétée par un autre encart publicitaire, le 24 octobre de la même année : AVIS AUX CAFETIERS. La maison Vincent de Neuter, fabrique 9 rue du Nouvel Arsenal, fait savoir aux cafetiers qui possèdent un piano automatique qu'elle peut le moderniser en piano accordéona électrique, avec grande facilité de paiement. Elle est la seule maison qui soit outillée en machine électrique pour ce travail de nouveau genre. Disponible à vendre : 56 pianos automatiques, Jazz-Band, remis à neuf à partir de 1.200 francs ; pianos accordéona électrique à partir de 6.900 fr. ; 5 pianos orchestrions électriques ; 3 pianolas marque Ulfete ; un orgue marque Gasparini. Tous ces instruments sont garantis et vendus avec grande facilité de paiement. La maison Vincent de Neuter fait savoir qu'elle possède la fameuse machine enregistreuse universelle, fonctionnant à l'électricité pour les repiquages de cylindres. Repiquage de cylindres à partir de 175 francs ; accords et réparations de toutes marques de pianos. Le seul représentant pour les pianos accordéona dans la région. Qu'on se le dise !"
Je n'ai rien trouvé d'autre concernant ce mystérieux Accordéona, sauf ces deux annonces parues dans le Grand Echo du Nord :

Source : Gallica

Polydore Vincent de NEUTER est né à Lockeren (B)  le 31 mars 1892, fils de Jean Alphonse et Marie BONTINCK, il est cordonnier de l'armée belge quand il épouse, à Gravelines en 1917, Marie Eugénie SALOMONT née dans cette commune en 1897. En 1937, on le retrouve dans l'annuaire Ravet et Anceau, au 9 rue du Nouvel Arsenal (près de la place Calonne), il est fabricant de jeux, entreprise continuée par son fils Robert (1928-2022). Située à Coudekerque-Branche, elle fournissait en cadeaux et jouets notamment les comités d'entreprise pour la période de Noël. 

Pour la suite, voir cet article de La Voix du Nord du 21/12/2016




jeudi 19 octobre 2023

Orgues mécaniques

publié le 05/05/2023
mise à jour le 19/10/2023, ajout d'un article pour la réouverture du Café des Orgues


Une perle découverte par hasard, avec plusieurs mentions régionales



Les Anges Mécaniques

réalisation et images : Bruno Lemesle
interviews : Jean-Marc Thuillier
lumières : Bertrand Llorca
voix de Caroline Girard et Patrick Moreau
un film produit par La Huit en 1992, diffusé sur la chaîne Muzzik

avec la participation de 
Robert Hopp : facteur d'orgues mécaniques, à Monteux (84)
Paul Eynard (1923-2009) : noteur d'orgues à Saint Hilaire du Rosier (38)
Antoine Bitran : noteur d'orgues
Marc Fournier : facteur d'orgues limonaire
Christian Fournier : facteur d'orgues limonaire  à Seyssuel (38)
Paul Bocuse (1926-2018) : collectionneur d'orgues mécaniques
Alain Vian (1921-1995) : antiquaire
Paul Florein (1889-1971) : noteur d'orgues à Sète, et compositeur
Albert Ameloot (1920-2006) : café des Orgues à Herzeele

Paul Bocuse évoque M. Florein et Marc Fournier présente son orgue Paul Florein à 18mn, et nous fait entendre une Marche de sa composition
Le documentaire commence avec quelques plans tournés à Herzeele, au café des Orgues puis y retourne à 21:38 pour l'interview d'Albert Ameloot et plusieurs plans des danseurs.

*****



"Elle s'appelle Claire Ameloot [1923-2008], avec deux o puisqu'on est en Flandre, mais à Herzeele, avec deux e, tout le monde dit Mamie. Et, le dimanche après-midi, c'est le moment de gloire pour Mamie. Installée à la passerelle de commandement du Café des Orgues, devant un tas conséquent de canettes mises au frais, Mamie accueille son monde ; Grands parents, adultes dans la force de l'âge et même les petits enfants, ceux qui n'ont juré que par U2 ou les boîtes de nuit et qui, un jour, comme tout le monde, abjurent les mirages de la technologie et vont hasarder leurs baskets sur le plancher glissant de chez Mamie. Ensuite, ce n'est qu'une question de minutes. Les vieux montrant et les jeunes copiant, tout le monde se retrouve à rocker, valser, paso-dobler, et oser d'autres pas que le journaliste ignore. Les grands-mères entre-elles, les rayonnantes jeunes femmes passant des bras de leur homme à ceux de leurs enfants, les mômes coincés se décoinçant, tout le monde porte sur son visage le sourire du bonheur. Tout ça grâce à quoi?

A trois somptueux orgues, ornés de fastueuses façades Arts déco et gros chacun, comme un semi remorque. Au total, 9 tonnes de tuyaux et de bidules tagada zim-boum, alimentés par du papier perforé et capables de jouer aussi bien du Bill Harley que Laisse mes mains sur tes hanches ou l'inoxydable Aaalexandrie-Aaalexandra. Quand on a entendu ces engins se déchaîner, avec leurs sifflets, leurs soufflets et leurs basses de paquebots en partance, n'importe quelle sono électrique a l'air d'un chuchotement calamiteux.

Aux Monuments Historiques, ce vacarme n'est pas tombé dans des oreilles d'ignorants. « Depuis quatre ans, explique Anne Lefèvre, de la Direction Régionale des Affaires Culturelles, nous étendons notre action au patrimoine de la vie quotidienne. Nous avons inventorié des arènes de combats de coqs, des clubs de tir à l'arc ou des estaminets comme le Café des Orgues. Ce dernier possède des machines uniques. Pour le moment elles n'ont rien à craindre. Mais à la moindre menace, nous les protégerons en bonne et due forme ».

Cet intérêt soudain n'extirpe qu'une moue à la Mamie d'Herzeele. « Ces orgues étaient la passion de mon mari. Dans sa famille*, ils promenaient leur limonaire de village en village et faisaient danser dans toutes les fêtes. Quand il a appris que trois orgues immenses étaient à vendre, cachés depuis la guerre chez un spécialiste belge, il a eu le coup de coeur. Il a passé des années à les restaurer. Maintenant ce qui compte, c'est que le monde continue à venir. Les monuments historiques, ça ne m'intéresse pas ». Il se fait tard. On sert des frites. Sur les visages, la joie se mélange à la sueur. Le tas de canettes a passablement diminué. Mamie est au comptoir à serrer les mains et à embrasser les joues. Dansez en paix, bonnes gens, le Café des Orgues à l'avenir devant lui…"

Télérama 17/09/1997


*Prosper Ameloot (1883-1973) est mentionné loueur d'orgues en 1924

La Voix du Nord

Coralie et Edouard Maillet
nouveaux gérant du Café des Orgues







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quelques photos extraites du documentaire, qualité TV d'époque


Paul Florein

Paul Eynard

Marc Fournier et son orgue Florein

Marc Fournier

Café des Orgues, Herzeele

salle de danse du Café des Orgues, Herzeele

Christian Fournier

Café des Orgues, Herzeele

Antoine Bitran

Albert Ameloot

une autre page sur la musique mécanique ICI

samedi 22 juillet 2023

orchestrion Simoens-Lorez à Roubaix

mis en ligne le 8/1/2021
mise à jour le 11/1/2021 : ajout de 2 photos
mise à jour le 22 juillet 2023 : un orchestrion rescapé


L'usine Simoëns-Lorez, à Roubaix

Après 1918, ils étaient partout, chaque café, chaque estaminet en possédait. Ils faisaient le bonheur du patron et des clients, et le malheur du voisinage qui se plaignait du tapage nocturne. On les appelait piano automatique ou orchestrion. Les moins luxueux ont été détruits dès l'arrivée du gramophone et surtout de la radio. Celui-ci était vendu par Marceau Simoëns et Victor Lorez, associés à Roubaix dans les années 1919/1922. Le Musée d'Histoire et de la Vie Quotidienne de Saint-Martin en Campagne (76) en conserve un rare exemplaire en état de fonctionnement.


orchestrion Simoens-Lorez
l'air serait La chanson des échos qui à l'origine est une mazurka…


Un grand merci à Bastien Pochard, du Musée de Saint Martin en Campagne pour ces photos de l'orchestrion.

© T. Dion, Musée d'Histoire de la vie quotidienne


© T. Dion, Musée d'Histoire de la vie quotidienne


Le programme :
- Le train roulait, schottisch
- Minette en fête, polka
- Gosse d'amour, mazurka
- Mignon, valse
- La lune blanche, fox-trot
- Eléonore, polka
- Est-ce bien toi, valse
- Les baisers, fox-trot

Victor Lorez est né à Dunkerque, dans la rue des Passerelles, le 30 juillet 1882, fils de Gervais et Philomène China, originaires de Roubaix. Victor a été conducteur de chevaux, mais vers 1920 il s'associe avec un voisin, Louis Marceau Simoëns, ancien apprêteur en tissus, né à Roubaix le 14 octobre 1882, fils de Théophile et Marie Meurisse, originaires de Tournai (B). Marceau a probablement repris la fabrique de pianos mécaniques de son beau-frère Liévin Bailleul (voir ci-dessous). Les associés installent leur usine 70 rue Chanzy à Roubaix. Victor meurt en 1951 et Marceau en 1960, tous les deux à Roubaix.


pianos automatiques Le Merveilleux
source : Retronews


l'harmoniphone
Le Nord Maritime, 1921, source : Retronews


Un autre orchestrion a échappé à la destruction, merci à Mme Maryse A. pour les photos



le programme : 
- Marie-Anne, valse (Vandersoupel)
- Viyasix, polka (idem)
- Les Frissons, fox-trot (Demartini)
- Cunégonde, valse (idem)
- Bague d'Or, polka (idem)
- Fox de danari, fox-trot (Berruty)
- Tédy, mazurka, (Demartini)
- Parisis, valse (Vandersoupel)
- Polka rieuse, (Demartini)
- L'Océano, fox trot (Vandersoupel)

Avec des compositions d'Emile Vandersoupel, le jeune compositeur roubaisien qui participa au film "Sous les toits de Paris"


La fabrique Liévin Bailleul, à Roubaix, puis Lille

source : Médiathèque de Roubaix
La sœur de Marceau Simoëns, Laure Constance née à Roubaix en 1870, épouse Liévin Augustin Balliu, dit Bailleul, à Roubaix en 1891. Né à Roubaix en 1869, il est le fils de Pierre et Pélagie Janssens, nés en Belgique. En 1893 il est cabaretier, à l'Internationale, boulevard de Belfort à Roubaix. Au nom du Parti Ouvrier, il porte les revendications prolétariennes des ouvriers roubaisiens au député Emile Moreau. En 1892, militant collectiviste, il a été élu conseiller municipal et, pendant quelques années il est adjoint au maire de Roubaix, Henri Carette. En 1903 il crée une entreprise de fabrication de pianos automatiques à Roubaix, 46 rue des Fabricants. En 1909 il démissionne du conseil municipal pour se consacrer à son entreprise, qu'il déménage à Lille 239 rue du Faubourg de Roubaix. En 1921 il est domicilié 23 place Rihour à Lille. Il meurt à Roubaix le 1er août 1947.

Christian Declerck, 8 janvier 2021




Le Grand Echo du Nord
source : Gallica


Le Pompon, roi des pianos automatiques
Le Grand Echo du Nord 1921
source : Gallica


vendredi 26 mai 2023

Musiques mécaniques

Télérama : n°1417- 9 mars 1977

Une série d'émissions de Maurice Le Roux, consacrée à la connaissance de la musique, réalisées par Edouard Kneuzé. Diffusées sur TF1 en mars 1977.

#1 - Les cylindres pointés

Ecouter des notes aigrelettes s'échapper d'une boîte, ou entendre l'horloge d'une église jouer du Haendel nous semble banal et coutumier. Bien avant les disques, cassettes, etc., les hommes ont emprisonné la musique pour la conserver, la réécouter. C'est au XVIe siècle qu'apparut cet engouement pour les musiques mécaniques, mais ce n'est qu'au XVIIIe siècle, grand siècle des réalisations mécaniques, que ces musiques jouées par des cylindres pointés prirent un essor considérable. Les artisans rivalisent alors d'imagination et de dextérité dans les animations, les mélodies, l'extrême miniaturisation. On voit des chefs-d'œuvres étonnants, des tabatières, bonbonnières, poudriers, montres extra-plates animés par des animaux ou des personnages mis en mouvement par des mécanismes de plus en plus petits et complexes. Cette passion gagne même certains compositeurs qui écrivent des mélodies pour ces mécaniques (Mozart en composera qui ne pourront pas être jouées sur d'autres instruments).

Que ce soit dans d'énormes mécanismes tel celui du campanile du Dam à Amsterdam, ou dans celui de petites pièces, le cylindre pointé est le système le plus courant jusqu'aux XIXe siècle. Son pointage, partition transcrite en code et portée sur un cylindre par de petites excroissances, permet de multiples variations dans les mélodies, les rythmes, les intonations. La découverte du peigne et du disque pointé permet de résoudre les problèmes de miniaturisation.

C'est à un voyage merveilleux dans le monde des musiques mécaniques que nous sommes conviés ce soir. Nous y rencontrons des gens passionnants. Collectionneurs, restaurateurs d'instruments anciens, conservateurs de musées nous émerveillent avec des objets insolites et méconnus. Cette émission a le rythme de ces drôles de mécaniques. Son humour et sa vivacité, une fois l'émission terminée, continuent à vous trotter dans la tête.

Bernard Mérigaud

Avec la participation de : Alain Vian, expert auprès des douanes françaises, restaurateur d'instruments de musique mécanique ; M. Haspels, directeur-conservateur du Musée national des instruments de musiques mécaniques d'Utrecht ; René de Mayeur, conservateur du Musée des instruments de musique de Bruxelles ; Ephrem Jobin, conservateur du Musée de l'Horlogerie du château des Monts, au Locl ; Fredy Baud, Gérard Tullio : facteurs-réparateurs de musiques mécaniques ; Heindrich Weiss, Gustave Mathot, Henri Triquet : collectionneurs

1ère partie

2e partie


#2 - Cartons et papiers perforés

Après les objets précieux, les mécanismes raffinés conservés dans les musées, nous abordons la musique populaires. L'époque n'est pas si lointaine où orgues de barbarie et limonaires faisaient chanter nos rues. Cette démocratisation de la musique de la musique mécanique apparue avec les cartons et papiers perforés. D'ingénieux bricoleurs créeront des instruments faisant le travail de cent musiciens. Les bandes perforées feront jouer orgues, violons, pianos, instruments à vents… des orchestres entiers sortiront de ces instruments mécaniques.

Ce procédé permit à certains grands musiciens et interprètes de faire imprimer directement leurs compositions ou interprétations. C'est ainsi que nous écoutons Debussy jouant Debussy, Arthur Schnabel interprétant Chopin. Ce sont là des témoignages authentiques, bien avant les phonogrammes.

Cette deuxième partie nous berce, nous envoûte au son des romances populaires. Elle évoque un passé proche qui nous rend nostalgique, qui nous fait rêver de ces musiciens qui animaient les rues, les places, les marchés. Une touchante et émouvante romance qui nous entraine au son d'un orgue de barbarie.

Bernard Mérigaud

Avec la participation de : Alain Vian ;  expert auprès des douanes françaises, restaurateur d'instruments de musique mécanique ; M. Haspels, directeur-conservateur du Musée national des instruments de musiques mécaniques d'Utrecht ; le Musée de Lauburson ; Louis Charles Hooghuys, Arthur Prinsen, noteurs-compositeurs ; Annie et Artus : chanteurs de rue ; Heinrich Weiss, Gustave Mathot, Joseph Ghijsets, Henri Triquet : collectionneurs

1ère partie

2e partie

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Télérama 1977
Merci à Jack BLACKSTONE 



Merci à Yves STROBBE, qui a enregistré les émissions
Merci à Philippe ROUILLÉ † qui les a partagées
Merci beaucoup à Arnaud Moyencourt qui m'a permis de diffuser ses vidéos
son contact : ritournelles-et-manivelles@live.fr



lundi 31 janvier 2022

Blanche-Petit à Valenciennes

publié le 16/1/2021
mise à jour le 31/1/2022 : ajout d'un piano Blanche & Goffart



musée de Champlitte (70)
source

Ce fabricant de pianos mécaniques a fait florès, à Valenciennes, au début du XXe siècle. Jean-Baptiste Blanche est né en Belgique, à Saint Gilles, le 25 février 1879. Il est le fils de Jules, carrossier, et Marie Bellens. En 1901, à Raismes, il épouse Pauline Petit, née à Hasnon le 27 janvier 1881, elle est la fille de Paul, marchand de pianos et Sophie Crudenaire. D'après des mentions sur les publicités, on sait que le couple a fondé leur société en 1899, avenue du Quesnoy n°1 et 4. Ils participent à de nombreux concours et y remportent des médailles : le bronze à Bruxelles (1910), l'argent au Mans (1911) et à Casablanca (1915), l'or à Dunkerque (1912), un diplôme d'honneur à Metz (1920) et Marseille (1922), les grands prix de Lille (1920), Obernai (1922) et Limoges (1922). En 1923, hors concours, il est membre du jury à Bayonne, puis président du jury au Mans en 1928. Mais en juillet 1929 une annonce signale la mise en vente, par J.-B Blanche, de deux immeubles à Valenciennes, l'un industriel et commercial et l'autre "maison de rentier", sans indication de leur emplacement, mais il s'agit certainement des deux maisons situées au 1 et 4 avenue de Verdun. Pauline meurt à Valenciennes en 1924, je n'ai pas encore retrouvé le décès de Jean-Baptiste. En 1926 il est fait mention d'un associé nommé R. Goffart, présenté comme successeur de J.-B. Blanche-Petit. Ce pourrait être René Goffart né à Valenciennes en 1895 qui est ébéniste lors de son mariage en 1919 avec Raymonde Vandevoir. Il est domicilié à Valenciennes rue Bauduin, puis 74 rue du Rempart (1922) et enfin 52 rue des Sports (1925) jusqu'à son départ pour la région parisienne en 1936. Il est employé des chemins de fer comme menuisier depuis 1919. Après le décès de son épouse, il se remarie avec Jeanne WYSOCKI à Paris en 1946, il meurt à Paris le 3 mai 1960, domicilié 71 bis rue Championnet, il est alors manutentionnaire.

vente à Chartres en 2015

Ses instruments sont décrits dans plusieurs réclames parues en 1914 et les marques sont déposées la même année au greffe du tribunal de commerce de Paris : le Paulinette "Orchest", 48 marteaux avec tambour, grosse caisse et cymbale ; pour les cafés où l'on ne danse pas le Solo Mio Mandolino qui donne l'illusion d'un orchestre de mandolines ; et les Pianos Orchestre à 88 et 66 marteaux, sans percussions. En 1919, il dépose les marques La Victoire et le Sam Su Fy orchestre. Je n'ai pas d'infos sur son parcours après l'arrêt de ses d'activités industrielles. 

Christian Declerck, 15 janvier 2021


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On peut entendre un de ses pianos dans la collection de Gérard Décoret sur ce site 


le bâtiment du 4 avenue de Verdun (ex avenue du Quesnoy)


Quelques réclames parues dans le Grand Echo du Nord

10 juin et 22 mai 1914


22 mai 1920

Annuaire Didot-Bottin 1926



celle que je préfère

30 juin 1920

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Merci à François de m'avoir signalé la vente à Avignon de ce piano "La Victoire" J.-B. Blanche et R. Goffart, qui porte le n°3424.




lundi 21 décembre 2020

Orgues Florein

 

harmoniphone Albert Florein
collection Daniel Linard

Un grand souvenir [extraits]

Je n'en avais jamais vu de près, mais immédiatement, j'ai compris que c'était un orgue de forain. […] Une lettre arriva, timbrée de Sète et signée Paul Florein […] elle me disait qu'il était retraité, âgé, et qu'il vivait dans un petit pavillon à Sète où il s'était retiré pour se rapprocher de sa fille et de son petit-fils. Il disait encore que l'orgue dont je parlais était l'un de ceux qu'il avait construits, autrefois, dans l'atelier de Coudekerque-Branche exploité jusqu'en 1935 ou 1936 avec un frère. Les cartons spécifiques étaient de lui. […] L'orgue était prêt, révisé "j'ai modifié le jeu des bourdons, puis celui des basses, qui ne me plaisait pas, mais j'ai été estomaqué par le prix des peaux de chèvres pour les caisses […]

"Voyez-vous, jusqu'en 1928 ou 1930 à peu près, nous avions beaucoup de travail, avec les forains, très importants dans le Nord, puis en Belgique. Quand un orgue était en panne, ou bien on réparait sur place, très vite, ou alors il fallait sortir l'instrument pour le porter à l'atelier. Il fallait mettre alors en place un appareil en prêt, pour ne pas arrêter le métier, seulement les orgues étaient fort différents en genre, style ou tonalité. Alors, avec mon père, nous avions construit 2 ou 3 appareils très polyvalents avec une gamme étendue qui pouvaient remplacer, un temps, un peu n'importe quoi. C'est le cas du vôtre ; c'est un 41 touches qui couvre un éventail harmonique important. Alors j'ai noté des cartons en fonction de ça et on peut passer à peu près n'importe quoi. […] Vers 1931 1932, les électrophones sont sortis et en l'espace de 2 ou 3 ans les orgues n'ont plus rien valu. Nous avions en permanence 8 ou 10 appareils en atelier. Et, presque chaque jour un client nous appelait pour dire : "Non, je ne l'utiliserai plus, vendez-le, gardez-le, j'ai acheté un pick-up" alors j'ai dû tout laisser, vendre ce que je pouvais et à 70 ans, pour vivre j'ai appris à empailler les chaises, faire des canapés et des sommiers tapissiers."

Yves Dalmier

Musiques Mécaniques Vivantes n°50


extraits de l'album 33 tours Musique mécanique, collection Daniel Linard, 1983

Titres mentionnés sur la pochette : Valse, Mazurka, C'est pour mon papa, Mazurka (serait Fleurette), Intimité, valse et une Mazurka qui ressemble à une valse.

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Charles Albert Florein, le père de Paul, est né à Grande-Synthe en 1851, son père est originaire de Téteghem, sa mère fille de miliaire est née par hasard en Allemagne. Albert est d'abord charpentier à Heuringhem puis menuisier à Petite-Synthe en 1877 et à Loon-Plage après son mariage avec Elise Corsart, de 1879 à 1892. En 1897 il s'installe à Coudekerque-Branche, 21 rue de l'Eglise, il est toujours menuisier charpentier. Le couple a eu 7 enfants : Marie Jeanne (1881-1881), Maurice Joseph (1882-1967) Jeanne Sophie (1883-1973, Michel Charles (1886-1957), Gabrielle Marie (1888-1964), Paul Jules (1889-1971) et Anthime Léon (1892-1968). On ne sait pas comment il a apprit le métier de facteur de pianos automatiques et d'orgues de foire. La demande était forte avec 1914 (voir aussi la page consacrée à Simon Robino) La presse mentionne sa profession de facteur de pianos automatiques à l'occasion d'un litige fiscal en février 1924, pour défaut de déclaration de son chiffre d'affaire, le fisc lui réclame une contravention équivalente à 5 fois le montant dû. Son avocat plaide la bonne foi, mais le conseil de préfecture estime que la contrainte décernée tendant au paiement du quintuple du droit éludé est valable. En mai 1926, on annonce la liquidation générale d'instruments de musique de M. A Florein, 21 rue de l'Eglise, pour sortir d'indivision. Des pianos automatiques sont proposés à la vente à crédit, ainsi qu'un tour à fileter. Est-ce la conséquence d'un jugement défavorable ? Coïncidence, son épouse meurt en février 1923, et Albert décède le 5 mai 1927. Trois de ses fils reprennent l'affaire, dont la suite est racontée par Paul ci-dessus.

Christian Declerck

21 décembre 2020

sources : état civil, La Voix du Nord 8 et 15 septembre 1985, Le Nord Maritime 24 et 29 février 1924 et 20 mai 1926


Michel, Paul et Anthime Florein


La Vallée des roses, Théodore Poussin