Raccourcis

samedi 28 septembre 2024

Renaat Van Craenenbroeck (1937-2001) - conférences

mis en ligne le 13/9/2009
mise à jour le 17/4/2021 : la danse des épées de Dunkerque entre au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO
mise à jour le 28/9/2024 : ajout d'une vidéo


Danses populaires flamandes

Renaat Van Craenenbroeck, décédé subitement le 6 juillet 2001 au cours d'un spectacle en Croatie, était venu à la MJC Rosendael en 1993 à la demande du Trad Club pour donner une conférence sur un sujet qu'il connaissait bien : la danse populaire flamande.
Dans les années 1960 il avait collecté, en Flandre belge et au Brabant flamand, avec Hubert Boone, toutes ces danses que vous pratiquez régulièrement dans les bals folk : Mieke Stout, Jan Smed, Jan Pirrewit, Bonzjoer, Klepperwals,‘t Paterke, Kletskendans, Streep, et bien sûr Beerdans. C'est lui qui les avait diffusées en Flandre Française auprès de tous les groupes folkloriques de la région.
Il nous a parlé également d’autres danses non populaires d’après lui, telles que de Wandeling, Franse polka, le Pas des Patineurs, de Kolom, de Kegelaar, de Bezemdans. Il nous a expliquer comment il cherchait « le bon danseur » du village.
Il termine la conférence par un bref historique du renouveau de la danse populaire qui débute en Suède vers 1900 et arrive en Belgique vers 1930.
Il nous a aussi parlé de sa rencontre avec Louis Dooms, de Achtel, artiste, musicien et chorégraphe, créateur d’après lui de Molendans, Rozenvals et Garde Sus.
En conclusion il nous demande de prendre garde à ne pas idéaliser la culture populaire.
Pendant une heure trente il nous a détaillé chaque danse, avec de nombreuses anecdotes inédites, inédites car c'était sa première conférence et ce qu'il a dit ce soir là il ne l'a certainement pas écrit non plus, vous comprendrez pourquoi en écoutant.

Donc si vous voulez tout savoir des danses érotiques flamandes... écoutez la conférence de Renaat du 18 juin 1993, qu'on pourrait sous titrer "mythes et réalités de la danse populaire en Flandre et Brabant"

La qualité de l'enregistrement n'est pas extraordinaire, Renaat bougeait sans cesse, mais cela reste compréhensible. Je ne l'ai pas indexée, il faut l'écouter intégralement pour en goûter toute la saveur, avec l'humour et les sous entendus de Renaat.

à télécharger ici (attention + de 160 Mo)

70 téléchargements au 1/6/2013

le début



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Danses des épées



c'était une époque où les conférences faisait le plein


Le 2 mars 1996 Renaat a donné à la MJC Rosendael une seconde conférence, sur le thème des danses des épées en chaine. La conférence s'est déroulée en trois parties, la seconde étant des commentaires sur des vidéos, je ne l'ai pas numérisée, si quelqu'un est vraiment intéressé il peut me contacter.
Dans la première partie il replace la danse des épées en chaine en Europe et fait le point sur la recherche, la troisième partie est consacrée aux références en Belgique et en Flandre française.

à télécharger ici

46 téléchargements au 1/6/2013


en 2015
un entretien avec Jean-Marie Byache et Patrick Bollier

une émission de l'ASTV Grande Synthe (1993)


 

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"La danse d’épées de Dunkerque (qu’on a créée en 1990) vient d’entrer à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO (l’Unèche’Cô, comme on dit ici). Du coup notre association, "In de Kring », est rien qu’ça fière. On peut se la péter un max et avec raison." J-M. Byache








vendredi 27 septembre 2024

La chaine Youtube de Mélusine

mise en ligne le 26/9/24
mise à jour le  27/9/24 : ajout des fichiers mp3

Avec plein de pépites ultra rares dont une qui me touche particulièrement, le stage de Laon du 4 au 9 avril 1977

la chaîne Mélusine est ICI

le site indissociable ICI


j'avais déjà des problèmes avec ma vielle

  

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Des enregistrement de quelques "causeries" avec les intervenants (Henri Agnel, Julien Skowron et Yvon Guilcher) du stage de Laon d'avril 1978 :

Julien Skowron : Y a-t-il eu une musique instrumentale antérieurement aux sources qui nous sont parvenues ? ICI

Yvon Guilcher : Les sens du mots folkore et les sens du mots populaire ICI (le son est très mauvais, lors de l'enregistrement mes piles ont flanché, j'ai essayé de récupérer ce que j'ai pu en corrigeant la vitesse, la fin de la conférence n'est vraiment pas audible)

Henri Agnel : présentation des différentes percussions et des différents rythmes utilisés en musique ancienne, avec une intervention de John Wright, puis Jean-François Dutertre présente d'autres percussions : cuillère, bodhran et le chien de la vielle ICI

jeudi 19 septembre 2024

Théophile Manotte, carillonneur et compositeur

Né à Dunkerque, au n°18 de la rue du Pied de Vache, le 2 janvier 1827, fils de Louis, instituteur, et Sophie Verlière. Dans sa jeunesse il est musicien au théâtre où il joue du violoncelle, mais il est aussi réputé pour ses qualités de chanteur comique et joue aussi la comédie où il excelle dans les "rôles charges" nous précise Victor Letellier (Une Année à Dunkerque, 1850), par exemple le 1er juin 1850, à Bergues pour la kermesse : M. Manotte de Dunkerque, est venu clore la soirée par des chansonnettes qui ont provoqué le fou rire et qui avaient au suprême degré le don de désopiler nos placides organisations berguenaerdes. (L’Artiste, revue du Nord de la France) 

Le 23 juillet 1853, le journal La Dunkerquoise nous apprend que le choix de l'administration s'est arrêtée en faveur sur T. Manotte pour l'emploi de carillonneur municipal, et que l'on renonce à l'air de la Dame Blanche à la sonnerie des heures. Ce qui est confirmé par l'arrêté du maire du 27 décembre : Considérant que la restauration récente du carillon de la tour du beffroi nécessite la nomination d’un carillonneur et que M. Théophile Théodore Manotte, musicien, né et demeurant en cette ville a les qualités requises pour bien remplir cet emploi, vu l’art. 12 de la loi du 18 juillet 1837, arrête : art 1er, M. Manotte est nommé à l’emploi de carillonneur de la tour du beffroi de cette ville. Art 2, il sera tenu de jouer le samedi et le dimanche et aux jours de fêtes civiles et religieuses, de onze heures à midi. Dans toutes les occasions où l’administration municipale jugera à propos de prescrire le jeu du carillon, il suivra les indications qu’elle lui donnera à cet effet. Art. 3, il jouira du traitement annuel de 600 francs et il le touchera à partir du 1er octobre 1853, date de son entrée en fonction. Il n’aura droit à aucune indemnité pour le jeu du carillon en dehors des jours et des heures prévus dans l’article précédent.

Vers 1855 nous le découvrons marchand de vins en gros, 25 rue du Lion d’Or, associé à Louis Gysel, de Calais, grâce à une lettre passée en vente sur un site d’enchères. Quelques années plus tard il est membre de l’Orphéon Dunkerquois, il est fondateur de la chorale en 1857 et participe au déplacement à Paris relaté par Raymond de Bertrand dans les Mémoires de la Société Dunkerquoise en 1858. Il est représenté dans un tableau qui fait ornement dans l'une des salles de la société, [et qui] en offre la nomenclature suivante : MM. Louis Atteleyn, Louis Crujeot, Henri Cutsaert, Auguste Degravier, Victor Derode père, Léon Derode, Victor Derode fils, Edouard Detraux, Edmond d'Ingrande, Auguste Everhaert, Léon Gourdin, Jules Hauw, Albert Hellbusch, Paul Hibon, Gustave Hondschoete, Antoine Huot, John Irwin, Noël Leblond, Charles Leduc, Charles Leroy, Louis Manotte, Théophile Manotte, Léon Manotte, Adolphe Pieters, Emile Pouleur, Auguste Robyn, Alphonse Sapelier, Désiré Vancauwenberghe, Victor Vandenberghe, Auguste Vantroyen et Benjamin Villette.

Changement de parcours

Que se passe-t-il entre 1860 et 1869 ? on ne sait. Pourquoi se retrouve-t-il à Nice le 15 août 1869, chef de la musique municipale, compositeur de la cantate en l’honneur de Masséna, chantée par un chœur de 200 chanteurs, niçois et soldats du 5e de ligne, accompagnés par la musique militaire, au Théâtre Impérial de Nice pour l’inauguration de la statue ? on ne le saura sans doute jamais.

 

De son activité à Nice on retient principalement ses cours donnés à la grande bourgeoisie en résidence sur la côte qui n’est pas encore d’Azur. Ainsi Marie Bashkirseff relate dans son journal en juin 1873 Mannotte était très content de moi ce matin, j’ai joué une partie du concerto de Mendelssohn sans une faute. Sa fille, Jeanne Manotte, née à Dunkerque en 1856, est également professeur de piano elle a tout juste 20 ans. Artiste musicienne et concertiste, elle a fait ses études musicales au Conservatoire de Paris où elle obtient un 1er prix de piano en 1874, elle se produit à Nice dès 1875 en solo et en duo avec son père. En 1883 elle épouse Jean Billa, architecte né à Valparaiso (Chili) en 1858. Après son mariage elle continue de donner des concerts. On peut l’écouter en 1887 au casino de Monte-Carlo, à Monaco où le gratin européen se retrouve « On signale à Monaco une foule de visiteurs de distinction : ce ne sont que prince et altesses. Citons le duc d’Edimbourg, le prince George, fils du prince de Galles ; le prince de Battenberg, gendre de la reine Victoria ; le grand duc et la grande duchesse de Meklembourg, le prince et la princesse Waldemar, le prince de Leuchtenberg, etc. Les concerts sont toujours très suivis : celui où l’on a entendu Mme Billa-Manotte, pianiste émérite, a été particulièrement brillant » (Le Triboulet) et ainsi jusque vers 1890. Ensuite elle suit son époux à Paris, 165 rue de Courcelles où elle donne des cours et des leçons particulières de piano et solfège. Elle participe à de nombreux concerts, avec les artistes parisiens et y croise la compositrice Cécile Chaminade qui lui dédie sa 2e Valse op. 77, en 1895. 

 

En 1899, salle Mustel, 46 rue de Douai, elle se produit avec son fils, et élève, René Billa (La Gazette de France). En 1900 elle est nommée officier d’académie. René est né en 1884 à Nice, lui aussi obtient un 1er prix de piano au Conservatoire de Paris en 1901. Il deviendra un concertiste et compositeur réputé, il épouse en 1908 Aimée La Villette, plus connue, maintenant, sous son pseudonyme Rita Strohl, une compositrice féconde. Mais c’est une autre histoire.

Théophile Manotte meurt le 8 juin 1900 à Nice, 9 rue d’Italie, Les obsèques du regretté artiste auquel Nice doit la création de sa musique municipale, ont eu lieu hier matin au milieu d’une affluence émue où figuraient la plupart des notabilités niçoises. Le cortège funèbre a quitté la maison mortuaire à 8 h 1/2, précédé par la Musique municipale qui n’a cessé d’exécuter des marches funèbres, sous la direction de son sous-chef M. Trastour. Le char disparaissait sous les fleurs et les couronnes. Parmi les plus belles, citons celles du grand et du petit Lycée, dont le défunt dirigeait avec tant de distinction les cours de musique ; la couronne de la Musique municipale, portée à bras par deux membres qui font partie de notre première Société musicale depuis sa fondation, etc. Le deuil était conduit par M. Billa, gendre du défunt. Près de lui marchaient M. Sauvan, maire de Nice et M. Olivier, proviseur du Lycée. Les cordons du poêle étaient tenus par M. CHANAL, inspecteur d’académie ; M. Pivet, chef de la Musique municipale, et par les jeunes Eugène Kiss et Lattes, élèves du défunt. Dans le cortège noté tous les professeurs et l’aumônier du Lycée, les chefs de musique et des Sociétés chorales de la ville, etc. La cérémonie funèbre a été célébrée à l’église Notre-Dame. Durant la messe, la Musique municipale a exécuté divers morceaux de circonstance. Après l’élévation, un chœur a été chanté par la maîtrise russe dirigée par M. SOLAR. On a généralement regretté que M. PONS, l’organiste de Notre-Dame, n’ait pas fait entendre en cette solennité funèbre les grandes orgues qui, au grand désappointement de tous, sont restées muettes. La cérémonie funèbre terminée, le corps a été conduit au cimetière de Caucade. L'Eclaireur de Nice

Christian Declerck, 19 septembre 2024

 

Il laisse de nombreuses compositions, la plupart sont conservées à la BNF :

Les Amateurs, quadrille (1844)
Ange du sommeil, berceuse pour le piano, op.12, Paris Benoit aîné (1867)
Le chant du chevrier, souvenir de Chamonix, caprice pour piano, op.18, Paris Benoit aîné (1878) BNF
La charmeuse, valse de salon pour piano, op.17, Paris Benoit aîné (1869) BNF
Dunkerque à Bergues, aller et retour, grand galop pour piano, à M. Paul Dussaussoy, Paris L. Lévy (1860) BNF
En causant, polka pour piano, op. 6 Nice, l’auteur (1892) BNF
En taquinant, valse pour piano, Paris E. Fromont (1893) BNF
Folle avoine, mazurka pour piano, Paris Vve Fatout et Girard (1896) BNF
Jean Bart, quadrille (1844)
La Lympia, air de ballet pour le piano, op.21, Nice P. Decourcelle (1881) BNF
La Magnolia, souvenir de Gentilly, mazurka de salon pour le piano, op.11, Paris Benoit aîné (1867) BNF
Marie, schottisch élégante, Paris G. Flaxland (1856) BNF
Massena, cantate exécutée à Nice le 15 août 1869, paroles de Claude Baudouin, Paris Benoit aîné (1869) BNF
La Nicéenne, pour petite harmonie, Paris Gautrot aîné (1871) BNF
Nous reviendrons, valse des hirondelles pour piano, op.22, Nice l’auteur (1894) BNF
Patrouille alpine pour piano, op.23, Paris E. Salabert (1896) BNF
Perseveranza, valse brillante en réb pour le piano, op.10, Paris Benoit aîné (1889) BNF
Polka des gosses pour piano. Paris Vve Fatout et Girard (1895) BNF
Ronde de nuit pour orchestre, op.19, Nice P. Decourcelle (1892) BNF
La Saint Pierre, marche épiscopale pour musique militaire, Paris Gautrot aîné (sd) BNF
Souvenirs d’enfance, feuillet d’album pour piano, op. 20, Nice P. Decourcelle (1881) BNF


collection personnelle

 

 
Perseveranza, valse brillante

Henri Simoens, chansonnier roubaisien (1841-1907)

mise en ligne le 27/8/2023
mise à jour le 19/9/2024 : ajout d'un lien et une vidéo

En faisant l'inventaire des cahiers de chansons de ma collection, je relève ce Salut aux ouvriers, paroles d'Henri Simoens, une des rares parmi les 165 chansons dont l'auteur soit mentionné. Des paroles fortes et toujours d'actualité, qui ont circulé aussi jusqu'en Bretagne. Elle a été collectée à Douarnenez et à Tréboul, voir ICI. "Recueillie et arrangée" par Gaston Blondelon* qui l'édite sous son nom chez Marcel Labbé. On la retrouve dans la dernière publication de l'association Emglev Bro Douarnenez.

collection personnelle

Source

Le cahier appartenait au couple dunkerquois Georges Marcotte (1888-1946) et Emma Vanlerberghe (née en 1888). Il est né à Dunkerque, comme son père Pierre ; sa mère, Mérantine Défossez, est picarde, née à Vitry en Artois. Son épouse est une Flamande, née à Quaedypre, dont les parents sont originaires de Bergues et Bailleul. Je ne sais rien de lui que ses professions, il était caporal tambour au 110e RI à son mariage puis chef de manutention de la maison Coquelle-Gourdin, son domicile, 26 rue Saint Charles et ce cahier de chansons rédigé et illustré avec soin.

collection personnelle

L'auteur de ce chant, Henri Simoens, était chansonnier et cabaretier à Roubaix. Né à Courtrai en 1841, il exerce aussi les métiers de fileur, teinturier et apprêteur, il épouse Clémentine Vantomme à Courtrai en 1869. En février 1903 le Journal de Roubaix publie : On nous prie de demander aux poètes et chansonniers de Roubaix et de Tourcoing de vouloir bien se réunir, jeudi prochain 19 février, à huit heures, chez M. Désiré Bourgois, à l'estaminet Au Petit chansonnier, 78 rue de la Perche. Cette réunion a pour but d'organiser une soirée au bénéfice de M. Henri Simoens le chansonnier populaire devenu aveugle et actuellement, en traitement à Gand, à l'Institut de l'Enfant Jésus. Cette fête de bienfaisance est un succès si l'on en croit le compte rendu paru quelques jours plus tard :

Egalité de Roubaix Tourcoing 7/2/1903
source : médiathèque de Roubaix

Il meurt à Roubaix le 12 février 1907 : Mort d’un chansonnier - Le chansonnier patoisant Henri Simoens vient de mourrir à l’âge de 65 ans. Il a composé surtout des chansons locales dans lesquelles vibrait souvent la note patriotique. Ancien élève de notre Académie de musique, il fonda en 1874 l’Union Ouvrière et devint, en 1881, président des chansonniers roubaisiens et membre de la société des auteurs et compositeurs. Henri Simoens avait été longtemps ouvrier teinturier dans la maison de M. Emile Roussel, rue de l’Epeule. (Journal de Roubaix du 15 février 1907)


Le Journal de Roubaix 14/4/1881
source : médiathèque de Roubaix

Sa généalogie par un descendant ICI

D'autres infos ICI (merci à Denis Arnaud)

J'ajoute cette belle interprétation reprise sur la page ci-dessus, par Marie-Aline Lagadic et Klervi Rivière


 

Quelques chansons disponibles sur Gallica







ma préférée, non datée



l'inventaire dans le catalogue de la BNF ICI

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* Gaston Blondelon, ce compositeur non identifié par la BNF, est très probablement Gaston Jules qui est né à Paris dans le 17e arrondissement le 15 mai 1886. Il est employé de commerce lors de sa conscription, il devient soldat musicien au 103e RI le 11 octobre 1908. On relève plusieurs adresses à Paris sur sa fiche matricule : 1906, 14 rue d'Aubervilliers, 1910, 5 rue Bellot et 1913, 40 rue de Provence. Il est mort le 13 octobre 1916 à Dreux, 8 rue Desmousseaux. 



lundi 16 septembre 2024

Les Auvergnats du Nord, une « intelligente initiative » lilloise #2

Musique vivante et relais médiatiques

Les Auvergnats du Nord font aussi appel à des musiciens réputés de Paris qui contribuent à la publicité et au succès de leurs fêtes. François Guillaume est le premier à se produire avec son orchestre lors du banquet suivi d’un bal en mai 1929. Ce « maître cabrettaire » d’origine cantalienne joue dans des amicales en Île de France, en particulier celle de Saint-Maur, ainsi qu’au sein de La Bourrée, société artistique affiliée à la Ligue auvergnate qui regroupe des danseurs et des chœurs en costumes. Guillaume est rejoint à la fête lilloise du mois de novembre par Martin Cayla, « surnommé à juste titre le ‘roi de la cabrette’ » selon la presse locale, et le vielleux Sertin (L’Auvergnat de Paris du 9 novembre 1929) qui remplace Léon Guéniffet précédemment annoncé dans Le Grand Écho du Nord de la France (n° du 8 octobre).
 
GEdNF 4/11/1929, source Gallica

Guéniffet et Cayla sont au même titre que Guillaume des musiciens officiels de La Bourrée. Tous trois enregistrent des disques de musique instrumentale édités par ce label quelques mois plus tard, notamment La Bourrée de la Corrèze.
À la fin de l’année 1930, ce sont Henri Momboisse, « artiste incomparable de l’accordéon », et Marcel Bernard « qui joue de la cabrette avec art » qui prêtent leur concours à l’association du Nord, devenue la société amicale des originaires du Massif central (revue Minerva du 23 novembre 1930). On peut par exemple écouter le jeu de Momboisse dans la valse Lo Grondo, enregistrée sur disque Perfectaphone en 1929, en suivant le lien : ICI
 
 
Henri Momboisse

Cayla / Gueniffet / Bernard

Une formation plus complète réunit en 1933 Martin Cayla, sans doute à la cabrette, le vielleux Guéniffet, l’accordéoniste Géo Garrigoux et le jazz Brasseur. Ce dernier anime le banquet de la Ligue à Paris un mois plus tard en compagnie de ses camarades (L’Auvergnat de Paris du 25 novembre 1933). Garrigoux joue par ailleurs dans la capitale et en tournées avec Fredo Gardoni, l’une des stars du musette.
Exception notable à ce recrutement très parisien, le cabrettaire Émile Fruquière : domicilié à Ayrens dans le Cantal, « Milou » est un ancien camarade d’école de Jean Cibié que celui-ci fait venir spécialement au banquet de 1935 (Le Grand Écho du Nord de la France du 28 octobre 1935), mais aussi dans l’après-guerre.
     
La Presse 24/11/1951, source Gallica

Dans le même temps, l’animation musicale est partagée avec des amicalistes amateurs, encouragés à chanter de « vieilles chansons du terroir » et à danser les « traditionnelles bourrées » (L’Auvergnat de Paris du 27 avril 1929), danse qui ouvre le bal inaugural de l’amicale. Tandis que M. Garde chante en « langue du pays » au premier banquet, une chorale locale de jeunes gens dirigés par Mme Roux voit bientôt le jour. À l’instar des chœurs de La Bourrée, cette formation interprète des chants traditionnels tels que le Regret de Lisou et Lo Grondo en novembre 1929, ainsi que des compositions dont L’Hymne ou Chant en l’honneur de Louis Bonnet, chanté pour l’inauguration de la rue Louis Bonnet en 1927 à Paris.
 
Certaines interprétations bénéficient en plus d’une retransmission par TSF. La station Radio PTT Nord de Lille prévoit en effet de diffuser le concert donné salle de l’Orphéon avant le bal de l’amicale le 19 octobre 1930, vers 17 heures. Le programme de la matinée publié dans Le Grand Écho du Nord alterne musique instrumentale, poèmes et chant choral. Pour la partie musicale, c’est une bourrée à 3 temps qui doit inaugurer la séquence, Ten te redde (Tiens-toi droit) jouée par Henri Momboisse en solo à l’accordéon, mélodie enregistrée par ailleurs sous la marque Le Soleil, édition Martin Cayla (disque à saphir n° 54). Une série d’airs auvergnats interprété par Marcel Bernard à la cabrette doit suivre, ainsi qu’un duo des deux musiciens sur l’air de La Yoyette, marche célèbre du répertoire traditionnel.
Quant à la chorale, elle est attendue dans l’interprétation de la valse Lous esclops (Les sabots) puis de La Chanson des sept pays, créée en 1928 sur des paroles de Camille Gandilhon Gens-d’Armes, chroniqueur littéraire à L’Auvergnat de Paris, et une musique de Joseph Canteloube, musicien et directeur artistique de La Bourrée (Recueil de La Bourrée, 4e édition, p.16-18). Chaque couplet célèbre tour à tour les attraits de la Basse et Haute-Auvergne, du Gévaudan, Limousin, Quercy, Rouergue et Velay, noms des « anciens pays » correspondant aux départements intégrés à l’amicale.
Quel meilleur moyen de conclure, pour ces Auvergnats du Nord, que d’exalter leur solidarité sans frontières à travers ce refrain :
« Des bords du Lot à la Limagne,
De Brive au Puy,
Nous sommes fils de la Montagne ;
Et loin des puys,
Nous sentant frères,
Nous écoutons la voix du sang
Et nous chantons d’un même accent
Nos vieilles terres. »
 

 

Les Auvergnats du Nord, une « intelligente initiative » lilloise #1

 Une nouvelle amicale sous parrainage parisien 
 
En février 1929, des originaires du Massif central habitant Lille se rassemblent pour jeter les bases d’une amicale, Les Auvergnats du Nord. Le bureau est élu lors d’une deuxième réunion qui a lieu le 3 mars au Café de L’Écho du Nord, Grand Place (L’Auvergnat de Paris du 9 mars 1929).
 
Le Café du Pélican
 
Quels en sont les instigateurs ? À la tête de la société figurent des notabilités en majorité dans l’industrie et le négoce. La présidence est d’abord assurée par Alphonse Roux, industriel d’Haubourdin dont les ascendants sont Puydômois (près de Saint-Germain-Lembron) et spécialisé au début des années 1920 dans l’outillage pour la fabrication de parapluies. Le trésorier Jean Cibié, originaire d’Ytrac dans le Cantal, lui succède assez rapidement dans cette fonction au début des années trente et dirige l’amicale jusque dans l’après-guerre. Négociant en métaux à Lille, il fait prospérer ses affaires et crée en 1938 la chambre syndicale de démolition d’automobiles de France.
A gauche, portrait de Jean Cibié, président de l'amicale du Nord intégré aux "groupements parisiens" à la Une de L'Auvergnat de Paris du 10 juin 1933 (source Retro News)
 
Né à Drugeac, le secrétaire Pierre Bergeaud a également des attaches avec le Cantal aux alentours de Mauriac, tout comme le vice-président Auguste Fraignac, négociant de Roubaix issu d’une famille de chaudronniers du côté de Pleaux. La femme de ce dernier, née en Belgique, provient du même secteur près d’Ally. Ce tropisme géographique évoque l’émigration de nombreux ouvriers du métal au XIXe siècle depuis le pays de Salers vers le Nord de l’Europe, décrite en particulier par Marc Prival pour le cas des Pays-Bas  (Auvergnats et Limousins en migrance, éditions de la Montmarie, 2005, p. 226-237).
Fraignac a une prédilection pour le sport automobile dans lequel il s’est illustré en réalisant la première ascension du Puy-de-Dôme en 1905, aux commandes d’un véhicule de son invention. À cette époque il fait déjà partie d’une Ligue des Auvergnats du Nord, créée à Roubaix. Voir l’article ICI. Par sa désignation, ce premier groupement local s’inscrit dans la lignée de la Ligue auvergnate fondée à Paris en 1886 par Louis Bonnet, directeur de L’Auvergnat de Paris. 
 
À la fin des années 1920, le parrainage parisien est de nouveau convoqué pour placer Les Auvergnats du Nord sous de bons auspices, à la fois sur le plan médiatique, politique et musical. Plus de 40 ans après les débuts de la Ligue, c’est Louis Farges, ancien député radical du Cantal et ministre plénipotentiaire, qui a été choisi pour présider le banquet inaugural du 5 mai 1929 dans les salons de l’Hôtel Maury, rue du Court-Debout (L’Auvergnat de Paris du 27 avril 1929). Il représente un modèle de militantisme, lui qui a œuvré à Paris aux côtés de la génération pionnière pour l’émergence d’instances régionalistes et continue à plus de 70 ans à promouvoir son Cantal natal.  Cet héritage symbolique s’incarne également dans la personne de Louis Bonnet fils qui a repris la direction de la Ligue et du journal de son père en 1913, après la mort de celui-ci. Il est solennellement reçu à Lille le 3 novembre pour présider le deuxième banquet de la société. Plus de 200 convives y participent, parmi lesquels figurent en outre le conseiller municipal Brodel et des représentants d’autres groupes régionaux locaux.
 
plan de Lille 1930, source : Gallica
 
Les invités d’honneur sont aussi à chercher parmi les hommes politiques du moment. En 1930, le ministre du Travail Pierre Laval se joint à la fête annuelle organisée salle de l’Orphéon et présidée par l’avocat à la Cour de Paris Joseph Python, soutien de La Musette de Dunkerque avant la Grande guerre (voir le lien déjà cité). Cinq ans plus tard, c’est au tour de Paul Bastid, président de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre, député du Cantal et futur ministre du commerce du Front populaire, de se joindre aux réjouissances.
 

mardi 3 septembre 2024

Stage de danses flamandes 1975

 

collection personnelle

 En décembre 1975, peu avant de nous quitter pour d'autres horizons en janvier, Jean-Louis Montagut organise avec la MJC de Rosendael le 1er stage de danses flamandes de la région 59/62. Il a invité Jan Vandeputte, cornemuseux et facteur d'épinettes à Heestert (B), son frère, et un ami accordéoniste et leurs épouses pour nous enseigner les danses de base du répertoire de la tradition flamande.

collection Jean-Louis Montagut

 
animation du marché de Rosendael
 
Animation et distribution de tracts sur la place du marché de Rosendael par les musiciens du stage, Jan Vandeputte à la cornemuse.

Il nous restait quelques souvenirs et quelques images, mais récemment Benoit Lemiègre m'a contacté pour identification des personnes sur ses photos de cet évènement local. On y retrouve des musiciens connus et d'autres moins connus. Si vous les reconnaissez, n'hésitez pas à nous en faire part.

JL Montagut, M Lebreton, C Declerck, JJ Revillion, P Laneres, C Declercq

J-J Revillion et Michel Lebreton

chanteuses bretonnes inconnues

les mêmes dansant

un duo d'auvergnat

Annick Baudry et son frère François

Christine Outier et J.-L. Montagut + Annie Verhille et J.-P. Chantret

participants au stage, 2e à gauche : Mme Vandeputte

d'autres photos à venir