samedi 18 février 2023

Si j’ai bonne mémoire

mise en ligne : 11/6/2021
mise à jour : 18/2/2023, ajout d'une photo de 1958

Maurice Vanwaelfelghem fils
1920-1986
photo : Desreumaux, Malo-les-Bains


Je suis né à Dunkerque le 21 décembre 1920. Mon père [Maurice également, alias Scarly] jouant du piano dans les bals régionaux et chantant dans les concerts, ce qui se faisait beaucoup à l’époque (il était comique-troupier), je fus amené très vite à étudier la musique (saxo et piano) et, dès l’âge de 13 ans, je l’accompagnais au piano dans son répertoire ainsi que ses copains chanteurs eux aussi. J’appris très jeune l’accompagnement ce qui n’est pas toujours drôle, c’est à cause de cela que j’ai en tête pas mal de chansons et musique. En 1939, ayant appris qu’une musique militaire se formait au 8e génie de Versailles, je m’engageai pour 3 ans comme saxophoniste dans l’intention de me rapprocher de Paris et de préparer le concours de sous-chef de musique. Nous étions en juillet 1939 et en fait de musique je me suis bien vite retrouvé dans une compagnie devant assister aux cours de Radio et chauffeur poids lourds. Nous fûmes ensuite affectés dans une Compagnie de Transmission Divisionnaire et nous partîmes vers l’Est. Le 10 mai 1940 nous étions près de Rethel dans les Ardennes. Je fus fait prisonnier près de Saulieu et par petites étapes (à pieds) je me retrouvai à La Fère dans l’Aisne. Là ayant appris que les Allemands cherchaient 10 boulangers pour mettre en marche l’intendance de La Fère, je me présentai bien que ne connaissant rien du métier de boulanger. Je me disais que sur les dix prisonniers recrutés il y en aurait bien quelques uns qui connaîtraient le métier et cela marcha. Il faut dire que les gars de mon âge, c’est à dire nés en décembre 1920, n’ont pas été mobilisé. J’étais donc dans le pétrin, c’est le cas de le dire, à cause de la musique qui m’avait fait prendre un engagement de trois ans. Deux mois avant la déclaration de guerre. Mais encore une fois la musique me tira d’affaires car l’intendance était en dehors de la ville et les prisonniers, pour qui nous faisions le pain, étaient dans la caserne de La Fère, en ville. Ces prisonniers ayant monté, pour la fin de l’année 1940, un spectacle il leur fallait un pianiste. Aussitôt je fis mes offres de service, ce qui me permit d’obtenir des Allemands un laissez-passer permanent afin d’assister aux répétitions. C’est d’ailleurs ce même laissez-passer qui, en janvier 1941, me servit pour m’évader. Je rejoignais Dunkerque le plus vite possible, et, après deux semaines de planque, je rentrai chez moi. Je repris la vie normale de l’époque avec ce qu’elle comportait c’est à dire : bombardements anglais et restrictions. La semaine je conduisais (je n’étais donc pas déclaré puisque prisonnier évadé) et le dimanche c’était le café-concert pour Français et Allemands, les dancings étant interdits par les occupants. J’accompagnai une jeune chanteuse dunkerquoise qui avait à son répertoire Le Rêve passe, repris en chœur par tous les Français présents, de quoi se retrouver en prison. La direction faisait venir, les dimanches et jours de fête 2 ou 3 artistes professionnels, qu’elle choisissait parmi ceux proposés par l’agence de spectacles BERTAL de Lille. Pendant trois ans j’ai donc accompagné pas mal d’artistes, dont une certaine Jacqueline RAY [Jacqueline ENTE, qui deviendra Line RENAUD], toute jeune et bien mignonne mais très bien gardée par sa Tata qui ne la quittait pas d’une semelle. Je crois avoir aussi accompagné SIM qui devait débuter à l’époque. En septembre 1944 deuxième évacuation de la poche de Dunkerque tenue par les Allemands. Je me rendis à Lille pour essayer de trouver du travail dans la musique et tout naturellement je m’adressai à l’agence BERTAL qui maintenant me connaissait bien surtout comme pianiste accompagnateur. Une chance, 2 jours plus tard j’étais convoqué à l’Agence. Une troupe de Paris cherchait un pianiste le sien venant d’être victime d’une appendicite. Je partis donc avec cette Troupe pour finir la tournée et revins avec elle à Paris. Je trouvais à me loger Passage de l’Industrie, pas pour longtemps car au café Batifol où je me rendais régulièrement, je fus bien vite engagé pour une autre Revue mais là c’était pour le midi de la France [sur son agenda de 1947 on retrouve les dates et lieux, en tout plus de 70 prestations du 10 janvier au 8 avril]. J’étais seul comme pianiste et à chaque représentation des musiciens locaux m’attendaient ce qui m’obligeait à des répétitions presque quotidiennes. Puis ce fut le départ pour une troisième revue mais là dans le Nord, toujours comme pianiste [une trentaine de dates du 3 mai au 7 juin]. Le Directeur ayant appris, je ne sais comment, que j’étais aussi chauffeur, il me demanda de conduire le camion car toutes ces tournées se faisaient en camion avec les bagages dans le fond, les artistes s’installant tant bien que mal car, à cette époque, il n’était pas question de cars. Et ainsi, chauffeur le jour, pianiste le soir, j’achevai cette tournée à Lille presque le jour de l’Armistice. Comme il n’était pas question de rentrer à Dunkerque tout de suite, je travaillais à Lille dans différents dancings et music-halls
et je devenais l’accompagnateur de BERTAL qui était un chanteur très populaire dans la région du Nord. Fin juin 1945, retour à Dunkerque. J’obtins une place de chauffeur aux Ponts et Chaussées – Service Maritime (Parc Autos), place que j’ai gardée pendant 35 ans. Naturellement il n’était pas question, pour moi, d’abandonner la musique, bien au contraire. Les Allemands étaient partis, la danse reprenait ses droits. Un jour la musique me fit rencontrer celle qui devait devenir ma compagne des bons et mauvais jours. Cela se passait dans un crochet radiophonique, très en vogue à l’époque. Une jeune fille, dont les parents étaient de passage à Dunkerque avec leur péniche, se présenta et je l’accompagnai, elle avait d’ailleurs une très jolie voix. Évidemment elle ne fut pas crochetée mais le pianiste lui le fut et voilà 39 ans que cela dure. De notre union naquit d’ailleurs trois enfants, aujourd’hui mariés et qui nous ont donné des petits enfants. Pendant toutes ces années, je fus très content de faire de la musique, samedis et dimanches, soit dans les bals, les kermesses, les banquets, etc. Elle contribua à élever nos trois enfants. J’ai donc arrêté la musique à la venue du Rock, dans les années 1960. Maintenant à la retraite, j’assiste mes petits enfants qui tous font des études musicales. C’est là l’histoire toute simple de ma vie dans laquelle, vous avez pu le constater, la musique a joué un très grand rôle. Elle m’a souvent permis de me tirer d’embarras.

Maurice VANWAELFELGHEM

St Pol sur Mer, le 12 novembre 1984

 


Quelques orchestres dunkerquois auxquels ont participé Maurice père et fils


Maurice père et son frère Paul
à Saint Pol sur Mer, en 1926


orchestres d'Edmond Bertein
1952 et 1954

avril 1957, sortie du disque
En direct du carnaval de Dunkerque


orchestre "Jazz" vers 1950/60
avec Albert Bertein, André Ranson et Roger Naert

Mes remerciement à Annick Lefebvre-Vanwaelfelghem, fille de Maurice, qui m'a permis de reproduire ces documents familiaux et de les diffuser.

mardi 7 février 2023

Ernest Hamy, quelques chansons boulonnaises

Publiées dans la Revue des Traditions Populaires 

La chanson de Renaud, version du Boulonnais, (1888, p 195, 196)

Le premier mois de l'année, chanson énumérative du Haut-Boulonnais (1892, p. 34, 35, 36)

A propos d'une chanson de papa Nicolas (1895)

La chanson de Bricou, variante boulonnaise en 1863 (1895, p. 662)

Rou piou piou, vieille paysannerie boulonnaise en 1863 (1896, p. 32 et p. 112)

Les amours de Colin et Marie Jacqueline, vers 1825-1830, (chanson patoise attribuée à Dezoteux) (1903, p. 471, 472, 473, 474)


Ernest Hamy (1842-1908)
source : Gallica


"Passionné pour l'ethnographie, Ernest Hamy n'en dédaignait pas les humbles aspects. A une époque où, dans les milieux scientifiques, presque personne ne s'intéressait au Folklore, à ces traditions, ces contes, ces cantilènes naïves où palpite, pour qui sait écouter, ce qu'il y a parfois de plus intime et de plus révélateur dans l'âme populaire, Hamy notait soigneusement les chansons de son Boulonnais, que quelques privilégiés lui ont entendu chanter avec tant de verve et d'une voix si juste dans ses dernières années. Plus tard, il contribue à la fondation de la Société des traditions populaires, il en est deux fois le président (1887-1895) ; il collabore à sa Revue, il lui procure l'hospitalité du Palais du Trocadéro, et il prononce au 100e dîner de Ma mère l'Oye un discours d'un humour savoureux. Dans ses instructions aux explorateurs, il réserve au Folklore la place qui lui est due ; grâce à lui grossit lentement ce merveilleux trésor de légendes voyageuses qui décèle parfois entre les races les plus éloignées des rapports abolis et des parentés insoupçonnées."

Revue des Traditions Populaires janvier 1911


Pour la biographie voir cette notice parue dans Les comptes-rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1911

La généalogie

Merci à Benoit SANTINI d'avoir éveillé ma curiosité

lundi 23 janvier 2023

La Hotte du Colporteur à Bourbourg

Marieke, un château et la Flandre

En avril 1978, Catherine Claeys et Pierre Dubois se promène du côté de Bourbourg, dans la ferme du château Withof et y rencontre Maryse Collache et ses amis de la chorale Het Reuzekoor.

la ferme du château à Bourbourg en 2021

Programme musical :

- 0:03:40  Bart et Yves Deflesselles, cornemuses, jouent quatre airs extraits du recueil des Chants Populaires de Flamands de France d'Edmond de Coussemaker
- 0:06:10  De Wandelende Jood, par Marieke, accompagnée par Albert Creton à l'orgue de l'église St-Benoit de Saint-Pol-sur-Mer, extrait du disque Noël en Flandre
- 0:19:23  Anne Marie, Marieke en Bart, Christian Declerck (mandoline), Guy Pedersen (contrebasse) extrait du volume 2
- 0:11:54  Le carillon d'Esquelbecq, Maryse et André Rouzet, enregistrés par Bernard et Catherine Claeys en 1973
- 0:13:38  nouvelle version du Carillon d'Esquelbecq, avec Robert Leroy (violon)
- 0:16:10  Mireille (Gounod) par Maryse Rouzet, accompagnée par Marguerite-Marie Beyer au piano, enregistré en 1956 dans le magasin de musique de Jean Reynaert (1919-1986), marchand de disques, Villa les Disques à Rosendael, fils de François (1887-1958) créateur du Quartier Excentric
- 0:22:29  My Lady Hunsdon's Puffe, de John Dowland, Pascal Boels (guitare)
- 0:25:10  Willow, Willow (trad), Marieke et Pascal Boels
- 0:33:00  Une maison tranquille de et par Guy Béart
- 0:41:55  Kapiteyn Bart et La venue des Bergers, André Rouzet (guitare) et Yves Deflesselles (flûtes à bec)
- 0:49:40  Le Dénicheur (Léo Daniderff), André Cassel, dit Titi (accordéon chromatique)
- 0:53:28  Greensleeves (trad), Marieke en Bart, Pascal Boels, Robert Leroy
- 1:02:56  Bachianas Brasileiras n°5 (Heitor Villa Lobos), par Marieke et Pascal Boels, transcription pour soprano et guitare
- 1:13:54  Pour Vivre, paroles d'André Devynck, musique de Maryse Collache, par Marieke en Bart et Robert Leroy


Les invités : Jean-Claude Carlier, Valentine Lefebvre, Georges Dupas (historien), Walter Moore (artiste peintre), Maurice Lefebvre (marbrier), Jean Claude Bruneel, Lucien Lassuie dit Luche (artiste amateur) et André Devynck (poète).


à télécharger ICI


la ferme du château avant 1914

vue aérienne 2023

Source


vendredi 13 janvier 2023

This land is your land, le groupe, news

 « This land is your land », le groupe en 2023 …


 

En mai 2021, nous vous informions de la naissance d’un projet d’hommage à ces chanteurs traditionnels américains des années 20/30 (la Grande Dépression) et des années 50/54 (le Maccarthysme) que furent Woody Guthrie, Pete Seeger, Les Weavers, Leadbelly, la Carter Family. Le projet a mûri, le répertoire s’est constitué en puisant dans leurs répertoires, et le groupe a subi quelques changements. Il se compose désormais de Jean-Pierre Casta (bouzouki), Daniel Oger (guitares, banjo 5c, autoharp), Lieve Eeckhoudt (chant), Gaby Delassus (chant, violon) et Patrice Gilbert (vielle à roue, chant). 

 



Le groupe a gardé pour nom la célèbre chanson fétiche de Woody Guthrie « This Lans Is Your Land ». Nos premières animations ont eu lieu l’an dernier en Belgique le 10 novembre, à la brasserie Monteberg au Mont Kemmel, et en France le 19 novembre, à la Ferme Saint-Sauveur de Villeneuve d’Ascq, invités de Cric Crac Compagnie. Lors de ces deux premières prestations, nous avons apprécié l’attention du public. Nous espérons avoir l’occasion cette année de rencontrer certains d’entre vous.

 

« This land is your land »

13 janvier 2023



Quelques extraits du concert de Villeneuve d'Ascq enregistré par Sylvie Delassus





jeudi 12 janvier 2023

Robert Letangre, joueur de vielle organisée

[…] Monsieur, interrompit la Marquise, j'ai joué autrefois de la guitare, & j'en ai là une très ornée qui m'a bien coûté de l'argent… Comme il est nécessaire d'avoir deux vielles, reprit le Maître, & que la guitare n'est plus à la mode, je vous en ferai faire une vielle organisée. Quoi ! Monsieur, dit la Marquise, sacrifier cet instrument pour…  Eh, madame ! votre scrupule m'étonne ! reprit le Maître. Vous n'êtes donc pas informée que c'est le seul usage que l'on fait aujourd'hui des Théorbes, des Luths, & des Guitares […]

Vielle organisée, Bergé, Toulouse, 1771
Cité de la musique


Au siècle suivant, on retrouva ces guitares sacrifiées entre les mains des musiciens ambulants. 
Exemple régional, un Roubaisien d'adoption, sur un acte de naissance à Acquigny (Eure) en 1857 :


source : Archives départementale de l'Eure


Robert LETANGRE est né à Orroir (B) le 2 juin 1806 fils de Jean Baptiste et Marie Joseph HELBOIS, il épouse à Roubaix le 20 juin 1846 Amélie Joseph DENDAUW ou DENDOT née à Avelghem (B) le 21 juillet 1819. Sur les actes d'état civil il est mentionné soit journalier, musicien ambulant ou tisserand. Il meurt le 2 mars 1870 à Amfreville-la-Campagne (Eure) dans sa voiture, il est alors joueur d'orgue ambulant. Le couple a eu au moins cinq enfants : les trois premiers sont nés à Roubaix (au Fort Sioen), Philomène en 1845, † en 1853 ; Julie en 1851, deviendra musicienne ambulante, elle meurt après 1894 ; Léon en 1852, † en 1880. Marie Augustine, voir l'acte ci-dessus, décède à Colombes en 1935 et Victorine, née à Brezolles (Eure et Loir) en 1859, elle meurt à Laigle (Orne) en 1893.


Une vielle organisée faite par Joseph Brun à Lyon en 1844 conservée au Musée du Palais Lascaris à Nice

jeudi 5 janvier 2023

Carnet de notes 1, 2 et 3

mise en ligne le 4/8/2015
mise à jour le 5/1/2022, ajout d'infos sur Kormanchek

De novembre 2000 à décembre 2004, Thierry Legros, musicien, chercheur et collectionneur belge, a publié, avec l'aide de quelques amis, un trimestriel qui se proposait de faire circuler les découvertes, concernant les instruments de musique populaires, faites des deux côtés de la frontière.

Première livraison

Carnet de notes n°1
- Découverte d'un nouveau fabricant d'épinettes dans le Hainaut ?, par Thierry Legros
- Epinette du Nord, par Thierry Legros

Carnet de notes n°2
- Une troisième mention d'épinette du Nord, par Thierry Legros
- Pratique musicale dans le Borinage, par Thierry Legros

Carnet de notes n°3
- Accordéon Kormanchek*, par Jean Jacques Révillion
- L'accordéon d'art populaire existe-t-il ?, par Jean Jacques Révillion





* Quelques infos sur ce "fabricant de musique" comme mentionné sur le recensement de Fouquières les Lens en 1931, 11 route Nationale. Mathieu Kormanchek est né à St Martin (?) en 1878, il est Serbe comme son épouse Maria Okon, née à Seit (?), ils ont eu un fils, Alois né en 1906 à Koltozyn (?). Pas d'autres mentions et je n'ai pas réussi à localiser ces communes en Serbie.